DISCOURS
Le 16 octobre 2006
OTTAWA (Ontario)
2006/18
SOUS RÉSERVE DE MODIFICATIONS
NOTES POUR UNE ALLOCUTION
DU
MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES
ET MINISTRE DE L’AGENCE DE PROMOTION ÉCONOMIQUE
DU CANADA ATLANTIQUE,
L’HONORABLE PETER MACKAY,
À L’OCCASION D’UN PETIT-DÉJEUNER-CAUSERIE
EN COMPAGNIE DES CHEFS DE MISSION ÉTRANGERS
DES PAYS DE LA CARICOM
Je suis ravi que vous puissiez tous être présents ce matin. Notre rencontre va aider le
Canada et la CARICOM [Communauté des Caraïbes] à renouer leurs relations, à
prendre un nouveau départ.
À Saint-Domingue, j’ai volontiers convenu avec vos ministres des Affaires étrangères
que nous devions renouer nos relations. L’intérêt soutenu du Canada pour ces relations
spéciales est attesté depuis longtemps. Les liens commerciaux qu’entretient votre
région avec le Canada atlantique, d’où je viens, datent du XIXe siècle, alors que des
bureaux diplomatiques ou consulaires représentaient les Antilles dans plusieurs villes
de ma région.
Bien que, du côté canadien, il reste beaucoup à faire pour concrétiser le
renouvellement de notre dialogue, nous avons commencé à réaliser des progrès.
Permettez-moi de vous entretenir un peu des virages que prend le Canada à ce sujet,
avant de vous inviter à me faire part de vos observations et à me poser des questions.
Conformément à sa politique d’internationalisme fondée sur des principes, le nouveau
gouvernement du Canada entend faire preuve de leadership sur la scène internationale
dans plusieurs importants dossiers, tels que la prolifération nucléaire, la sécurité et le
commerce.
Vous serez sans doute heureux d’apprendre qu’un des grands axes des relations
internationales du Canada est son interaction avec les Amériques. Mon Ministère, en
collaboration avec les ministères partenaires qui sont actifs dans votre région, élabore
présentement une stratégie des Amériques qui reconnaîtra l’importance de relations
vigoureuses avec les pays des Antilles.
Un des moyens que nous prenons pour intensifier notre engagement envers les Antilles
est nos contributions à la sécurité et au succès de la Coupe du monde de cricket.
Avant d’en dire plus sur ce que fait le Canada, je tiens à féliciter les pays membres de
la CARICOM d’avoir pris la responsabilité d’accueillir cet événement d’envergure
mondiale. Il ne faut pas sous-estimer, en effet, le rôle du sport dans les affaires
internationales. Je suis impressionné, par exemple, par la façon dont l’organisation
Right to Play fait du sport et du jeu un outil pour le développement des enfants et
adolescents des pays les plus défavorisés.
La Coupe du monde de cricket 2007 est une occasion unique pour le Canada de
conjuguer ses efforts avec les vôtres pour mettre au point des solutions durables et à
long terme aux problèmes auxquels les États des Antilles doivent faire face en matière
de criminalité, de sécurité, et de gestion des frontières et des situations de crise.
À titre d’exemple, le Canada a dépêché des agents pour former des équipes de police
des frontières en matière de renseignement et d’enquêtes, un programme qui profitera
à plus de 150 participants antillais. Nous avons en outre fourni un expert canadien pour
prêter main-forte au Groupe de travail de la CARICOM sur la criminalité et la sécurité.
Avant de clore le sujet de la Coupe du monde, je tiens à mentionner que la présence
de nombreux ministres et dirigeants du monde entier, et particulièrement des pays du
Commonwealth, peut fournir des occasions intéressantes de rencontres dans les
Antilles.
L’aide que nous apportons aux Antilles dans le domaine de la sécurité ne se limite pas
à notre apport à la Coupe du monde de cricket. Nous continuons à contribuer, sur une
base bilatérale, à la professionnalisation des forces armées dans la région des Antilles
par le truchement du Programme d’aide à l’instruction militaire. Comme vous le savez
peut-être déjà, le Canada a été choisi pour être l’hôte de la prochaine réunion des
ministres de la Défense des Amériques en 2008, ce qui illustre notre engagement dans
la région.
Le Canada applaudit également et attache de la valeur à la coopération et à la
collaboration avec les pays des Antilles au sein des institutions interaméricaines ainsi
que dans les enceintes multilatérales, notamment aux Nations Unies. Les institutions
interaméricaines, comme l’OEA [Organisation des États américains] et ses organes
spécialisés, sont les principales tribunes dont nous nous servons pour répondre aux
grands défis qui se posent dans la région, à savoir la promotion de la gouvernance
démocratique et la recherche de la prospérité et de la sécurité.
L’une des choses que l’OEA fait particulièrement bien, c’est d’assurer le bon
déroulement des processus électoraux en prodiguant des conseils et en dépêchant des
missions d’observation et d’évaluation.
C’est avec grand plaisir que le Canada a contribué à la récente mission d’observation
électorale de l’OEA au Guyana. Je félicite le gouvernement et la population du Guyana
d’avoir tenu une élection honnête et pacifique. J’encourage le gouvernement guyanien
à entreprendre un train de réformes en matière de gouvernance et de sécurité.
En Haïti, le Canada s’est joint à d’autres pays donateurs pour appuyer la mission
spéciale de l’OEA dans un effort pour y accroître la sécurité, assurer le bon
déroulement du processus électoral, encourager la réconciliation politique, et favoriser
concrètement la réforme et le renforcement des institutions de l’État — autant de
choses qui sont essentielles pour parvenir à améliorer durablement les conditions de
vie du peuple haïtien.
Je tiens à ce que vous sachiez que le Canada a particulièrement apprécié avoir
l’occasion de travailler de concert avec la CARICOM, dans un contexte international,
pour assurer la tenue d’élections honnêtes et transparentes en Haïti. Le Canada est en
outre reconnaissant aux chefs de gouvernements antillais pour les engagements qu’ils
ont pris en vue de faciliter la réintégration d’Haïti au sein de la CARICOM. À mon sens,
ce fut là l’un des développements les plus encourageants qu’ait connu la région au
cours de la dernière année. J’ai également été très heureux de voir Haïti devenir
membre à part entière de la Banque de développement des Caraïbes. Le Canada a
milité activement pour qu’Haïti devienne membre de cette institution.
La préparation aux catastrophes naturelles et l’atténuation de leurs effets est un autre
front où il est important pour les gouvernements nationaux de travailler de concert avec
les institutions régionales et internationales, comme convenu en 2005 dans le Cadre
d’action de Hyogo. Nous encourageons l’Agence des Caraïbes pour l’intervention
d’urgence en cas de sinistre dans les efforts qu’elle accomplit en vue de renforcer la
capacité régionale d’intervention et d’améliorer la coordination avec le système onusien
et d’autres organismes internationaux de secours.
Comme vous le savez peut-être déjà, le Canada a toujours soutenu la Commission
interaméricaine de lutte contre l’abus des drogues de l’OEA. Nous avons porté cette
année à 1,2 million de dollars notre contribution financière à la Commission. Le
narcotrafic et les crimes liés aux stupéfiants demeurent parmi les plus graves menaces
pour la sécurité dans la région. En tant que pays consommateur, nous avons à cœur
d’endiguer ce trafic illégal et, ce qui n’est pas non moins important, d’atténuer les
dommages qu’il inflige aux pays de transbordement en y accroissant la criminalité, en y
déstabilisant la gouvernance et en y affaiblissant les systèmes financiers en raison du
blanchiment d’argent.
Je voudrais dire un mot sur le Sommet des Amériques. C’est une enceinte où nous
avons tous la possibilité de promouvoir un plan d’action commun. Je me réjouis de ce
que Trinité-et-Tobago assume actuellement la présidence du processus devant mener
au Sommet de 2009, dont elle sera l’hôte. En juin dernier, j’ai dit au ministre des
Affaires étrangères d’alors, M. Gift, que nous serions heureux de le faire profiter de
notre expérience à cet égard, et il nous tarde de travailler avec Trinité-et-Tobago pour
contribuer à faire du Sommet de 2009 un succès.
Je présume que les programmes régionaux que l’ACDI [Agence canadienne de
développement international] met en œuvre avec la CARICOM et l’Organisation des
États des Caraïbes orientales [OECO] ainsi que ses programmes bilatéraux au Guyana
et en Jamaïque vous sont familiers à tous. Le nouveau gouvernement du Canada a
encore des décisions à prendre concernant les ajustements à apporter éventuellement
au financement et aux priorités de l’ACDI, mais nous prévoyons que son programme
régional CARICOM/OECO portera davantage sur le renforcement des institutions
régionales. Les secteurs qu’on envisage de privilégier sont ceux de la gouvernance, de
l’éducation — particulièrement en ce qui touche l’épanouissement des jeunes — et du
développement du secteur privé.
Avant de vous inviter à vous exprimer à votre tour, permettez-moi de passer en revue
certains événements qui se tiendront prochainement.
Je tiens à mentionner que le Sommet global du microcrédit aura lieu à Halifax le mois
prochain. J’appuie fortement cet événement organisé par la Campagne du Sommet
global du microcrédit. Conscient de l’importance du microcrédit dans la poursuite du
développement durable, je vous encourage à inciter vos premiers ministres à accepter
cette invitation.
À propos de Halifax, je tiens à vous faire savoir que cette ville d’où je suis originaire
soumettra une offre pour accueillir les Jeux du Commonwealth de 2014 et que nous
vous serions très reconnaissants d’appuyer notre candidature.
Le Canada a également offert d’être l’hôte en 2008 de la 38e réunion annuelle du
conseil des gouverneurs de la Banque de développement des Caraïbes. La Banque est
un puissant vecteur de développement économique et d’intégration régionale qui vise la
réduction systématique de la pauvreté dans les Antilles.
Je veux également dire un mot au sujet du CARIBCAN [Arrangement de commerce
préférentiel Caraïbes-Canada]. Le 7 novembre prochain, le Conseil du commerce des
marchandises de l’OMC [Organisation mondiale du commerce] se penchera sur la
demande de prorogation du Canada concernant la dérogation dont il bénéficie à l’égard
du CARIBCAN. Cette mesure permettrait de prolonger pour cinq ans les avantages de
l’accès préférentiel au marché dont jouissent la plupart des pays membres de la
CARICOM. Nous avons bon espoir que notre demande sera agréée d’ici la fin de la
présente année.
Je sais que vous souhaitez tous vivement que le Canada négocie un accord de
libre-échange avec la CARICOM. Bien qu’il s’agisse là d’une question qui relève
davantage de mon collègue, le ministre [du Commerce international] Emerson, je puis
vous dire que, comme le premier ministre Harper l’a mentionné dans sa lettre au
premier ministre Simpson-Miller de la Jamaïque en août dernier, nous souscrivons à
cet objectif. Nos discussions exploratoires en vue de sa réalisation ont été très
productives.
Le gouvernement du Canada a entrepris de revoir en profondeur son programme pour
la libéralisation du commerce et de l’investissement et il a l’intention, à court terme, de
mettre en œuvre un audacieux programme de négociations commerciales bilatérales.
La CARICOM demeure pour le Canada un éventuel partenaire de libre-échange
d’intérêt majeur. Nous espérons être bientôt en mesure d’annoncer comment nous
pourrons aller de l’avant à cet égard.
Avant de terminer, je tiens à prendre le temps de saluer et de féliciter un de vos
anciens collègues qui est devenu un de mes collègues, le ministre des Affaires
étrangères de Trinité-et-Tobago, M. Arnold Piggott.
Je vous remercie.
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