COMMUNIQUÉS
LE CANADA S'OPPOSE À LA LOI SUR LES SANCTIONS CONTRE L'IRAN ET LA LYBIE
Le 6 août 1996 Nº 137
LE CANADA S'OPPOSE À LA LOI SUR LES SANCTIONS CONTRE
L'IRAN ET LA LYBIE
Le ministre des Affaires étrangères, M. Lloyd Axworthy, et le ministre du Commerce
international, M. Art Eggleton, ont exprimé leur vive opposition à la loi signée
hier par le président Clinton, autorisant des sanctions contre l'Iran et la Lybie.
Le Canada déplore le fait que la loi permette aux États-Unis de prendre des
mesures commerciales unilatérales contre des tierces parties commerçant avec
l'Iran ou la Lybie ou investissant dans ces pays, y compris, peut-être, des
sociétés canadiennes.
« Bien que nous partagions les craintes des États-Unis et des autres pays à
l'égard du terrorisme dans le monde et qu'il soit très important pour nous de
trouver des moyens de le combattre, ce n'est pas par une telle loi qu'il faut
procéder, a indiqué M. Axworthy. Comme dans le cas de la loi Helms-Burton, le
Canada continue à s'opposer à des mesures unilatérales qui ont des effets
extraterritoriaux; cette loi n'est pas une solution appropriée aux préoccupations
des États-Unis. »
« Les effets extraterritoriaux de cette loi représentent une nouvelle tentative de
la part des États-Unis pour dicter leur politique commerciale à leurs alliés, a
affirmé M. Eggleton. Le Canada continuera de défendre ses intérêts contre
l'application extraterritoriale de la loi. »
Les ministres ont indiqué que le Canada s'entretiendrait avec l'Union européenne
et d'autres alliés afin de déterminer la meilleure façon de contrer l'effet
extraterritorial de la loi.
Le Canada applique des mesures strictes de contrôle des exportations pour que son
commerce ne contribue pas au renforcement militaire de l'Iran ou de la Lybie, ni à
l'acquisition par ces pays d'armes nucléaires, biologiques ou chimiques.
Le Canada appuie sans réserve les sanctions prises par l'ONU contre la Lybie. « Il
faut donner aux sanctions commerciales un caractère multilatéral pour les rendre
le plus efficaces possible », a indiqué M. Axworthy.
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Document d'information
LA LOI AMÉRICAINE DE 1996 SUR LES SANCTIONS
CONTRE L'IRAN ET LA LIBYE
Contexte
Le 23 juillet, le Congrès des États-Unis a adopté à l'unanimité la « Loi de 1996
sur les sanctions contre l'Iran et la Libye ». Il s'agit d'une version modifiée
d'un projet de loi déposé en mai 1995 par le sénateur Alfonse D'Amato (républicain
-- New York). Le sénateur Edward Kennedy (démocrate -- Massachusetts) a présenté un
amendement qui durcit les sanctions contre la Libye, en rendant obligatoires
certaines des sanctions qui étaient facultatives dans le projet original. Le
président a signé celui-ci le 5 août, lui donnant force de loi.
Objet de la loi
La loi vise à dissuader les entreprises de faire d'importants investissements dans
les secteurs pétroliers et gaziers iranien et libyen. Les entreprises américaines
se sont déjà vu interdire de commercer avec l'Iran et d'investir dans ce pays par
un décret présidentiel pris en mai 1995. La Libye fait actuellement l'objet de
sanctions de l'ONU. Les secteurs pétroliers et gaziers sont ciblés parce qu'ils
sont la base de l'économie de ces pays. La loi énonce donc la politique suivante :
Iran : Lui refuser la capacité de soutenir les actes de terrorisme international
et de financer la mise au point et l'acquisition d'armes de destruction massive et
de leurs vecteurs.
Libye : Obtenir de la Libye l'exécution intégrale de ses obligations en vertu des
résolutions 731, 748 et 883 du Conseil de sécurité des Nations unies, y compris
l'arrêt de tout soutien à des actes de terrorisme international et de tout effort
visant à mettre au point ou à acquérir des armes de destruction massive.
(Les résolutions en question portent sur la non-coopération de la Libye à une
enquête de l'ONU sur la destruction d'un avion (vol 103 de la Pan Am) et sur les
sanctions imposées à la Libye en conséquence.)
Activités motivant les sanctions
Les activités suivantes entraîneront l'application des sanctions prévues par la
loi :
Iran : Nouveaux investissements dépassant au cours d'une période de 12 mois
quelconque 40 millions de dollars américains (ou toute combinaison
d'investissements d'au moins 10 millions de dollars américains chacun égalant ou
dépassant au total 40 millions de dollars américains) qui contribuent directement
et notablement à la capacité de l'Iran à exploiter ses ressources pétrolières et
gazières.
Libye : Nouveaux investissements dépassant au cours d'une période de 12 mois
quelconque 40 millions de dollars américains (ou toute combinaison
d'investissements d'au moins 10 millions de dollars américains chacun égalant ou
dépassant au total 40 millions de dollars américains) qui contribuent à la
capacité de la Libye à exploiter ses ressources pétrolières et gazières.
Exportation de biens et de technologie interdite par les résolutions de l'ONU et
a) contribuant à la capacité de la Libye à acquérir des armes nucléaires,
chimiques ou biologiques, b) contribuant à la capacité de la Libye à exploiter ses
ressources pétrolières et gazières, ou c) contribuant aux capacités de l'aviation
libyenne.
Type des sanctions à imposer
Si le président détermine qu'une entreprise ou une personne a violé sciemment la
loi le jour de son adoption ou après, il doit imposer au moins deux des sanctions
suivantes :
refus de l'aide de l'Export-Import Bank aux exportations;
refus des licences d'exportation américaines;
interdiction faite aux institutions financières américaines de consentir des
prêts ou crédits importants à une personne ou entreprise sanctionnée;
dans le cas des institutions financières, refus du droit de servir de mandataire
du gouvernement des États-Unis, de dépositaire de ses fonds, ou de négociant de
ses titres d'emprunt sur le marché primaire;
refus de l'accès aux marchés publics du gouvernement des États-Unis lorsqu'il
n'est pas conforme avec les obligations que lui confère l'Organisation mondiale du
commerce (OMC);
dans le cas des entreprises, restriction de leurs exportations aux États-Unis.
Les entreprises (y compris les sociétés mères, les filiales et les entités
remplaçantes) qui ont connaissance des activités interdites doivent aussi faire
l'objet de sanctions. La loi ne s'applique pas aux contrats conclus avant la date
de son adoption. La définition d'investissement n'englobe pas les prêts et le
financement par instrument d'emprunt.
Pouvoir discrétionnaire du président
Le président dispose d'un pouvoir discrétionnaire considérable pour appliquer la
loi :
C'est lui qui décide initialement qu'une entreprise a sciemment violé la loi.
Il peut décider d'une exemption aux sanctions s'il détermine qu'elle est dans
l'intérêt national des États-Unis, notamment pour éviter de violer des règles
commerciales internationales.
La loi engage le président à mener des négociations multilatérales pour obtenir
des sanctions contre l'Iran; après un an, le président déterminera si ces
négociations auront réussi à atteindre les objectifs de la loi et fera un rapport
au Congrès.
Le président pourra soustraire de l'application de la loi les nationaux d'un pays
ou groupe de pays quelconque qui aura convenu de prendre des mesures
substantielles, y compris des sanctions économiques, qui nuiront aux efforts de
l'Iran pour acquérir des armes de destruction massive et pour soutenir le
terrorisme international. Si l'entreprise qui viole la loi n'est pas
ressortissante américaine, le président pourra consulter le gouvernement de cette
entreprise avant d'imposer des sanctions.
Le président peut aussi mettre fin aux sanctions s'il détermine que les activités
qui les ont motivées ont cessé et ne reprendront pas.
Autres facteurs à considérer dans l'application de la loi
Les sanctions ne sont pas toujours automatiques; par exemple, il y a des
exceptions prévues pour les biens et les services essentiels à la sécurité
nationale des États-Unis.
Les entreprises peuvent demander au secrétaire d'État des États-Unis de leur
indiquer si les activités qu'elles envisagent les exposeraient à des sanctions.
Les activités approuvées ne seraient alors pas sanctionnées.
En Iran, le montant des investissements qui motivent l'application de sanctions
est ramené à 20 millions de dollars américains par année dans le cas des
entreprises dont le pays d'origine, de l'avis des États-Unis, n'a pas fait assez
de progrès dans l'application de sanctions contre l'Iran.
Durée des sanctions
Les sanctions resteront en vigueur jusqu'à deux ans, ou jusqu'à ce que le
président détermine et certifie au Congrès que la personne ou l'entreprise ne
violera plus la loi. Les sanctions ne peuvent pas être appliquées moins d'un an.
La loi vient à expiration au bout de cinq ans.
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