DISCOURS
2004/31 SOUS RÉSERVE DE MODIFICATIONS
NOTES POUR UNE ALLOCUTION
DE
L'HONORABLE JIM PETERSON,
MINISTRE DU COMMERCE INTERNATIONAL,
DEVANT LE
CONSEIL DE COMMERCE CANADO-ARABE
OTTAWA (Ontario)
Le 13 septembre 2004
Je suis heureux de prendre la parole devant un groupe aussi distingué, à l'occasion du
gala organisé par le Conseil de commerce canado-arabe [CCCA] et les ambassadeurs
arabes au Canada. Je tiens à remercier tout particulièrement Dwain Lingenfelter,
président du CCCA, et le conseil d'administration du CCCA, ainsi que l'ambassadeur
d’Arabie saoudite Mohammed Al-Hussaini en sa qualité de doyen du corps
diplomatique arabe, de m'avoir invité à cette rencontre.
Je me félicite aussi de cette rencontre parce qu’elle me donne l’occasion non
seulement de discuter avec vous d’échanges et d'investissement, mais aussi de
renforcer les liens d'amitié et les rapports commerciaux que le Canada entretient avec
votre région, dont l'importance ne cesse de croître.
Cette région aussi vaste que diverse — qui compte 18 États arabes depuis la
Mauritanie en Afrique du Nord jusqu’au Yémen, à l'extrémité sud de la péninsule
arabique, en passant par l'Égypte au Moyen-Orient, qui a une population de
300 millions d'habitants et un PIB [produit intérieur brut] de 1,8 billion de dollars
canadiens — représente l'un des grands marchés de la planète.
C’est pourquoi je suis enchanté de voir ici ce soir tant d'exportateurs et d'investisseurs
canadiens, car cela témoigne de votre détermination à développer nos liens
commerciaux et d'investissement avec nos pays partenaires dans la région.
Le Canada et le commerce
Je ne peux m'empêcher de ressentir une certaine humilité en parlant de l’importance du
commerce à un groupe comme celui-ci. Après tout, c'est dans votre région, il y a de
cela plusieurs millénaires, que la notion de commerce a été perfectionnée, sinon
inventée. On n’a qu’à songer à la Phénicie, à Alexandrie et Carthage, au Tigre et à
l’Euphrate. Vu sous cet angle, le Canada fait un peu figure de retardataire dans le
monde du commerce international!
Il y a cependant des choses qui ne changent pas. Aujourd'hui, le commerce et
l'investissement restent les piliers d'une économie moderne et progressiste. Ils
contribuent à la création d'emplois dans le pays, stimulent l'innovation, encouragent les
entreprises à affronter la concurrence et à s'agrandir, et accroissent la prospérité
générale du pays.
Le Canada est une nation commerçante. Par rapport à la taille de son économie, il est
même un leader à ce chapitre parmi les pays du G8. En fait, nos exportations de biens
et de services représentent environ 40 p. 100 de l'ensemble de notre PIB.
Le plus important accord commercial du Canada est l'ALENA [Accord de libre-échange
nord-américain], le bloc commercial le plus vaste au monde, dont nous célébrons cette
année le 10e anniversaire. Au cours de la décennie qui s’est écoulée, nos échanges
commerciaux avec les États-Unis et le Mexique ont doublé, passant de 269 à plus de
550 milliards de dollars. L'investissement direct total au Canada a atteint 358 milliards
de dollars en 2003. De plus, l'ALENA a contribué à la création de près de 3 millions de
nouveaux emplois qui, en moyenne, sont mieux rémunérés que ceux qui ne dépendent
que de l'économie intérieure.
C’est grâce à cet énorme succès remporté dans ses échanges avec ses partenaires de
l'ALENA et avec le reste du monde que le Canada a pu se maintenir en tête du G8 sur
le plan de la performance économique.
Et c'est parce que le commerce joue un rôle critique pour notre avenir économique que
notre gouvernement libéral a créé l'an dernier un nouveau ministère, Commerce
international Canada. Nous regrouperons nos ressources au sein de cette nouvelle
structure afin de pouvoir mieux répondre aux besoins de nos clients et de nous adapter
à l’évolution des tendances mondiales.
Nous aiderons les entreprises canadiennes à se positionner par rapport aux nouvelles
chaînes d'approvisionnement qui se manifestent sur les marchés mondiaux, et nous les
aiderons à établir une présence dans les marchés émergents d'aujourd'hui et de
demain. Nous voulons être alertes, actifs et prêts à saisir toutes les occasions qui se
présentent. C'est d’ailleurs un impératif pour nous.
Enfin, c'est parce que nous connaissons les bienfaits qu’apportent le commerce et
l'investissement que notre gouvernement défend avec autant d'ardeur la libéralisation
des échanges. Nous poursuivons avec vigueur une stratégie de libéralisation à
plusieurs volets : au niveau bilatéral, nous négocions des accords avec différents pays
intéressés; au niveau régional, nous nous employons à créer une zone de
libre-échange à l’échelle des Amériques; et, ce qui est encore plus important, au niveau
multilatéral, nous œuvrons au sein de l'Organisation mondiale du commerce [OMC]
pour assurer le succès du cycle de négociations de Doha.
Le Canada s'est développé et est devenu prospère grâce à ses échanges
commerciaux, et nous souhaitons que le plus grand nombre possible de pays partagent
la prospérité qu'engendre le commerce. Les Canadiens sont persuadés que nous ne
pouvons progresser que lorsqu’aucun pays n’est laissé pour compte dans l'économie
mondiale émergente du XXIe siècle. Très franchement, nous croyons aussi à la
mondialisation parce que nous croyons qu'elle sera avantageuse pour le Canada. À
notre avis, plus la prospérité règne dans le monde, plus les Canadiens en profiteront,
puisqu'ils pourront exporter davantage et attirer plus d'investisseurs au pays.
Progrès réalisés à l'OMC
À cet égard, je tiens à féliciter les 147 membres de l'OMC qui ont su voir large en
s'entendant sur un accord-cadre le 31 juillet dernier. Cet accord constitue une étape
importante vers la conclusion du cycle de développement de Doha. Le cadre négocié
représente un progrès concret dans l'un des dossiers les plus difficiles auxquels sont
confrontés les ministres du commerce et les autres acteurs, soit la réduction des
subventions agricoles qui ont pour effet de fausser les échanges commerciaux.
Il est absolument essentiel d'y parvenir. Ces subventions, qui totalisent plus d'un
milliard de dollars par jour, nuisent non seulement à nos producteurs, ici au Canada,
mais aussi à d'autres pays bien incapables qui n'ont pas les moyens de faire preuve de
la même largesse que les États-Unis et l'Europe. Et, ce qui est plus important encore,
ces subventions constituent pour les pays en développement un obstacle à
l'exportation et à la croissance.
L'accord-cadre prévoit également des réductions tarifaires pour les pays en
développement, puisque 70 p. 100 des droits de douane sur leurs importations frappent
des biens venant d'autres pays en développement.
Je suis convaincu que nous avons maintenant tracé la voie pour réduire ces
subventions qui faussent le commerce et pour mieux intégrer les pays en
développement dans l'économie mondiale.
Fait qui vous intéressera particulièrement, je suis heureux de noter que les
négociations visant l'admission du Royaume d'Arabie Saoudite à l'OMC progressent
bien. Le Canada a mené à bonne fin ses négociations avec le Royaume plus tôt cette
année, et nous espérons pouvoir l'accueillir à titre de membre à part entière de l'OMC
dans un proche avenir.
Le Canada et les États arabes
Le Canada entretient depuis longtemps des rapports commerciaux et économiques
étroits avec les pays arabes du Maghreb, de la péninsule arabique et du Moyen-Orient.
L'an dernier, les exportations canadiennes à destination de l'ensemble de la région ont
atteint 2,1 milliards de dollars. Nos importations se sont élevées à 4,9 milliards de
dollars et continuent de croître. En 2003, nos échanges bilatéraux avec les six États
membres du Conseil de coopération du Golfe ont dépassé 2 milliards de dollars,
montant qui se répartissait à parts à peu près égales entre les exportations et les
importations.
Ces chiffres ne paraissent peut-être pas très importants, mais ils représentent une
augmentation de 26 p. 100 par rapport à 2002 et sont plus élevés que les exportations
du Canada vers l'Inde ou le Brésil en 2003.
Mais nos relations s’étendent bien au-delà de ce seul aspect monétaire. Des centaines
de milliers d'immigrants originaires des pays arabes ont fait du Canada leur nouvelle
patrie, nous enrichissant de leurs talents et de leur culture. De même, près de
4 500 étudiants du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord étaient inscrits l'an dernier
dans les universités canadiennes, nous aidant à mieux comprendre votre monde et
vous aidant à mieux comprendre le nôtre.
C'est là un bon début, compte tenu de la distance qui sépare nos deux mondes. Il n'en
reste pas moins que nous pouvons faire beaucoup mieux. Permettez-moi d’évoquer
certaines possibilités de renforcer notre collaboration économique que j’entrevois
aujourd'hui et d’autres qui pourraient s'offrir à l'avenir.
Le Canada accueille à bras ouverts le commerce et l'investissement venant de
n'importe où dans le monde. Il y a de bonnes raisons pour que les investisseurs des
pays arabes pensent davantage au Canada.
Nous sommes le seul pays du G7 qui ait un excédent budgétaire et un excédent au
compte courant. Tant l'OCDE [Organisation de coopération et de développement
économiques] que le FMI [Fonds monétaire international] prévoient que le Canada aura
l'un des taux de croissance les plus élevés en 2004-2005. En février, le ministre des
Finances, Ralph Goodale, a déposé un budget équilibré pour la septième année
consécutive, ce qui représente la période d'équilibre la plus longue depuis la
Confédération. Nous prévoyons en outre ramener le rapport de la dette au PIB à
25 p. 100 d’ici une dizaine d’années. Si vous vous souvenez de la situation qui régnait il
y a 10 ans, vous reconnaîtrez facilement que c'est une réalisation impressionnante.
Le Canada est aussi reconnu comme l'un des pays où il est le plus avantageux
d'investir. L'étude internationale de 2004 de KPMG sur la compétitivité des coûts classe
le Canada premier parmi les 11 grands pays examinés. De plus, l'Economist
Intelligence Unit a récemment déclaré que, pour les cinq prochaines années, le Canada
est le pays où il est le plus avantageux de faire des affaires.
Fait particulièrement intéressant, KPMG attribue au Canada un avantage de 9 p. 100
par rapport aux États-Unis. Cela signifie que si vous ciblez le marché américain, qui est
le plus vaste au monde, c'est au Canada que vous avez intérêt à vous localiser, grâce à
la zone de libre-échange établie par l'ALENA, qui reste le bloc commercial le plus
important au monde.
Nous ne nous reposons d'ailleurs pas sur nos lauriers. Notre gouvernement est
déterminé à rendre le Canada encore plus attrayant pour les investisseurs en en faisant
l'un des pays les plus innovateurs de la planète.
Nous avons augmenté le financement annuel de la recherche et de l'innovation, qui est
passé 400 millions de dollars en 1999 à 2,1 milliards de dollars. Nous avons affecté
900 millions de dollars sur cinq ans pour créer 2 000 chaires de recherche du Canada
dans nos universités, afin d'attirer les meilleurs enseignants et les meilleurs chercheurs.
Nous avons aussi créé un Fonds sur l'infrastructure frontalière, doté de 600 millions de
dollars, pour assurer un mouvement rapide des marchandises et des personnes entre
le Canada et les États-Unis. Nous avons également réduit l'impôt des sociétés pour
donner au Canada un avantage concurrentiel par rapport à notre partenaire commercial
le plus important.
Ce sont là quelques-unes des mesures que le Canada a prises pour favoriser le succès
de ses entreprises sur le marché mondial et pour attirer chez nous des investissements
et des technologies de pointe.
Je tiens à vous féliciter de certains des changements qui se produisent aussi dans vos
pays.
Nous sommes en effet témoins, dans cette région, d'un nouvel engagement envers la
privatisation, la modernisation et la diversification économique.
Nous sommes encouragés par les progrès accomplis en vue de vous intégrer dans la
communauté mondiale, et notamment par le fait que la majorité des pays de la région
sont maintenant membres à part entière de l'OMC, tandis que la plupart des autres ont
un statut d'observateur ou ont entrepris des pourparlers d'accession. Ce n'est pas par
hasard que le cycle actuel de négociations de l'OMC a commencé à Doha, au Qatar.
Certains pays de la région ont en outre négocié des accords commerciaux distincts,
notamment avec les États-Unis et la Chine. Le Canada a négocié des conventions
fiscales avec le Koweït, avec les Émirats arabes unis et, cette année, avec Oman.
Nous avons conclu des accords aériens avec l'Égypte, le Liban et les Émirats.
Il existe aussi une Alliance d'affaires Canada-Algérie, qui promet de réunir des
investisseurs canadiens et algériens et de renforcer des relations qui remontent déjà
loin dans le temps. Je salue les efforts de l'ambassadeur d’Algérie Youcef Yousfi et
souhaite le plus grand succès à l'Alliance, car le potentiel de coopération entre le
Canada et l'Algérie est immense.
Cette évolution ainsi que d'autres changements positifs offrent aux investisseurs et aux
exportateurs canadiens des débouchés très intéressants non seulement dans les
secteurs mais aussi dans de nouveaux domaines.
Débouchés pour le commerce et l'investissement
Ainsi, dans le domaine du génie civil, des entreprises canadiennes ont participé à la
conception et à l'exécution de grands projets partout dans la région, comme l'énorme
centre de villégiature Palm Island aux Émirats, l'aluminerie d'Oman et le centre
commercial d'Abu Dhabi.
Il y aura bien d'autres occasions de collaboration. À lui seul, le Qatar prévoit réaliser
d’ici quelques années des projets d'infrastructure d'une valeur de plus de 71 milliards
de dollars. Je veux parler de l'agrandissement du complexe commercial du centre-ville,
qui coûtera près de 258 millions, du Musée national et de la Bibliothèque nationale qui
coûteront environ 129 millions, des studios de radiodiffusion dont le prix s'élèvera à
212 millions, et j'en passe.
Dans le secteur de l'éducation, des établissements canadiens ont formé des
partenariats avec des intérêts locaux en vue de créer de nouvelles écoles dans la
région. Le College of the North Atlantic [Terre-Neuve-et-Labrador] a récemment signé
un contrat de partenariat visant la création d'une école supérieure dotée d'un campus à
Doha. Cette année, l'Institut égypto-canadien de sciences appliquées et de formation
professionnelle ouvrira ses portes aux étudiants et l'Université Al Ahram deviendra la
première université canadienne privée de l'Égypte.
Dans le domaine de la santé, le Canada est, depuis plus de 10 ans, le principal pays de
formation supérieure des médecins saoudiens, qui rentrent ensuite dans leur pays en
apportant avec eux non seulement la connaissance des méthodes et de la société du
Canada, mais aussi — nous l'espérons — une certaine préférence pour les produits et
systèmes médicaux canadiens.
Dans le secteur de l'environnement, les débouchés sont nombreux. Ainsi, des
entreprises canadiennes ont déjà décroché des contrats, notamment pour une usine de
traitement des eaux usées au Maroc, un système d'approvisionnement en eau en
Algérie et un projet de dragage et d'assainissement dans les Émirats arabes unis.
Bien sûr, pour les investisseurs et les fournisseurs de services et de technologie du
Canada, les débouchés dans le secteur traditionnel du pétrole et du gaz sont loin d'être
épuisés, sans compter que d'importants nouveaux développements techniques se
produisent dans ce secteur en Algérie, en Égypte, au Koweït, en Libye, au Qatar et en
Syrie.
Nous avons besoin aujourd'hui de volonté et de vision, des deux côtés, pour progresser
sur tous ces fronts.
Je ne vous cacherai pas que nos priorités dans la région commencent par la sécurité
du Canada. L'instabilité, le terrorisme, l’interminable conflit arabo-israélien, tout cela a
des conséquences pour la sécurité du Canada et pour notre aspiration mutuelle à
développer nos relations économiques.
Le Canada s'associe à l'intention, exprimée par le G8 au Sommet de Sea Island, de
travailler en partenariat avec les pays de la région dans divers dossiers qui aideront à
faire progresser la bonne gouvernance, la justice sociale, la primauté du droit et
l'expansion de l'activité économique. Nous continuerons à travailler en faveur de ces
objectifs.
Cela étant dit, ce serait une erreur de ne pas reconnaître les changements positifs
extraordinaires qui se produisent dans la région; j'en ai déjà mentionné quelques-uns.
Ce serait une erreur encore plus grande de ne pas saisir l'occasion que ces
changements nous offrent pour développer notre collaboration économique.
Je suis personnellement déterminé à aller de l'avant pour renforcer nos relations.
Je sais quel travail le CCCA a accompli pour favoriser une collaboration plus étroite
entre le Canada et le monde arabe dans le domaine du commerce et de
l'investissement. Commerce international Canada fera tous les efforts possibles pour
vous aider, notamment en contribuant au succès de votre mission au Yémen, dans les
Émirats arabes unis et en Égypte, en novembre prochain.
L'une de mes priorités est de veiller à ce que se poursuive la croissance des échanges
bilatéraux et de l'investissement direct, tant par les sociétés canadiennes dans votre
région que par les entreprises arabes au Canada.
Nous avons en outre l'intention de continuer à accueillir vos étudiants et vos experts au
Canada pour que nous puissions mutuellement apprendre les uns des autres. De part
et d'autre, nous avons beaucoup à offrir.
Notre gouvernement est déterminé à appuyer les pays de la région et à les encourager
à adhérer à l'OMC et à accepter ses disciplines. Nous croyons que lorsque les pays
s'adonnent au commerce et à l'investissement dans le cadre de règles claires et
mutuellement acceptées, tout le monde y gagne.
Pour l'avenir, je crois que les États arabes et le Canada peuvent gagner davantage en
travaillant ensemble au développement de leurs liens d'investissement et de
commerce.
Prenons donc aujourd'hui l'engagement de resserrer et d'améliorer nos rapports
commerciaux et notre amitié et de faire en sorte que nos relations atteignent leur plein
potentiel.
Je suis venu vous dire ce soir que le Canada est prêt à faire sa part, avec plaisir et
enthousiasme, car le meilleur reste encore à venir.
Je vous remercie.
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