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Le Canada dans le monde : Politique internationale du Canada
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Hans Blix
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Le Dr. Hans Blix discute de quelques recommandations de la Commission sur les armes de destruction massive (ADM) incluant la propagation des ADM et la nécessité de contrôler.

Le Dr. Blix est le Président de la
Commission sur les armes de destruction massive (
ADM) et ancien Inspecteur en chef de l’armement en Irak. Avant de joindre le Minstère suédois des affaires étrangères, Dr. Blix était professeur associé en relations internationales à l’Université de Stockholm. Il a servi comme Directeur général de l’Agence Internationale de l’énergie atomique à Vienne de 1981 à 1997 et à été Président exécutif de la Commission de contrôle, de vérification et d'inspection des Nations Unies (COCOVINU) de mars 2000 à juin 2003.

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 Non-prolifération, contrôle des armements et désarmement
    
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Entrevues vidéo
  (en anglais avec transcriptions en français)


Note: Les opinions exprimées ne sont pas nécessairement celles du gouvernement du Canada.

 « Somnambulisme dans une nouvelle phase d’arsenalisation »2 min 02 sec Windows Media | QuickTime   

 Promesses rompues

2 min 20 sec
 

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 La lutte contre la prolifération

1 min 53 sec
 

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 Le besoin de vérification

1 min 44 sec
 

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(Les vidéolecteurs sont disponibles ici : QuickTimeWindows Media)


Transcription

« Somnambulisme dans une nouvelle phase d’arsenalisation »

Je m’appelle Hans Blix et j’ai présidé une commission indépendante sur les armes de destruction massive. Elle est financée en partie par le gouvernement suédois et en partie par la Fondation Simons à Vancouver, et jouit d’un important appui du Canada. Naturellement, nous considérons le Canada comme un pays qui se situe parmi les plus constructifs dans le domaine du désarmement et du contrôle des armes.

Nous avons présenté un rapport qui couvre les armes nucléaires, biologiques et chimiques, et les questions liées à l’espace extra-atmosphérique et aux missiles. Le rapport est accompagné de 60 recommandations, dont la moitié portent sur les armes nucléaires et le reste sur les autres types d’armes. Il est présenté au public, aux gouvernements, aux groupes de réflexion et aux ONG.

Nous espérons que cela suscitera les premières ondes d’une nouvelle vague de désarmement. Le désarmement a stagné de la manière la plus tragique au cours des dernières années. Le Sommet mondial qui a eu lieu en 2005 n’a même pas pu formuler deux lignes sur le contrôle des armes et le désarmement. La Conférence d’examen du Traité de non-prolifération nucléaire tenue au printemps 2005 a pris fin dans l’acrimonie. Et pourtant, il y a encore 27 000 armes et ogives nucléaires dans le monde. Et nous pouvons aussi discerner les prémices de courses aux armements -- dans l’espace, par exemple, où il semble que l’on dépense chaque année beaucoup d’argent à des questions comme le positionnement spatial d’armes. Le domaine des missiles est une autre question à aborder. Ce n’est donc pas simplement que nous stagnons : c’est pire que cela. Kofi Annan disait, il y a quelques jours, que c’était comme si le monde faisait du somnambulisme dans une nouvelle phase d’arsenalisation.


Promesses rompues

Un grand malaise règne, parmi les États non dotés d’armes nucléaires, au sujet du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP). Ils pensaient s’être mis d’accord pour une prolongation du TNP d’une validité de 25 ans à une validité illimitée. C’était en 1995. Les États dotés d’armes nucléaires leur avaient promis qu’ils continueraient sur la voie du désarmement, d’un traité d’interdiction complète des essais nucléaires, et d’un protocole au Moyen-Orient. Bien des États non dotés d’armes nucléaires ont le sentiment de ne pas avoir obtenu cela et de s’être laissés berner.

De surcroît, quand les États dotés d’armes nucléaires ont conseillé aux États non dotés d’armes nucléaires de se tenir à l’écart de tout cela, une voix s’est élevée, pour dire que c’était un peu comme fumer un gros cigare et dire aux plus jeunes de ne pas fumer. À moins de prendre eux-mêmes quelques mesures, ils sont mal placés pour prêcher aux autres. Je pense qu’il y a du vrai là-dedans. À mon avis, un retour à de sérieux efforts dans le désarmement des États dotés d’armes nucléaires est nécessaire. Nous n’en avons guère vu au cours des dernières années. Nous avons remarqué une réduction du nombre d’ogives nucléaires en Russie et aux États-Unis, mais nous avons également constaté des efforts pour obtenir de nouveaux types d’armes nucléaires, comme des armes antiblockhaus aux États-Unis et l’élaboration du bouclier de missiles, notamment. Selon nous, nous sommes à la croisée des chemins. Ou nous nous remettons en route et retournons au désarmement, ou bien nous courons le risque de nouvelles courses aux armements.

Israël, l’Inde et le Pakistan sont les seuls États qui ne sont pas parties au TNP. Franchement, je ne les vois en aucune manière y faire leur entrée [dans le régime international de non-prolifération, de contrôle des armes et de désarmement]. Mais, selon moi, si nous amorcions un mouvement de sortie de l’ère des armes nucléaires, je suis certain qu’ils suivraient. L’Inde l’a dit pendant longtemps, et je suis sûr que les autres feraient de même. Nous devons réveiller l’ambition de sortir de l’ère nucléaire. Nous pourrions le faire, nous n’avons plus un monde bipolaire. Je pense que les Russes et les Chinois accepteraient aussi de suivre. La vérification poserait un gros problème, mais nous avons beaucoup appris à ce sujet -- dans le cas de l’Iraq, dans celui des travaux que nous avons menés à bien au sein de la COCOVINU [Commission de contrôle, de vérification et d'inspection des Nations Unies], avant la guerre, en 2003.


La lutte contre la prolifération

Il y a diverses manières de lutter contre la prolifération des armes de destruction massive. Le domaine que nous connaissons le mieux, naturellement, est celui des armes nucléaires. L’approche de base consistera à essayer de créer des conditions politiques de relations étrangères telles que les pays ne ressentent pas la nécessité d’armes nucléaires. La fin de la guerre froide a été une véritable aubaine à cet égard. La même chose s’applique à l’échelle régionale. Si une détente se produisait au Moyen-Orient, si on avançait dans le processus de paix, eh bien il y aurait moins d’intérêt pour l’obtention d’armes. Mais on ne peut être assuré de parvenir à de telles conditions immédiatement, et il faut donc disposer d’autres modes de dissuasion et rendre l’obtention d’armes nucléaires plus difficile.

Aujourd’hui, il existe les contrôles à l’exportation et également quelque chose comme l’Initiative de sécurité contre la prolifération, ce qui signifie qu’un certain nombre de pays intercepteraient des navires en haute mer s’ils les soupçonnaient d’exporter une centrifugeuse ou d’autres choses de ce genre. Cela va aussi de pair avec une ample coopération en termes de renseignements. Il existe donc de nombreuses manières d’essayer d’arrêter la prolifération.
Je parle du nucléaire, mais il existe des choses semblables dans les domaines de la biologie et de la chimie. Ces trois domaines ont des applications   bivalentes : le nucléaire peut être utilisé comme source d’énergie, mais aussi pour les armes. Le biologique sert aux vaccins et vise la révolution biologique -- que nous souhaitons tous --, mais nous voulons aussi éviter qu’il ne soit utilisé pour les armes. C’est la même chose pour le chimique : le monde n’aurait pas le niveau de vie dont il jouit si nous n’utilisions pas la chimie. Mais, parallèlement, nous voulons que les usines de produits chimiques soient protégées; nous ne voulons pas qu’il s’y produise des fuites de matières pour la fabrication d’armes.


Le besoin de vérification

Prenons la situation d’un arrêt de production de matières fissiles, c’est-à-dire d’uranium ou de plutonium fortement enrichis pour la fabrication d’armes. C’est un domaine dans lequel les États-Unis ont récemment déposé une proposition. En principe, je pense que le monde y est très favorable, et le Canada y a joué une part très active. Si nous parvenons à fermer le robinet de nouveau plutonium et de nouvel uranium enrichis, et si nous pouvons, parallèlement, démanteler les armes nucléaires dans le contexte du désarmement, nous serons alors en mesure de réduire graduellement la menace nucléaire à l’égard du monde.

Cependant, les dernières propositions des États-Unis ne contiennent aucun moyen de vérification. Je pense que la vaste majorité des pays se montreraient sceptiques sur ce point. Ils diraient : « Bien. Si quelqu’un est d’accord avec cette proposition, comment allons-nous nous en assurer? » Comment le Pakistan pourra-t-il être certain que l’Inde cessera réellement la production, et inversement? Et qu’en sera-t-il de la Chine? À mon avis, il y aura une forte poussée pour que des vérifications soient faites. Mais, en soi, c’est une proposition positive. C’est un exemple.

Nous avons une vérification des usines d’enrichissement au Brésil, exécutée par l’AIEA [Agence internationale de l’énergie atomique]. L’AIEA vérifie aussi une vaste usine d’enrichissement au Japon. Il y a des usines d’enrichissement au Royaume-Uni et en France, dont la vérification est assurée par Euratom. Même en Chine, il y a des usines que les Russes ont vendues aux Chinois, à condition qu’elles soient vérifiées par l’AIEA. On a donc beaucoup d’expérience dans ce domaine et aucun principe d’actions n’est réellement difficile : c’est une question de ressources.


Lectures supplémentaires

Le rapport de la Commission sur les armes de destruction massive "Les armes de la terreur : libérer le monde des armes nucléaires, biologiques et chimiques" : http://www.wmdcommission.org/files/Weapons_of_Terror.pdf (en anglais seulement).