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La grippe aviaire en bref

La grippe aviaire est une infection virale contagieuse qui peut affecter toutes les espèces d'oiseaux. Dans des cas rares, la grippe aviaire peut causer des maladies chez les humains et se manifester par des symptômes -- fièvre, malaise, maux de gorge et toux -- semblables à ceux des autres types de grippe. La grippe aviaire a un taux de mortalité élevé chez les humains.

Qu'est-ce que la grippe aviaire?

La grippe aviaire est une infection virale contagieuse qui peut toucher toutes les espèces aviaires (poulet, dindon, pintade, oiseau de compagnie et avifaune). Dans l'aviculture intensifve, jeunes dindons d'engraissement et poules pondeuses sont généralement les plus touchées.

Il est possible que la faune aviaire soit porteuse du virus sans en être affectée en raison de sa résistance naturelle. La sauvagine représente un bassin naturel pour ce virus et il se peut qu'elle soit responsable de l'éclosion initiale parmi la volaille domestique. Les symptômes de la maladie vont d'une infection asymptomatique modérée à une pandémie qui tue la presque totalité des oiseaux infectés.

Il y a plusieurs types de virus - la souche responsable du taux de mortalité le plus élevé porte le non de grippe aviaire ultrapathogène. Les souches infrapathogènes de grippe aviaire risquent de devenir rapidement ultrapathogènes , c'est pourquoi certains pays ont adopté une politique d'éradication visant les souches infrapathogènes de la grippe aviaire.

Comment la maladie se transmet-elle ?

L'infection provient généralement :

  • du contact avec une espèce avifaune, notamment la sauvagine qui peut transmettre la maladie, mais n'en manifeste pas les symptômes ;
  • du contact avec de la volaille ou des produits avicoles infectés ;
  • de vêtements ou de chaussures contaminés ;
  • de véhicules et d'équipement contaminés ;
  • d'aliments ou d'une eau contaminées ;
  • des fortes concentrations virales dans le fumier et la litière ;
  • d'insectes qui peuvent être porteur de la maladie;
  • de rongeurs, de chiens ou de chats de ferme qui peuvent être des vecteurs mécaniques.

Y a-t-il des cas de grippe aviaire au Canada ?

Il y a eu un cas unique de gripe aviaire ultrapathogène en Ontario en 1966, le seul cas répertorié au Canada. Depuis 1975, on a repéré trois cas isolés de gripe aviaire infrapathogène au pays.

Que fait-on pour empêcher qu'elle s'introduise au Canada ?

L'Agence canadienne d'inspection des aliments impose des règles strictes sur l'importation de volaille et de produits avicoles. Dans les points d'entrée, les véhicules, on peut inspecter et désinfecter les véhicules et l'équipement pour s'assurer qu'ils ne portent aucune trace de maladie.

L'Agence canadienne d'inspection des aliments a mis au point une stratégie d'intervention en cas d'urgence qui prévoit une politique d'abattage advenant une éclosion. Une zone de contrôle permettrait de contenir les troupeaux infectés et limiter la prolifération de la maladie. Les producteurs seraient indemnisés pour l'abattage de leur troupeau. Les déplacements de volaille, de produits avicoles, de gens et de véhicules seraient restreints sur les fermes infectées et à l'extérieur de celles-ci. Il y aurait des tests sur la volaille et les œufs dans les marchés locaux pour détecter la présence d'anticorps.

La grippe aviaire se divise en deux sous-groupes de virus capables de se modifier génétiquement. Les nouveaux types de virus proviennent souvent de deux ou de plusieurs souches existantes, de sorte qu'il est difficile de produire des vaccins avant l'éclosion de la maladie.

Que doit faire le voyageur pour éviter d'introduire la maladie au pays ?

Santé Canada offre régulièrement des mises à jour et des conseils aux Canadiens, au pays et à l'étranger, par l'intermédiaire de son Programme de médecine des voyages. Pour connaître les tout derniers conseils, veuillez consulter le site www.santevoyage.gc.ca.

Le voyageur arrivant de l'étranger est susceptible de transporter le virus sur ses vêtements, y compris ses chaussures, et dans les produits avicoles. Lors d'un voyage :

  • déclarez tous les produits avicoles que vous souhaitez ramener au Canada ;
  • si vous visitez une ferme à l'étranger, assurez-vous qu'il n'y ait aucune trace de terre ou de fumier sur les vêtements et chaussures que vous portiez sur la ferme avant de débarquer au Canada. Lavez vos vêtements, nettoyez et désinfectez vos chaussures à votre arrivée ;
  • évitez les zones où on signale la présence de la grippe aviaire ultrapathogène ;

Que peut faire l'éleveur pour prévenir l'infection sur sa ferme ?

Le bassin d'infection se situe dans les populations de sauvagine. Le producteur avicole doit sans faute observer des mesures de biosécurité strictes pour réduire les risques de pénétration. Il doit :

  • se tenir loin des zones fréquentées par la sauvagine ;
  • surveiller rigoureusement les gens et l'équipement qui accèdent à ses poulaillers ;
  • s'assurer de nettoyer et de désinfecter l'équipement réutilisable avant de l'amener dans ses poulaillers;
  • ne pas encourager la sauvagine à venir sur sa ferme en y éliminant les mangeoires ou canardières ;
  • respecter des normes d'hygiènes strictes.

Si vous remarquez ou soupçonnez la présence de symptômes chez la volaille, communiquez avec votre vétérinaire ou l'Agence canadienne d'inspection des aliments de votre région. Pour protéger l'industrie avicole du Canada, la Loi sur la santé des animaux oblige le producteur à signaler cette maladie.

La grippe aviaire peut-elle se transmettre à l'humain ?

Les virus grippaux d'origine aviaire se transmettent rarement à l'humain. Nous ignorons comment exactement le virus se transmet de l'oiseau à l'humain. La transmission de la grippe aviaire d'un humain à l'autre serait extrêmement rare.

Comment l'éclosion actuelle s'est-elle transmise à l'humain ?

Rien n'indique pour le moment qu'il y ait eu transmission de personne à personne. On a établi en partie la séquence de la souche H5N1 actuelle et tous ses gènes sont d'origine aviaire, ce qui laisse supposer que le virus n'a acquis aucun gêne humain. L'acquisition de gènes humains augmente la possibilité qu'un virus d'origine aviaire puisse se transmettre d'un humain à l'autre. Les enquêtes de l'OMS portent actuellement sur la source de l'infection.

De façon générale, les virus de la grippe aviaire n'infectent pas d'autres espèces que l'oiseau et le porc. Voici des exemples d'éclosions précédentes. La première infection d'influenza aviaire recensée chez l'humain s'est produite à Hong Kong en 1997, alors que la souche H5N1 a causé de graves maladies respiratoires chez 18 personnes et entraîné six décès. L'infection chez l'humain a coïncidé avec une épidémie de gripe aviaire ultrapathogène, causée par la même souche, dans la population avicole de Hong Kong.

Une enquête poussée sur cette éclosion a permis d'établir que la source d'infection humaine résultait d'un contact étroit avec des poulets vivants infectées. Des études ont permis d'établir que le virus est passé directement de l'oiseau à l'humain. C'est la première fois qu'un virus de la grippe aviaire se transmettait directement à l'humain. Une deuxième éclosion de la grippe aviaire H5N1 survenue à Hong Kong en février 2003 a causé deux cas et un décès chez l'humain.

Comment la grippe aviaire peut-elle se transformer en pandémie ?

Les éclosions de grippe aviaire chez l'oiseau augmentent les risques d'exposition chez l'humain. L'augmentation du nombre d'infections chez l'humain augmente les chances que les souches aviaires et humaines s'échangent du matériel génétique. Si cet échange engendre un nouveau sous-type de virus capable de se transmettre de personne à personne avec facilité et de façon soutenue, l'éclosion de grippe aviaire aura créé les conditions d'une pandémie.

Qu'est-ce qu'une mutation antigénique ?

Les virus grippaux évoluent et se transforment sans cesse. C'est pourquoi Santé Canada surveille constamment la situation de le grippe dans le monde et au pays. Les virus grippaux A, en particulier, peuvent se transformer de façon radicale. Les virus, notamment les sous-types provenant de différentes espèces comme la grippe aviaire, peuvent s'échanger du matériel génétique et l'amlgamer. C'est ce qu'on appelle une mutation antigénique ; il en résulte un nouveau virus grippal distict des virus qui lui ont donné naissance.

Comme le virus est tout à fait nouveau, nous ne sommes pas immunisés et les vaccins existants ne peuvent nous protéger. Pour que cela se produise, le nouveau virus doit posséder des gènes de virus grippaux humains qui le rendent facilement transmissible d'une personne à l'autre pendant une longue période.

On a longtemps cru que les mutations antigéniques résultaient d'un contact soutenu entre l'humain et la volaille ou le porc. Puisque le porc est vulnérable aux virus aviaires et mammifères, y comoris les souches humaines, il peut servir de vecteur pour la fusion du matériel génétique des virus humains et aviaires, menant ainsi à l'apparition d'un nouveau sous-type contre lequel la population n'est pas immunisée.

Que peut-on faire pour arrêter la propagation de la grippe aviaire ?

L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a informé les pays de la nécessité d'intensifier la surveillance des infections animales. L'élimination de troupeaux de volaille infectés ou éventuellement exposés à l'infection est une mesure de contrôle normale et a été efficace pour arrêter d'anciennes épidémies d'influenza aviaire dans plusieurs pays.

La vaccination des personnes fortement exposées à la volaille infectée, à l'aide de vaccins existants efficaces contre les souches humaines d'influenza en circulation à l'heure actuelle, peut diminuer la probabilité de co-infection par des souches humaines et aviaires d'influenza, réduisant ainsi le risque d'échange des gènes.

Qu'en est-il d'un vaccin? Les vaccins antigrippaux ne sont-ils pas mis au point dans des œufs? Comment peut-on mettre au point le vaccin si les oiseaux sont infectés par la maladie?

Il est impossible d'accumuler une réserve de vaccins antigrippaux en prévision d'une éclosion pandémique d'influenza. Lorsqu'une pandémie survient, le virus de l'influenza a changé de façon radicale. La fabrication ne peut commencer avant l'émergence du nouveau virus et avant d'avoir accès à la souche du vaccin.

Même si nous disposons des meilleures connaissances scientifiques, une fois le nouveau virus obtenu, les fabricants auront au moins besoin de quatre à six mois pour créer un nouveau vaccin. Santé Canada a pris des mesures afin de pouvoir augmenter la production suivant l'éclosion virale. Dans ce cas, la production du vaccin antigrippal par un fabricant canadien, Shire Biologics de Sainte-Foy (Québec), pourra commencer immédiatement, et la capacité de production pourra être augmentée. L'objectif est de produire de 4,5 à 5 millions de doses par mois sur une période de quatre mois. Le Canada est le premier pays au monde à planifier l'obtention de stocks de vaccin nécessaires par l'intermédiaire d'un fournisseur intérieur. Le contrat assure que tout ce qui est nécessaire à la production du vaccin, notamment l'approvisionnement en œufs et les installations d'entreposage, est en place.

Durant l'éclosion d'influenza aviaire survenue à Hong Kong en 2003, le réseau de l'OMS a mis environ 17 jours à mettre au point le nouveau vaccin contre le virus H5N1, qui peut être cultivé dans un œuf grâce à une nouvelle technique appelée la génétique inverse. L'OMS compare ce vaccin contre la souche H5N1 au virus H5N1 actuel isolé au Vietnam afin de déterminer s'il serait efficace contre la souche actuelle ou si un nouveau vaccin doit être mis au point. Selon l'expérience de l'année dernière, il est possible qu'un nouveau vaccin pouvant être cultivé sur les œufs soit accessible aux fabricants dans les mêmes délais. Lorsqu'une nouvelle souche de vaccin est identifiée, de nombreuses étapes doivent être franchies par rapport à la fabrication, à la mise à l'essai et au processus d'homologation avant qu'un vaccin sécuritaire ne puisse être administré.

À titre de précaution, l'OMS va de l'avant en ce qui a trait aux procédures nécessaires pour produire rapidement un nouveau vaccin antigrippal capable de protéger l'humain contre la souche H5N1 de La grippe aviaire récemment détectée au Vietnam. Les laboratoires du réseau mondial de l'OMS contre l'influenza préparent des virus expérimentaux destinés à la production de vaccins. Plusieurs laboratoires de ce réseau disposent d'installations de haute sécurité (sécurité biologique de niveau 3) nécessaires pour mener à bien des travaux sur des virus très pathogènes comme le H5N1. Ces virus expérimentaux sont ensuite envoyés aux fabricants pour constituer un « stock de virus de semence » en vue de la production du vaccin.

Le Canada possède-t-il une installation de sécurité biologique de niveau 3?

Oui. Le Canada possède de nombreuses installations de sécurité biologique de niveau 3 et une installation de niveau 4 au laboratoire national de microbiologie de Winnipeg.

Qu'est-ce que la génétique inverse?

La génétique inverse consiste à fusionner le matériel génétique prélevé sur le virus provenant de cas humains à celui d'un virus de laboratoire. Le virus qui en résulte est reconnu par le système immunitaire humain, provoque une réaction d'immunité, mais pas de maladie. Le virus peut également être génétiquement modifié de façon à ne plus être létal pour les embryons de poulets. L'avantage supplémentaire de cette technique est de produire un virus expérimental qui croît de manière prévisible pendant la phase de production.

Peut-on manger de la volaille sans danger?

Oui, nous pouvons manger de la volaille en toute sécurité. Par mesure de précaution, et jusqu'à ce que d'autres renseignements soient disponibles, Santé Canada conseille aux Canadiennes et aux Canadiens voyageant dans des régions affectées de ne pas consommer de volaille insuffisamment cuite, d'œufs crus ou de produits à base d'œufs n'ayant subi qu'une légère cuisson (comme des œufs dont le jaune coule) et d'éviter tout contact non nécessaire avec de la volaille vivante. Cela comprend notamment les marchés où l'on vend des oiseaux vivants, car le virus de La grippe aviaire peut adhérer aux cheveux et aux vêtements et peut être inhalé.

Au Canada, on peut manger de la volaille sans aucun danger. L'Agence canadienne d'inspection des aliments (ACIA) a émis des restrictions d'importation sur la volaille et les produits avicoles non transformés provenant de tous les pays affectés en raison des préoccupations liées aux maladies. On considère que tous ces pays sont fortement exposés à la maladie exotique de Newcastle, une autre maladie virale qui affectera la volaille. À ce qu'on sache, il n'y a aucun cas et aucune éclosion de La grippe aviaire très pathogène au sein de la volaille canadienne. Le Canada n'a signalé aucun cas d'influenza aviaire très pathogène.

L'ACIA continue de surveiller la situation de l'éclosion en Asie, et maintiendra les restrictions d'importation existantes jusqu'à ce qu'on juge que tous les pays affectés ne propagent plus les maladies aviaires préoccupantes.

Le Canada possède également des restrictions d'importation pour le cochon provenant des mêmes pays parce que ces derniers ne sont pas reconnus par l'ACIA comme des pays exempts de pathologies porcines sérieuses.

Que pouvez-vous faire pour vous prétéger et protéger votre famille?

Il est important de retenir qu'il y a encore eu aucun cas de transmission interhumaine de La grippe aviaire. La prévention demeure la meilleure défense contre l'influenza. Les Canadiennes et les Canadiens devraient se protéger et protéger leurs concitoyens en :

  • se faisant vacciner contre la grippe;
  • se lavant souvent les mains; et
  • restant à la maison s'ils sont malades

Depuis l'éclosion du SRAS en mars 2003, Santé Canada, en collaboration avec des agents provinciaux et territoriaux de la santé publique et d'autres experts nationaux et internationaux, a pris des mesures dans les domaines suivants afin de renforcer sa capacité à répondre à d'autres éclosions de maladies infectieuses :

  • surveillance des maladies;
  • prévention des infections;
  • laboratoires;
  • partenariats et collaboration; et
  • préparation aux situations d'urgence.

Par exemple, Santé Canada fournit des lignes directrices spécifiques à la gestion globale de la santé publique des cas de SRAS ou d'autres maladies respiratoires sévères nécessitant une enquête ou un suivi dans la collectivité.

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