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M. AXWORTHY - ALLOCUTION À UN PETIT DÉJEUNER-CONFÉRENCE - OTTAWA (ONTARIO)

99/61 SOUS RÉSERVE DE MODIFICATIONS

NOTES POUR UNE ALLOCUTION

DE

L'HONORABLE LLOYD AXWORTHY,

MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES,

À UN PETIT DÉJEUNER-CONFÉRENCE

OTTAWA (Ontario)

Le 3 décembre 1999

(9 h 15 HNE)

Il y a deux semaines, j'étais au Kosovo. L'expérience avait de quoi donner à réfléchir. Les séquelles de la destruction causée par les forces serbes y sont omniprésentes, la haine ethnique y est profonde et aiguë, et la souffrance des civils est une réalité de tous les instants.

Manifestement, il ne sera pas facile pour la population du Kosovo de surmonter le traumatisme de l'expérience récente ni de bâtir une société stable et pacifique.

La dernière activité de mon séjour là-bas m'a néanmoins laissé sur une note encourageante. Elle montrait ce dont les Canadiens sont capables. On m'a amené dans une école primaire à Glogovac, un village quelconque situé dans une région qui n'a rien de particulier. L'école était pratiquement détruite et encerclée de mines terrestres. La haine et les préjugés avaient fait de ce lieu d'apprentissage un carrefour de la mort.

Grâce aux efforts combinés des casques bleus canadiens, d'une équipe de déminage canadienne et d'ONG civiles canadiennes -- qui ont collaboré avec la population locale -- cette école est en cours de rénovation, et elle fait naître l'espoir d'un avenir plus tolérant.

Je suis revenu convaincu de la valeur de la contribution du Canada au Kosovo. Cette expérience a aussi confirmé pour moi le nouveau visage du maintien de la paix -- un visage plus polyvalent, plus axé sur les citoyens et orienté plus directement vers la sécurité à long terme et la sécurité des gens ordinaires.

L'évolution du maintien de la paix vient dans le droit fil de l'évolution de la nature de la guerre, la plupart des conflits armés éclatant désormais au sein des États plutôt qu'entre les États. Comme l'a fait remarquer récemment un analyste, « la guerre n'est pas disparue, elle s'est tournée vers l'intérieur ». Les civils sont donc devenus plus vulnérables comme victimes, cibles et instruments de la guerre.

En revanche, cette nouvelle réalité a un lien direct avec l'anniversaire que nous célébrons aujourd'hui. Le moteur de la campagne visant à interdire les mines terrestres et de la signature de la Convention d'Ottawa était le désir d'éliminer une arme dont le principal but consiste à mettre la sécurité humaine en danger. Le processus d'Ottawa est donc une réponse aux nouvelles circonstances mondiales qui mettent la sécurité humaine et le bien-être des êtres humains au premier rang des préoccupations mondiales.

Mais il est bien plus qu'une réponse. Le processus d'Ottawa a servi de catalyseur pour faire avancer le thème de la sécurité humaine.

La réaction massive et positive au processus d'Ottawa -- qui met l'accent sur la sécurité humaine -- a démontré qu'une vision de la paix et de la sécurité axée sur l'être humain trouve clairement écho dans la communauté internationale. En se concentrant sur un danger important et direct pour la sécurité des civils, il a mis en évidence la vulnérabilité de la sécurité humaine attribuable à diverses sources et a donc contribué à une sensibilisation et à une volonté d'agir.

Il est à l'origine, par exemple, du plan d'action du Canada au sein du Conseil de sécurité des Nations Unies, où nous tentons d'intégrer les préoccupations humanitaires et celles relatives aux droits de la personne dans les délibérations et les décisions du Conseil -- une démarche qui reçoit un appui considérable et qui a connu sa part de succès.

Deux ans après la Convention d'Ottawa, il n'est pas rare d'entendre les dirigeants du monde entier -- dont le secrétaire général Annan -- déclarer au sein de divers conseils internationaux que la promotion de la sécurité humaine est une priorité de la communauté internationale.

Le processus d'Ottawa a aussi donné une nouvelle énergie et une portée plus large au cadre juridique international qui défend les droits de la personne et tient les individus responsables de leurs actes.

Deux ans après la Convention d'Ottawa, ce n'est pas par hasard si la communauté internationale a adopté le statut de la Cour criminelle internationale (CCI) et s'efforce maintenant de faire de ce tribunal une réalité.

Le processus d'Ottawa a fait ressortir que, dans un monde planétaire, les gouvernements ne sont plus les seuls acteurs sur la scène internationale. La société civile et le secteur privé ont un rôle grandissant et positif à y jouer. Le succès du processus d'Ottawa est lié en grande partie à des coalitions novatrices avec les ONG et les parties concernées.

Deux ans après la Convention d'Ottawa, ces coalitions créatives se reflètent dans d'autres partenariats, notamment dans les efforts visant à créer la CCI, à mettre fin à la prolifération et à l'abus des armes légères et à soulager les souffrances des enfants touchés par la guerre.

Le processus d'Ottawa a aussi mis en lumière le rôle plus discret que jouent les acteurs non étatiques -- les milices, les seigneurs de guerre, les intérêts commerciaux sans scrupule -- dans la perpétuation de l'insécurité des citoyens dans les zones de conflit et au-delà, ainsi que la nécessité de trouver des moyens de relever les défis qu'ils soulèvent.

Deux ans après la Convention d'Ottawa, le rôle de ces intervenants non étatiques, à titre de participants à des conflits armés ou comme moteurs de la perpétuation de nouvelles économies de guerre, est passé au peigne fin, du G-8 aux Nations Unies.

Le processus d'Ottawa a donc contribué clairement à la nouvelle dynamique qui se dessine dans le monde et qui place l'individu -- ses droits, sa dignité et son bien-être -- au coeur des affaires mondiales. C'est certainement le cas au Canada, où le discours du Trône de cette année a affirmé l'importance de la sécurité humaine dans notre politique étrangère.

Mais si la Convention d'Ottawa a contribué à inscrire la sécurité humaine à l'ordre du jour mondial, qu'a-t-elle fait pour éliminer les mines terrestres? Deux ans après avoir été signée et à peine neuf mois après être devenue exécutoire en vertu du droit international, plusieurs signes évidents montrent qu'elle a des répercussions.

L'utilisation de ces armes insidieuses a décliné de manière spectaculaire. Autrefois considérées comme un élément inévitable de la guerre, l'utilisation des mines terrestres est désormais si isolée et si rare qu'elle fait les manchettes. Les conséquences épouvantables de ces armes sur les civils sont bien connues, et leur utilisation dans des conflits est vite condamnée par la communauté internationale.

La fabrication et l'exportation des mines terrestres ont chuté, à mesure que l'interdiction s'est répandue. Le nombre total de pays producteurs est passé de 54 à seulement 16, et d'après un organisme de surveillance indépendant, aucune expédition de mines antipersonnel d'un pays à un autre n'a été observée en 1998 et au début de 1999.

Le nombre de victimes diminue dans certaines des régions du monde les plus durement frappées par ce fléau : en Afghanistan et au Cambodge, le nombre de nouvelles victimes a presque diminué de moitié entre 1993 et 1998. Les nouveaux incidents ont aussi fortement diminué en Bosnie et au Mozambique.

La réduction des stocks mondiaux de mines terrestres progresse elle aussi, puisque plus de 14 millions de mines ont été détruites dans 20 pays au cours des trois dernières années. Ce nombre augmentera considérablement dans un bref avenir, car le Canada et d'autres pays donateurs aident l'Ukraine à remplir ses obligations découlant du traité relatives à la destruction de ses stocks. On planifie actuellement l'élimination des quelque 10 millions de mines qui existeraient en Ukraine et dont certaines comptent parmi les plus toxiques du monde.

Bien que quelques grands États récalcitrants n'aient pas encore signé la Convention, des signes indiquent qu'une nouvelle norme est en train de s'instaurer. Les États-Unis interdisent actuellement les exportations de mines terrestres et ont annoncé qu'ils espèrent signer la Convention d'ici 2006. En mai 1998, la Russie a annoncé qu'elle interrompait la fabrication de mines antipersonnel à effet de souffle. Tant la Russie que les États-Unis ont commencé à détruire les mines et, à la réunion des ministres des Affaires étrangères du G8 qui a eu lieu en juin, la Russie a annoncé son intention de signer la Convention sur l'interdiction des mines antipersonnel.

Ce sont des signes encourageants. Mais nous sommes encore bien loin de notre objectif ultime qui consiste à vivre dans un monde sans mines. Il nous faut non seulement éliminer le grand nombre de mines qui ont été posées au cours des dernières décennies -- et aider des milliers de victimes -- mais aussi éliminer les nouvelles mines qui sont posées dans des zones de conflit comme l'Angola et le Kosovo.

C'est pour cette raison que, grâce au Fonds canadien d'action contre les mines , qui a été doté de 100 millions de dollars, le Canada intervient sur plusieurs fronts :

• Lutte contre le déploiement de nouvelles mines terrestres au Kosovo. L'expérience a démontré qu'il est impératif d'intervenir rapidement -- dans la mesure où la situation le permet -- pour éviter que les mines ne fassent de nouvelles victimes lorsque les réfugiés rentrent chez eux après un conflit. C'est pourquoi le Canada et ses partenaires sont intervenus rapidement au Kosovo. Nous avons coparrainé la première mission des Nations Unies visant à évaluer les mines terrestres; nous avons appuyé la création du Centre de coordination de l'action antimines des Nations Unies à Pristina; nous fournissons une aide en déminage -- six équipes sont actuellement sur place au Kosovo, et nous avons contribué à sensibiliser la population du Kosovo -- avant même la fin des hostilités. Le nombre de victimes des mines a donc été peu élevé.

• Programmes d'action antimines dans le monde. Le Canada a appuyé des programmes d'action antimines dans 19 pays, dont certains des plus minés du monde -- la Bosnie-Herzégovine, le Mozambique, le Cambodge, le Yémen et plusieurs pays de l'Amérique centrale.

• Maintien de l'aide aux victimes et à leurs communautés. Nous élargissons ici notre approche. Par exemple, au Cambodge, les victimes ne sont pas seulement traitées pour leurs blessures. En effet, le Canada appuie également un programme qui leur permet d'apprendre à souder et à réparer de petits moteurs, et qui comprend des crédits pour les aider à créer leur propre entreprise.

• Contribution à la recherche-développement de nouvelles technologies de déminage et de soins aux victimes. Appuyé en partie par le gouvernement canadien, le Centre canadien des technologies antimines, créé en 1998, effectue des travaux prometteurs qui pourraient bientôt faire une différence spectaculaire dans la rapidité, la sécurité et l'efficience du déminage sur le terrain.

• Contribution à des recherches sur les blessures causées aux tissus par des explosions de mines. Ces recherches devraient mener à de meilleurs soins d'urgence pour les victimes et rendre la réhabilitation plus rapide, plus facile et plus efficace. Nous appuyons également les recherches visant à rendre l'orthétique plus économique et plus efficace, afin que la réhabilitation soit abordable.

• Financement continu. Maintenir le financement de l'action antimines et l'attention sur la lutte contre les mines est une tâche difficile mais essentielle -- d'où l'appui à la création de la Fondation canadienne contre les mines. Organisme de bienfaisance privé et sans but lucratif, la Fondation réunit des fonds auprès des entreprises et des particuliers pour l'action antimines. Nous lui avons accordé du financement de démarrage afin de lui permettre d'accroître ses activités de sensibilisation auprès du secteur privé.

• Promotion de la sensibilisation publique. Le besoin d'informer et de faire participer le public dans ce dossier crucial est à l'origine d'une exposition unique en son genre, en cours actuellement à Ottawa. Interdisons les mines 1999 est le fruit des efforts conjoints de la Croix-Rouge canadienne, d'Action Mines Canada et du ministère des Affaires étrangères. C'est l'occasion de venir voir par soi-même ce que nous entendons par action antimines.

La lutte contre les mines terrestres n'est pas une sinécure -- les mines sont un fléau depuis presque un siècle. Beaucoup pensaient qu'elles le seraient à jamais, mais certains ont osé croire le contraire.

Depuis que les pays ont commencé à signer la Convention d'Ottawa il y a deux ans, des progrès ont été accomplis pour que cette arme ait le sort qu'elle mérite : devenir un souvenir de la brutalité du passé, au lieu de lui permettre d'anéantir les espoirs de l'humanité. Il y a lieu de s'en réjouir.

L'héritage du processus d'Ottawa -- son esprit, son objectif et ses partenariats -- va beaucoup plus loin que l'élimination de cette arme abominable. Le processus d'Ottawa a mis en lumière les dangers qui menacent la sécurité humaine, contribué à donner un visage humain aux affaires mondiales et montré comment faire avancer la sécurité humaine. En ce deuxième anniversaire de la Convention d'Ottawa, il y a lieu de célébrer.

Merci.


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Dernière mise à jour : 2006-10-30 Haut de la page
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