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Le Canada dans le monde : Politique internationale du Canada
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Entrevue Vidéo

Jean-Pierre Maulny

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Jean-Pierre Maulny discute de la faiblesse générale des instruments de contrôle de la non-proliféation et du désarmement ainsi que de la réelle influence de la communauté internationale au chapitre du désarmement.

 

Jean-Pierre Maulny est directeur adjoint de l' IRIS (Institut de Relations Internationales et Stratégiques) en Paris, France. Il est responsable à l'IRIS des questions liées à l'industrie d'armement et aux ventes d'armes.

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Non-prolifération, contrôle des armements et désarmement
      
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Entrevue vidéo 


Note: Les opinions exprimées ne sont pas nécessairement celles du gouvernement du Canada.

 

 Les différents aspects du désarmement 3 min 26 sec Windows Media l QuickTime 

 Les instruments et institutions

3 min 53 sec
  

 

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Transcription


Les différents aspects du désarmement

 

Je suis Jean-Pierre Maulny, directeur adjoint de l’IRIS [Institut de relations internationales et stratégiques]. Mes sujets et thèmes de recherche sont la politique européenne de sécurité et de défense (donc la PESD), la question de la politique d’armement et également la question de désarmement. La communauté internationale aujourd’hui fait face à un affaiblissement de manière générale des instruments de non-prolifération, de désarmement et de contrôle de désarmement. Je pense que c’est lié à la situation internationale générale, avec un pays, les États-Unis, une superpuissance militaire, donc, qui a peut-être moins besoin de ces instruments de désarmement qui ont parfaitement fonctionné, je dirais pendant une décennie ou une décennie et demie, c’est-à-dire entre 1980 et 1995. Donc à la fois un pays qui a moins besoin de ces instruments de désarmement et puis des pays qui sont, je dirais, en rébellion face au système international. Alors je ne sais pas si on peut les appeler « rogue states » — ça c’est une terminologie américaine —, mais il est vrai que c’est une situation qui fait qu’effectivement un certain nombre de pays ont tendance aujourd’hui à proliférer, et c’est notamment la question du nucléaire avec l’Iran comme on peut le voir aujourd’hui.

 

Alors, ce qui est vrai c’est qu’il faut faire une distinction entre ce que l’on pourrait appeler les forums de désarmement stratégiques, c’est-à-dire qui intéressent au plus haut point la stabilité internationale et c’est notamment la question du nucléaire et éventuellement du désarmement conventionnel (puisque l’on ne voit pas à l’heure actuelle de désarmement conventionnel mais on en a vu à la fin des années 80 avec le traité sur les forces conventionnelles en Europe). Donc ces forums de désarmement stratégique n’avancent pas aujourd’hui, n’avancent pas ou reculent parce qu’encore une fois il n’y a pas d’intérêt des États-Unis dans ce domaine ni d’ailleurs d’intérêt d’un certain nombre d’autres puissances qui veulent au contraire rétablir l’équilibre comme la Chine par exemple. Et puis, vous avez ce que j’appelle le désarmement humanitaire, qui n’est pas un désarmement stratégique, qui est un désarmement poussé plutôt par la société civile et les ONG et ce désarmement, lui, peut avancer, souvent relayé par des pays de moindre importance comme le Canada, l’Autriche et la Suède. Dans le sens où ces initiatives en matière de désarmement ne gênent pas nécessairement les États-Unis, et bien on voit que ces dossiers de désarmements peuvent avancer tel qu’on l’a vu avec la Convention sur les mines antipersonnel, et comme on pourra le voir dans le futur avec les armes légères ou avec la question des sous-munitions qui est, je dirais, un dossier annexe à celui des mines antipersonnel.

 

 

Les instruments et institutions

 

Je ne sais pas si les instruments de désarmement sont en tant que tels affectés par les acteurs non étatiques. Ce que l’on peut voir effectivement c’est que, par exemple, aujourd’hui, la Conférence du désarmement de Genève n’avance pas vraiment. Quand je dis que la société civile et les ONG sont des acteurs qui poussent au désarmement, notamment pour le désarmement humanitaire, bien en cela, je dirais, qu’elles favorisent bien au contraire les instruments de désarmement même si ça ne passe pas par les structures officielles (comme la Conférence du désarmement), comme on a pu le voir avec la Convention sur les mines antipersonnel qui finalement a été négociée en dehors de cette conférence. Donc ces acteurs-là, je dirais, joueraient plutôt un rôle positif mais en dehors effectivement des instruments habituels internationaux.

 

On voit bien avec le Traité de non-prolifération, qui fonctionne difficilement, c’est-à-dire qu’à la fois on voit bien que les pays qui maîtrisent la technologie nucléaire renforcent les instruments de non-prolifération. Je dirais que toutes les initiatives qui ont été prises ces dernières années sont de bonnes initiatives, mais je dirais que l’on a oublié le problème des pays « proliférants » et que les pays proliférants sont la base d’une rupture de l’égalité. C’est le cas avec le Traité de non-prolifération puisque fondamentalement, ce qui pousse ces pays à proliférer, c’est le raisonnement : « Pourquoi s’interdirait-on ce que l’on a autorisé à d’autres? », sachant qu’avec l’Iran la question est encore plus compliquée puisque le programme d’enrichissement est, je dirais, un programme naturellement civil. Donc sur une base légale on n’aurait pas le droit d’interdire normalement à l’Iran d’avoir un programme d’enrichissement civil. Mais en même temps personne n’est dupe parce que ce programme n’est d’aucune utilité civile et tout le monde sait qu’effectivement il peut y avoir une finalité militaire. Mais c’est un dossier qui est extrêmement difficile à porter pour la communauté internationale face à l’Iran.

 

Je dirais qu’elle [la communauté internationale] devrait avoir une influence importante. Si l’on regarde la réalité d’aujourd’hui, je dirais que l’ONU n’arrive pas à avoir de rôle important dans ce domaine tout simplement parce que les intérêts des uns et des autres sont divergents et c’est ce qui fait que l’ONU est paralysée sur ce sujet. Si on prend l’Union européenne, si on regarde un petit peu plus dans le détail, on s’aperçoit que vous avez malgré tout des zones d’activité qui ne sont pas mineures dans le domaine du désarmement et je pense notamment au code de conduite européen sur les exportations d’armements qui est, je dirais, un socle minimum qui encadre les politiques d’exportation d’armements des pays membres de l’Union européenne et qui est, je dirais, une norme qui naturellement pourrait s’étendre à d’autres pays que l’Union européenne. Donc l’Union européenne joue un rôle positif dans ce domaine mais dans un secteur encore une fois très particulier, celui de la politique d’exportation d’armements conventionnels et du contrôle des armes conventionnelles.