DISCOURS
NOTES POUR UNE ALLOCUTIONDEL'HONORABLE LLOYD AXWORTHY,MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES,AUFORUM RÉGIONAL DE L'ASEAN
99/44 SOUS RÉSERVE DE MODIFICATIONS
NOTES POUR UNE ALLOCUTION
DE
L'HONORABLE LLOYD AXWORTHY,
MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES,
AU
FORUM RÉGIONAL DE L'ASEAN
SINGAPOUR
Le 26 juillet 1999
(17 h 45 HAE)
J'ai été encouragé par la déclaration énergique sur la prolifération des armements contenue dans le communiqué
de l'ASEAN [Association des nations de l'Asie du sud-est]. Je vous avouerai franchement que la situation me
préoccupe. Le Traité sur la non-prolifération nucléaire (TNP) est d'une importance capitale pour notre sécurité
collective. Pourtant, des divergences d'opinion fort troublantes sont ressorties des délibérations des comités
préparatoires.
Les essais nucléaires en Asie du Sud conduisent certains pays qui avaient la capacité de se doter d'armes
nucléaires mais y ont renoncé à s'interroger sur l'opportunité de leur geste. La réduction des armes nucléaires
n'avance qu'à petits pas.
Nous nous heurtons aussi à des difficultés en ce qui concerne le Traité d'interdiction complète des essais (CTBT) :
44 ratifications sont nécessaires pour lui donner effet. Et seulement trois de la dizaine de membres du Forum
régional de l'ASEAN qui doivent ratifier le traité pour qu'il entre en vigueur l'ont fait. Là encore, nous avons un traité
d'une importance clé pour l'établissement d'un cadre permettant d'exercer un contrôle sur les armes nucléaires et
de chercher à dissuader les États d'en développer, et pourtant, c'est l'impasse.
Le Forum régional peut jouer un rôle très significatif en raison des positions stratégiques de certains de ses
membres. Pourtant, ces positions ne me semblent pas défendues avec toute la ferveur, l'énergie ou l'action que
j'estime nécessaires.
À ce stade-ci, je suis plutôt pessimiste : je crains que certains de ces traités et accords très importants risquent en
fait de voir leur effet miné si des mesures très concrètes ne sont pas prises au cours des quelques prochaines
années.
Je vois réunis à cette table certains ministres qui, à la Conférence du Mouvement des non-alignés (MNA), au
Groupe des 77 (G-77) ou dans d'autres instances, ont représenté des pays qui ont pris l'initiative par le passé
dans ces dossiers. Pourtant, le leadership ne me semble pas s'exercer de la même manière aujourd'hui. Nous
venons de terminer une discussion sur la menace possible représentée par les essais de missiles par la Corée du
Nord. Nous devons progresser dans le développement d'un vaste régime de contrôle de la technologie relative aux
missiles ou faire face à de très graves conséquences.
J'ai écouté avec beaucoup d'intérêt le ministre Singh nous parler de l'engagement de l'Inde à donner suite à la
résolution 1172 des Nations Unies. Je crois qu'il y a lieu de tirer un certain réconfort de cette déclaration car
j'estime qu'il est crucial que l'Inde et le Pakistan s'acquittent effectivement de leurs obligations. Certes, il faut
toujours tenir compte des considérations politiques intérieures, mais je suis encouragé par ces paroles, qui
doivent toutefois être suivies par des actions concrètes.
D'une manière différente, c'est aussi vrai des États nucléaires eux-mêmes. Je pense à la Russie et aux États-Unis,
qui sont aussi à cette table. Là aussi, je suis réconforté par le fait que le Président Eltsine et le Président Clinton
ont réaffirmé leur intérêt à s'attaquer à
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la question des armes nucléaires. La ratification du Traité Start II et la négociation du Traité Start III sont
indispensables à la dynamique de la conférence d'examen du TNP l'an prochain. Il faut qu'il y ait des progrès
concrets dans ces domaines.
Je veux aussi m'arrêter un instant sur un problème qui est tout à fait à l'autre bout du spectre mais que j'estime tout
aussi dangereux : la prolifération des armes de petit calibre. Le Secrétaire général des Nations Unies a dit que le
tueur le plus dangereux dans le monde aujourd'hui est un jeune de 14 ans armé d'un AK-47. De plus en plus de
personnes sont tuées avec de telles armes et les débouchés pour ces armes sont encore énormes.
Je suis récemment rentré d'une visite en Afrique. Ce qu'on voit aujourd'hui en Angola, en Sierra Leone, au
Soudan, en République centrafricaine et au Congo, pour ne nommer que quelques pays, c'est l'impact incroyable
et terrible des armes de petit calibre. La prolifération de ces armes, ajoutée au recrutement d'enfants par les
forces armées, constitue l'une des transgressions internationales les plus vicieuses que j'ai eu l'occasion de
constater. Comme je l'ai dit hier soir aux États membres du FRA, il est très important qu'ils s'attaquent à la
question de la prolifération de ces armes parce que je crois qu'ils sont en mesure de contribuer à la résolution du
problème. Je crois que le FRA est la seule instance régionale qui n'ait pas encore pleinement abordé cette
question.
L'OEA [Organisation des États américains], par exemple, a maintenant une convention en place. L'Union
européenne a elle aussi une convention. D'autres pays travaillent dans le même sens. L'Organisation de l'unité
africaine (OUA) amorce ses travaux, tout comme l'Association d'Afrique australe pour la coopération au
développement (SAADC), en vue d'élaborer des conventions sur la prolifération des armes de petit calibre.
Nous avons félicité la Malaisie qui a récemment présenté une motion au Conseil de sécurité concernant le
désarmement et la réintégration des soldats démobilisés. Je crois que la question des armes de petit calibre fait
maintenant partie intégrante de cette question. Il est très important, à mon avis, que la déclaration du président
traduise l'urgence de cet enjeu mais aussi l'énergie que chacun des membres est prêt à y consacrer.
C'est un enjeu à l'égard duquel nous avons de réelles responsabilités à titre de membres de l'Organisation.
J'estime qu'il est crucial à cette réunion, car avec les jalons, les carrefours, qui s'annoncent - les réunions du CTBT
dans trois mois, les réunions du TNP dans six mois - je ne crois pas que nous puissions continuer de marquer le
pas dans ces dossiers. Je crois que nous devons faire la preuve de certains progrès.
Merci.
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