Affaires étrangères et du Commerce internationalGouvernement du Canada
Ministère des Affaires étrangères et du Commerce international

Affaires étrangères et Commerce international Canada

Nos bureaux

Le Canada à l’étranger

Services aux voyageurs canadiens

Services aux entreprises

Le Canada dans le monde

En manchette


Politique internationale


Discussion sur la politique gouvernementale


Programmes


Ressources


Recherche sur le site Web

À propos du Ministère

0
Le Canada dans le monde : Politique internationale du Canada
Ressources


Entrevue vidéo
Roméo Dallaire
Abonnement aux bulletins d'information et/ou avis par courrier électronique et baladodiffusion



Le lieutenant-général (à la retraite) honorable Roméo Dallaire discute de l’élimination des enfants soldats, de la suppression des armes légères et de l’importance du développement international.

Sénateur canadien, travailleur humanitaire, auteur et général (à la retraite), le lieutenant général honorable Roméo Dallaire a servi en tant que commandant des forces de la Mission d’assistance des Nations Unies au Rwanda (MINUAR). L’Ordre du Canada lui a été décerné en 2002. Salué par la communauté internationale, son livre « J’ai serré la main du diable – La faillite de l’humanité au Rwanda », a reçu en 2004 le Prix littéraire de la Gouverneure générale pour les études et essais. Roméo Dallaire travaille maintenant au problème des enfants touchés par la guerre.

Informations sur les discussions en ligne sur la politique internationale du Canada du MAECI:

 Voir l'actuelle discussion en ligne

 Non-prolifération, contrôle des armements et désarmement
    
  Questions et ressources

 Voir la bibliothèque d'entrevues vidéo




Entrevues vidéo
 

Note: Les opinions exprimées ne sont pas nécessairement celles du gouvernement du Canada.

  La responsabilité de la communauté internationale2 min 58 sec  

Windows Media l QuickTime


  Les enfants soldats

5 min 45 sec  

Windows Media l QuickTime 

(Les vidéolecteurs sont disponibles ici : QuickTimeWindows Media)


Transcription

La responsabilité de la communauté internationale

 

Le milieu de conflits dans lequel on se trouve, en ce qui a trait aux enfants, est un milieu dans lequel l’enfant n’est pas seulement victime, mais souvent aussi utilisé comme instrument. Victimes en étant complètement désaxés de tous les points de repères qu’ils ont, et souvent même de leur famille qui les rend totalement vulnérables, et de ce fait, comment leur donner un point de repère pour se restabiliser — souvent les ONG, même dans les camps de déplacés et de réfugiés, ont de la misère avec cela — de l’autre côté, ceux qui sont utilisés et recrutés de force pour être des enfants soldats et ultimement être utilisés dans des conflits. Alors le scénario dans lequel on se trouve aujourd’hui est qu’il y a un grand nombre d’enfants qui sont utilisés tant comme enfants soldats (dans toute cette structure-là), que des jeunes filles, en particulier, qui sont abusées par le viol, et ainsi de suite, pour créer un élément de peur dans la société pour pouvoir la contrôler. Mais ce qui n’est pas à négliger, c’est le fait que les enfants ont une capacité incroyable de se renouveler, de passer au-delà et de se rebâtir. Et l’effort pour reconstituer ces enfants-là par une éducation objective et en leur donnant des outils pour qu’ils puissent justement se valoriser, je pense que les ONG sont impliquées là-dedans mais que nous, nous ne le sommes pas assez.

 

Présentement, on a nécessairement les Nations Unies avec les chartes, les protocoles, les options sur le protocole des droits des enfants (pour ne pas utiliser les enfants en bas de 18 ans), on a le représentant spécial, mais on n’a pas vraiment assez de dents. On permet que des gouvernements et des organisations puissent recruter des enfants et les utiliser avec toute la panoplie d’armes : tant de tirer à une extrémité (être les éléments offensifs) que d’être les éléments logistiques et les esclaves sexuelles (des épouses de brousse). Alors dans cette utilisation de ces enfants, on ne réagit pas avec le dédain que cela appelle et, ne pas éliminer la disponibilité des armes légères rend ces enfants-là tout simplement efficaces. Si l’on poursuivait plus agressivement avec les processus d’élimination de la disponibilité des armes légères et des munitions pour ces armes légères, on enlèverait une des grosses raisons pour laquelle on utilise les enfants soldats.

 

 

Les enfants soldats

 

Tout le volet de la démobilisation est passé par nombre d’évolutions ou de processus d’évolution. Là où on démobilisait les enfants avec les adultes, on a réalisé qu’il fallait faire cela différemment. On a réalisé que les garçons et les filles sont affectés différemment justement par leurs expériences et qu’ils exigent aussi des programmes différents. Je veux dire que dans beaucoup de ces sociétés qui sont de dominance mâle, les garçons sont réhabilités d’une façon plus facile dans les familles de ces sociétés parce qu’ils ont fait l’exercice de guerriers. Mais pour ce qui est des filles, elles sont quasiment totalement d’une façon ou d’une autre violées ou ont des enfants, et à ce moment-là elles deviennent des éléments à l’extérieur des sociétés et de ce fait, sont moins acceptées et donc ont besoin d’un programme beaucoup plus développé pour leur permettre de se reconstituer comme individu complet et aussi de se rebâtir avec leurs enfants et permettre à la société de les ramener. Donc, moi je pense que souvent des éléments connexes comme l’« empowerment of women », leur donner la capacité d’avoir beaucoup plus d’autonomie et d’autorité dans ces sociétés, vont permettre la réintégration de ces filles-là d’une façon beaucoup plus facile et convenable. Et même là, leur donner des instruments, l’éducation et les compétences en dehors des rôles traditionnels d’emploi de femmes de ces pays. Ultimement, l’élément que je considère où rien n’a été fait, et que j’essaie de poursuivre, c’est celui des enfants chefs : les jeunes chefs et leaders qui ont entre 13 ans et 25 ans, qui ont été chefs dans la brousse, qui ont tout un potentiel énorme à offrir et qui ont le potentiel aussi de détruire tout le travail qui a été fait par d’autres parce que « tannés » d’être sur les bancs d’école dans les villages déjà démolis ou dans les camps de déplacés. Tout simplement, les autres dans la brousse leur donnent un certain respect — d’autorité du passé et de compétences — et ces jeunes chefs-là peuvent prendre les jeunes et les retourner dans la brousse et recommencer le banditisme, et ultimement aussi la rébellion. Alors pourquoi ne pas bâtir la capacité de choisir ce potentiel de leadership qui existe et de le développer dans des programmes de longue envergure. On a plein d’écoles, d’institutions ici qui développent des chefs; les pays ont besoin de chefs. Je ne parle pas juste d’élites, je parle de chefs et dans ce contexte-là, il n’y a aucun travail qui se fait pour réintégrer ces jeunes avec ces compétences pour être des chefs du futur. On ne fait que les « garocher » avec les autres et on met à risque tout le programme.

 

Nous ne sommes plus dans une ère de maintien de la paix. C’est un terme qui est absolument désuet. Le maintien de la paix c’était quand vous aviez une guerre classique et que vous cherchiez la paix classique mais nous sommes dans une période où nous sommes justement entre une paix simple et des guerres de grande envergure. On a rempli le « vacuum » de conflits. Nous sommes dans une période de résolution de conflits qui a à son extrême l’Afghanistan et de l’autre côté peut-être Haïti. Et dans ce contexte-là (dans la résolution de conflits), l’élément de reconstitution des nations est un élément fondamental et les enfants soldats qui sont souvent utilisés, les enfants qui sont souvent ciblés dans ces conflits ont besoin justement d’une capacité de se renouveler, de se dévêtir de ce passé-là. Je trouve que dans la résolution de conflits, on ne met pas assez l’emphase là-dessus et qu’on tend de façon simpliste à vouloir retourner à des procédures de neutralité et de contexte de maintien de la paix qui ne sont plus de notre temps. Nous sommes, depuis déjà au-delà de 15 ans, dans des scénarios d’énorme complexité à l’intérieur de pays qui sont en voie d’autodestruction. Dans ce scénario-là, on a besoin d’investir non seulement sur le côté de la sécurité mais aussi sur le côté diplomatique, humanitaire et de reconstitution de nation. Et notre pays, d’emblée, devrait être impliqué dans ce rôle-là parce que nous sommes une moyenne puissance et une des grandes puissances moyennes, et qui, dans son fondement, est basée sur les droits de la personne. Donner l’opportunité à des enfants de pouvoir s’émanciper et de pouvoir amener un futur plus positif dans un pays, ce sont des droits fondamentaux des êtres humains. Et donc, on a quasiment trébuché dans un rôle international de leader de l’avancement des droits de la personne et ce que je déplore c’est qu‘on semble réticent à prendre ce rôle de leadership-là, à réaliser qu’on a justement acquis ce rôle-là et cette responsabilité-là, et dans ce contexte à réagir. Et donc tout le volet de développement international de notre corps diplomatique, de notre capacité d’amener la sécurité par le milieu de la défense, qui ont été quasiment égorgés durant les années 1990, sont loin encore aujourd’hui d’atteindre les objectifs d’une puissance moyenne.