DISCOURS
M. MARCHI - DEVANT LA CHAMBRE DE COMMERCE DE L'UNION EUROPÉENNE À TORONTO - TORONTO (ONTARIO)
98/42 SOUS RÉSERVE DE MODIFICATIONS
NOTES POUR UNE ALLOCUTION
DE
L'HONORABLE SERGIO MARCHI,
MINISTRE DU COMMERCE INTERNATIONAL,
DEVANT LA CHAMBRE DE COMMERCE
DE L'UNION EUROPÉENNE À TORONTO
TORONTO (Ontario)
Le 4 juin 1998
Ce document se trouve également au site Internet du Ministère :
http://www.dfait-maeci.gc.ca
Je suis ravi d'être ici aujourd'hui, avec les représentants de la Chambre de
commerce de l'UE [Union européenne], et je tiens à remercier la Chambre de
commerce italienne de Toronto d'avoir organisé ce merveilleux souper.
La rencontre d'aujourd'hui ne pouvait tomber à un meilleur moment. Au cours des
dernières semaines, le premier ministre et moi-même étions en Grande-Bretagne pour
assister à la réouverture de la Maison du Canada et au Sommet Canada-UE.
Le premier ministre a également eu des entretiens privés avec le premier ministre
Blair. Il a en outre visité la Bosnie et la Slovénie pour s'informer sur place de
la situation.
Bien entendu, nous revenons aussi d'une mission commerciale en Italie, à laquelle
ont participé 75 représentants d'entreprises et une délégation parlementaire.
Toutes ces activités nous ont permis de resserrer les liens avec nos vieux amis,
et de renouveler notre engagement en faveur d'une coopération accrue entre le
Canada et l'UE.
Certes, le Canada s'applique à étendre ses échanges avec les nations du monde
entier. Cependant, l'Europe a toujours occupé une place privilégiée dans notre
histoire et nos cœurs, et cette relation est là pour rester.
Le voyage en Italie a fait ressortir clairement les liens humains solides entre
les Européens et les Canadiens. En visitant l'Italie, nous nous sentions comme
chez nous. Ainsi en est-il de la plupart des pays européens que nous visitons, où
nous sentons une affinité avec un passé et un futur communs.
Nous ne devrions jamais sous-estimer la valeur de ces liens : de ces ponts
naturels qui enjambent l'océan et facilitent nos relations commerciales.
Et ces relations commerciales sont solides. L'Europe est le deuxième partenaire
commercial du Canada, après les États-Unis, et cela vaut aussi pour
l'investissement.
En 1997, les exportations canadiennes vers l'UE se chiffraient à près de 23
milliards de dollars et près du cinquième de notre investissement direct à
l'étranger était dirigé vers l'Europe.
Nous savons aussi que nous pouvons intensifier de beaucoup nos efforts pour
participer à la nouvelle Europe qui voit le jour. Aujourd'hui, toutefois,
j'aimerais aborder seulement quatre éléments de notre stratégie pour accroître nos
échanges :
premièrement, nous voulons accélérer la mise en œuvre du Plan d'action
transatlantique Canada-UE;
deuxièmement, nous voulons faire valoir que le Canada est un endroit idéal où
investir pour les Européens;
troisièmement, de concert avec l'Europe, nous voulons continuer à promouvoir la
libéralisation des échanges dans le monde;
quatrièmement, de part et d'autre de l'Atlantique, nous devons jeter des ponts
qui permettront de relier nos deux communautés.
Permettez-moi de vous entretenir brièvement de chacun de ces éléments.
D'abord, nous voulons accélérer les travaux sur le Plan d'action transatlantique
Canada-UE, et terminer l'étude conjointe sur le commerce qui s'y rattache. Nous
pourrons ainsi recommander des mesures pour réduire, voire même éliminer, les
obstacles qui nuisent à nos échanges.
Déjà, le Plan d'action a donné l'impulsion nécessaire à la conclusion d'un certain
nombre d'ententes bilatérales, qui simplifient les démarches administratives et
créent un système juste pour les entreprises canadiennes et européennes.
Lors de la rencontre récente du premier ministre avec le premier ministre Blair et
le président Santer, à Londres, nous avons signé un accord important, grâce auquel
les entreprises canadiennes et européennes pourront faire homologuer un produit
beaucoup plus facilement, pour qu'il respecte nos normes de conformité mutuelles.
En décembre 1997, nous avons aussi signé une entente de coopération douanière qui
nous permettra de simplifier, de part et d'autre, les formalités douanières et de
réduire le trafic frauduleux.
À l'avenir, nous espérons signer encore plus d'ententes, notamment dans des
domaines comme les politiques sur la concurrence, la recherche nucléaire et la
réciprocité des mesures vétérinaires qui nuisent au commerce des animaux et des
produits d'origine animale.
Nos efforts mutuels progressent de plus en plus rapidement et nous sommes
déterminés à maintenir l'impulsion donnée par notre Plan d'action.
À cet égard, nous reconnaissons le rôle essentiel que doit jouer le secteur privé,
en particulier les petites et moyennes entreprises [PME], si dynamiques, et qui
génèrent un si grand nombre de nouveaux emplois.
En fait, je me permets de le dire aujourd'hui, si nos politiques commerciales ne
tiennent pas compte des besoins des petites entreprises, nous nous priverons du
moteur de croissance le plus important de nos économies respectives.
C'est pourquoi nous avons mis sur pied un nouveau programme, intitulé « Franchir
l'Atlantique », qui consiste en un partenariat entre les secteurs privé et public.
Il est destiné précisément à aider les PME canadiennes à prendre pied sur le
marché européen et à faire valoir auprès des PME européennes les avantages de
s'établir au Canada pour servir le marché de l'ALENA [Accord de libre-échange
nord-américain].
En fait, la première activité de ce programme a lieu aujourd'hui à Ottawa. Des
experts du secteur privé et un grand nombre de nos délégués commerciaux en Europe
rencontrent des entreprises de haute technologie afin de les aider à élaborer les
meilleures stratégies pour s'implanter sur le marché européen, et accroître notre
part de marché.
Le Canada entend également participer pleinement au « Dialogue transatlantique sur
le commerce », une initiative du secteur privé. Ainsi, sous la direction de Tom
D'Aquino et du Conseil canadien des chefs d'entreprises, des dirigeants
d'entreprises ont commencé à participer à ce dialogue, mettant à contribution
l'étendue de leur expérience et de leurs connaissances.
Deuxièmement, nous voulons que nos amis européens sachent et comprennent bien à
quel point le Canada est un endroit idéal où investir.
En choisissant le Canada, les Européens investissent dans un pays dont l'économie
repose sur des bases solides. L'année dernière, notre PIB [produit intérieur brut]
a augmenté de 3,8 p. 100 : la croissance la plus forte de tous les pays du G-7 et
de l'OCDE [Organisation de coopération et de développement économiques]. Les taux
d'intérêt sont peu élevés : inférieurs à ceux des États-Unis. De plus, l'inflation
se maintient autour de 1 p. 100 seulement. Qui plus est, le Canada est parvenu à
équilibrer son budget : le premier pays du G-7 à le faire.
Cependant, le Canada présente d'autres avantages que la santé foncière de son
économie. Nombre d'entre vous connaissez l'étude de KPMG International, qui
compare le coût des activités commerciales entre les États-Unis, le Canada et cinq
pays européens.
Cette étude révèle que la mise sur pied et l'exploitation d'une entreprise coûte
moins cher au Canada que dans ces autres pays.
Pour citer un exemple éloquent, tiré de cette étude, soulignons qu'une entreprise
européenne qui met sur pied une usine employant 100 travailleurs au Canada, au
lieu de s'établir au sud de la frontière, économisera près de 1 million de dollars
américains annuellement.
Il s'agit d'un argument décisif. Pour les investisseurs européens qui veulent
prendre pied en Amérique du Nord, il est plus économique de se tourner vers le
Canada que vers les États-Unis.
Les Européens doivent entendre et reconnaître que le Canada ne constitue pas
seulement un marché de 30 millions d'habitants, mais une porte d'entrée vers les
400 millions de consommateurs d'Amérique du Nord. Les échanges totaux entre
partenaires de l'ALENA s'élèvent à plus de 500 milliards de dollars américains. Le
Canada jouit d'un accès privilégié au plus grand marché du monde et personne ne
connaît les Américains mieux que nous. Nous jouons un rôle prépondérant dans la
création de la ZLEA [Zone de libre-échange des Amériques] et nous faisons des
gains importants du côté de l'Amérique latine. Évidemment, nous sommes aussi une
nation du Pacifique, étant membre de l'APEC [Coopération économique Asie-Pacifique]. Le Canada est donc une excellente porte d'entrée à une vaste région
dont le potentiel commercial est immense.
Troisièmement, notre plan consiste à défendre de façon soutenue la libéralisation
des échanges dans le monde.
En encourageant la libéralisation du commerce dans le monde, nous sommes
conscients que le libre-échange ne doit pas être une mêlée générale, et que nous
devons établir des règles pour créer un système juste et un climat de certitude.
C'est pourquoi le Canada a conclu des accords de libre-échange avec les États-Unis
et le Mexique, le Chili de même qu'Israël, et qu'il est un partisan de la
libéralisation des échanges dans notre hémisphère et dans l'Asie-Pacifique.
Aujourd'hui, au Canada, plus de 40 p. 100 du PIB et un emploi sur trois sont
tributaires des exportations. Pour assurer l'avenir économique du Canada, nous
devons adhérer à la mondialisation et pouvoir prospérer dans un système commercial
ouvert.
Dans une certaine mesure, il est donc troublant de constater que notre balance
commerciale avec l'UE se solde par un déficit de 12 milliards de dollars. Cela
peut tenir en partie à une vision dépassée, voulant que le Canada soit avant tout
un exportateur de ressources naturelles.
Notre tâche consiste à actualiser cette image, pour que les Européens sachent, par
exemple, que nous sommes les cinquièmes au monde dans le secteur de
l'aérospatiale, et les quatrièmes dans les télécommunications.
Cependant, pour être franc, nous devons ajouter que cette image n'est pas le seul
problème. Nous sommes également desservis par les obstacles érigés pour empêcher
l'entrée de certains de nos produits sur le marché européen.
L'Europe est un marché en pleine maturité mais, à l'heure où les obstacles tombent
partout dans le monde, j'espère que l'Europe ouvrira davantage ses portes aux
produits et services canadiens.
Le quatrième et dernier élément de notre plan pour revigorer nos relations
commerciales consiste à établir un cadre propice au commerce transatlantique.
À l'heure actuelle, l'Europe explore trois avenues différentes : une avec le
Canada, une avec les États-Unis et une autre avec le Mexique. Le Canada est
convaincu que cette approche à trois volets s'avère à la fois ardue et inefficace,
même si à court terme elle permet à chacun des projets individuels de progresser.
Il sera bientôt temps de faire converger ces trois chemins, pour qu'ils forment
une seule grande voie privilégiant le libre-échange entre l'Europe et les pays de
l'ALENA. Il nous faut envisager un dialogue de collectivité à collectivité et non
le dialogue d'une collectivité avec trois différents voisins. Cette démarche
serait davantage conforme à celle des milieux d'affaires, qui ne voient pas le
Canada, les États-Unis et le Mexique comme trois marchés séparés, mais plutôt
comme un seul marché, qui s'appelle l'ALENA. Une approche intégrée, globale,
transatlantique serait donc souhaitable.
Cela contribuerait également à atténuer les craintes d'une « forteresse
européenne », ou d'une « forteresse nord-américaine », et démontrerait combien il
est opportun, à long terme, de tendre la main de l'autre côté de l'océan.
Notre préférence pour une seule série de négociations n'est pas nouvelle. Déjà, en
1994, dans un discours devant le Sénat français, le premier ministre Chrétien a
proposé un accord de libre-échange entre les pays de l'ALENA et l'UE. En octobre
dernier, il a relancé cette idée dans son discours à la Chambre de commerce
Canada-Royaume-Uni et l'a soulignée à nouveau lors de sa toute dernière visite.
Nous demandons donc à sir Leon Brittan et à l'UE d'adopter cette approche pour le
marché nord-américain et de commencer à le voir tel qu'il est vraiment : un marché
et une entité uniques, qui devraient faire l'objet d'un accord commercial unique.
J'ai commencé par parler des liens profonds qui unissent les Canadiens à l'Europe.
En l'honneur de nos hôtes italiens, j'aimerais rappeler ici que la dernière année
marquait le 500e anniversaire de l'arrivée de Giovanni Caboto, Jean Cabot, sur nos
côtes.
Aujourd'hui, nous devons essayer d'égaler l'esprit d'aventure remarquable
personnifié par Caboto. Nous devons porter notre regard au-delà de nos frontières.
Nous devons tendre les mains de l'autre côté de l'océan pour exploiter les
possibilités qui s'offrent à nous.
Nous devons faire honneur à notre passé et faire en sorte que nos relations
augurent d'un avenir meilleur et d'un rapprochement entre nos pays et leurs
habitants.
Merci.
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