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Le Canada dans le monde : Politique internationale du Canada
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Entrevue vidéo
Geoffrey Oyat
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Geoffrey Oyat se penche sur l’utilisation des enfants soldats et les enlèvements en Ouganda, traite de l’éducation comme outil de protection pour l’enfance et fait état des mesures qui devront être prises à l’avenir.

 

Geoffrey Oyat travaille à Sauvez les Enfants (SE) en Ouganda, où il est gestionnaire du programme des enfants affectés par les conflits et les catastrophes. Sauvez les Enfants en Ouganda est un amalgame des programmes SE du Royaume-Uni, du Danemark et de Norvège et offre des programmes complets aux enfants touchés par le conflit armé dans le nord et l’ouest de l’Ouganda. À titre de bénévole, Geoffrey est également coordonnateur national de la Coalition pour mettre fin à l’utilisation des enfants soldats en Ouganda; il est aussi chercheur associé à l’Institut Liu pour les études mondiales à l’Université de la Colombie-Britannique.

 Surveillance et communication des renseignements relatifs aux violations des droits des enfants dans les conflits armés

Informations sur les discussions en ligne sur la politique internationale du Canada du MAECI:

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Entrevues vidéo  (en anglais avec transcription en français )

Note: Les opinions exprimées ne sont pas nécessairement celles du gouvernementdu Canada

 La protection des enfants en Ouganda   3 min 02 sec Windows Media | QuickTime

 
Pas de refuge pour les contrevenants
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 Faire plus que voter des lois
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(Les vidéolecteurs sont disponibles ici : QuickTimeWindows Media)


Transcription

La protection des enfants en Ouganda


Je m’appelle Geoffrey Oyat, et je suis responsable de la protection de l’enfance à Sauvez les enfants en Ouganda. Je suis aussi le coordonnateur national de la Coalition pour mettre fin à l’utilisation des enfants soldats en Ouganda.

Sauvez les enfants et la Coalition réclament que l’on limite à 18 ans le recrutement et l’emploi des jeunes dans tout groupe armé ou gouvernemental, et c’est pourquoi nous nous employons à faire retirer les enfants des groupes de l’Armée de résistance du Seigneur (ARS). Il s’agit ici essentiellement de faire en sorte que l’on cesse d’enlever les enfants du nord de l’Ouganda et d’éviter qu’ils soient incorporés dans ces groupes armés. En tant qu’organisation humanitaire, nous n’avons pas accès à ces groupes. Voilà pourquoi notre travail dans le nord consiste surtout à protéger les enfants qui n’ont pas été enlevés. Et à ceux qui ont la chance de s’en sortir, nous offrons des services de réinsertion sociale.

 

Mais si vous avez lu les rapports annuels du Secrétaire général sur les enfants dans les conflits armés, vous savez aussi qu’il y a deux autres entités également accusées de recrutement et d’utilisation d’enfants soldats : l’armée ougandaise, ou Forces de défense du Peuple ougandais (FDPO), et les Unités de défense locales. Il s’agit donc de groupes gouvernementaux ou affiliés au gouvernement, et nous réclamons du gouvernement qu’il mette en place des mesures de recrutement excluant les enfants. De même, si l’on découvre qu’un mineur s’est engagé dans l’armée ou une unité de défense locale, nous exigeons son retrait immédiat. En ce moment, nous multiplions nos efforts de ce côté pour faire en sorte que la Loi sur les FDPO, qui régit l’armée, criminalise ce type de recrutement, de manière que tout agent du gouvernement qui ne prendra pas les précautions voulues pour interdire la conscription d’enfants par l’armée ou les milices locales soit sanctionné.

 


Pas de refuge pour les contrevenants

 

Côté prévention, notre action dans le nord de l’Ouganda porte sur les enlèvements et le recrutement comme tel. Pour éviter les enlèvements, la mesure de prévention par excellence est une meilleure protection des villages où vivent les enfants, une meilleure protection des camps. Dans ce dernier cas, il s’agit d’y voir. Et bien sûr, nous sommes au courant des procédures de la Cour pénale internationale où sont inculpés en ce moment les chefs de l’ARS. Nous sommes heureux que le recrutement d’enfants fasse l’objet de l’une des accusations qui ont été portées contre eux. Nous croyons que c’est le bon message qu’on envoie ainsi, à savoir qu’il n’y a pas de refuge pour ceux qui recrutent et utilisent les enfants.

 

En ce qui concerne le recrutement pratiqué par le gouvernement et ses groupes affiliés, après vingt ans de conflit, l’économie est en ruines, la vie des gens est délabrée. Nous voyons bien qu’entre en jeu des facteurs d’attraction, et que des mineurs en viennent à s’imaginer que seule l’armée peut leur offrir un avenir, comme soldats ou à un autre titre. Nous, les acteurs sur place et les bailleurs de fonds, devons donc en tenir compte. Comment allons-nous améliorer le sort de ces enfants qui vivent dans une pauvreté absolue et faire en sorte qu’ils cessent d’entrevoir un avenir dans les groupes armés? Nous réclamons bien sûr l’établissement d’un registre des naissances et des décès. Comme le gouvernement de l’Ouganda n’a pas de système d’enregistrement des naissances, des enfants peuvent se glisser dans l’armée parce qu’il est impossible de vérifier l’âge des recrues. Le gouvernement peut donc s’entendre avec les autorités locales pour falsifier l’âge des recrues. L’UNICEF cherche à contrer ce problème depuis longtemps, et on est encore loin d’une solution, c’est donc à se demander où réside le problème. Les Nations Unies doivent prendre l’initiative. Le gouvernement de l’Ouganda doit voir à ce que, dans les zones à risque élevé, tous les enfants aient un certificat de naissance en bonne et due forme.

 

Faire plus que voter des lois

 

Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, la plupart des conflits sont de nature intérieure, et la plupart sont des conflits qui s’éternisent. D’où ces crises humanitaires chroniques où il s’écoule des décennies avant qu’apparaisse le moindre espoir de solution : 20 ans dans le cas de l’Ouganda, 30 ans dans le cas du Sud-Soudan. D’où toutes ces vies délabrées. Il faut donc faire bien plus que voter des lois interdisant le recrutement des enfants. Nous devons envisager des moyens qui permettront à ces enfants de gagner leur vie autrement. Moi qui cherche à mettre fin à l’utilisation des enfants soldats, je me sens désemparé quand je vois ces enfants qu’on cherche à retirer de l’armée et qui me regardent comme si je leur voulais du mal.

 

Nous devons donc nous employer à trouver des moyens pour que ces communautés ravagées, même après un conflit de dix ans, puissent encore scolariser ces jeunes, car nous savons que l’éducation peut les protéger. Plus l’enfant est scolarisé, moins il sera enclin à s’enrôler. En Ouganda, les enfants qui achèvent l’école primaire ont 12, 13 ou 14 ans, mais ils ne peuvent passer au secondaire parce qu’ils n’en ont pas les moyens. Pourquoi ne pas assurer l’accès universel aux études secondaires? Si l’adolescent ougandais fait son secondaire, il en aura pour six ans de plus. Si l’on additionne 14 et 6, cela lui fait 20 ans, et le problème des enfants soldats disparaît, étant donné qu’il sortira de l’école secondaire à 20 ans, ou 18 s’il a commencé tôt. On ferait donc beaucoup de chemin si un pays comme le Canada finançait des mesures comme celle-là : les enfants resteraient à l’école plus longtemps, et, dans le cas de l’ARS, il y aurait de meilleures mesures de protection dans les camps pour personnes déplacées à l’intérieur du territoire.


Le Canada s’est fait le champion de la responsabilité de protéger, nous avons même fait reconnaître ce principe aux Nations Unies plutôt que d’en faire le jouet des divers conseils de la sécurité humaine. Comment aller plus loin maintenant? Je pense que vous contribueriez grandement à résoudre le problème des enfants soldats si vous vous en teniez à la protection physique des civils en situation de conflit et à la prévention, et si vous vous limitiez aussi à la promotion de l’éducation comme mesure de protection. Il y a encore d’autres questions, bien sûr, comme la création d’un registre des naissances et des décès. Si c’est le financement de ces mesures qui fait problème, vous pourriez aussi donner un coup de main de ce côté.