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THIS TITLE IS TOO LONG

99/26 SOUS RÉSERVE DE MODIFICATIONS

NOTES POUR UNE ALLOCUTION

DE

L'HONORABLE LLOYD AXWORTHY,

MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES,

À UNE RÉUNION CONJOINTE DU COMITÉ PERMANENT DES

AFFAIRES ÉTRANGÈRES ET DU COMMERCE INTERNATIONAL ET

DU COMITÉ PERMANENT DE LA DÉFENSE NATIONALE ET DES

AFFAIRES DES ANCIENS COMBATTANTS

« LE CANADA ET LE KOSOVO »

OTTAWA (Ontario)

Le 31 mars 1999

(14 h 55 HNE)

Pour commencer, permettez-moi de vous remercier d'être revenus de vos circonscriptions pour participer à cette réunion consacrée à la très grave crise humanitaire qui survient au Kosovo.

Nous sommes ici car nous reconnaissons tous l'ampleur de cette crise et l'urgence d'agir, et aussi parce que nous savons que nous devons en débattre sans tarder. Les Comités permanents réunis ici aujourd'hui s'intéressent depuis longtemps à la problématique des Balkans; ils ont dépêché des membres en Bosnie dans le passé et, souvent, ont des discussions sur des questions connexes et font au gouvernement des recommandations à leur sujet. Je ne saurais assez insister sur l'importance cruciale pour les parlementaires, en particulier les membres des comités ici présents, de rester vigilants tout au long de notre participation au Kosovo, ce que nous continuerons à faire au fur et à mesure de l'évolution de la situation.

Beaucoup de Canadiens savent que le Kosovo est important pour notre pays. Voilà maintenant 10 ans que nous assistons dans les Balkans à des actions et des attitudes dont nous espérions qu'elles appartenaient à une autre époque.

Tout cela se passe au coeur de l'Europe, un continent où la plupart des Canadiens puisent leurs racines et où nous avons des intérêts vitaux dans les domaines économique, culturel et humain aussi bien que dans celui de la sécurité.

Depuis 1991, année qui a vu s'accélérer le processus de dissolution de la Yougoslavie, le régime du président Milosevic a fait la guerre contre la Slovénie, la Croatie et la Bosnie. En Bosnie, nous sommes intervenus militairement pour mettre un terme à une campagne de purification ethnique menée sur fond d'exécutions sommaires massives et de viols, sans oublier la destruction de collectivités entières, en violation de toutes les normes de comportement civilisé.

Au Kosovo, le régime yougoslave s'est engagé dans une campagne de répression brutale depuis qu'il a unilatéralement dépouillé la province de son autonomie et aboli ses institutions locales, en 1989 et en 1990.

En 1998, des Albanais de plus en plus nombreux ont abandonné leurs tactiques de résistance pacifique et ont lancé une violente campagne contre la répression. Le régime yougoslave croyait trouver là une justification pour entreprendre une campagne massive et disproportionnée de destruction à l'endroit des Albanais, sans distinction de sexe ou d'âge, se traduisant notamment par des exécutions sommaires, la destruction de villages et des détentions arbitraires.

Le Canada s'est fait le champion de la promotion d'un régime international de protection des civils dans lequel les droits humains sont respectés, les conflits régionaux sont résolus par la négociation et la prise de mesures de confiance, et les criminels de guerre ne restent pas impunis. Nous mettons également tout en oeuvre sur la tribune des institutions telles que l'ONU, l'OSCE [Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe] et l'OTAN afin de consolider le système multilatéral créé pour améliorer le monde par le biais de nouvelles normes de droit international et de nouvelles règles de comportement. Le problème du Kosovo présente un enjeu de taille à tous ces importants principes.

Nous privilégions depuis toujours une solution diplomatique au problème du Kosovo. La diplomatie a été saisie de tous les moyens de réussir. Qui ne se rappelle pas les nombreuses missions diplomatiques dépêchées à Belgrade, les résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU toutes violées par la RFY [République fédérale de Yougoslavie] , la création d'une importante mission de vérification de l'OSCE au Kosovo, enfin, la Conférence de Rambouillet qui s'était avérée un échec du fait de l'intransigeance du président Milosevic.

Ce n'est qu'après avoir tout essayé que les Alliés ont eu recours à l'action militaire. Il était à ce moment clair que la RFY se préparait à lancer une offensive militaire d'une envergure jamais vue jusqu'ici au Kosovo.

L'opération de l'OTAN est en cours depuis maintenant huit jours. Son objectif, rappelons-le, consiste à amener le gouvernement yougoslave à mettre un terme à la sauvage répression de sa propre population, à éroder la machine militaire qui sert de soutien à cette brutalité, enfin, à pousser Belgrade à signer un accord de paix. L'infrastructure de répression de la RFY sera progressivement détruite, tant et aussi longtemps que Milosevic résistera. Malheureusement, comme on peut s'en douter, cela risque de durer plus de quelques jours.

Des rapports faisant état d'un désastre humanitaire grandissant au Kosovo nous parviennent de plus en plus nombreux ces derniers jours. On rapporte que les forces de sûreté et les organisations paramilitaires yougoslaves mènent une campagne de terreur et expulsent un grand nombre de Kosovars. Elles intensifient la répression à l'endroit des figures de proue de l'opposition. Des preuves qui ne cessent de s'accumuler indiquent qu'elles sont peut-être impliquées dans des exécutions sommaires et dans d'autres atrocités dirigées contre les civils.

Je me suis entretenu, hier, avec la Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Mme Ogata. Le HCR [Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés] estime que le nombre de personnes déplacées du Kosovo dépasse les 560 000. Environ 275 000 personnes ont été déplacées à l'intérieur du Kosovo. Toutefois, compte tenu de la purification ethnique exécutée actuellement par les forces yougoslaves, il n'est désormais plus possible d'avancer un chiffre plausible. Le HCR a établi une « cellule sur le Kosovo » à Skopje, qui continue à surveiller la situation, mais la communication est très difficile.

On estime que plus de 200 000 personnes ont trouvé refuge dans les pays et régions avoisinants, dont notamment 83 500 en Albanie, 25 000 dans l'ex-République yougoslave de Macédoine, 45 000 au Monténégro, 15 000 en Bosnie et 30 000 en Serbie (dans ce dernier cas, la plus grande partie est constituée de Serbes fuyant le conflit au Kosovo). Une tendance inquiétante se dessine depuis quelques jours. On voit, en effet, de grands groupes de réfugiés composés presque entièrement de femmes, d'enfants et de personnes âgées, et dont les hommes en âge de servir sont à toutes fins utiles absents.

Ce flot massif de réfugiés est d'une ampleur sans précédent depuis la Seconde Guerre mondiale. Il a des implications qui vont bien au-delà de la situation désespérée des réfugiés à proprement parler. L'arrivée de vagues de gens fuyant le régime de Milosevic exerce d'énormes pressions économiques sur les pays avoisinants comme la Macédoine et l'Albanie. À défaut d'une aide adéquate, de telles pressions menacent de déstabiliser ces pays eux-mêmes. C'est la raison pour laquelle j'examine, de concert avec mes collègues, les façons d'alléger le fardeau imposé aux pays de la région. Par exemple, il est envisagé de reporter les délais dans lesquels ceux-ci doivent s'acquitter de leurs obligations financières internationales et de renforcer notre soutien à la sécurité de leurs frontières, de manière à préserver les acquis de la démocratisation.

En concertation avec nos alliés, nous gérons ce désastre humanitaire selon une approche à trois volets : nous intensifions l'intervention militaire qui constitue maintenant le seul moyen de contrer la poursuite de la purification ethnique; nous augmentons notre assistance humanitaire; enfin, nous appuyons le travail crucial du Tribunal pénal international [TPI] pour l'ex-Yougoslavie.

Mais avant d'entrer dans le détail de nos actions, permettez-moi de répondre à des critiques non fondées qui ont été largement diffusées. On dit que l'action de l'OTAN est la cause de l'actuelle détérioration de la situation humanitaire.

Ces critiques n'ont, dans les faits, aucun fondement. Le nettoyage ethnique pratiqué par les autorités yougoslaves se poursuit depuis des mois. Nous avons eu des preuves bien documentées faisant état d'expulsions forcées, de la destruction de villages et de massacres perpétrés par les forces de sûreté en 1998 et au début de 1999. Le nombre total des personnes déplacées et des réfugiés a maintenant atteint 560 000. Toutefois, 470 000 d'entre elles étaient déjà déplacées avant les attaques aériennes de l'OTAN, ce qui indique clairement que le règne de la terreur de Milosevic, et non l'intervention de l'OTAN, est responsable de la crise humanitaire actuelle.

La menace de l'OTAN d'utiliser la force a mené, en octobre 1998, à l'acceptation d'un cessez-le-feu, à des limites dans le déploiement des forces de sûreté au Kosovo, et à la création de la mission de vérification au Kosovo. Par la suite, pendant un certain temps la violence dont étaient responsables l'armée et la police a diminué en présence de centaines de vérificateurs internationaux.

Cependant, durant les premiers mois de 1999, la situation s'est progressivement détériorée. La RFY manquait de plus en plus à ses obligations. Les menaces de l'OTAN ont été ignorées, tandis que les forces de sûreté harcelaient les vérificateurs internationaux et augmentaient leur déploiement militaire bien au-delà des limites convenues par écrit entre la RFY et l'OSCE et bien au-delà de tout ce que n'importe quelle position défensive aurait pu justifier. Il était évident que les Yougoslaves se préparaient à une offensive massive au printemps. Le 20 mars, l'OSCE a été obligée d'évacuer la mission de vérification par suite de l'échec du cessez-le-feu et des menaces faites aux membres de la mission qui avaient dépassé les limites acceptables. Avec le départ de la mission de vérification, les forces yougoslaves ont grandement intensifié leur offensive.

Tout ceci est survenu avant que l'OTAN ne lance son intervention militaire. L'OTAN a réagi à la purification ethnique de Milosevic. Elle ne l'a pas provoquée.

J'aimerais également aborder une préoccupation que bon nombre d'entre vous avez relativement à l'absence d'une autorisation du Conseil de sécurité pour l'action de l'OTAN au Kosovo. J'aimerais dire sans ambages que nous aurions préféré nous rendre au Kosovo appuyés par une forte résolution du Conseil. Cependant, il est clair que certains membres du Conseil auraient opposé leur veto à une telle résolution. Cela est devenu évident la semaine dernière lorsque les Russes ont présenté une résolution condamnant l'action de l'OTAN, résolution qui a été nettement rejetée par un vote de 12 contre 3. Confrontée à ces profondes divisions au sein du Conseil, l'OTAN n'avait pas d'autres choix que de prendre des mesures par elle-même pour atténuer le désastre humanitaire qui était en marche, et de respecter les demandes des communautés internationales, énoncées dans les résolutions précédentes du Conseil de sécurité (1199 et 1203).

Cependant, nous n'avons pas abandonné nos tentatives en vue d'engager le Conseil de sécurité sur la question du Kosovo. Nous sommes loin de nous entendre avec les Russes sur cette question; cependant, nous sommes tous d'accord pour dire qu'il y a une crise humanitaire dans la région. C'est pourquoi je me rendrai demain à New York où je rencontrerai le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, et plusieurs membres du Conseil afin de discuter des mesures que le Conseil prendra peut-être en vue de s'attaquer à la terrible situation humanitaire dans la région.

Entre-temps, l'OTAN concentre ses efforts sur la machine de répression yougoslave et le Canada met à sa disposition six CF-18 supplémentaires à cet effet. Le but est de détruire aussi vite que possible la capacité de la RFY de réprimer les habitants du Kosovo. Malheureusement, il n'y a pas de solution miracle. S'il est vrai que nous souhaitions que Milosevic franchisse immédiatement les étapes rendant l'action de l'OTAN inutile, cela aurait été une folie d'élaborer des plans en fonction de tels voeux. Nous savions dès le début qu'il faudrait du temps pour éroder la capacité militaire de la RFY.

En attendant, nous augmentons notre assistance aux organisations humanitaires qui aident les réfugiés du Kosovo.

Le HCR a réexaminé ses besoins à la lumière de l'évolution de la situation en se basant sur le fait que le nombre de réfugiés dans la région pourrait atteindre les 350 000. Il ne peut pas, en ce moment, estimer le coût des approvisionnements supplémentaires nécessaires pour faire face à la crise. Cependant, il a stipulé que les organismes internationaux qui se sont engagés à offrir de l'aide humanitaire doivent respecter les priorités suivantes :

abris -- tentes, feuilles de plastique, couvertures, lits pliants;

articles de maison -- fourneaux, chaudrons et casseroles, etc.;

transport -- avions pour transporter les secours dans la région, camions pour transporter les approvisionnements et l'équipement, et autobus pour transporter les personnes;

fournitures médicales -- vaccins, trousses d'hygiène et trousses de santé pour les enfants.

Mes collègues, les ministres Marleau et Eggleton, et moi-même avons annoncé hier que le Canada versera 10 millions de dollars en aide humanitaire qui sera distribuée par le HCR et le Comité international de la Croix-Rouge.

Le ministère de la Défense nationale assurera le transport aérien pour acheminer les fournitures d'urgence vers la région.

Nous avons toutes les raisons de croire que notre importante contribution et celle d'autres membres de la communauté internationale combleront les besoins du HCR. Conjointement avec ce dernier, nous garderons l'oeil ouvert et nous serons prêts à apporter une aide supplémentaire au besoin.

La troisième étape de notre action à l'appui d'une paix durable dans la région consiste à offrir un soutien continu au TPI pour l'ex-Yougoslavie et à réitérer nos avertissements envers les autorités yougoslaves, à savoir qu'elles seront tenues responsables des crimes perpétrés au Kosovo. Les hauts représentants du ministère des Affaires étrangères et du Commerce international ont communiqué samedi avec l'ambassadeur de la Yougoslavie pour lui transmettre un message clair à ce sujet.

Le Canada a toujours largement contribué au fonctionnement du TPI et soutenu ce dernier depuis sa fondation, en 1993. À l'heure actuelle, nous cherchons des moyens de faciliter la transmission au Tribunal de renseignements relativement à des accusations de crimes de guerre, recueillis par des Canadiens au service du gouvernement dans cette région.

Bien entendu, le plan d'action idéal demeure la diplomatie. Nous avons toujours privilégié une approche diplomatique, mais nous avons dû recourir à la force militaire devant l'intransigeance et la mauvaise foi du gouvernement de la RFY et la présence de la crise humanitaire. Le premier ministre Primakov de la Russie a tenté de négocier une entente. Malheureusement, ce que Milosevic offrait à M. Primakov ne constituait pas une base de négociation acceptable sur le plan diplomatique.

Nous continuons de croire que Milosevic doit respecter les conditions suivantes pour que l'OTAN reconsidère son approche actuelle face à la crise au Kosovo :

arrêt des massacres, de l'oppression et de la purification ethnique présentement en cours;

retrait de toutes les forces de sécurité et création d'un environnement qui permettrait aux Albanais du Kosovo de rentrer chez eux;

acceptation de négocier un accord de paix, dans le cadre des pourparlers de Rambouillet.

À elles seules, ces conditions constituent le fondement d'une solution politique durable.

Au Kosovo, nous faisons face à une situation des plus complexes qui évolue de jour en jour. Grâce à notre approche à trois volets, soit l'action militaire, l'assistance humanitaire et la voie judiciaire, et à notre ouverture face à l'approche diplomatique, nous nous attaquons à cette question avec détermination. Toutefois, le Kosovo demeure un point chaud depuis maintenant 10 ans, et l'origine des problèmes de ce pays remontent très loin dans l'histoire. Nous ne pouvons nous attendre à une solution immédiate et parfaite, mais nous sommes déterminés à poursuivre nos efforts.

Enfin, j'aimerais souligner l'excellent travail des Canadiens, qui ont joué un rôle important dans les Balkans au cours des dernières années. Ils ont été d'une assistance remarquable en Bosnie au cours des missions de paix, alors qu'ils ont participé aux opérations de secours humanitaire, à la reconstruction des institutions démocratiques et à l'instauration de la paix dans la région. Par ailleurs, sous l'OSCE, les Canadiens ont participé à la supervision d'élections dans la région et ont agi à titre de vérificateurs au Kosovo. Nous sommes également fiers du courage et du dévouement des Canadiens et des Canadiennes qui participent actuellement à la mission de l'OTAN. Je suis très heureux que les membres de tous les partis de cette Chambre se soient levés et aient appuyé nos troupes et nos tentatives de résoudre cette crise. Je crois que nous pouvons tous être fiers du rôle joué par le Canada dans cette situation difficile.

Merci.


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Dernière mise à jour : 2006-10-30 Haut de la page
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