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Le Canada dans le monde : Politique internationale du Canada
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Entrevue vidéo
Chris Alexander
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Chris Alexander discute de l'engagement du Canada en Afghanistan.

Chris Alexander est l'ancien ambassadeur canadien en Afghanistan (2003-2005).

 L'Afghanistan et la politique internationale du Canada

Informations sur les discussions en ligne sur la politique internationale du Canada du MAECI:

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Entrevues vidéo 

Note: Les opinions exprimées ne sont pas nécessairement celles du gouvernementdu Canada.

 Le contexte afghan3 minutesWindows Media l QuickTime

 Les équipes provinciales de reconstruction 
 
5 minutes
  
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 L'entreposage des armes lourdes                              

 
6 minutes

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 Le déminage

 
4 minutes 
  
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(Les vidéolecteurs sont disponibles ici : QuickTimeWindows Media)



Transcription


Le contexte afghan

L'un des secrets du succès canadien en Afghanistan en ce moment, c'est que notre implication, nos engagements tendent à être directement reliés à l'ordre du jour. Alors que nous suivions l'agenda de Bonn, la feuille de route internationale pour le rétablissement des institutions afghanes et de l'autorité centrale du pays, l'emphase était clairement mise sur Kaboul. Nous devions reconstituer des ministères alors qu'il n'y en avait aucun, nous assurer que le pays accueillait la Loya Jirga pour façonner une nouvelle constitution - les Canadiens avaient un rôle central ici -, nous assurer que le président par intérim, le Président Karzai, prenait part à une élection qui rencontrait les normes internationales, ce qu'il a fait avec grand succès de toute évidence. Ici aussi, la Force internationale d'assistance à la sécurité et la communauté internationale centrées à Kaboul ont joué un rôle très important de support.

Avec les élections parlementaires qui se tiendront en septembre (2005), l'agenda de Bonn semble complété. La communauté internationale demeurera engagée ici sous la commande de l'ONU, avec l'OTAN et ainsi de suite, pour les années à venir. Et, d'après moi, le test ultime de notre disposition à mettre l'Afghanistan sur un nouveau chemin de stabilité et de prospérité aura lieu dans l'ère qui suivra l'agenda de Bonn, alors que nous serons mis au défi de garder nos engagements en dehors d'une période d'intervention d'urgence, en dehors d'une période d'intervention suivant immédiatement un conflit.

Un peu partout dans le monde, nous avons été bons dans les premières années qui ont suivi un conflit, mais ce ne fut pas nécessairement le cas lorsqu'il était question de maintenir notre engagement. Mais le Canada démontre qu'il est prêt cette fois à demeurer sur la route à suivre et à ajuster, remodeler et restructurer ses engagements pour s'assurer non seulement qu'ils sont pertinents, mais aussi de haut niveau. Et c'est ce qui se passe à Kandahar.


Les équipes provinciales de reconstruction 

Ancien ambassadeur Chris Alexander

Affaires étrangères Canada (
AEC)

Les équipes provinciales de reconstruction (EPR) n'existaient pas lorsque nous sommes allés à Kandahar la dernière fois, en 2002, car elles ne datent que de 2003 et 2004. Aujourd'hui, le réseau d'EPR est au cour de l'action des forces militaires internationales en Afghanistan. Les combats ne sont plus à l'ordre du jour. Certes, on se bat encore. En fait, au printemps, les gens ont été consternés par la force de l'insurrection, même après les élections présidentielles. Mais reste que c'est encore une insurrection de faible niveau. Chacun de ces groupes, une fois détecté, possède des chances de survie très minces, et ils sont incapables de désorganiser les activités du gouvernement afghan. Nous avons vu qu'ils n'ont pas pu perturber les élections de façon significative.

L'heure est aux activités de stabilisation. Dans tout le pays, 21 équipes provinciales de reconstruction couvrent 34 provinces - deux provinces sur trois, donc - sous le commandement de la Force internationale d'assistance à la sécurité (FIAS) et de la coalition. Le Canada prendra le commandement de l'une d'entre elles, de l'une des plus importantes, actuellement commandée par les États-Unis, donc par la coalition initialement, pour préparer la voie à la prise en charge des trois quarts du pays par l'OTAN en 2006.

 

Lieutenant-colonel Jim Faldwell
Ministère de la défense nationale et des Forces canadiennes (MDN/FC)

Lorsque nous établirons  l'EPR en août 2005, nous travaillerons en fait pour les Américains, qui contrôlent la région située au sud, et qui relèvent du commandement des forces multilatérales en Afghanistan, la force de coalition commandée par les États-Unis pour la « guerre contre la terreur ». Puis, lorsque la FIAS et l'OTAN assureront la transition et prendront le contrôle de la région située au sud en février 2006, alors le Canada entrera en action et fournira le quartier général de commandement régional pour cette région et une force opérationnelle de 750 soldats au maximum, outre l'EPR qui en comptera 250.

Des éléments de l'ACDI et des Affaires étrangères seront intégrés dans l'EPR; ce sera donc une équipe tout à fait 3D que nous enverrons à Kandahar. En ce moment, à cause de la situation de la sécurité, les militaires vont la commander et y fournir le plus gros élément, mais, en restant réalistes, nous prévoyons que, dans l'avenir, les besoins militaires vont diminuer et les éléments visant la réforme des secteurs public et privé vont y prendre de l'importance.

 

Yannick Hingorani
Agence canadienne de développement international (ACDI)

Nous finançons aussi de grands programmes comme le Programme de stabilisation de l'Afghanistan, par lequel le gouvernement veut étendre sa présence administrative dans les provinces en développant l'infrastructure gouvernementale, les édifices publics et les palais de justice, et en formant des fonctionnaires pour qu'ils puissent élaborer et dresser des plans de développement provinciaux plus tard. C'est un programme énorme pour l'ACDI. Nous y avons mis 12 millions de dollars déjà, ce qui est appréciable. Nous allons compléter le travail de l'équipe provinciale de reconstruction, qui doit s'établir à Kandahar en août, et dont les objectifs consisteront à stabiliser la province et à promouvoir un niveau de stabilité devant permettre aux acteurs du développement de venir à Kandahar et d'entrer en action.



L'entreposage des armes lourdes        

L'Afghanistan est encore un pays instable. Il est armé jusqu'aux dents : on y trouve encore un des plus gros arsenaux d'armes et de munitions du monde. Et lorsque l'ambassade a ouvert ses portes ici, le gros de la puissance militaire ne se trouvait pas aux mains du gouvernement naissant, mais d'une armée qui avait combattu les Talibans, et qui avait été assemblée plus ou moins au petit bonheur, avec des commandants qui avaient fait leur réputation dans le djihad, dans la guerre civile, et qui faisaient la pluie et le beau temps. Ces gens qu'on appelle par convention chefs de guerre, leur règne n'est pas aussi glorieux que ce nom le laisse supposer, mais ils menaient la barque. Un de nos défis, les Canadiens, lorsque nous sommes arrivés, a été de faire accepter l'idée de démilitariser l'Afghanistan. Il était clair que le conflit armé n'allait pas éclater de nouveau. Il subsistait un faible niveau d'insurrection, les Talibans continuant d'infiltrer des parties du pays et d'attaquer toutes les cibles qu'ils trouvaient, mais la guerre à grande échelle était finie. La question était la suivante : comment créer de l'espace pour les institutions civiles et pour la vie économique qui a tellement besoin d'être rétablie dans ce pays?

Ces événements ont été racontés déjà, mais il est bon de les rappeler. En août 2003, un des problèmes les plus évidents que posait la situation à l'époque et qui avait frappé Andrew Leslie, commandant adjoint de la FIAS, général « deux étoiles » canadien, ainsi que nous, à l'ambassade, et les autres Canadiens qui observaient la situation d'un regard neuf, c'est qu'il y avait des centaines de chars d'assaut, de systèmes d'artillerie et autres armes lourdes à Kaboul qui n'étaient pas sous le contrôle de l'État. Ils étaient gardés dans des garnisons loyales à des factions souvent déterminées par leur affiliation ethnique, dont les commandants étaient d'une façon ou d'une autre dévoués à ces chefs de guerre. Tant que les armes lourdes seraient entre leurs mains, le pouvoir, l'influence, l'impunité de ces chefs de guerre resteraient importants.

Nous avons posé la question : ne fallait-il pas procéder à l'entreposage des armes lourdes? Et la réponse initiale est venue d'amis et d'alliés qui étaient ici depuis plus longtemps que nous. Ils pensaient que ce serait peut-être un peu ambitieux pour le moment, ils n'étaient pas sûrs que ça passerait, ils croyaient que ça pourrait avoir un effet déstabilisant, que les gens étaient très attachés à leurs armes après tout. Nous avons dû revenir à la charge à plusieurs reprises, mais, pour être honnête, il faut dire que pas mal de gens à Kaboul étaient séduits par cette idée et regrettaient de ne pas l'avoir eue eux-mêmes.

Il a fallu des semaines et des mois pour constituer un petit consensus international sur l'opportunité d'une telle politique. Ensuite, il a fallu jusqu'à la fin de l'année pour faire bouger les premières armes lourdes. Mais quand ça s'est produit, ça a été très symbolique. Ça a aidé à étoffer cette idée de démilitarisation - l'idée qu'on pouvait et qu'on devait demander aux gens de désarmer après 25 ans de guerre. Et qu'en réduisant l'espace occupé par les forces militaires et en unifiant leur commandement sous l'autorité de l'État plutôt que de le laisser à un assortiment diffus de commandants, il était possible de rééquilibrer le pouvoir dans le pays et de donner à l'économie, aux secteurs sociaux, aux secteurs civils, une bouffée d'oxygène.

Dix-huit mois plus tard, 9 000 armes lourdes sont entreposées dans l'ensemble du pays. Il a fallu près de six mois pour y arriver à Kaboul. Nous pensions qu'il s'agissait d'une ou deux centaines de systèmes d'armement; il y en avait en fait au-delà d'un millier. Sur la lancée de ce succès obtenu ici à Kaboul, la communauté internationale - et les Afghans - ont entrepris d'appliquer le concept à l'ensemble du pays. Nous avons maintenu le programme, continué de le financer, continué de le promouvoir à toutes les occasions, de fournir une politique et l'impulsion nécessaire. Mais au bout du compte, ça a été fait à l'échelle nationale, non pas par la FIAS, non pas sous la menace crédible d'une force militaire, mais par les Afghans, avec le soutien de l'ONU. Cela a montré à quel point l'idée s'était imposée rapidement, à mesure que les gens en réalisaient le bien-fondé. Et c'est une réalisation de taille. C'est un des hauts faits de la démilitarisation du pays.



Le déminage


L'entreposage des armes lourdes est une des questions où le Canada a joué un rôle prépondérant et a investi ses ressources sur le terrain, ici, en faisant probablement ainsi la meilleure utilisation possible. C'est un exemple classique. Mais le défi le plus grand, dans un pays comme celui-ci, est la démilitarisation, et les armes lourdes ne sont qu'un élément d'un très long programme en Afghanistan. L'autre domaine dans lequel nous avons assumé (et continuons de le faire) un rôle de chef de file à certains égards, avant même que les Talibans ne tombent, est celui de l'action contre les mines. Je soutiendrais que l'Afghanistan est le pays le plus touché par les mines dans le monde. Certains prétendront que l'Angola et le Cambodge viennent avant mais, en termes absolus, si l'on tient compte de la quantité de mines sur le sol, personne ne pourra citer un exemple plus flagrant que l'Afghanistan.

Ce pays n'est pas simplement touché par les mines; c'est un endroit où les champs de mines tuent et blessent des gens chaque jour. La présence de mines représente une énorme entrave au rétablissement du pays, car les champs de mines ont tendance à être groupés autour des endroits habités; les mines touchent surtout les terres arables fertiles, qui ne représentent qu'un infime pourcentage de l'ensemble du territoire. Il est donc réellement urgent de s'occuper des mines dans ce pays, ainsi que des conséquences de tant d'années de souffrances. C'est sans doute, objectivement, le pays du monde où les personnes blessées par les mines, utilisant des prothèses, amputées, handicapées ou affaiblies d'une manière ou d'une autre par les mines, sont les plus nombreuses. Le fait d'avoir affaire à ce milieu est un immense défi pour aller de l'avant. 

Il y a donc place pour l'innovation et pour l'investissement dans tous ces secteurs en Afghanistan. Dès le début - et avec grand succès, d'ailleurs - le Canada a essayé de stimuler les efforts internationaux dans ce domaine. Les 
7 000 personnes qui travaillent à temps plein au déminage dans ce pays représentent le groupe le plus important qui existe dans le monde. Ils ont fait d'énormes progrès : entre le tiers et la moitié des sols minés de ce pays ont été rétablis d'une façon ou d'une autre. Mais il est difficile de mesurer ces choses et on découvre chaque jour de nouveaux champs de mines, car établir un relevé de ce genre n'est pas une science exacte. À la cadence actuelle, l'objectif d'un Afghanistan exempt de mines ne sera atteint qu'en 2012.