Affaires étrangères et du Commerce internationalGouvernement du Canada
Ministère des Affaires étrangères et du Commerce international

Affaires étrangères et Commerce international Canada

Nos bureaux

Le Canada à l’étranger

Services aux voyageurs canadiens

Services aux entreprises

Le Canada dans le monde

En manchette


Politique internationale


Discussion sur la politique gouvernementale


Programmes


Ressources


Recherche sur le site Web

À propos du Ministère

0
Le Canada dans le monde : Politique internationale du Canada
Ressources


Entrevue Vidéo 

Wade Huntley
Abonnement aux ebulletins d'information et/ou avis par courrier électronique et balado-diffusion



Wade Huntley discute du désarmement nucléaire et de la non-prolifération, des priorités et buts du Canada dans la promotion du désarmement et du contrôle des armes, de la relation nucléaire entre les États-Unis, l'Inde et la Chine et commente sur le future de la NCAD.
 
Le Dr Huntley est le directeur du Simons Centre for Disarmament and Non-Proliferation Research au Liu Institute for Global Issues, UBC.
 
 

Informations sur les discussions en ligne sur la politique internationale du Canada du MAECI:


 Voir l'actuelle discussion en ligne


Non-prolifération, contrôle des armements et désarmement
      Questions et ressources


 Voir la bibliothèque d'entrevues vidéo
 




Note: Les opinions exprimées ne sont pas nécessairement celles du gouvernement du Canada.

Entrevue Vidéo (en anglais seulement - transcriptions en français ci-dessous)


 Introduction à la non-prolifération et au désarmement2 min 59 sec Windows Media | QuickTime   

 Le rôle du Canada dans le désarmement, le contrôle des armements et la consolidation de la paix

2 min 20 sec
 

Windows Media | QuickTime
  

 Non-prolifération en Inde et en Chine

2 min 09 sec
 

Windows Media | QuickTime
  

 Priorités et obstacles

3 min 54 sec
 

Windows Media | QuickTime
 


(Les vidéolecteurs sont disponibles ici :
QuickTimeWindows Media)



Transcription

Introduction à la non-prolifération et au désarmement

Je m’appelle Wade Huntley et je suis présentement directeur du Simons Centre for Disarmament and Non-Proliferation Research. Je suis ici depuis un an et demi environ. Je suis arrivé directement du Japon, où j’ai passé 18 mois à Hiroshima, au Hiroshima Peace Institute, à titre de professeur agrégé. Avant cela, j’ai vécu de nombreuses années à Berkeley, en Californie, tout d’abord pour y obtenir mon baccalauréat et ensuite pour y faire des travaux de deuxième et troisième cycles. J’ai un doctorat en sciences politiques. Je me suis surtout intéressé à la politique internationale, au gouvernement américain et à la théorie politique. Par la suite, je suis resté à Berkeley pendant plus de six ans pour travailler au sein d’une petite organisation non gouvernementale qui faisait divers travaux sur la sécurité, l’environnement et les questions énergétiques dans la région Asie-Pacifique. C’est dans ce contexte qu’est né mon intérêt pour l’Asie orientale et, de façon plus générale, la région de l’Asie-Pacifique.

Par désarmement nucléaire, on entend l’abolition des armes nucléaires sur terre. C’est l’objectif ultime. La non-prolifération et le contrôle des armements sont les moyens d’arriver à cette fin, à tout le moins dans l’esprit des champions du désarmement. Essentiellement, la non-prolifération vise à empêcher la prolifération des armes nucléaires ou des technologies qui en permettent la conception. Le contrôle des armements consiste à freiner et à réduire les capacités nucléaires des gouvernements qui possèdent déjà de telles armes. Par conséquent, ces deux volets vont de pair.

Certaines personnes croient qu’on ne pourra jamais abolir les armes nucléaires, que nous vivons simplement dans un monde nucléaire et qu’il est impossible de revenir en arrière. Dans leur optique, la non-prolifération et le contrôle des armements sont des fins en soi. Mais si vous êtes convaincu que l’élimination des armes nucléaires est possible, cela implique qu’à court terme, il faut s’assurer que toutes les initiatives en vue d’assurer la non-prolifération et le contrôle des armements aient en quelque sorte pour effet de promouvoir le désarmement. En outre, certaines initiatives en ce sens peuvent par ailleurs faire obstacle à tout progrès ultérieur. Par conséquent, si la poursuite de l’objectif du désarmement est valable, ce n’est pas seulement en vue de l’atteindre ultimement, mais aussi parce que les activités déployées à court terme y contribuent.

Le Traité sur la non-prolifération [
TNP] est sans doute le principal instrument qui va dans ce sens à l’heure actuelle. Le désarmement nucléaire ultime est l’un de ses objectifs fondamentaux, et c’est cet engagement qu’ont pris tous les États qui en sont parties prenantes. Ce document exige aussi des pays détenteurs d’armes nucléaires de cheminer vers le désarmement, et des autres, de ne pas en acquérir. Le traité demeure donc un instrument essentiel dans le monde d’aujourd’hui. En ce moment, il traverse une crise. Il est critiqué de toutes parts et bien des gens le considèrent comme un échec. Même les partisans du désarmement se disent prêts à passer à autre chose. Personnellement, je pense qu’il faut prendre garde de ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain. Il faut faire très attention de ne pas négliger non seulement l’importante contribution passée du TNP, mais aussi celle qu’il continue d’apporter encore aujourd’hui. Mais en même temps, c’est un traité issu du contexte de la guerre froide. Il ne répond pas de façon satisfaisante à bien des défis et des dangers auxquels nous sommes confrontés à l’heure actuelle. À mon avis, il ne faut ni abandonner le TNP, ni le corriger. Il faut plutôt l’étoffer, l’enrichir. Ce n’est pas assez, mais c’est essentiel.

Le rôle du Canada dans le désarmement, le contrôle des armements et la consolidation de la paix

Depuis longtemps, le Canada affiche un très bon bilan pour ce qui est de la promotion du désarmement nucléaire, de la maîtrise des armements et des arrangements de plus grande portée quant à la consolidation de la paix qui soutiennent ces objectifs. Et au fil des ans, cet engagement s’est avéré fort valable. Aujourd’hui, la politique canadienne fait face à un défi : en premier lieu, le Canada doit décider si, en tant que nation, il souhaite poursuivre ces grands objectifs. Si tel est le cas, il doit ensuite déterminer comment s’y prendre dans le contexte actuel. Il lui faudra notamment comprendre les difficultés nouvelles ou changeantes de ce que je considère comme la seconde ère nucléaire, l’ère nucléaire post-guerre froide qui nous réserve des défis qui sont tout autres. Il s’ensuit que la quête du désarmement mondial et la poursuite d’objectifs à plus court terme auxquels le Canada a toujours adhéré exigent maintenant des moyens différents. Selon moi, c’est le plus grand défi qui se pose au Canada à l’heure actuelle. Même s’il décide que ces buts traditionnels continueront de définir sa politique internationale, il restera quand même à en définir les méthodes d’application.

Non-prolifération en Inde et en Chine


La montée de la Chine et de l’Inde est intimement liée aux initiatives de non prolifération, mais de bien des façons différentes. L’entente entre les États Unis et l’Inde a un double lien avec cela. D’après les défenseurs de cette option, venir en aide à l’Inde -- voire l’ériger en guise de contrepoids à la Chine --, est une motivation importante. Si vous avez suivi les reportages les plus récents dans les médias américains à la suite de la dernière visite du président Bush, vous savez que l’équilibre entre les avantages liés au fait de soutenir l’Inde d’une part, et les atteintes au
TNP d’autre part, sont au cœur du débat.

Mais selon moi, c’est une mauvaise façon de présenter le problème : en effet, les hypothèses quant au comportement éventuel de l’Inde sont très incertaines. On suppose que l’Inde veut être un agent américain dans la région, ce qui est, au mieux, une proposition douteuse. Cette affirmation repose sur la prémisse que l’établissement d’un certain équilibre est le mieux que l’on puisse faire, ce qui, à mon avis, est loin d’être le cas. Si l’on pouvait beaucoup plus efficacement créer des relations régionales qui transcendent l’équilibre du pouvoir, à tout le moins dans une certaine mesure... Je m’explique. Je ne suis pas un utopiste. Je ne crois pas que l’on puisse soudainement se doter d’un gouvernement mondial parfait. Mais nous pouvons, avec énormément de force et de conviction, établir des relations plus stables et structurées qui dépassent la simple recherche de l’équilibre du pouvoir. Ainsi, tout ce volet de l’équation tomberait et ensuite, les aspects non-prolifération de ce type de partage nucléaire deviendraient beaucoup plus clairs et précis.

Priorités et obstacles


Dans le monde d’aujourd’hui, je retiendrais deux ou trois priorités. Premièrement, l’existence de grandes quantités de matières fissiles un peu partout dans le monde, particulièrement en ex-Union soviétique, qui doivent être assujetties à un contrôle. D’ailleurs, les mesures prises en ce sens pourraient aller jusqu’à surveiller l’industrie de l’énergie nucléaire civile dans de nombreux pays pour s’assurer que les matières dont elle se sert ne font pas problème. C’est la première chose. La deuxième, qui est connexe, tient au fait que le
TNP garantit aux pays membres la possibilité de développer l’énergie nucléaire à des fins civiles. Cependant, la plupart des analystes s’entendent maintenant pour dire que cela est devenu une échappatoire, en ce sens que le développement de cette technologie civile donne à un pays la capacité de devenir rapidement une puissance nucléaire, si tel est son désir. Tout arrangement visant à donner à un pays une technologie nucléaire civile -- comme on le garantit --, sans lui communiquer le savoir et les technologies du cycle du combustible nucléaire, représentera tout un défi. D’ailleurs, c’est un défi à connotation politique parce que de nombreux pays non nucléaires se situent à des niveaux de développement très différents quant à la mise au point de leur technologie propre. Ainsi, par exemple, il est très difficile de dire à l’Iran qu’il ne peut avoir les mêmes capacités technologiques que de nombreux autres pays possèdent déjà, comme le Japon, sans introduire un second niveau de discrimination dans le TNP. En somme, c’est un défi des plus épineux auquel il n’existe pas de solution facile. Il faudra donc y mettre beaucoup d’efforts.

Enfin, je pense qu’il est maintenant clair pour la plupart des observateurs que les cinq États autorisés à posséder des armes nucléaires aux termes du
TNP
ne respectent pas leur engagement envers le désarmement avec toute la diligence que le reste du monde souhaiterait. Et trouver une façon de faire des pressions avec succès sur ces pays pour faire avancer les choses sans se les mettre à dos... Pour ce qui est des réserves actuelles d’armes, il faut signaler que les politiques actuelles des gouvernements des États-Unis, de la Chine, de l’Inde, du Pakistan et d’Israël constituent toutes, à mon avis, un obstacle flagrant à toute solution. Mais je pense qu’au-delà de ces enjeux se profile un problème plus profond, soit la dépendance vis-à-vis la menace nucléaire pour assurer la sécurité. Les gouvernements ont tendance à compter sur une menace  quelconque -- que ce soit une menace de dissuasion ou une menace coercitive d’utilisation d’une arme nucléaire -- pour garantir leur sécurité nationale. Et ce lien, entre les capacités d’une part, et les conditions de sécurité d’autre part, est créé par cette dépendance envers la menace.

Ce phénomène est généralisé. On peut voir à quel point les États-Unis se fient encore à la dissuasion nucléaire; on peut voir de quelle façon la Corée du Nord compte sur sa capacité naissante, et on peut même voir comment les États non nucléaires menacent de se doter d’armes nucléaires pour exercer des pressions sur leurs voisins. C’est là l’aspect politique du problème. Si l’on s’attachait à améliorer les relations internationales, à établir les paramètres d’une gouvernance mondiale qui mettrait fin à la rivalité naturelle des États et mettrait fin aux tentations de recourir à la menace nucléaire pour assurer leur sécurité, les armes nucléaires deviendraient beaucoup moins pertinentes au quotidien. On ne les considérerait plus comme des instruments de pouvoir ou de prestige, ce qui aiderait énormément à les abolir.