Deuxièmement, la taille relativement petite de nos sociétés et leur
capitalisation limitée font qu'il leur est difficile d'absorber les coûts
élevés associés à ces projets. Le financement est généralement un obstacle
majeur -- et je sais que vous avez étudié plusieurs aspects de cette question
pendant la plénière de ce matin.
Il y a bien sûr une foule d'autres raisons -- ou d'excuses -- pour expliquer
pourquoi nous n'avons pas fait mieux. Mais, franchement, je suis moins intéressé à
énumérer les problèmes rencontrés qu'à trouver les solutions requises.
Le marché des IPP est simplement trop vaste et offre trop de possibilités pour que
nous le perdions par notre indécision. Nous devons concerter nos efforts ou
risquer d'être devancés par d'autres sociétés -- et d'autres nations -- plus
désireuses d'exploiter ces nouveaux débouchés.
Nous devons, à cette fin, donner aux sociétés plus de possibilités d'acquérir une
expérience des projets d'infrastructure au pays pour leur permettre de mieux se
positionner en vue de décrocher des contrats d'IPP à l'étranger.
Nous avons déjà plusieurs merveilleux exemples de ce type de coopération publique-privée : l'autoroute à péage entre Fredericton et Moncton; l'usine de traitement
des eaux usées de Dartmouth; et la centrale électrique de Kingston, pour n'en
nommer que quelques-uns.
Nous devons aussi trouver une façon de nous démarquer de nos concurrents. J'aime
d'ailleurs la suggestion faite par la Table ronde nationale sur l'environnement et
l'économie, à savoir que nous pourrions nous différencier en faisant du Canada un
leader dans la fourniture d'infrastructures écologiquement rationnelles.
Nous devons aussi avoir le leadership d'organisations comme le Conseil canadien
des sociétés publiques-privées, qui réussit si bien à encourager les entreprises
coopératives.
Il est important d'acquérir plus d'expérience au pays, mais ce n'est qu'un début.
Nous devons aussi surmonter les obstacles de la taille et de la capitalisation en
faisant des partenariats un élément central de notre approche, plutôt qu'une
décision après coup.
En s'associant à d'autres firmes, les sociétés peuvent avoir accès à un plus grand
bassin de compétences, puiser dans un plus vaste réservoir de ressources
financières et acquérir une plus grande capacité d'attirer le financement par
emprunts et par actions si essentiel à leur succès.
Selon un vieux dicton, les flocons de neige sont l'une des créations les plus
délicates de la nature -- mais regardez seulement ce qu'ils peuvent faire
lorsqu'ils s'agglutinent! Nous devons garder cela à l'esprit et combiner nos
forces à celles des autres. Il ne faut pas limiter cette collaboration aux autres
sociétés canadiennes, mais l'élargir aux firmes locales ainsi qu'à celles de pays
tiers.
Dans le domaine du financement, nous devons défier nos banques et nos autres
institutions financières de se préparer à fournir le soutien dont nos sociétés ont
besoin pour réussir.
Certaines institutions, comme Newcourt Credit, laissent déjà leur marque sur la
scène internationale. Il y a aussi la Caisse de Dépôt du Québec, qui a lancé une
initiative palpitante avec la Banque asiatique de développement en vue d'établir
un Fonds d'investissement en infrastructure pour l'Asie. Pourquoi nos grandes
banques à charte ne peuvent-elles pas participer davantage au dynamique marché des
IPP?
Pourquoi les grands arrangements de financement international devraient-ils être
négociés à New York ou à Londres? Pourquoi ne pouvons-nous pas développer cette
capacité de financement de projets et d'ingénierie financière ici même au Canada?
Je pense qu'il est temps d'envoyer ce message clair à nos banques : engagez-vous,
faites preuve d'imagination et mettez-vous au travail.
Permettez-moi de partager avec vous quelques-unes des façons dont le gouvernement
et mon Ministère travaillent pour faciliter une meilleure participation canadienne
aux projets d'IPP réalisés à l'étranger. Mais il est bien clair que je ne suis pas
ici aujourd'hui simplement pour vanter ce que nous faisons; je suis ici pour
solliciter votre avis sur ce que nous devrions faire ou sur ce que nous devrions
faire différemment.
Par le biais de nos délégués commerciaux, nous fournissons des renseignements
opportuns sur les nouveaux débouchés qui s'offrent à l'étranger. Ces délégués sont
une ressource inestimable; si vous ne les utilisez pas déjà, je vous conseille de
le faire. Ils connaissent les intervenants, ils connaissent les rouages politiques
et ils connaissent la culture. Ces 800 experts du commerce représentent localement
vos intérêts dans quelque 130 ambassades et consulats à l'étranger.
Nous avons aussi tenté de mieux coordonner les efforts des divers ministères en
cause. Le ministère des Affaires étrangères et du Commerce international,
Industrie Canada, l'ACDI [Agence canadienne de développement international], la
SEE et la Corporation commerciale canadienne ont tous collaboré à l'adoption d'une
approche plus cohérente et mieux intégrée.
Par le biais de nos bureaux de liaison avec les institutions financières
internationales, nous avons mis les entreprises canadiennes en contact avec des
institutions comme la Banque interaméricaine de développement, la Banque mondiale
et la Banque asiatique de développement. Ces institutions, à l'instar d'autres
institutions internationales, peuvent être une source inestimable de soutien et de
ressources.
L'ACDI a récemment achevé l'examen de son Programme de coopération industrielle
afin de mieux appuyer les firmes canadiennes pendant l'étape cruciale du
développement. Madame Labelle, la présidente de l'ACDI, vous renseignera demain
sur un nouvel instrument financier qui vous aidera à partager le coût de la
technogénie, de l'ingénierie financière ainsi que des services juridiques.
La SEE a formé une Équipe du financement de projets très active pour faciliter le
cofinancement avec les banques commerciales, les marchés de capitaux, les
institutions financières internationales ainsi que les organismes de crédit à
l'exportation d'autres pays. La SEE recherche aussi des façons dont elle pourrait
s'associer à d'autres preneurs de participation pour donner encore plus de muscle
financier à ses efforts de financement structuré et de financement de projets.
Et l'ACDI s'est associée à la SEE pour négocier une entente qui permettra au
Canada de se joindre à la Société interaméricaine d'investissement -- un
développement qui avantagera énormément les firmes qui souhaitent participer au
dynamique marché latino-américain.
Avec tous ces efforts, nous tentons d'encourager les sociétés canadiennes à
explorer les débouchés palpitants qui s'offrent au niveau des IPP lorsqu'il s'agit
d'associer l'entreprise privée à une réalisation publique. Mais comme je l'ai déjà
dit, nous savons que nous avons encore bien du chemin à faire.
Quels ajustements doivent être apportés aux programmes courants? Quelles autres
activités les gouvernements pourraient-ils entreprendre pour montrer les capacités
canadiennes à l'étranger? Quelle est la meilleure façon pour nous de préparer la
voie ou de nous enlever du chemin?
Si vous êtes intéressés par le marché des IPP, je vous incite à agir, et dès
maintenant.
De nouveaux concurrents -- de nations émergentes comme l'Inde, la Turquie et le
Brésil -- développent maintenant les capacités de génie et de conseil qui ont
traditionnellement été notre point fort. Et ils en font profiter le marché à des
coûts moindres.
Dans les prochaines années, ils se lanceront plus nombreux sur les marchés du
monde, et avec plus d'effet. La concurrence va donc nécessairement devenir plus
féroce.
Bien sûr, aucun de ces défis n'est insurmontable.
Il y a près de 500 ans, le grand explorateur Ferdinand Magellan nous rappelait que
« la mer est dangereuse, et ses tempêtes terribles. Mais ces obstacles n'ont
jamais été une raison suffisante pour rester à terre ».
Comme Magellan, nous sommes aussi appelés à naviguer sur des mers incertaines, à
affronter l'avenir sans crainte et à conquérir l'inconnu. Notre objectif n'est pas
la conquête, mais le commerce. Et notre plus grand défi n'est pas de découvrir de
nouvelles terres, mais de nous donner une nouvelle détermination -- une
détermination à faire concurrence aux meilleurs, à affronter les meilleurs.
Il nous faut naviguer sur le nouvel océan des IPP. Les obstacles, les défis et les
difficultés ne sont pas des raisons pour rester à terre; ils nous rappellent au
contraire les dangers qui nous attendent si nous ne faisons rien.
Je suis persuadé que le Canada restera l'une des plus grandes nations
exportatrices du monde -- exportant non seulement des marchandises, mais aussi des
connaissances --, et qu'il sera reconnu dans le monde non seulement pour ses
richesses naturelles, mais aussi pour son ingéniosité.
Je compte m'inspirer de vos conseils et travailler avec vous pour faire de cela
une réalité.
Je vous remercie.