Affaires étrangères et du Commerce internationalGouvernement du Canada
Ministère des Affaires étrangères et du Commerce international

Affaires étrangères et Commerce international Canada

Nos bureaux

Le Canada à l’étranger

Services aux voyageurs canadiens

Services aux entreprises

Le Canada dans le monde

En manchette


Politique internationale


Discussion sur la politique gouvernementale


Programmes


Ressources


Recherche sur le site Web

À propos du Ministère

0
Le Canada dans le monde : Politique internationale du Canada
Ressources


Entrevue vidéo
Jacqueline Best
Abonnement aux bulletins d'information et/ou avis par courrier électronique et baladodiffusion



Le Dr. Jacqueline Best discute du Fonds Monétaire International (FMI).

Le Dr. Best
 est professeure au Département de science politique à l'Université d'Ottawa. Elle se spécialise dans les relations internationales, plus particulièrement en économie politique internationale.

Informations sur les discussions en ligne sur la politique internationale du Canada du MAECI:

 Voir l'actuelle discussion en ligne

 Renouvellement des institutions internationales
     Voir la discussion en ligne (maintenant fermée)
     Questions et ressources

 Voir la bibliothèque d'entrevues vidéo



Entrevues vidéo
(en partie en anglais avec transcription en français)


Note: Les opinions exprimées ne sont pas nécessairement celles du gouvernement du Canada.
 
 FMI - Aperçu4 minutesQuicktime

 Le FMI et le Canada

2 minutes

Quicktime

 Gestion des crises par le FMI

1 minute

Quicktime

 Composition du FMI

3 minutes

Quicktime

 Les enjeux liés au FMI

4 minutes

Quicktime

 Réfome du FMI

2 minutes

Quicktime

(Les vidéolecteurs sont disponibles ici : QuickTimeWindows Media)


Transcription

FMI - Aperçu

Le FMI est une organisation que nous avons créée après la deuxième Guerre Mondiale. L’on s’est rencontrés à Bretton Woods au États-Unis pour créer une nouvelle institution afin assurer un certain montant de crédits aux pays qui étaient en difficulté temporaire (problèmes avec leurs paiements, problèmes monétaires, quelque chose qui pouvait être résolu assez facilement, dans quelques mois, une année, deux années). C’était vraiment l’idée. L’un des multiples problèmes qui avait contribué à la Grande Dépression était le fait qu’il n’y avait pas de telles institutions. Donc quand un pays était en difficulté, s’il n’y avait pas d’autres pays pour lui prêter de l’argent, il était vraiment en difficulté. Et puis cela avait tendance à causer d’autres problèmes ailleurs. C’est très difficile d’isoler vraiment un pays dans une économie mondiale. Donc le FMI allait jouer ce rôle : la provision de liquidités, de crédits mondiaux.

Il allait aussi limiter un peu le mouvement des capitaux. L’idée avait été que pendant le régime Étalon-or, c’était un régime libéral, mais  trop libéral. Il y a eut des fuites de capitaux, les capitaux avaient tendance à s’échapper de pays par peur de certaines politiques. Mais finalement l’impact de cela avait été très déstabilisant au niveau mondial. Donc on avait donc voulu redonner aux pays un certain montant d’autonomie pour qu’ils puissent poursuivre des politiques domestiques sans toujours craindre la fuite de capitaux. En même temps, on voulait une économie mondiale libérale et on ne voulait pas un système protectionniste. On tentait donc de trouver un équilibre entre les deux. Ce qui était assez difficile, mais c’était l’idée.

Il y avait également un troisième aspect du FMI qui est devenu moins important aujourd’hui. Quand le FMI fut créé, on avait un régime de taux de change fixe. Le régime est disparu en 1971, donc nous n’avons plus de régime international de taux de change fixe. Mais d’origine c’était aussi un des trois piliers du système.


Depuis ce temps, beaucoup a changé, 60 années ont passées. Ceux qui se servent du FMI aujourd’hui ne sont plus les pays riches - après la guerre les pays riches n’étaient plus tellement riches ils étaient pauvres, donc tout le monde se servait du FMI. Maintenant, pour la plupart ce sont les pays en voie de développement qui utilisent le FMI, ce qui a changé beaucoup les stratégies aussi du FMI. En même temps, l’idée de conditionnalité, de mettre des conditions sur le prêt d’argent a évoluée. Cela n’était pas dans l’accord original. On a commencé à ajouter ces conditions, assez vite après la signature de l’accord, mais particulièrement commençant dans les années 60, 70 et 80. Les conditions se sont multipliées. L’idée était que cet argent était prêté sur une base à court terme, donc il fallait avoir les moyens pour le repayer. Le FMI pouvait en effet dicter certaines conditions – « changer ceci cela, réduisez vos coûts au niveau de l’économie publique etc » – pour pouvoir s’assurer que les pays avaient les moyens de repayer leurs dettes. Mais cela pose des problèmes, devient contesté au niveau politique parce que cela devient une contrainte à la souveraineté des pays. Donc cette autonomie qu’on avait tenté de créer après la deuxième guerre mondiale s’est un peu réduite par le fait que l’on exige aujourd’hui beaucoup de conditions.

Le troisième grand changement qui a eu lieu depuis l’origine du régime est que l’on a presque éliminé tous les contrôles sur les capitaux pendant les années 70 et 80 et même 90 en Asie. Dans ces années, la  philosophie même du FMI a changé pour suggérer que les capitaux n’étaient pas déstabilisants, qu’ils étaient plutôt disciplinaires. L’idée était de libérer les capitaux, donc de réduire le contrôle que les pays avaient sur ces capitaux et en conséquence, pour les pays plus petits, réduire leur choix, leur autonomie pour poursuivre des politiques que peut être les investisseurs n’allaient pas vouloir appuyer. Donc cela aussi a changé beaucoup. Cet équilibre que l’on avait tenté de retrouver, cet équilibre entre le libéralisme et l’autonomie a vraiment changé vers le libéralisme. Le système donne moins d’appuis à cette autonomie domestique.



Le FMI et le Canada

C’est une question que l’on a tendance à poser parce que les finances semblent être assez distantes, complexes. Mais en réalité, elles ont des impacts très importants pour les Canadiens. D’un côté, il faut que l’on s’assure que la manière dont on contrôle, on tente de gérer l’économie mondiale reflète nos valeurs et nos priorités politiques. Donc si c’est un système qui aide les pays à poursuivre leurs propres buts, leurs propres valeurs, leurs propres intérêts, je pense que c’est quelque chose de positif.

En même temps, il faut aussi assurer que c’est une économie qui facilite l’échange, qui facilite une économie qui est vraiment mondiale. Donc on veut en quelque sorte avoir cet équilibre entre les deux. Et on veut créer une organisation qui appuie et qui travaille pour créer ce type d’économie. Parce que le FMI joue un rôle assez important : d’un côté en tentant de prévenir les crises, et de l’autre côté en répondant aux crises. Donc comment ils font cela, quelles sont leurs politiques, quelles sont leurs stratégies? – ils ont des effets assez importants pour nous. De cette perspective plutôt philosophique, l’idée de ce qu’est notre vision pour l’économie mondiale. Mais de l’autre côté, parce que si les crises ont lieu, elles ont des impacts très importants, très concrets pour nous comme Canadiens et Canadiennes. Parce que, par exemple, nous avons souffert les crises en Asie, particulièrement en Colombie-Britannique où ils ont des liens assez importants avec les pays asiatiques. Nous avons souffert les conséquences de cette crise. L’économie mondiale souffre les conséquences de telles crises quand elles sont si grandes. Donc cela devient important, il faut que l’on s’organise ensemble pour coopérer pour assurer que nous avons une économie mondiale qui est stable d’un côté, mais qui est aussi constructive, qui appuie les différent pays dans le monde. Et moi je crois aussi une économie mondiale assez diverse, pour appuyer toute sorte de différentes manières de s’organiser.



Gestion des crises par le FMI

De nos jours, il est probable que le FMI soit surtout connu pour ses « programmes de renflouement ». En cas de crise financière, le FMI peut en effet servir de bailleur de fonds et accorder son sceau d’approbation à un pays, ce qui contribue habituellement à attirer les capitaux privés. Le FMI signe un accord avec le pays en question, dans lequel il s’engage à fournir un montant donné pour aider à remédier à la crise. Il faut rappeler sur ce point que, si les réserves de devises d’un pays diminuent parce que celui-ci essaie, pour une quelconque raison, de défendre la parité de sa monnaie nationale, nous nous trouvons en présence d’une crise financière.

Sur le long terme, le FMI joue également un rôle de surveillance. À ce titre, il visite régulièrement tous les pays, y compris le Canada, pour prendre le pouls de la situation financière. Par la suite, ses fonctionnaires rendent compte, dans un rapport, de ce qu’ils considèrent être les forces et les faiblesses de l’économie. Toutefois, le FMI se fait surtout connaître pour son action visant à prévenir les crises financières, ou à y remédier.



Composition du FMI

Le FMI est composé d’États membres. Chacun d’eux y délègue des représentants. Toutefois, le nombre de voix des pays dépend de leur contribution financière. Cette contribution détermine également le montant de l’aide financière qu’un pays peut obtenir du FMI. Mais d’où vient l’argent? Eh bien! essentiellement de tous les pays, sous forme de quote-part. Le pouvoir de décision des pays dépend d’ailleurs de l’importance de cette quote-part, étant donné que, en dernière analyse, ce sont les plus gros bailleurs de fonds qui contribuent le plus à l’aide consentie par le FMI. Cela suscite d’ailleurs de nombreuses préoccupations. En effet, comment un tel système peut-il être démocratique?

Force est d’admettre qu’il répond à une certaine logique. Toutefois, cela signifie aussi que les grandes puissances économiques exercent une influence pour le moins disproportionnée sur les prises de décisions. Cette question a suscité une fois de plus la controverse lors de l’élection récente d’un nouveau directeur général. Des noms de candidats ont circulé – il s’agit normalement d’Européens. Or, certains groupes de pression et des pays ont de nouveau fait valoir la pertinence de rendre le processus plus transparent et démocratique. Cela n’a cependant pas donné de résultats probants, mais a quand même permis un large débat sur la question de savoir quel devrait être le processus décisionnel au FMI.



Les enjeux liés au FMI

Je pense que l’une des conséquences les plus concrètes que nous avons vu ont été les crises dans les années 90. On a eu des crises en Europe, puis au Mexique et en Asie – la crise en Asie c’était vraiment énorme. On avait pas du tout anticipé ces crises, on tentant d’expliquer un peu pourquoi elles étaient arrivées, particulièrement la crise en Asie parce que ces économies étaient très fortes. De plus en plus les critiques certainement insistent que l’on a libéralisé trop vite ces économies. On a trop insisté pour qu’ils ouvrent leurs économies au monde sans leur donner les ressources pour contrôler un peu l’argent qui venait dans leur pays. Donc on avait un influx énorme de capitaux, puis quand il y a eu quelques petits problèmes avec les économies, les capitaux ont fuit très vite. Ce qui a provoqué des crises énormes. On commence peut être à reconnaître que les marché ne sont pas nécessairement toujours tout à fait rationnels dans leurs actions, dans leurs réactions.

Après cette crise, il y a eu des personnes qui ont suggéré, du point de vue académique mais aussi des manifestants alter ou anti-mondialisation, une élimination complète du FMI parce qu’ils pensent qu’il joue un rôle trop dominant, trop disciplinaire, même dictateur dans le monde. Le FMI insiste pour que les pays adoptent certains types de politiques par exemple en privatisant toute sorte d’entreprises, en réduisant les subventions que l’État avait donné pour l’énergie, le coût du pétrole, le coût de certains aliments etc. Donc le FMI a tendance à dire : « il faut que vous suiviez un modèle assez précis d’une économie libérale, une économie comme les économies à l’ouest ». Il y a beaucoup de résistance par ceux qui disent, non, l’on devrait avoir encore plus de contrôle sur nos économies, sur nos politiques. Nos économies reflètent nos valeurs, et finalement ce n’est pas acceptable d’insister. Oui, peut être certains changements, mais que le volume de conditions est devenu de plus en plus lourd et accablant.


Réforme du FMI

Au début, le FMI devait mettre à profit les enseignements tirés de la période de l’étalon-or et de la Crise de 1929. Je crois cependant que, pour différentes raisons, on a perdu de vue ces leçons dans les années 1970 et 1980. À cet égard, peut-être serait-il utile de rétablir certains des principes qui ont présidé à la création du FMI. Toutefois, il serait impossible d’imposer un contrôle généralisé des capitaux comme cela s’est fait dans l’après-guerre. Néanmoins, dernièrement, après la crise asiatique, on s’est mis à parler de plus en plus de la pertinence de mieux contrôler les mouvements de capitaux dans certaines circonstances. Or, peut-être est-il possible d’accroître effectivement la marge de manœuvre dans ce domaine, sous forme d’une plus grande « négociabilité politique », si l’on me permet l’expression. Il faut cependant reconnaître que, en raison de sa structure même, le système actuel n’offre pas une grande marge de négociation en ce qui concerne les priorités politiques des pays. De telles négociations sont certes parfois possibles, mais elles sont loin d’être la règle. Selon moi, la voie dans laquelle s’engage le FMI limite peut-être encore plus cette possibilité. L’examen des conditions imposées aux pays fait ressortir le nouvel accent mis sur des normes universelles, même si cela n’est, le plus souvent, pas formulé de la sorte. L’objectif consiste désormais à dresser la liste des pratiques économiques les plus efficaces, que doivent adopter tous les pays. Il peut s’agir d’une démarche utile. Par contre, il pourrait aussi arriver que ces normes répondent à une définition si stricte que cela ne fera que limiter les solutions économiques à notre disposition. Par ailleurs, nous tendons ainsi à imposer un modèle économique unique à des pays qui n’en veulent pas. Enfin, bien souvent, ce modèle ne correspond pas à leurs valeurs, voire n’a pour eux aucun sens.


Les articles du Dr. Best (en anglais)
  "From the Top Down: The New Financial Architecture and the Re-embedding of International Finance." (2003) New Political Economy, 8.3, pp. 363-384.
 "Moralizing Finance. The New Financial Architecture as Ethical Discourse." (2003) Review of International Political Economy, 10.3, pp. 579-603.