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Le Canada dans le monde : Politique internationale du Canada
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Steven Spiegel
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Steven Spiegel discute de la politique des États-Unis au Moyen-Orient et le rôle que les pays tels que le Canada peuvent jouer en apportant de nouvelles idées qui ont un impact sur la scène internationale.
 
Le Dr Spiegel est professeur en science politique à l'UCLA et est l'assistant directeur du Burkle Center for International Relations. Le Dr Spiegel a récemment été président international du programme sur la sécurité coopérative au Moyen-Orient pour l'Institut sur les conflits mondiaux et la coopération de l'Université de Californie à San Diego.

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Entrevue vidéo (en anglais avec transcription en français) 

Note: Les opinions exprimées ne sont pas nécessairement celles du gouvernement du Canada.

 Politique américaine au Moyen-Orient4 min 23 secWindows Media l QuickTime

 Le rôle du Canada

4 min 08 sec

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(Les vidéolecteurs sont disponibles ici : QuickTime l Windows Media)

Transcription:


Politique américaine au Moyen-Orient

 

Je suis professeur de sciences politiques à l’UCLA. Pendant 11 ans, j’ai été codirecteur du Burkle Center. Je suis présentement chef du Centre pour le développement du Moyen Orient (Center for Middle East Development) du Burkle Center. C’est à ce titre que je cherche à proposer des initiatives pour favoriser l’atténuation des conflits dans la région.

 

Je crois que les États-Unis sont confrontés à un certain nombre de problèmes au Moyen Orient, pour ne pas dire plus, et je pense que ces problèmes s’expliquent en partie par la tendance des États-Unis à hisser les questions de la région au rang d’enjeux mondiaux. Par le passé, cela s’est manifesté par notre tentative de lutter contre le communisme et de l’endiguer dans la région. Bien sûr, nous avons toujours été intéressés par le pétrole, mais nous avons aussi tendance à voir les choses en termes très larges – la lutte contre le terrorisme, la promotion de la démocratie – et nous avons tenté d’appliquer des principes mondiaux à l’échelle régionale. Comme nous l’avons vu tout particulièrement en Iraq, mais aussi dans le reste de la région, cette stratégie ne fonctionne pas toujours. Nous avons été déçus des élections et des effets qu’elles ont entraînés, que l’on pense à l’Iraq ou, évidemment, au Hamas. Et lorsque nous ne considérons pas les questions sur le plan mondial, nous sommes portés à le faire de façon très locale, comme dans le cas des questions israélo-palestiniennes. Par ailleurs, nous nous percevons maintenant comme des experts sur les conflits entre les chiites et les sunnites en Iraq. Nous devrions nous pencher davantage sur les problèmes régionaux, c’est-à-dire les répercussions possibles pour le reste de la région de nos actions en Iraq ou à l’endroit de l’Iran. Selon moi, c’est là que réside la grande faiblesse de la politique américaine et c’est sur quoi porte maintenant une portion de mon travail.

 

Des indices laissent penser que les États-Unis sont prêts à prendre part à des discussions contrôlées avec les Iraniens au sujet de l’Iraq, mais il n’est pas certain qu’ils soient prêts à aborder la question nucléaire. Au contraire, certains éléments donnent à penser que ce n’est pas le cas. Si, comme moi, vous croyez qu’il faudra tôt ou tard entamer un quelconque dialogue avec les Iraniens pour régler le dossier nucléaire, le Canada aura un rôle crucial à jouer, et ce, parce qu’il est très près des États-Unis, non seulement du point de vue géographique, mais aussi sur le plan diplomatique, notamment, surtout sous le nouveau gouvernement. Nous aurons aussi besoin du Canada en raison du respect que lui vouent les pays de la région. Dans cette perspective, le Canada occupe une position unique. Il n’a pas participé aux pourparlers européens; il n’est ni la France, ni le Royaume-Uni, ni l’Allemagne. Son histoire est différente. Il est cependant conscient de l’importance de prévenir si possible et de contrôler si nécessaire toute option militaire que pourrait adopter l’Iran par rapport à la question nucléaire. Ainsi, j’estime que le gouvernement canadien pourrait jouer un rôle d’une grande importance, et ce, à trois égards. En premier lieu, il pourrait favoriser le dialogue, de préférence à l’occasion de discussions officielles. Deuxièmement, il pourrait promouvoir les dialogues en marge des pourparlers officiels, mais qui conduisent à ceux-ci. Il s’agit d’un élément crucial où le Canada peut laisser son empreinte. Enfin, le Canada peut proposer des idées inédites pour résoudre le conflit. Si le Canada allait de l’avant, une initiative de sa part pourrait être d’une grande utilité, surtout si elle fait l’objet d’une coordination avec les États-Unis. L’administration américaine actuelle s’est montrée très réceptive aux initiatives d’autres pays qui sont coordonnées avec elle, en particulier dans la dernière année. À cet égard, les Français, les Britanniques et les Allemands ont été, selon moi, très efficaces. Même les Russes ont su présenter une initiative qui a reçu l’appui des États-Unis, à savoir l’enrichissement de combustible nucléaire par leur pays à l’intention des Iraniens. Le Canada pourrait en faire autant.

 

Le rôle du Canada

 

Le Canada a joué un rôle important par le passé. Que l’on pense à l’illustre premier ministre Pearson, et à sa force des Nations Unies au Sinaï créée en 1956, mais aussi, plus récemment, au processus multilatéral au profit des réfugiés dans les années 1990. Le Canada a joué un grand rôle dans de telles situations, entre 1956 et les années 1990, et je crois que des pays comme lui peuvent en faire autant. Je ne parle pas de ramener la paix entre les Arabes et les Israéliens ou de trouver une solution à la guerre en Iraq, mais plutôt d’apporter de nouvelles idées susceptibles d’avoir un effet sur la scène internationale. Bien sûr, nous avons grand besoin de nouvelles idées sur les mesures à prendre en Iraq. Je ne fais pas référence à la campagne militaire, mais à la tentative de calmer le jeu de l’intérieur et au rôle des puissances extérieures.

 

On peut penser à la situation en Iran, où la force nucléaire de ce pays, et le simple fait d’en parler, est devenue un grand facteur de déstabilisation dans la région. Ou il pourrait s’agir de rapprocher les parties dans le cas du conflit israélo-arabe, de s’engager dans la diplomatie officieuse, dont le rôle ne cesse de croître au Moyen-Orient, d’offrir des appuis sous forme de fonds ou de commandites. Ou même d’organiser des discussions au Canada étant donné qu’il est maintenant très difficile de se rendre aux États-Unis (obstacles à l’obtention de visas, refus de certaines personnes d’y aller). Le Canada ne présente pas ce genre de difficultés et pourrait donc être un joueur clé dans les négociations sur la force nucléaire iranienne, sur la démocratie et l’incidence des développements économiques, particulièrement dans le cas du conflit israélo-arabe et de l’Iraq. Le Canada peut jouer un rôle considérable s’il fait preuve d’imagination et de créativité.

 

Je crois que c’est en tant que partenaire des États-Unis que le Canada est le plus efficace, même s’il a souvent une perspective plus large parce que, en tant que puissance plus modeste, il n’a jamais menacé personne et a plus d’amis, d’une certaine façon… Ainsi donc, par la coordination avec les États-Unis, par la compréhension de l’importance de la relation américano-israélienne, qui constitue selon moi un moyen de réaliser une politique efficace dans la région… Par le passé, par exemple dans les années 1950, 1960 et 1970, la relation américano-israélienne n’était pas définie aussi clairement qu’aujourd’hui. Lorsqu’elle sera pleinement définie, nous pourrons aller de l’avant dans le dossier israélo-arabe et trouver une solution satisfaisante pour les deux parties. À cet égard, le Canada peut influer sur le cours des choses.

 

Je crois que c’est quand le Canada ne collabore pas avec les États-Unis qu’il s’attire des ennuis et qu’il est moins efficace. Il est vrai que les Canadiens avaient de sérieuses réticences par rapport à notre politique iraquienne. C’était aussi le cas pour beaucoup de gens dans le monde et pour bien des Américains. Il y aura des dossiers dans lesquels le gouvernement canadien ne pourra pas collaborer avec les États-Unis, et bien sûr, c’est votre prérogative de ne pas le faire quand vous n’êtes tout simplement pas d’accord avec nous. Cependant, j’estime que le Canada est le plus efficace sur le plan diplomatique quand il peut collaborer avec les États-Unis et peut-être même nous devancer, mais pas à un point tel que cela entraîne un conflit entre nos deux pays. C’est dans ces conditions que le Canada est le plus efficace, peu importe la question : Israël, les États arabes, l’économie, les mesures en faveur de la démocratie, le dossier iraquien ou iranien. Je pense qu’il s’agit d’une leçon qui a probablement été tirée de l’expérience des dernières années : lorsque vous pouvez collaborer avec Washington, il est dans votre intérêt de le faire. Espérons que ce sera le cas à l’avenir.