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M. AXWORTHY - ALLOCUTION ÀL'OCCASION DE LA TRENTE-QUATRIÈME ASSEMBLÉE DESCHEFS D'ÉTAT ET DE GOUVERNEMENT DE L'ORGANISATION DEL'UNITÉ AFRICAINE - OUAGADOUGOU, BURKINA FASO

L'ORGANISATION DE L'UNITÉ AFRICAINE

L'OUA est le principal forum de tous les Africains. Il y a 35 ans, elle symbolisait les espoirs des artisans de l'indépendance africaine. Aujourd'hui, une nouvelle génération à laquelle incombe la renaissance de l'Afrique demande à l'OUA direction et inspiration.

À l'époque où fut fondée l'OUA, les ministres des affaires étrangères s'occupaient principalement des relations entre États souverains. Aujourd'hui, nous traitons de plus en plus de questions qui transcendent les frontières des États et qui touchent directement la vie quotidienne des individus : criminalité, drogues, terrorisme, violations des droits de la personne et problèmes environnementaux. La guerre elle-même a changé. Les guerres classiques entre États sont devenues moins communes, et les conflits internes plus fréquents : 90 p. 100 des décès résultant de conflits armés se produisent à l'occasion de guerres civiles, et 80 p. 100 des victimes sont des civils. Nous sommes en présence de nouveaux problèmes complexes, mais aussi d'immenses possibilités à exploiter, pour peu que nous sachions nous doter des outils, des institutions et des idées qui nous permettront d'en tirer parti.

L'Afrique saisit les possibilités que lui ouvre une ère nouvelle. Après des décennies de luttes ethniques et civiles, des dirigeants nouveau style, démocratiquement élus et de plus en plus sensibles à l'importance de la réconciliation nationale et d'une saine gestion des affaires publiques, prennent charge de l'avenir. Ces hommes et ces femmes jettent les bases solides d'une paix et d'une stabilité véritables, fondées sur la participation démocratique et la primauté du droit. Les conditions de la croissance économique ont été posées. Une Afrique confiante assume la place qui lui revient sur la scène politique mondiale, et les économies africaines revigorées accèdent de plein droit aux marchés mondiaux.

Le leadership et l'activisme africains revêtent une importance primordiale pour la solution de nombreux problèmes de ces temps nouveaux : mines antipersonnel, recrutement des enfants dans les forces armées, prolifération des armes légères, éradication de la pauvreté et instauration de la paix et du développement durable. Il s'agit désormais de promouvoir la sécurité des personnes plutôt que celle des États.

La sécurité des personnes est aussi une priorité de la politique étrangère du Canada. Nous, Canadiens et Africains, lorsque nous cherchons des instruments pour résoudre les problèmes de sécurité des personnes, nous agissons souvent en harmonie. Il n'y a pas là de quoi se surprendre. Les uns et les autres, nous avons dû adapter des institutions héritées d'autres États aux besoins de populations ethniquement diverses et cultiver une vision nationale positive.

De plus, nous avons acquis une solide expérience de la coopération bilatérale et multilatérale depuis une quarantaine d'années en matière de développement et de maintien de la paix, ainsi qu'au sein de l'ONU, de la Francophonie et du Commonwealth. Le Canada a contribué à sept des dix opérations de maintien de la paix et d'observation qui ont été menées en Afrique depuis cinq ans. Actuellement, des gardiens de la paix canadiens sont déployés avec des soldats de huit pays africains en République centrafricaine. Or, l'expérience des cinq dernières années montre bien que le maintien de la paix ne suffit pas pour relever les nouveaux défis dans le domaine de la sécurité.

La campagne pour l'interdiction des mines antipersonnel

L'exemple le plus clair du leadership africain face à ces nouveaux défis, et du caractère commun des intérêts et de l'approche du Canada et de l'Afrique, est sans doute la campagne pour l'interdiction des mines antipersonnel. À Maputo [Mozambique] et à Oslo l'an dernier, et encore à l'occasion du colloque qui a eu lieu ici la semaine dernière, les pays africains ont apporté des contributions dont on ne saurait surestimer l'importance. Par-dessus tout, vous avez sans cesse mis en évidence la tragédie humaine dont les mines antipersonnel sont la cause.

L'Afrique étant la région du monde la plus touchée par le problème des mines, sa voix résonnait avec une urgence particulière. Le soutien clair et unanime du sommet de Harare au projet d'une convention interdisant ces armes horribles a eu un impact énorme sur la campagne mondiale. Sans la force motrice de l'Afrique, il aurait été beaucoup plus difficile de conclure la convention. Grâce à la vision et au leadership de Jakkie Selebi, le diplomate sud-africain qui présidait à Oslo, nous avons pu avancer avec détermination et en direction d'un but clairement exprimé.

M. Ouédraogo m'a invité ici en partie pour discuter du suivi de la conférence d'Ottawa, où la convention a été signée. Ayant déjà recueilli 126 signatures et 14 ratifications, la convention est en train de marquer un nouveau record, progressant rapidement vers son entrée en vigueur et vers l'établissement d'une nouvelle norme internationale claire interdisant ces armes odieuses.

Le prochain défi consiste à atteindre le chiffre des 40 ratifications nécessaires pour l'entrée en vigueur de la convention. Maurice, Djibouti et le Mali l'ont déjà ratifiée. Le Botswana, la Guinée, le Mozambique, l'Afrique du Sud et le Zimbabwe doivent le faire bientôt. À nous seuls, les 39 signataires africains et le Canada, nous pourrions réaliser l'objectif de l'entrée en vigueur de la convention. Et surtout, le poids moral que représente le nombre des pays d'Afrique ajoutera à la pression exercée sur les États qui ne l'ont pas encore signée.

L'autre défi auquel nous faisons face est celui du déminage des terres et des champs, qui s'impose de façon urgente afin de permettre aux gens de retourner chez eux pour pratiquer l'agriculture et mener une vie normale; ce défi se double de celui, à long terme, de la réadaptation et de la réinsertion sociale et économique des victimes de mines dans leur société et dans une vie riche et productive. Le Canada a promis d'affecter 100 millions de dollars à la mise en oeuvre de la convention et à la résolution de l'énorme problème humanitaire que posent les mines antipersonnel. L'un de nos premiers gestes à ce titre consistera en une contribution de 10,5 millions de dollars sur trois ans au programme de déminage au Mozambique.

S'attaquer aux causes profondes des conflits par la coopération économique

Pour éliminer cet héritage de conflits du passé, il importe aussi de s'attaquer à leurs causes profondes, notamment la pauvreté et les inégalités. Le Canada sait bien qu'il est difficile de mobiliser les esprits en faveur du dialogue et de la réconciliation lorsque règnent la faim et la maladie.

Les problèmes économiques de l'Afrique ont figuré en bonne place à la récente conférence des ministres des affaires étrangères du G-8 à Birmingham. L'unanimité s'est faite sur deux points :

l'Afrique opère actuellement des réformes difficiles, adoptant des politiques économiques qui préparent ses industries à aborder les marchés mondiaux et à affronter la concurrence pour l'investissement;

les dirigeants africains méritent d'être soutenus dans cet effort nécessaire mais douloureux.

Les membres du G-8 ont convenu qu'il fallait s'attaquer en priorité au problème du surendettement, afin de libérer les économies africaines du fardeau qui grève leur avenir.

Le Canada est depuis longtemps à la pointe des efforts en faveur d'une réduction plus rapide, plus facile et plus généralisée de la dette des pays en développement. En 1987, le Canada a fait remise de tous les prêts d'aide publique au développement [APD] à l'Afrique subsaharienne et, depuis, toute l'APD canadienne prend la forme de subventions. Au G-8, à la Banque mondiale, à la Banque africaine de développement et au Fonds monétaire international [FMI], nous réclamons activement une application souple et généreuse de l'initiative concernant la dette des pays pauvres lourdement endettés [PPLE]. C'est ainsi que le Canada a octroyé 8 millions de dollars en aide bilatérale directe au Mozambique pour l'aider à combler son déficit de financement à ce chapitre.

Le mois dernier à Abidjan [Côte d'Ivoire], le Canada a été heureux de contribuer à part entière à la conclusion d'un accord en vertu duquel le capital de la Banque africaine de développement a été augmenté de 35 p. 100. Au début du mois prochain, se tiendront chez nous les premières négociations de fond sur les moyens à prendre pour que les pays de l'Afrique subsaharienne puissent continuer d'avoir accès au crédit à des conditions de faveur.

Aujourd'hui, j'ai le plaisir d'annoncer une nouvelle contribution canadienne à la réduction de l'endettement africain. Le Canada a décidé de donner sa part du Fonds de bonification d'intérêt -- environ 30 millions de dollars -- au fonds en fiducie de la Banque mondiale au profit des PPLE. Sur cette somme, au moins 20 millions de dollars serviront expressément à financer la participation de la Banque africaine de développement à l'initiative en faveur des PPLE.

Le Canada soutient les économies africaines sur tous les fronts. Les activités d'aide au développement traditionnelles vont demeurer la pierre angulaire de notre coopération économique avec de nombreux pays d'Afrique, compte tenu des liens entre les nouvelles préoccupations relatives à la sécurité des personnes et au développement durable. Je suis fier du bilan du Canada -- 15 milliards de dollars en aide à l'Afrique depuis 40 ans -- et je me réjouis que la sombre époque des réductions de l'APD soit révolue et que certaines des réductions prévues aient même été annulées. L'Afrique continuera à recevoir près de la moitié de toute l'aide bilatérale que nous accordons aux régions nécessiteuses du monde.

En même temps, les relations entre le Canada et de nombreux pays africains, en matière de commerce et d'investissement, sont entrées dans une ère nouvelle. L'investissement canadien direct est passé de 400 millions de dollars en 1993 à 777 millions en 1997. Plus de la moitié de tout l'investissement dans le secteur minier en Afrique est le fait d'entreprises canadiennes. Le Canada favorise aussi les exportations africaines. Plus de 90 p. 100 de vos produits sont admis chez nous en franchise, et les résultats le prouvent : le solde de nos échanges de marchandises est en votre faveur, dans une proportion de près du double.

Nouveaux outils pour des temps nouveaux

J'ai parlé tout à l'heure du désarmement et du développement économique, que j'ai présentés comme des éléments cruciaux de la solution à apporter aux problèmes d'une ère nouvelle. Dans l'équation qui doit nous permettre de construire la paix et la sécurité des personnes, le dernier élément est une coopération à tous les niveaux -- bilatéral, régional et multilatéral -- pour la mise au point d'outils novateurs et la réforme des institutions existantes. Nous pourrons ainsi aborder des questions urgentes comme le trafic des armes légères et le recrutement des enfants dans les forces armées en temps de guerre, questions à la solution desquelles les approches traditionnelles sont mal adaptées.

Par son Fonds de consolidation de la paix, le Canada appuie les initiatives africaines locales de médiation ou de participation aux processus de paix, particulièrement au niveau des collectivités locales. Il participe à ce titre à des projets de coopération bilatérale avec le Burundi, la Somalie et le Rwanda pour la résolution des conflits et la reconstruction des sociétés déchirées par la guerre. Au Mozambique, une organisation non gouvernementale canadienne aide à réintégrer les combattants dans la société en échangeant leurs armes contre des outils. En Afrique du Sud, nous collaborons avec l'institut d'études de sécurité à la mise au point d'un plan d'action pour le contrôle des armes légères en Afrique australe et centrale.

J'ai le plaisir d'annoncer que le Canada va aussi consacrer 400 000 dollars au soutien de l'initiative courageuse du président Konaré du Mali en faveur de l'imposition d'un moratoire sur la fabrication et la vente d'armes légères en Afrique occidentale.

Le Canada salue le leadership dont fait preuve l'OUA, de concert avec Olara Otunnu, le représentant spécial des Nations unies pour la protection des enfants en période de conflit armé, dans sa lutte contre l'enrôlement croissant d'enfants dans les conflits. Selon l'UNICEF, durant la dernière décennie, environ 1 million d'enfants africains ont été tués au combat, 6 millions ont été gravement blessés ou mutilés, et 1 million sont devenus orphelins. Lorsque les enfants sont recrutés de force comme combattants, esclaves sexuels ou espions, cela a sur eux, et sur la société également, des répercussions qui durent toute une génération. Nous exhortons les gouvernements africains qui ne l'ont pas déjà fait à signer et à ratifier la Charte africaine des droits et du bien-être de l'enfant. Le Canada souscrit sans réserve aux efforts diplomatiques déployés pour remédier à ce problème, et nous sommes prêts à aider les pays à faire face individuellement à ses conséquences.

La démocratie, la saine gestion des affaires publiques et le respect des droits de la personne sont aussi des éléments essentiels d'une paix durable. Dans le cadre du Groupe d'action ministériel du Commonwealth, nous coopérons directement avec nos collègues africains pour encourager les tendances démocratiques et le respect des droits de la personne dans la région.

Le partenariat entre le Canada et l'Afrique aux Nations Unies

Aux Nations Unies, le Canada déploie beaucoup d'efforts pour veiller à ce que les organes de l'ONU, y compris le Conseil de sécurité, soient mieux adaptés aux vrais besoins et aux vraies capacités des Africains, soient plus réceptifs et engagés, et soient habilités à appliquer le nouveau programme relatif à la sécurité des personnes. À l'ère de CNN et d'Internet, il existe un besoin criant d'une institution qui puisse agir de manière rapide, efficace et imaginative. Il faut démolir les philosophies et les structures dépassées, et rechercher un Conseil de sécurité qui reflète les besoins et les préoccupations d'aujourd'hui et non les réalités d'il y a 50 ans.

Le Canada est résolu à accroître la coopération entre les organisations régionales africaines et le Conseil de sécurité. Le Conseil ne saurait promouvoir avec succès la paix et la sécurité en Afrique, ce qui est son rôle, sans la participation active des Africains eux-mêmes. Par ailleurs, le Canada estime avec le secrétaire général des Nations Unies, Kofi Annan, que les efforts accomplis pour renforcer la capacité des pays africains à organiser des missions de maintien de la paix ne visent aucunement à décharger la communauté internationale dans son ensemble des obligations collectives que lui confère la Charte de l'ONU.

Le 9 juin 1998


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Dernière mise à jour : 2006-10-30 Haut de la page
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