DISCOURS
M. MARCHI - ALLOCUTION DEVANTLA CHAMBRE DE COMMERCE DU CANADA À HONG KONG - HONG KONG, CHINE
98/27 SOUS RÉSERVE DE MODIFICATIONS
NOTES POUR UNE ALLOCUTION
DE
L'HONORABLE SERGIO MARCHI,
MINISTRE DU COMMERCE INTERNATIONAL,
DEVANT
LA CHAMBRE DE COMMERCE DU CANADA À HONG KONG
HONG KONG, Chine
Le 3 avril 1998
Ce document se trouve également au site Internet du Ministère :
http://www.dfait-maeci.gc.ca
Permettez-moi, pour commencer, de remercier la Chambre de commerce du Canada à
Hong Kong d'avoir organisé ce grand événement.
Comme vous le savez, ma mission commerciale à Beijing et à Shanghai a commencé
plus tôt cette semaine et je suis ravi que la dernière étape m'amène ici, à Hong
Kong -- région devenue le symbole de la Chine nouvelle et l'image de la prospérité
de l'Asie dans le monde entier. Nul besoin d'être ici depuis longtemps pour
ressentir l'excitation, le dynamisme et l'énergie qui flottent dans l'air!
Nul besoin non plus d'être ici depuis longtemps pour sentir la présence du Canada.
Plus de 150 000 Canadiens vivent en effet à Hong Kong, et les liens qui unissent
nos deux pays sont renforcés par le demi-million de personnes originaires de Hong
Kong qui vivent au Canada.
Ces liens personnels solides font en sorte qu'il importe directement au Canada de
voir maintenues l'autonomie et la prospérité de Hong Kong ainsi que le bien-être
de sa population.
Pour les gens d'affaires canadiens, Hong Kong est un allié naturel : l'anglais y
est la principale langue d'affaires, les contrats sont fondés sur la common law
britannique et le système bancaire ainsi que les autres structures commerciales
leur sont connus. De plus, la Chambre de commerce du Canada à Hong Kong est la
plus grande chambre de commerce que nous ayons à l'étranger, et Hong Kong se
targue d'avoir plus d'une vingtaine d'associations d'anciens étudiants
d'universités canadiennes. Pas étonnant donc que nous nous sentions presque comme
chez nous ici!
Mais quelle est l'importance exacte de nos rapports commerciaux avec Hong Kong? Eh
bien, le Canada a exporté à Hong Kong pour au-delà de 1,5 milliard de dollars en
1996, et il a importé en retour pour près de 1,1 milliard de dollars. Ces chiffres
font de Hong Kong notre septième partenaire commercial dans le monde et notre
quatrième partenaire commercial en Asie. En fait, si l'on ajoute la Chine, Hong
Kong devient notre troisième partenaire commercial au monde.
Hong Kong représente aussi le premier pays de provenance des immigrants et des
investisseurs-immigrants au Canada. Rien d'étonnant donc à ce que le mandarin et
le cantonais soient maintenant les langues les plus parlées chez nous après
l'anglais et le français. Nous autres, les Italiens, nous perdons du terrain!
Aussi grand le marché de Hong Kong soit-il en lui-même, je crois que son rôle de
porte d'entrée vers le vaste marché chinois est peut-être plus important encore.
La transformation de la Chine en puissance mondiale et en méga-économie interpelle
le Canada et tous les aspects de ses priorités en matière de politique étrangère,
le commerce n'étant pas la moindre de ces priorités.
Le rôle de porte d'entrée que joue le marché de Hong Kong est particulièrement
intéressant pour les petites et moyennes entreprises canadiennes qui, au début du
moins, n'ont pas l'expérience ou les ressources voulues pour affronter directement
le caractère décourageant d'un marché chinois incertain et complexe.
Je suis très reconnaissant à vos organisations de s'être donné tant de peine pour
ouvrir des portes et tracer la voie. Plusieurs parmi vous s'y consacrent depuis
longtemps, et cela doit être très gratifiant de voir à quel point le commerce et
l'investissement se sont développés entre la Chine et le Canada au fil des ans.
Cela a été dur parfois, mais vous avez gardé confiance et maintenu le cap et,
aujourd'hui, nous profitons tous des fruits de votre travail.
Je voudrais, à ce sujet, féliciter la Chambre de commerce du Canada d'avoir pris
l'initiative d'instituer un prix pour récompenser chaque année la PME canadienne
qui a le mieux réussi à établir ou à maintenir sa présence à Hong Kong et dans la
région.
Avec les années, la Chine et le Canada ont appris à se connaître. Grâce aux
échanges culturels, nous avons pu mieux comprendre et apprécier nos cultures
respectives. Et nous avons noué de solides relations universitaires. Le Canada
comptait en effet plus de 12 000 étudiants originaires de Hong Kong en 1996, et le
Centre d'éducation canadien à Hong Kong cherche à attirer encore plus d'étudiants
dans notre pays. De plus en plus, l'éducation canadienne devient un important
produit d'exportation.
Les jeunes Hong Kongais qui font des études commerciales n'ont d'ailleurs même pas
besoin de s'exiler pour recevoir une éducation canadienne. Trois universités
canadiennes offrent en effet des cours commerciaux ici même, à Hong Kong. Ajoutons
à cela des liens familiaux et, de plus en plus, des liens commerciaux solides, et
l'on obtient des relations profondément ancrées dans le passé et largement
tournées vers l'avenir.
Et ne nous y trompons pas. Aussi solides nos relations peuvent-elles être et aussi
rapide la croissance de nos échanges commerciaux et de l'investissement a-t-elle
été, ce n'est qu'un début.
Au seuil du prochain siècle -- souvent annoncé comme celui du Pacifique --, le
Canada se tourne de plus en plus vers les pays de la ceinture du Pacifique pour
donner de l'essor à son économie. C'est là qu'est notre avenir, c'est là que se
trouvent les marchés, c'est là que s'offrent les plus grandes possibilités. Nous
le reconnaissons sans peine.
Or, Hong Kong est le centre des affaires, des finances et des communications de
l'Asie. C'est donc tout naturellement sur lui que nous concentrons nos efforts,
non seulement comme point de destination de nos produits, mais aussi comme point
de réexportation vers la Chine.
Il y a un moins d'un an, les Canadiens observaient, comme d'autres peuples, le
retour de Hong Kong dans le giron de la Chine. Nous avons été très impressionnés
de voir la République populaire de Chine si bien s'y prendre avec la transition et
nous demeurons bien décidés à maintenir d'étroites relations avec cette région
dynamique.
Les rencontres que j'ai eues aujourd'hui avec le premier magistrat Tung Chee Hwa
et le secrétaire général Anson Chan m'ont bien montré que ce sont des Hong Kongais
qui dirigent Hong Kong. Je suis très optimiste en voyant à quel point Beijing a
lâché du lest pour permettre à l'Administration de se remettre au travail.
À Beijing, nous avons vu récemment de vastes propositions de réforme sortir du
Congrès national populaire et nous applaudissons aux mesures que le gouvernement
chinois a adoptées pour passer à une économie de marché.
Bon nombre de ces réformes, surtout les réformes politiques, ne sont pas allées
aussi loin ni n'ont été appliquées aussi rapidement que nous l'aurions voulu. Nous
en voyons toutefois l'orientation et savons donc vers quoi elles se dirigent.
Si nous sommes ici aujourd'hui, ce n'est pas seulement pour chercher à établir des
relations commerciales avantageuses pour les deux parties. C'est aussi pour
exprimer notre confiance dans le processus de réforme. Nous continuerons d'appuyer
ce processus en faisant participer la Chine. Nous ne l'isolerons pas. Nous
montrerons notre appui en investissant et en faisant des affaires ici. Nous
croyons dans la possibilité de travailler main dans la main, même si l'on ne voit
pas toujours les choses du même oeil.
Pour les gens d'affaires canadiens, la Chine peut constituer un marché difficile
-- personne ne le sait mieux que vous, n'est-ce pas? J'ai même l'impression que
vous seriez nombreux à reprendre à votre compte une des célèbres expressions de
Yogi l'ours : « Je n'ai rien contre les surprises, à condition qu'on me
prévienne. »
Des surprises -- et pas toujours agréables -- sont monnaie courante quand on fait
des affaires sur ce marché. Par contre, vous savez que les difficultés ne sont
rien en comparaison des possibilités qui existent ici.
Permettez-moi d'en citer une seule : les débouchés qui s'offrent aux entreprises
canadiennes dans le secteur de l'agro-alimentaire.
Plus tôt dans la journée, j'ai assisté au lancement de la famille de produits « Le
Choix du Président » au supermarché express Parkview. Les Canadiens sont déjà
nombreux à connaître cette ligne de produits, et je suis ravi qu'elle soit
importée à Hong Kong.
Quand j'ai entendu que l'on formait le projet d'introduire ces produits en Chine,
je me suis demandé si la chaîne d'alimentation allait donner à ses plats cuisinés
le nom de villes canadiennes. Il me semble pourtant qu'un nom comme « Souvenirs de
Matane » n'a pas le même pouvoir évocateur que « Souvenirs de Kyoto »!
Les débouchés pour les produits alimentaires canadiens sont énormes ici. Les
exportations à Hong Kong sont passées de 17 millions de dollars en 1986 à 590
millions de dollars en 1996. Elles ont augmenté 34 fois! Dans le marché énorme que
constitue un pays comptant 22 p. 100 de la population mondiale et 7 p. 100
seulement de la superficie arable de la planète, le Canada peut se tailler une
place.
Je sais en outre que les sociétés canadiennes qui participent à cette mission sont
enthousiasmées par les possibilités de création de partenariats avec des
entreprises de Hong Kong qui existent dans plusieurs autres secteurs.
Pendant que Hong Kong et la Chine continuent de prendre de l'expansion et
d'occuper une place toujours plus grande dans l'économie mondiale, le Canada
demeure un ami sûr et un partenaire sur lequel ils peuvent compter pour poursuivre
leur croissance et leurs réformes économiques et politiques. Pendant les
rencontres que j'ai eues aujourd'hui, j'ai répété que le Canada continuera de
soutenir la poursuite du changement et son évolution positive et salutaire.
Je me dois aussi de féliciter M. Tung et son équipe de la fermeté et de la
détermination de leur action. Hong Kong a su affronter les effets du
bouleversement financier et économique survenu dans la région et est tout à fait à
même de résister aux tempêtes. Malgré les incertitudes, les entreprises
canadiennes savent que ce n'est pas le moment de plier bagage. Nous sommes ici
pour longtemps, car cette région présente un riche potentiel.
Dans les années à venir, Hong Kong restera pour le Canada une source
d'investissements essentiels, un marché fructueux pour ses produits et services et
un tremplin vers les marchés de la Chine et du Pacifique.
Le premier avril, c'était la Journée nationale de la plantation des arbres en
Chine. J'y réfléchissais quand je me suis souvenu d'une anecdote française et d'un
proverbe chinois.
L'anecdote concerne un grand homme, le maréchal Louis Hubert Lyautey. Un jour,
Lyautey demande à son jardinier de planter un arbre. Le jardinier ne veut pas : il
faut bien trop d'années à un arbre pour pousser et atteindre sa pleine maturité.
« Il n'y a donc pas de temps à perdre, de rétorquer le maréchal. Plantez-le cet
après-midi même. »
Quant au proverbe chinois, il dit : « Ne craignez pas une progression lente.
Craignez plutôt l'immobilisme. »
Il faudra peut-être des années encore pour que les relations entre le Canada et la
Chine -- Hong Kong compris -- atteignent leur pleine maturité, mais ne perdons pas
de temps. Continuons de les cultiver et de les nourrir, et faisons en sorte de ne
jamais, jamais tomber dans l'immobilisme.
Je vous remercie.
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