COMMUNIQUÉS
LE CANADA ANNONCE DES MESURES SUPPLÉMENTAIRES CONCERNANT LA BIRMANIE
Le 7 août 1997 Nº 130
LE CANADA ANNONCE DES MESURES SUPPLÉMENTAIRES
CONCERNANT LA BIRMANIE
Le ministre des Affaires étrangères, M. Lloyd Axworthy, a annoncé aujourd'hui des
mesures supplémentaires concernant la Birmanie, notamment des mesures économiques
sélectives et une aide humanitaire. Ces mesures montrent l'inquiétude du Canada à
l'égard de la dégradation de la situation des droits de la personne en Birmanie et
ont pour objet d'inciter le régime militaire à entamer un dialogue politique
fructueux avec les dirigeants du mouvement démocratique.
Le gouvernement du Canada retire à la Birmanie l'admissibilité au Tarif de
préférence général et la place sur la Liste des pays visés par contrôle, avec pour
résultat qu'une licence sera exigée pour toute exportation du Canada vers la
Birmanie. Par ces mesures, le Canada rejoint les États-Unis et l'Union européenne,
qui ont également imposé des mesures économiques sélectives contre la Birmanie.
« Les dirigeants militaires birmans n'ont fait aucun effort pour améliorer la
situation actuelle et ont omis à maintes reprises de répondre aux tentatives de la
communauté internationale d'ouvrir des voies de communication, a déclaré
M. Axworthy. Les mesures que nous avons prises aujourd'hui ont pour but de
signifier la gravité de nos inquiétudes devant la suppression des libertés
politiques et notre frustration de constater que la Birmanie ne fait rien pour
réduire la production et le trafic de drogues illégales.
M. Axworthy réexaminera la contribution du Canada au Programme des Nations Unies
pour le contrôle international des drogues afin de déterminer la meilleure façon
de participer aux projets antidrogue dans la région.
Le ministre des Affaires étrangères, M. Lloyd Axworthy, et la ministre de la
Coopération internationale, Mme Diane Marleau, ont par ailleurs annoncé aujourd'hui
que l'Agence canadienne de développement international fournirait une aide
humanitaire supplémentaire de 350 000 dollars aux réfugiés birmans en Thaïlande.
Ces fonds serviront à distribuer une aide alimentaire d'urgence dans les camps de
réfugiés, ainsi qu'à soutenir des projets d'aide aux réfugiés dirigés par des
organisations non gouvernementales tant locales qu'internationales. Le Canada a
suspendu son aide bilatérale à la Birmanie à la suite du massacre de manifestants
pro-démocratie à Rangoon en 1988.
« Depuis la réunion des pays de l'ASEAN [Association des nations de l'Asie du Sud-Est] de l'an dernier, où le Canada a tenté d'établir un consensus sur l'attitude à
adopter à l'égard de la Birmane, nous avons eu des consultations permanentes avec
un certain nombre de pays et d'organisations internationales, a déclaré M.
Axworthy. Nous exhortons la communauté internationale, et particulièrement les
pays de l'ASEAN voisins de la Birmanie, à continuer d'user de leur influence pour
favoriser la réconciliation nationale et le retour à la démocratie en Birmanie.
Nous engageons également la communauté des gens d'affaires du Canada à s'abstenir
de conclure de nouveaux accords d'investissement ou marchés commerciaux avec la
Birmanie jusqu'à ce que l'on puisse constater une amélioration de la situation
dans ce pays. »
Le financement de cette initiative est prévu dans le budget fédéral déposé en
février 1997 et s'inscrit dans le cadre financier déjà en place.
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Un document d'information sur la Birmanie figure en annexe.
Pour de plus amples renseignements, les représentants des médias sont priés de
communiquer avec :
Catherine Lappe
Directrice des Communications
Cabinet du ministre des Affaires étrangères
(613) 995-1851
ou avec le :
Service des relations avec les médias
Ministère des Affaires étrangères et du Commerce international
(613) 995-1874
Ce document se trouve également au site Internet du Ministère :
http://www.dfait-maeci.gc.ca
Document d'information
BIRMANIE
La situation en Birmanie se détériore avec la persistance des violations des
droits de la personne. La résurgence de la crise humanitaire sur la frontière
entre la Thaïlande et la Birmanie causée par l'exode de réfugiés birmans et les
mesures répressives que le régime militaire birman a prises contre le mouvement
pro-démocratie continuent à menacer la sécurité régionale. La production et le
trafic illicites de drogues constituent un problème toujours plus important dans
la région, la Birmanie restant la principale source d'héroïne introduite
illégalement en Amérique du Nord.
Le Canada déplore les violations des droits de la personne en Birmanie et s'est
efforcé d'y encourager la réconciliation nationale et le rétablissement de la
démocratie. La politique du Canada à l'égard de la Birmanie vise à appuyer la
réforme démocratique, à soulager le sort des réfugiés et à réduire la production
et le trafic de drogues. À cette fin, le Canada appuie les initiatives des Nations
unies, applique des mesures économiques sélectives contre la Birmanie, entretient
le dialogue avec toutes les parties en cause et fournit une aide humanitaire aux
victimes qui fuient le conflit.
Pourquoi la Birmanie?
La promotion par le Canada des droits internationaux de la personne repose sur le
principe adopté de longue date, à savoir l'influence effective, selon les termes
employés par le ministre des Affaires étrangères, Lloyd Axworthy, lors des
consultations annuelles sur les droits de la personne qu'il a eues avec les
organisations non gouvernementales le 5 février 1997. Le dialogue et l'engagement
sont en général les meilleurs véhicules du changement. Nous avons instauré un
dialogue bilatéral avec certains pays comme la Chine, Cuba et l'Indonésie.
Toutefois, aucun dialogue n'est possible sans un partenaire consentant. Le régime
au pouvoir, le Comité d'État pour la restauration de la loi et de l'ordre (SLORC),
a continuellement repoussé les tentatives du Canada et d'autres pays pour engager
un dialogue.
Cette intransigeance a été tout récemment confirmée de nouveau, le 29 juillet à
Kuala Lumpur. Le ministre des Affaires étrangères, Lloyd Axworthy, a remis à son
homologue birman, Ohm Gyaw, une liste de huit mesures que le Canada proposait au
régime militaire pour améliorer la situation des droits de la personne en
Birmanie. Le ministre des Affaires étrangères Gyaw n'a répondu à aucune des
propositions du Canada. Ces propositions étaient les suivantes :
l'instauration d'un dialogue sérieux avec Aung San Suu Kyi sur l'évolution
politique et constitutionnelle de la Birmanie;
la libération des prisonniers politiques, préalable à tout dialogue politique
libre et ouvert;
un calendrier clair pour le processus constitutionnel;
le retour en Birmanie du Comité international de la Croix-Rouge;
l'acceptation d'une visite du Rapporteur spécial de la Commission des droits de
l'homme de l'ONU, visite au cours de laquelle il recevrait toute la coopération
nécessaire à lui faciliter la tâche;
des progrès sensibles dans le dialogue avec le Secrétaire général des Nations
unies (conduit par l'entremise de son Rapporteur spécial);
une action concrète de la part du SLORC visant à réduire la production et le
trafic de drogues illicites et un engagement à participer activement aux efforts
internationaux et régionaux de lutte contre la drogue;
l'élaboration d'une série d'activités bilatérales du Canada et de la Birmanie
concernant les droits de la personne, notamment la formation d'un comité mixte des
droits de la personne.
Les efforts de changements du Canada : mesures multilatérales
Le Canada a toujours travaillé pour apporter des changements en Birmanie. La
rencontre entre le ministre des Affaires étrangères, Lloyd Axworthy, et le
ministre des Affaires étrangères Gyaw, est la dernière d'une série de mesures
d'initiative canadienne visant à encourager le SLORC à respecter les droits
fondamentaux des Birmans. Dans les forums internationaux, le Canada a appuyé de
strictes résolutions adoptées par consensus tant à la Commission des droits de
l'homme des Nations Unies qu'à l'Assemblée générale et qui dénonçaient les
violations de ces droits en Birmanie. En outre, le Canada a appuyé la suspension
de l'aide multilatérale à la Birmanie par le truchement des institutions
financières internationales.
Le Canada entreprend des consultations continues avec différents pays et des
organisations internationales sur les moyens d'établir des voies de communications
entre le SLORC et la communauté internationale. En juin 1997, au sommet de Denver,
le ministre des Affaires étrangères, Lloyd Axworthy, a montré la voie à d'autres
ministres des Affaires étrangères en invitant le SLORC à entamer un dialogue
véritable avec les leaders du mouvement démocratique et des minorités ethniques
pour assurer la réconciliation nationale et le rétablissement de la démocratie. Le
ministre des Affaires étrangères, Lloyd Axworthy, a discuté de la question de la
Birmanie avec ses homologues de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est
(ASEAN) de façon régulière, et tout récemment au forum régional de l'ASEAN qui
s'est tenu à Kuala Lumpur, Malaysie. Le premier ministre a fait part de ses
préoccupations au sujet de la Birmanie lors de la visite d'Equipe Canada en Asie
du Sud-Est en janvier 1997.
Le Canada a adopté une approche régionale au problème de la production de drogues
illégales dans le Triangle d'or par l'intermédiaire du Programme des Nations Unies
pour le contrôle international des drogues qui fournit une aide aux pays de la
région, dont la Birmanie, pour établir des plans de contrôle des stupéfiants.
Mesures bilatérales
Parmi les mesures prises par le Canada, mentionnons :
la suspension de l'aide bilatérale en 1988;
aucune vente de matériel militaire;
aucune présence diplomatique ou commerciale en Birmanie;
la suspension de l'appui aux firmes canadiennes qui mènent des affaires en
Birmanie, y compris les programmes de soutien à l'exportation et les activités de
promotion commerciale.
Le Canada entretient un dialogue avec Aung San Suu Kyi par l'intermédiaire de son
ambassadeur auprès de la Birmanie, qui réside en Thaïlande.
Aide canadienne à la Birmanie et aux réfugiés birmans
Le programme canadien d'aide bilatérale à la Birmanie, que gère l'Agence
canadienne de développement international, a été suspendu en 1988 après le
massacre de milliers de manifestants pro-démocratie à Rangoon. Sans appuyer
l'octroi d'une aide multilatérale à la Birmanie par le biais des institutions
financières internationales, le Canada a fourni des secours d'urgence par
l'entremise d'institutions multilatérales et d'organisations non gouvernementales
afin d'aider les réfugiés birmans qui ont fui en Thaïlande ou au Bangladesh.
Depuis 1992, le Canada a fourni 660 000 $ (ce qui inclut l'engagement tout récent
de 350 000 $) pour venir en aide aux réfugiés birmans en Thaïlande. Depuis 1994,
le Canada a en outre fourni 8,4 millions $ en secours d'urgence aux réfugiés
birmans au Bangladesh. Cette somme a été administrée par le Haut Commissariat des
Nations Unies pour les réfugiés, le Programme alimentaire mondial et Médecins sans
frontières.
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