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VI. AIDE INTERNATIONALE
Le gouvernement a indiqué qu'il réviserait son programme d'aide internationale dans le
cadre de l'examen global de sa politique étrangère. Les objectifs du programme et ses
modalités de mise en oeuvre ont été réévalués afin qu'il réponde à des objectifs
nationaux clairs et identifiables, et que les ressources peu abondantes qui lui sont
affectées soient gérées le plus efficacement possible. Cette orientation reflète les avis
exprimés par les Canadiens.
Comme l'indiquent les sections précédentes de l'Énoncé, l'aide internationale est un
instrument essentiel à la réalisation des trois principaux objectifs poursuivis par le
gouvernement. C'est un investissement dans la prospérité et l'emploi. L'aide
internationale tisse un lien entre l'économie canadienne et des marchés comptant
parmi les plus dynamiques au monde, à savoir les marchés des pays en
développement. À long terme, la coopération peut aider les pays en développement à
sortir de la pauvreté. Dès lors, elle peut contribuer à renforcer l'économie mondiale et
permettre aux Canadiens et aux autres peuples de croître et de prospérer. L'aide au
développement contribue également à la sécurité mondiale, car elle s'attaque aux
nombreuses menaces qui pèsent sur la sécurité de l'humanité, comme la violation des
droits de la personne, la maladie, la dégradation de l'environnement, la croissance
démographique et le fossé qui ne cesse de s'élargir entre riches et pauvres. Enfin,
c'est l'une des manifestations les plus claires des valeurs et de la culture canadiennes
dans le monde -- du désir des Canadiens d'aider les moins fortunés et de leur sens
aigu de la justice sociale -- et un moyen efficace de partager ces valeurs avec le reste du monde.
Le programme canadien d'aide publique au développement (APD)
Pour qu'un programme d'aide au développement soit efficace, il faut d'abord
reconnaître que le développement est un processus complexe, et que de nombreuses
conditions doivent être présentes pour qu'il s'enracine de façon permanente. Les
personnes doivent avoir un accès équitable aux services sociaux de base, aux moyens
de production et à l'emploi. Les femmes doivent pouvoir participer pleinement et en
toute égalité au développement. Le respect des droits de la personne est essentiel, et
la société civile et les systèmes politiques doivent être sains et inspirer confiance.
L'infrastructure de base de la société doit être en place, ainsi que les politiques qui
permettent une croissance économique durable et équitable. Dans le monde
interdépendant d'aujourd'hui, la prospérité à long terme d'une société dépend de plus
en plus de l'accès aux circuits financiers et aux marchés internationaux. Enfin, le
développement ne dure pas s'il n'est pas respectueux de l'environnement.
La diversité croissante du monde en développement ajoute à cette complexité. Notre
vision du développement doit tenir compte des besoins et des capacités qui varient
considérablement d'un pays à l'autre. Plusieurs pays en développement ont atteint des
taux de croissance remarquables et sont en voie de devenir d'importants partenaires
commerciaux du Canada. Et pourtant, même dans ces pays, nombreux sont ceux qui
n'ont pas profité de ce progrès et qui vivent encore dans la pauvreté. Des défis
considérables subsistent dans les domaines des droits de la personne et de
l'environnement. D'autres pays en développement, notamment en Afrique, ont vu leur
échapper les acquis obtenus avec peine au cours des décennies précédentes. Comme
tous les autres pays, les pays en développement voient leur avenir façonné par les
courants et les enjeux mondiaux, qui ne peuvent être gérés avec succès que par la
coopération internationale.
Vu cette complexité, tout programme de coopération qui se veut efficace -- c'est-à-dire
qui vise le développement durable -- doit chercher à intégrer les enjeux
environnementaux, économiques, politiques et sociaux, et tenir compte des réalités culturelles.
Le développement doit être souple afin de permettre au Canada d'oeuvrer dans
plusieurs domaines clés avec la combinaison optimale de politiques et de programmes.
De plus, il doit s'attacher aux problèmes qui ont le plus d'effet sur le développement et
pour lesquels nous pouvons fournir des compétences qui correspondent aux besoins
des pays en développement.
Un bon programme de développement doit viser les personnes, mettre l'accent sur le
développement des individus et de leur potentiel, ce qui signifie aider les femmes, les
hommes et les enfants des pays en développement, dans leurs communautés et
institutions, à acquérir les compétences et ressources nécessaires pour soutenir leur
propre progrès social et économique. Il est essentiel de s'attaquer à la pauvreté, tout
en reconnaissant qu'il faut le faire sur plusieurs fronts, et que nos efforts visant à aider
les pauvres doivent reposer sur un ensemble de programmes et de politiques mis en
oeuvre de façon intégrée. Enfin, un programme de développement efficace doit
comporter des activités aux niveaux des collectivités, des institutions et des politiques,
et reposer sur un large éventail de partenariats, ici comme à l'étranger, de façon à
réunir le meilleur bassin possible de compétences et de savoir-faire. Les partenaires
canadiens comprennent les ONG, le secteur privé, les universités et les collèges, la
jeunesse, les organisations professionnelles ainsi que les gouvernements fédéral,
provinciaux et municipaux, tous jouant depuis longtemps un rôle clé dans le
programme canadien de développement. Le Canada collabore également avec de
nombreuses institutions et organisations internationales et, surtout, avec les peuples et
les institutions des pays en développement.
Nos politiques d'aide au développement devraient converger avec les autres
dimensions de nos politiques étrangère et intérieure, l'objectif étant d'uniformiser notre
approche face aux pays en développement et de faciliter la réalisation des objectifs
communs. Le contexte mondial dans son ensemble doit aussi être pris en
considération. Il va de soi que l'aide au développement s'inscrit dans un effort plus
vaste, qui fait appel aux ressources des pays en développement eux-mêmes et à
d'autres facteurs comme le commerce et les investissements internationaux.
Le cadre d'action suivant contient quatre engagements majeurs pour le programme
canadien d'aide publique au développement, qui tiennent tous compte des contraintes
budgétaires du gouvernement. Ces engagements sont :
- un mandat clair et des priorités claires;
- le renforcement des partenariats;
- une efficacité accrue; et
- une meilleure communication des résultats aux Canadiens.
Un mandat clair pour l'APD canadienne
L'objectif de l'APD canadienne est de soutenir le développement durable dans les pays
en développement afin de réduire la pauvreté et de rendre le monde plus sûr, plus
juste et plus prospère.
À cette fin, l'APD canadienne concentrera les ressources disponibles dans six volets
prioritaires, à savoir :
Les besoins humains fondamentaux, afin d'appuyer les efforts dans les domaines des
soins de santé élémentaires, de l'éducation de base, de la planification familiale, de la
nutrition, de l'eau, de l'hygiène et du logement. Le Canada continuera de fournir une
aide humanitaire dans les situations d'urgence, et consacrera 25 p. 100 de son APD
aux besoins humains fondamentaux comme moyen de renforcer l'accent donné à la
question de la sécurité de l'individu.
Les femmes et le développement, afin d'encourager la pleine participation des femmes,
à titre de partenaires égales, au développement durable de leurs sociétés.
Les services d'infrastructure, afin d'aider les pays en développement à fournir des
services d'infrastructure respectueux de l'environnement, l'accent étant mis sur les
groupes les plus démunis et sur la création de capacités.
Les droits de la personne, la démocratie et le bon gouvernement, afin d'accroître le
respect des droits de la personne, y compris ceux des enfants, de promouvoir la
démocratie et une meilleure gestion des affaires publiques, et de renforcer à la fois la
société civile, et la sécurité de l'individu.
Le développement du secteur privé, afin de promouvoir une croissance économique
soutenue et équitable par un appui au secteur privé dans les pays en développement.
L'environnement, afin d'aider les pays en développement à protéger leur
environnement physique et à contribuer à la gestion des enjeux environnementaux aux
niveaux régional et mondial.
L'aide canadienne au développement soutiendra l'objectif et les priorités énoncés
ci-dessus dans certains pays clés d'Afrique, d'Asie et d'Amérique. Dans le cadre de ses
priorités de programmes, l'APD sera étendue dans des secteurs importants pour le
Canada et les pays en voie de développement comme l'agriculture, la forêt et les pêches.
Conscient de l'importance de l'APD, le gouvernement demeure résolu à en améliorer
l'efficacité et à se rapprocher de l'objectif de 0,7 p. 100 du produit national brut (PNB)
lorsque la situation financière du Canada le permettra.
Le Canada continuera de fournir la majeure partie de son APD aux pays à faible
revenu. L'Afrique continuera de recevoir la plus grande part de cette aide en raison des
défis immenses auxquels ce continent est confronté. Les programmes seront
fermement enracinés dans chaque pays, mais le soutien aux initiatives régionales
croîtra à mesure que celles-ci prendront de l'importance.
Le programme d'aide reflétera également l'importance croissante que revêtent pour le
Canada ses relations avec les pays de son propre continent. Ainsi, il aidera les pays
d'Amérique latine et des Antilles à se développer de façon durable. De même, les
programmes d'aide dans la région de l'Asie-Pacifique contribueront d'une part aux
efforts canadiens en général visant à nouer des relations durables dans la région, et
d'autre part à aider certains pays à s'attaquer aux principaux obstacles au
développement.
Le renforcement des partenariats
Une multitude de partenaires canadiens et d'organisations internationales, et, plus
important encore, les peuples et les institutions des pays en développement jouent un
rôle vital dans l'élaboration de la politique canadienne d'aide publique au
développement ainsi que dans la planification et la mise en oeuvre de ce programme.
Leur contribution est essentielle, car elle apporte les compétences, les connaissances
et les ressources nécessaires pour relever les défis nombreux et variés du
développement international.
Les partenaires canadiens fournissent une part importante des compétences, du
savoir-faire et de la technologie qui sont nécessaires pour promouvoir un
développement durable. Les organisations et les institutions internationales ont
également un rôle crucial à jouer dans l'établissement d'un système réglementé de
gestion des affaires mondiales. Bon nombre des problèmes les plus pressants qui
assaillent les gouvernements nationaux -- tant dans le monde en développement que
dans le monde développé -- ont un caractère mondial et ne peuvent être solutionnés
que par l'action concertée des instances internationales et de groupements d'États et
d'organisations. Il est vital d'établir des partenariats avec les pays en développement;
la majorité des ressources investies dans le développement proviennent de ces pays.
Les jeunes Canadiens peuvent contribuer à bâtir ces partenariats, particulièrement au
niveau communautaire. Le gouvernement encouragera nos jeunes à donner un coup
de main dans les pays en développement, tant pour l'expérience enrichissante que
procure la coopération internationale que pour aider les pays où le talent et l'énergie
de ces jeunes peuvent faire une différence.
Le gouvernement s'engage à renforcer ces partenariats; à cette fin, il prend les
engagements suivants :
En consultation avec les partenaires canadiens, le gouvernement prendra les mesures
suivantes :
- insister davantage sur le développement des programmes de relations avec le
secteur privé, y compris le programme de coopération industrielle (PCI) de l'Agence
canadienne de développement international (ACDI), tout en assurant une plus grande
coordination entre le MAECI, l'ACDI, la SEE et les autres ministères et organismes en
tenant régulièrement des consultations sur les divers projets visés par le PCI de l'ACDI;
- élaborer un cadre pour le renouvellement des relations entre l'ACDI et les
organisations bénévoles canadiennes, suivant le principe de la complémentarité de
leur action;
- étendre le nombre et la nature des échanges de personnel entre l'ACDI et ses
partenaires canadiens, notamment les ONG;
- trouver des moyens d'assurer une participation efficace du monde universitaire
et des professionnels canadiens dans les programmes d'aide au développement; et
- améliorer la coordination entre les ministères et services de tous les niveaux de
gouvernement -- fédéral, provincial, municipal.
Avec ses partenaires internationaux, le gouvernement encouragera les réformes qui
visent à :
- mieux intégrer aux travaux des institutions multilatérales les objectifs touchant
les droits de la personne, la réduction de la pauvreté, l'équité sociale, l'égalité des
sexes et l'environnement;
- améliorer la coordination entre les institutions multilatérales;
- accroître la responsabilité et la transparence; et
- améliorer l'efficacité du développement et le rendement des sommes qui y sont investies.
Avec ses partenaires des pays en développement, le gouvernement cherchera à :
- travailler avec les pays en développement et leurs peuples afin de les aider à
participer davantage au système international et à l'économie mondiale;
- établir de nouveaux outils permettant de nouer des liens entre les partenaires
canadiens et ceux des pays en développement afin d'accroître l'autonomie de ces derniers.
Une efficacité accrue
Les Canadiens appuient le développement international; cependant, en période
d'austérité budgétaire, ils se préoccupent beaucoup des fruits de leur investissement
dans la coopération internationale et de l'efficacité des programmes d'APD du Canada.
Voilà pourquoi le gouvernement prendra un certain nombre de mesures pour accroître
l'efficience opérationnelle de l'ACDI. Celles-ci s'inscriront dans la contribution de
l'ACDI aux efforts de compression du gouvernement et consisteront à poursuivre la
rationalisation du processus d'approbation et d'exécution des projets de l'Agence et à
améliorer la rentabilité de ses services administratifs.
Le gouvernement se propose de renforcer la cohérence des programmes entre les
instruments de politique étrangère qui touchent les pays en développement et de
s'assurer de la complémentarité des programmes et des politiques de développement
dans les pays et les régions.
Le gouvernement tient à cibler ses efforts dans un nombre restreint de pays, tout en
maintenant des programmes dans les autres pays grâce à des mécanismes peu
dispendieux et faciles à administrer. Il cherchera également à amener les pays en
développement à s'occuper de multiples dossiers (par exemple, les droits de la
personne, y compris les droits de l'enfant, l'environnement, la démocratisation et le
statut de la femme).
Nous adopterons des directives pour l'établissement de programmes efficaces, basées
sur les leçons que nous avons tirées de plus de 40 années d'expérience en
développement, et préconisant les principes suivants :
- Besoins et participation des pays en développement : répondre aux besoins et
aux priorités des partenaires dans les pays en développement et insister fortement sur
la participation et la propriété locales à toutes les phases des programmes.
- Connaissance du contexte : fonder nos programmes sur une connaissance
approfondie des conditions locales et tirer profit des leçons apprises, afin que nos
politiques et programmes soient mieux adaptés.
- Promotion de l'autonomie : viser des résultats qui continueront de profiter aux
individus sur place et de soutenir les efforts locaux une fois l'aide canadienne terminée.
- Coordination avec les autres intervenants : travailler de concert avec les
gouvernements et les institutions des pays en développement et avec les agences de
développement et organisations internationales afin de mieux coordonner les efforts de chacun.
- Mise à profit des capacités canadiennes : renforcer la coopération avec les
partenaires canadiens afin que le savoir-faire canadien profite aux pays en
développement dans les sphères d'activité où le Canada possède un avantage
comparatif manifeste.
Appui à l'Europe centrale et à l'Europe de l'Est
Le Canada poursuivra un programme dynamique d'aide aux pays de l'Europe centrale,
de l'Europe de l'Est et de l'ancienne Union Soviétique, tout en veillant à ce qu'il ne soit
financé au détriment des priorités de l'APD.
Dans cette région en pleine transition, les intérêts du Canada sont importants. D'abord
et avant tout, la sécurité internationale dépend de la stabilité de cette région, où l'on
retrouve encore de puissants arsenaux nucléaires et où les conditions sociales,
économiques et politiques, essentielles à une transformation pacifique, sont fragiles.
En outre, la consolidation d'économies de marché prospères et leur intégration à
l'économie mondiale ouvriront d'importants débouchés pour le commerce et les
investissements canadiens et internationaux.
Ce programme continuera de répondre à une situation et à des intérêts canadiens qui
changent rapidement dans cette région. À cette fin, le gouvernement continuera
d'appuyer la formule du partenariat entre les divers intervenants canadiens : secteur
privé, associations commerciales et professionnelles, ONG, universités, communautés
ethniques et tous les ordres de gouvernement. Les fonds fédéraux servent de
catalyseur en suscitant des contributions importantes de la part des partenaires au
Canada et dans les pays bénéficiaires.
Par souci d'efficacité dans des conditions aussi changeantes, nous réaménagerons les
rôles assumés par le MAECI, qui administre le programme en ce moment, et l'ACDI.
L'orientation de la politique restera entre les mains du MAECI tandis que l'exécution
des programmes sera transférée à l'ACDI. Ce nouveau rôle de l'ACDI correspond bien
aux activités qu'elle mène dans les pays en développement. L'élaboration et
l'exécution du programme feront l'objet d'une coordination étroite entre les deux organisations.
Des résultats tangibles
Les Canadiens veulent que les deniers publics versés à l'aide internationale soient
utilisés efficacement. En outre, ils veulent que cette aide contribue réellement à
améliorer le sort des personnes bénéficiaires en les rendant plus autonomes. Le
gouvernement partage cette préoccupation et s'est engagé à améliorer l'efficacité de
l'aide internationale et à en démontrer les résultats aux Canadiens.
À cette fin, le gouvernement s'assurera d'abord que les résultats des programmes et
des projets puissent être démontrés à la lumière d'objectifs clairs, et spécificiera des
résultats réalistes aux priorités des programmes. Il améliorera la communication des
résultats au Parlement et au public, notamment par des révisions au Budget des
dépenses principal, présenté chaque année au Parlement, afin que cette information
soit plus claire et davantage orientée vers les résultats. De plus, le gouvernement
diffusera davantage les résultats des évaluations et des leçons apprises afin de mieux
informer le public et nos partenaires canadiens, multilatéraux et bilatéraux et
d'améliorer les programmes de développement. Le gouvernement consultera
davantage ses partenaires bilatéraux et continuera de soutenir les programmes qui
sensibilisent la population canadienne au développement et l'informent des activités du
Canada dans ce domaine.
L'aide internationale est un instrument vital de la politique étrangère canadienne. Elle
favorise la prospérité et l'emploi, protège la sécurité mondiale et contribue au
rayonnement des valeurs et de la culture canadiennes.
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