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Le Canada dans le monde : Politique internationale du Canada
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Entrevue Vidéo

Paul Evans

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Le Dr Paul Evans examine l’émergence de la Chine comme partie prenante dans les institutions multinationales s’occupant de désarmement, les implications de l’approche américaine du programme nucléaire indien, ainsi que la délicate recherche d’un équilibre par la Chine.
 
Le Dr Paul Evans occupe le poste de codirecteur général et président du Comité exécutif de la Fondation Asie Pacifique du Canada, dans le cadre d'un détachement de l’Université de la Colombie Britannique. Professeur à la Faculté des études supérieures de cette université, il est aussi directeur adjoint du Liu Institute for Global Issues et du Institute of Asian Research.

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Non-prolifération, contrôle des armements et désarmement
      
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Entrevue vidéo (en anglais avec transcription en français)


Note: Les opinions exprimées ne sont pas nécessairement celles du gouvernement du Canada.

 

 Intérêts chinois2 min 38 sec

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 Incidences de l’approche américaine pour l’Inde

3 min 17 sec
  

 

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 Une question d’équilibre délicat pour la Chine

 

2 min 46 sec 

 

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(Les vidéolecteurs sont disponibles ici : QuickTime l Windows Media)



Transcription


Intérêts chinois

 

Je pense que le fait le plus important est l’émergence de la Chine en tant qu’acteur au sein d’institutions multilatérales traitant d’un large éventail de questions de désarmement ou de contrôle des armements : cela va des préoccupations des États fournisseurs de produits nucléaires regroupés à toutes les organisations auxquelles nous pouvons songer. Les Chinois apprennent aujourd’hui à jouer un rôle actif au sein de ces institutions. Elles se retrouvent également, de leur point de vue, à constituer en quelque sorte un moyen sinon de contrôle, du moins d’exercice d’un certain contrepoids face à la puissance américaine montante. Les Chinois découvrent le multilatéralisme, non pas parce qu’il s’agit nécessairement de la vision du monde qu’ils privilégient, mais parce qu’ils le voient comme un moyen utile de devenir un véritable acteur sur la scène internationale et de limiter la puissance américaine unilatérale. Je pense qu’il s’agit là du fait le plus important.

 

L’approche chinoise a consisté à être considérée comme une puissance nucléaire de premier ordre. Bien que la Chine exprime certaines critiques de nature rhétorique envers les États-Unis, la Russie et d’autres pays, de façon générale, les Chinois se considèrent, aujourd’hui et pour l’avenir, comme une puissance nucléaire. Aussi, l’idée du désarmement est elle pour le moment irréaliste pour les Chinois.

 

L’un des faits intéressants est, d’après moi, que les Chinois aimeraient voir se réaliser un équilibre stratégique à un niveau d’armement minimal. Bien qu’ils augmentent légèrement leur arsenal nucléaire – le faisant passer à de nouvelles plates formes de projection, y compris les sous marins – de façon générale, ils pensent que l’on peut parvenir à la parité nucléaire au niveau le plus bas des ogives. Aussi, à cette étape ci, envisagent-ils une augmentation plutôt minime et limitée de leur propre armement, espérant que les autres grandes puissances nucléaires réduiront également leurs arsenaux.

 

Mais de façon générale, la Chine vit à l’intérieur du statu quo nucléaire. Les Chinois ne sont pas en train d’essayer de briser ce statu quo par leurs efforts de développement, bien que l’on assiste à une certaine modernisation. Cette situation pourrait changer et je pense que la question sur laquelle nous devons nous pencher du côté canadien est celle de la défense antimissile balistique et des modalités selon lesquelles la modernisation des systèmes d’armement par la Chine pourrait changer à mesure que le système de déploiement des Américains va de l’avant. Et ce, parce que du point de vue des Chinois, la défense antimissile ne concerne pas la Corée du Nord, elle concerne à long terme la Chine et l’armement de l’espace.

 

Incidences de l’approche américaine pour l’Inde

 

Il me semble évident que la réponse des États Unis au programme nucléaire de l’Inde a ouvert, non seulement un nouveau chapitre dans le domaine de la non prolifération, mais qu’elle a bel et bien inauguré un épisode tout à fait nouveau. Il ne s’agit pas essentiellement de la reconnaissance pragmatique qu’un pays possède les armes, a du pouvoir et exerce une influence au sein du système international pour amener les autres à accepter cette situation. Il s’agit de beaucoup plus que cela : il s’agit d’une approche tout à fait nouvelle quant à la façon de contrôler les nouveaux États possédant des armes nucléaires. Cela nous invite essentiellement à faire preuve de réalisme quant à la situation actuelle et à composer le mieux possible avec celle-ci, au lieu de penser que l’on peut faire marche arrière.

 

Bon nombre d’entre nous ici au Canada ressentent une profonde ambivalence face à l’entente conclue entre Washington et Delhi à propos du programme nucléaire. Nous sommes ambivalents parce que nous savons que cette situation va éventuellement envoyer des signaux qui vont – dans l’avenir – rendre plus ardu le contrôle des États qui sont sur le point de développer des armes nucléaires. Il s’agit en fait de reconnaître que le génie est bel et bien sorti de la lampe. La technologie évolue dans des directions telles que nous serons contraints de proposer de nouvelles règles et de nouvelles approches qui violeront l’esprit du Traité de non prolifération, et qui pourraient même encourager davantage la prolifération, mais dans un contexte où un contrôle plus étroit serait exercé sur ce qui existe. Aussi s’agit il d’un marché du diable. Il ne s’agit pas d’un programme que nous pouvons présenter comme étant un grand triomphe, il s’agit plutôt d’un effort pratique pour composer avec la situation actuelle.

 

Le président Bush est allé plus loin que n’importe quel autre de ses prédécesseurs, reconnaissant pratiquement la légitimité de l’Inde en tant qu’État possédant l’arme nucléaire. Je pense qu’il y a eu certains individus au sein de l’Administration qui percevaient l’Inde comme une puissance économique montante, comme une démocratie – et que ce fait est important dans le contexte américain – et qu’en tant que pays, les États Unis doivent composer avec cette situation. Une telle approche fait partiellement contrepoids à la Chine. Dans de nombreux milieux conservateurs aux États Unis, certains croient que de meilleures relations entre les États Unis et l’Inde constituent un moyen de faire contrepoids à la montée de la Chine. Mais je ne pense pas qu’il s’agisse là du principal facteur – la question essentielle est que vous avez en Asie du Sud un pays immense et important qui est lié à un pays immense et important, soit les États Unis. Les forces motrices sous-jacentes à cette dynamique sont en partie idéologiques, mais ce sont fondamentalement des intérêts économiques et sociaux qui sont en jeu, et qui voient l’Inde comme une puissance montante que l’on ne peut désormais ignorer, et qui doit être admise sous une nouvelle couverture nucléaire tout en entretenant également des relations plus poussées avec les États Unis et le Canada.

 

Une question d’équilibre délicat pour la Chine

 

De façon générale, les Chinois ne sont pas intéressés à voir apparaître d’autres États

possédant l’arme nucléaire, que ce soit en Asie ou dans d’autres régions du monde. En règle générale, ils souhaitent restreindre la prolifération. Mais dans les deux cas difficiles de l’Iran et de la Corée du Nord... Pour ce qui est de l’Iran, ils sentent qu’il y a possibilité d’une voie intermédiaire où un programme iranien ne produirait pas d’armes. Et de façon plus importante pour la Corée du Nord – qui est le voisin d’à côté – il s’agit d’un État qui possède probablement déjà un certain nombre d’armes nucléaires. Je pense que le véritable enjeu ici est que les Chinois ne souhaitent pas voir une Corée du Nord dotée de l’arme nucléaire, mais ils ne souhaitent pas non plus recourir à la coercition ouverte pour contrer cette tendance. Aussi, vivent ils dans une sorte de zone grise où ils ne souhaitent pas un résultat, mais où ils sont réticents à exercer de fortes pressions que ce soit sur l’Iran ou sur la Corée du Nord afin qu’ils abandonnent leurs programmes nucléaires ou qu’ils les assujettissent à de nouveaux contrôles. Il s’agit d’une question d’équilibre délicat pour les Chinois. Ils ont besoin de quelque chose de la part de l’Iran sur le plan économique. Et de la part de la Corée du Nord, ils ont besoin d’un État tampon – il s’agit d’un gouvernement qu’ils ne souhaitent pas voir s’effondrer même s’ils ne l’aiment pas nécessairement. Aussi, la Chine joue t-elle un jeu très complexe et délicat en tentant de restreindre la prolifération tout en veillant à entretenir des relations avec ces pays.

 

Ils recourent à des moyens unilatéraux en tentant d’exprimer leurs préoccupations aux gouvernements de l’Iran et de la Corée du Nord, en particulier – où sans exercer une mainmise, ils ont un certain type d’influence. Ils recourent à ce que j’appellerais des efforts de persuasion bilatéraux. Ce qui soulève une grande réticence chez les Chinois, c’est de voir entrer en jeu des « coalitions de partenaires pour une même cause » dans l’un ou l’autre de ces contextes. Ils ont l’impression qu’une telle situation les indisposerait probablement. Dans le contexte de la Corée du Nord – où a été mise en œuvre une initiative de sécurité contre la prolifération dans le but d’exercer des pressions sur les Nord Coréens – ils n’ont pas l’impression que des pressions de cette nature aboutiront à des résultats et, en fait, ils pensent qu’elles seront contre productives. Une telle situation rend les Nord Coréens plus nerveux et renforce même leur détermination à se procurer ces armes. Le genre de diplomatie qu’ils souhaiteraient voir émerger s’apparente aux pourparlers entre les six parties dans le cadre desquels les principaux acteurs intervenant auprès de la Corée du Nord discutent de la question avec les Nord Coréens. Les Chinois croient encore que la diplomatie peut fonctionner.