DISCOURS
M. MARCHI - ALLOCUTION À LACHAMBRE DE COMMERCE DE MONTRÉAL - MONTRÉAL (QUÉBEC)
98/34 SOUS RÉSERVE DE MODIFICATIONS
NOTES POUR UNE ALLOCUTION
DE
L'HONORABLE SERGIO MARCHI,
MINISTRE DU COMMERCE INTERNATIONAL,
À LA
CHAMBRE DE COMMERCE DE MONTRÉAL
MONTRÉAL (Québec)
Le 6 mai 1998
Ce document se trouve également au site Internet du Ministère :
http://www.dfait-maeci.gc.ca
Je suis très heureux d'être ici à Montréal et de m'adresser aux membres d'une
organisation qui a tant contribué, au fil des ans, à l'histoire et au
développement de cette grande ville.
En ma qualité de ministre du Commerce international, je suis très heureux d'être
au Québec, province qui a toujours été fortement en faveur de la libéralisation
des échanges, d'abord avec les États-Unis puis avec le Mexique, par l'ALENA
[Accord de libre-échange nord-américain].
L'opinion publique nous dit aujourd'hui que l'enthousiasme en faveur du commerce
international se maintient, alors que près de 80 p. 100 de la population du Québec
appuient notre appartenance à l'ALENA.
Plusieurs des grandes compagnies québécoises, comme Bombardier et SNC Lavalin,
sont très actives sur le plan international et ont fait la preuve des avantages
que recèlent les marchés étrangers.
Mais ce ne sont pas seulement les grandes compagnies qui se tournent vers
l'étranger. C'est aussi une entreprise comme CINAR Films de Montréal, qui a signé
un contrat de 2,2 millions de dollars au Mexique. C'est Wulftec International, de
Sherbrooke, qui voit d'énormes possibilités pour sa technologie de banderolage de
palettes en Amérique du Sud. Et c'est Ezeflow, de Granby, qui exporte 65 p. 100 de
ses produits de tuyautage.
Mais nous savons aussi qu'environ seulement 10 p. 100 de nos petites et moyennes
entreprises font de l'exportation et qu'il faut en amener davantage à prospecter
les marchés étrangers et à saisir les occasions qui s'y offrent.
Comme vous le savez, le commerce international a deux facettes complémentaires.
D'une part, il y a la politique commerciale, soit le travail d'élaboration des
règles qui gouvernent notre commerce avec d'autres pays ou avec des régions
entières -- ou, comme je me plais à dire, le déverrouillage et l'ouverture de
portes sur les marchés étrangers.
Mais il y a aussi la promotion du commerce, qui consiste à faire connaître et à
promouvoir sur ces divers marchés les biens et les services qu'offrent nos
compagnies -- en d'autres termes, à aider les entreprises canadiennes à franchir
ces portes ouvertes.
J'aimerais aujourd'hui vous parler très brièvement de l'une et l'autre de ces
facettes. D'abord, la promotion du commerce.
La promotion du commerce est au coeur des missions d'Équipe Canada, leur raison
d'être. Ces missions ont encouragé des centaines de petites et moyennes
entreprises qui, seules, n'auraient jamais tenté de pénétrer ces marchés. Elles
ont aussi permis la participation d'un éventail plus large d'entrepreneurs
canadiens, comme les femmes, les jeunes et les autochtones, et de promouvoir de
nouveaux secteurs comme la commercialisation de l'éducation.
Ces missions ont aussi facilité la création d'alliances entre des compagnies
canadiennes, grandes et petites, qui ont découvert qu'en conjuguant leurs forces,
elles peuvent réussir sur les marchés internationaux.
Le concept d'Équipe Canada a aussi amélioré le partenariat fédéral-provincial. De
fait, quelqu'un a affirmé que la dernière tournée d'Équipe Canada constituait
« les dix meilleures journées de l'année » dans les relations fédérales-provinciales.
Je ne sais si c'est vrai ou non, mais je peux vous dire qu'il régnait un
exceptionnel esprit de camaraderie et de collaboration au service d'un but commun,
en janvier dernier en Amérique latine.
Et je peux aussi vous dire que lorsque des pays étrangers voient le Premier
ministre du Canada et les premiers ministres provinciaux travailler côte à côte
avec des compagnies canadiennes, cela donne à ces dernières une crédibilité et un
statut qu'elles auraient peut-être mis des années à développer à elles seules. Des
représentants d'entreprises qui participent à ces missions me l'ont fait remarquer
à maintes reprises.
Les missions d'Équipe Canada ont aussi accompli autre chose; elles ont présenté le
nouveau visage du Canada au reste du monde. Dans pays après pays, dans ville après
ville, nous avons pu mettre en évidence nos forces dans la nouvelle économie du
savoir. Nous avons pu faire la démonstration de nos technologies à la fine pointe
mondiale dans des secteurs comme les télécommunications, l'aérospatiale et
l'environnement.
Les nations qui, peut-être, nous considéraient jusque-là comme une économie
strictement axée sur les ressources ont aujourd'hui une perspective différente.
Et, en modifiant leur perception à notre égard, elles modifient aussi la façon
dont elles commercent avec nous.
Bref, Équipe Canada a été une des initiatives les plus réussies de nos politiques
de promotion du commerce. Et, même s'il y a toujours moyen d'améliorer et de
raffiner le concept, il reste qu'aucun pays ne fait ce que nous faisons, ou ne le
fait aussi bien!
Mais pourquoi tant miser sur la promotion du commerce? Parce que le commerce est
vital pour notre prospérité nationale.
Et les Québécois aussi comprennent cela. Entre 1984 et 1996, les exportations du
Québec ont plus que doublé; elles sont passées d'environ 17 milliards de dollars à
49 milliards. Globalement, le Québec vend 50 p. 100 de ses produits sur des
marchés à l'extérieur de ses frontières. Et le commerce international représente
25 p. 100 du PIB québécois.
Au bout du compte, en augmentant le commerce et l'investissement à l'étranger, on
crée des emplois et de la croissance au pays. Nous estimons que chaque milliard de
dollars de plus en exportations représente environ 8 000 emplois pour des
Canadiens.
Mais si le commerce est le sang qui alimente notre économie, l'accès en constitue
les artères. Si nous devons continuer à grandir, si nous devons continuer à
fournir des emplois dans le présent et à faire croître notre économie dans
l'avenir, nous devons continuer à lever les obstacles à une libéralisation plus
grande du commerce dans le monde.
Certes, les résultats de la libéralisation ont été impressionnants ces dernières
années, mais il reste beaucoup de chemin à faire. Le monde est peut-être devenu un
village global, mais, du point de vue du commerce, il y a encore des quartiers où
nous ne pouvons entrer, des rues dans lesquelles nous ne pouvons circuler et des
magasins où ne pouvons vendre nos produits.
C'est pourquoi, à titre de ministre du Commerce international, j'attache autant
d'importance à éliminer les tracasseries administratives et à lever les obstacles.
Après tout, il est évident qu'on ne peut vendre sur un marché si on n'y a pas
accès.
C'est pourquoi notre politique commerciale doit viser prioritairement à préparer
le terrain à la promotion commerciale. Il y a quelques semaines, j'ai annoncé la
publication du rapport « Ouvrir des portes sur le monde : Priorités du Canada en
matière d'accès aux marchés internationaux - 1998 ». J'espère que vous prendrez un
exemplaire de ce rapport que nous vous offrons aujourd'hui et que vous le lirez
attentivement
Le rapport fait le bilan des succès que nous avons connus au chapitre de la
libéralisation et du travail qu'il reste à faire.
L'an dernier, par exemple, le Canada a été l'un des 70 pays qui ont négocié à
l'OMC [Organisation mondiale du commerce] un accord sur les services financiers
qui donnera aux institutions financières canadiennes un meilleur accès à des
marchés clés en Europe, en Asie et en Amérique latine. Cet accord ouvre des
possibilités illimitées d'accès aux marchés et assujettit des billions de dollars
d'échanges à un régime encadré par des règles.
L'an dernier, nous avons aussi négocié des accords sur les services de
télécommunications de base et sur la technologie de l'information, secteurs où les
entreprises du Québec sont des chefs de file mondiaux. Ces deux accords couvrent
des échanges d'une valeur marchande de 1 billion de dollars américains.
Et la semaine dernière, à Paris, la Commission de l'ALENA a annoncé l'élimination
accélérée de droits de douane sur un certain nombre de produits qui sont
prioritaires pour l'industrie canadienne. Cela signifie un accès encore meilleur
et plus d'occasions encore pour les compagnies canadiennes aux États-Unis et au
Mexique.
Pour ce qui est de l'avenir, le rapport expose nos objectifs relativement à l'OMC,
à l'APEC [Coopération économique Asie-Pacifique], à la Zone de libre-échange des
Amériques [ZLEA] ainsi qu'à l'égard de partenaires clés comme les États-Unis.
Le mois prochain, nous célébrerons le 50e anniversaire de l'OMC, et le Premier
ministre et moi assisteront à des cérémonies à Genève pour souligner cette étape
importante.
L'une des initiatives les plus prometteuses -- et les plus enthousiasmantes -- cette
année sera l'enclenchement de négociations sur une zone de libre-échange des
Amériques, un processus que le Canada présidera pendant les 18 premiers mois. À ce
titre, il accueillera le prochain Sommet des Amériques, au tournant du millénaire.
La ZLEA est une entreprise véritablement historique; il s'agit en fait d'unir
l'hémisphère occidental dans une seule zone commerciale qui s'étend du Cercle
arctique à l'Argentine. Nous sommes très enthousiasmés par les perspectives qu'un
tel marché offre aux entreprises canadiennes et par la possibilité qu'il donne
d'améliorer la vie des populations de notre hémisphère.
Le rapport montre aussi la direction qu'emprunte notre politique commerciale et
les priorités que nous accordons à divers marchés. Vous constaterez que le Canada
a concentré ses efforts dans certaines des régions du monde qui connaissent les
taux de croissance les plus rapides au monde, des marchés comme l'Amérique latine,
l'Asie-Pacifique et l'Europe. Nous voulons être au coeur de l'action, là où se
trouvent les grandes occasions.
Personne ne s'étonnera que le Canada ait été à l'avant-garde du mouvement en
faveur de la libéralisation du commerce dans le monde. Qu'il s'agisse de conclure
des accords de libre-échange avec Israël et le Chili, de compléter l'OMC ou
d'ouvrir des portes en Chine et en Amérique latine grâce aux missions d'Équipe
Canada, notre pays a fait la preuve de son engagement en faveur de la
libéralisation mondiale du commerce.
Le fait qui pourrait surprendre, c'est l'influence qu'exerce le Canada dans la
libéralisation du commerce mondial, lui qui n'est qu'une puissance moyenne. À
titre de ministre du Commerce international, je peux vous garantir qu'à chaque
réunion internationale à laquelle j'ai participé, qu'il s'agisse des réunions
ministérielles de l'OCDE [Organisation de coopération et de développement
économiques], de l'ALENA ou de la Quadrilatérale, la semaine dernière à Paris, le
Canada est entendu et écouté. Nous exerçons beaucoup plus de pouvoirs dans le
monde que notre taille ne le laisserait normalement supposer.
Comme je l'ai déjà dit, le Canada a activement appuyé l'OMC parce qu'il croit que
l'accès aux marchés mondiaux dépend d'un système international d'échanges
équitable, ouvert et encadré par des règles. Pays relativement petit et tributaire
du commerce, le Canada comprend l'importance de règles commerciales efficaces qui
garantissent que la puissance ne se substitue pas au droit dans les différends
commerciaux.
À n'en pas douter, l'ALE [Accord de libre-échange] entre le Canada et les États-Unis, puis l'ALENA nous ont apporté les bienfaits d'une approche du commerce et
des différends commerciaux basée sur des règles.
La stratégie du Canada à l'égard du commerce est simple : ouvrir les portes de
nouveaux marchés et ensuite faire la promotion de nos entreprises sur ces nouveaux
marchés.
Et les portes que nous avons ouvertes, nous les garderons ouvertes, en réglant les
problèmes avec nos partenaires commerciaux et en adoptant les mesures qui
pourraient se révéler nécessaires pour assurer qu'ils honorent leurs engagements.
Nous ferons tout ce que nous pouvons pour aider les entreprises canadiennes à
commencer à exporter ou à augmenter leur présence à l'étranger. Nos délégués
commerciaux, dans plus de 100 bureaux à travers le monde, continueront d'aider à
apparier les entreprises canadiennes et les occasions internationales. Et ici, au
pays, le ministère des Affaires étrangères et du Commerce international est prêt à
fournir un guichet unique pour les entreprises qui cherchent à percer de nouveaux
marchés.
Ceux d'entre vous qui pensent à exporter y trouveront de vastes ressources. Nous
sommes ici pour vous aider et nous voulons que vous réussissiez.
Je suis fier de ce rapport et du progrès qu'il représente. Mais je suis encore
plus fier des Canadiens qui prennent des risques, décrochent les contrats et font
leur marque sur les marchés internationaux.
Notre longue tradition de nation commerçante, vocation à laquelle nous a obligé
notre petite population, nous met dans une position privilégiée au fur et à mesure
que le monde libéralise ses échanges commerciaux.
Les Canadiens ont déjà montré qu'ils pouvaient être compétitifs sur les marchés
internationaux. Ils ont fait la preuve de leurs talents de commerçants et, dans la
nouvelle économie mondiale, cela augure fort bien de la prospérité future du
Canada.
Il n'y a cependant rien d'automatique ou d'inévitable en ce qui concerne soit les
succès du Canada soit la marche du monde vers la libéralisation du commerce. Si
les conditions sont propices, cela ne signifie pas que la libéralisation des
échanges soit assurée.
Nous devons rester vigilants et entreprenants. Nous devons continuer d'ouvrir des
portes et d'éliminer les échappatoires. Et nous devons continuer d'appuyer les
institutions qui cherchent à établir un système de commerce fondé sur des règles.
En travaillant avec les provinces et le secteur privé, le Canada s'est placé à
l'avant-garde du mouvement mondial de libéralisation du commerce. Nous croyons que
c'est la voie de l'avenir, que les bienfaits sont trop importants, que les
avantages sont trop grands et que les possibilités sont trop énormes pour faire
marche arrière et se réfugier dans le protectionnisme ou l'isolationnisme.
Personne ne comprend mieux que les Québécois ces impératifs internationaux.
Personne ne comprend mieux les avantages de faire partie de l'ALENA ou de la ZLEA.
Le Québec doit continuer d'apporter sa contribution inestimable aux efforts que
déploie le Canada pour libéraliser le commerce. Le Québec doit rester au sein du
Canada un champion de la promotion des bienfaits d'une plus grande libéralisation
des échanges.
Et au Québec, Montréal -- qui a toujours été l'une des villes les plus cosmopolites
et internationales du Canada -- doit continuer de regarder vers l'extérieur et de
faire la promotion des occasions qui s'offrent à l'étranger.
Pour qu'elle puisse accomplir cette mission, l'appui de votre Chambre lui sera
essentiel. Et je compte bien avoir le plaisir de travailler avec vous dans cette
aventure, armé de la confiance qu'inspire le succès et aguerri par l'expérience.
Continuons tous, ensemble, de travailler, de planifier et de grandir, avec la
certitude qu'unis, il y a peu d'entreprises que nous ne saurions mener à bien.
Merci.
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