DISCOURS
M. PETTIGREW - ALLOCUTION À LA CONFÉRENCE DU FORUM SUR L'INTÉGRATION NORD-AMÉRICAINE : « AU-DELÀ DU LIBRE-ÉCHANGE : CONSOLIDER L'AMÉRIQUE DU NORD » - MONTRÉAL (QUÉBEC)
SOUS RÉSERVE DE MODIFICATIONS
NOTES POUR UNE ALLOCUTION
DE
L'HONORABLE PIERRE PETTIGREW,
MINISTRE DU COMMERCE INTERNATIONAL,
À LA CONFÉRENCE DU FORUM
SUR L'INTÉGRATION NORD-AMÉRICAINE
« AU-DELÀ DU LIBRE-ÉCHANGE : CONSOLIDER
L'AMÉRIQUE DU NORD »
MONTRÉAL (Québec)
Le 28 mars 2003
Introduction
Bonjour à tous. Je tiens à remercier le Forum sur l'intégration nord-américaine, et particulièrement son président, le
professeur Robert Pastor, et sa PDG, Mme Christiane Fréchette, de m'offrir l'occasion de prendre la parole devant cette
importante assemblée. Je prends toujours plaisir à participer à des manifestations comme celle-ci.
J'attends avec intérêt de recevoir les actes de vos délibérations. En tant que ministre du Commerce international, j'attache
beaucoup d'importance à tous les points de vue sur des questions essentielles comme les défis économiques et politiques
auxquels font face les partenaires de l'ALENA [Accord de libre-échange nord-américain], particulièrement le Canada.
L'ALENA : le commerce et l'investissement sont source de croissance économique
Le Canada est une nation commerçante qui connaît beaucoup de succès. Nos exportations représentent plus de 40 p. 100 de
notre produit intérieur brut total -- plus que tout autre grand pays industrialisé. Même en 2001 -- année difficile pour
l'économie mondiale -- nos exportations et importations de biens et de services se sont établies à 1,6 milliard de dollars
américains en moyenne par jour.
Le commerce international compte pour beaucoup dans le bien-être des Canadiens. Selon les estimations, un emploi sur
quatre au Canada est lié à notre réussite sur les marchés mondiaux, y compris aux États-Unis et au Mexique. Il ne fait aucun
doute que le succès total de l'ALENA a contribué largement à ces résultats, et à la réussite économique globale du Canada
au cours de la dernière décennie.
En renforçant les règles et les procédures qui régissent le commerce et l'investissement sur le continent nord-américain,
l'ALENA a rendu possible une augmentation vertigineuse des échanges commerciaux et des investissements. Grâce à
l'ALENA, le Canada a consolidé sa position en tant que premier partenaire commercial des États-Unis. De 1989 à 2002,
les exportations de marchandises canadiennes à destination des États-Unis ont augmenté au rythme annuel
moyen de 9,9 p. 100.
Mais le Canada a aussi importé davantage de produits américains et mexicains. Les importations en
provenance des États-Unis ont bondi de 7,2 p. 100 au cours de la dernière décennie. Qu'il s'agisse de voitures,
d'ordinateurs, de produits agricoles ou d'avions, le Canada achète plus de biens et de services des États-Unis
que tout autre pays au monde. Plus que le Japon. Plus que les 15 pays de l'Union européenne réunis.
Les résultats de notre commerce avec le Mexique sont aussi impressionnants. Avec des échanges bilatéraux
atteignant 15,1 milliards de dollars américains en 2002, le Mexique est aujourd'hui la sixième destination des
exportations du Canada et la quatrième source de ses importations. Parallèlement, l'investissement canadien
direct au Mexique -- 2,5 milliards de dollars américains en 2001 -- augmente de façon soutenue.
L'ALENA a permis au Canada et au Mexique d'accroître leurs exportations à destination des États-Unis, mais
pas au détriment de leur part respective du marché d'importation américain. Le Canada a toujours détenu
18 p. 100 environ de ce marché, tandis que le Mexique a vu sa part passer de 6,8 p. 100 en 1993, avant
l'ALENA, à 11,3 p. 100 en 2001.
À l'instar des échanges commerciaux, l'investissement canadien direct aux États-Unis a augmenté
considérablement au cours de la dernière décennie, ayant effectué un bond impressionnant de 230 p. 100
depuis 1990, pour s'établir à 198 milliards de dollars en 2001. Ce chiffre représentait 51 p. 100 de
l'investissement extérieur canadien total cette année-là, faisant des États-Unis la première destination de
l'investissement canadien à l'étranger.
De la même manière, le stock total des investissements américains au Canada s'est accru de 150 p. 100 au
cours de la dernière décennie pour atteindre 215 milliards de dollars en 2001. Ce chiffre représente plus des
deux tiers de l'investissement étranger direct total au Canada.
Proportionnellement, l'investissement canadien au Mexique a connu une augmentation encore plus
impressionnante. Il s'est multiplié par 16 entre 1990 et 2001, pour s'établir à près de 4 milliards de dollars.
L'ALENA : plus que des statistiques sur le commerce et l'investissement
Mais l'ALENA va bien au-delà des statistiques sur le commerce et l'investissement. Il représente plus que des
signes de dollars et des pourcentages. L'ALENA a radicalement modifié l'espace économique nord-américain.
Les nouveaux débouchés et les pressions concurrentielles découlant de l'ALENA ont sensiblement contribué à
la réorientation de la structure industrielle du Canada, comme ils l'ont fait chez nos partenaires américains et
mexicains. Il en a découlé une croissance économique forte et soutenue dans la région.
Pour commencer, l'ALENA a rendu les trois partenaires plus concurrentiels. L'Accord permet aux entreprises
de production canadiennes, américaines et mexicaines de réaliser leur plein potentiel en évoluant dans un
marché plus vaste et davantage intégré. Grâce à ce grand marché, et au cadre fondé sur les règles qu'il a créé,
l'ALENA a fait de l'Amérique du Nord l'une des régions du monde les plus efficaces, prévisibles et
transparentes où faire des affaires.
Chose plus importante pour les citoyens de nos trois pays, l'activité économique et la production accrues dans
la région ont contribué à une plus forte création d'emplois mieux rémunérés. Au Canada, par exemple, le taux
de salaire horaire des emplois tributaires des exportations est supérieur de 35 p. 100 à celui des emplois qui ne
le sont pas.
L'ALENA a accéléré le rythme de l'intégration économique. Par exemple, Magna, une société canadienne de
pièces automobiles, a des usines au Mexique; Bombardier possède des usines au Vermont et à New York et
Hewlett Packard a d'importants investissements à Toronto. De plus en plus, nous avons une économie nord-américaine.
L'ALENA a produit aussi d'autres avantages, parfois inattendus. La circulation des biens et des personnes
donne lieu à une multiplication des liens qui facilite l'échange d'idées et de méthodes permettant de relever des
défis communs. Ce forum en est un exemple frappant. Aujourd'hui, je vois des institutions, des universitaires et
des gens d'affaires du Canada, des États-Unis et du Mexique échanger leurs points de vue sur des questions
très importantes, ce qui aurait été difficile à croire il y a 10 ans.
L'ALENA 10 ans plus tard : faire le bilan des réalisations, envisager notre avenir
À l'approche du 10e anniversaire de l'entrée en vigueur de l'ALENA, il est important de faire le point sur ses
réalisations, et de réfléchir à l'avenir des relations commerciales et économiques nord-américaines.
À la lumière des éléments d'information que j'ai examinés, le verdict est clair -- l'ALENA représente une
réussite considérable pour le Canada et ses partenaires nord-américains. Je ne vous surprendrai donc pas en
vous disant que nous sommes déterminés à faire en sorte que l'ALENA continue de contribuer à la réalisation
du plein potentiel d'une économie nord-américaine plus intégrée et efficace. Le Canada estime que
l'application intégrale de l'ALENA renforcera encore davantage nos relations commerciales et économiques
avec les États-Unis et le Mexique. Depuis que nous avons franchi la dernière étape de la réduction des droits
tarifaires qui s'appliquaient entre le Canada et le Mexique, le 1er janvier 2003, presque tous les échanges
commerciaux dans la région de l'ALENA se font en franchise de droits de douane. Il ne reste qu'un petit
nombre de droits et de quotas à éliminer d'ici quelques années.
Nos partenaires de l'ALENA pensent comme nous. Nous restons tous attachés à la pleine mise en œuvre de
l'Accord selon le calendrier établi.
Mais nous ne pouvons pas nous reposer sur nos lauriers. Les trois parties à l'Accord resteront à l'affût des
obstacles qui entravent le commerce et l'investissement, et prendront les mesures voulues pour les éliminer au
moyen de l'ALENA. Nous estimons que, dans ce contexte, il faut accorder la priorité aux activités qui peuvent
avoir un effet positif important sur les affaires.
Par exemple, à leur réunion tenue la semaine dernière à Tucson, les sous-ministres du Commerce
international des pays membres de l'ALENA ont convenu de libéraliser davantage les règles d'origine de
l'ALENA, afin que les exportateurs puissent bénéficier plus facilement de la franchise de droits de douane en
vertu de l'ALENA, et réduire ainsi leurs coûts d'opération.
J'aurai l'honneur d'accueillir la réunion de la Commission de l'ALENA à l'automne, à l'approche du 10e
anniversaire de l'entrée en vigueur de l'Accord, le 1er janvier 2004. Le fait que cette réunion coïncide avec cet
anniversaire nous donnera l'occasion de faire le bilan de nos réalisations au cours des 10 dernières années, et
de réfléchir aux mesures à prendre pour améliorer encore les relations commerciales et économiques
trilatérales.
Mais le ministère des Affaires étrangères et du Commerce international n'est pas le seul à commémorer le 10e
anniversaire d'un accord aussi important, et à examiner les perspectives en ce qui concerne l'avenir. Comme
vous le savez sans doute, le Parlement s'est montré lui aussi de plus en plus intéressé par l'ALENA et, de
façon plus générale, par les relations du Canada avec ses partenaires nord-américains.
Le Sous-comité des affaires étrangères et du commerce international a déposé récemment son rapport intitulé
Partenaires en Amérique du Nord : cultiver la relation du Canada avec les États-Unis et le Mexique, et le
Comité sénatorial permanent des affaires étrangères a commencé à examiner les relations commerciales
Canada-États-Unis et Canada-Mexique. Soyez assurés que le gouvernement du Canada tiendra
soigneusement compte des résultats de ces études et d'autres points de vue tandis qu'il examinera les moyens
de faire fond sur notre réussite sur les marchés américain et mexicain et de raffermir encore notre prospérité
économique.
Au-delà de l'ALENA : intégration plus poussée en Amérique du Nord
La grande majorité des Canadiens est favorable à l'ALENA et aux liens commerciaux et économiques nord-américains de plus en plus importants. Et cette intégration économique se poursuit, stimulée par les forces du
marché et facilitée par l'ALENA. En tant que gouvernement, nous avons la responsabilité de réagir à cette
réalité économique et de veiller à être bien placés pour tirer parti des possibilités qu'offre la communauté
nord-américaine.
À mon sens, la meilleure façon d'accroître l'intégration commerciale et économique consiste à travailler, au
sein du cadre existant de l'ALENA, à des dossiers où nous avons des intérêts et des objectifs communs,
comme par exemple simplifier les règles d'origine de l'ALENA. Parallèlement, une approche bilatérale pourrait
offrir la meilleure solution à des problèmes qui sont essentiellement bilatéraux ou qui se prêtent davantage à
une solution bilatérale que trilatérale. À ce sujet, je ferai remarquer que le Canada et le Mexique ont avec les
États-Unis des « déclarations sur la frontière » séparées, ce qui témoigne du caractère unique de la situation
du Nord par rapport à celle du Sud en ce qui a trait aux frontières.
Mais cela ne suppose pas l'inaction. En fait, il existe d'importantes possibilités de faire fond sur les réalisations
existantes. J'ai décrit à plusieurs occasions les objectifs que nous souhaitons atteindre. Nous voulons, entre
autres :
• accroître notre part du marché américain;
• augmenter l'investissement bilatéral, dont le commerce dépend de plus en plus;
• faire progresser un programme de réglementation intelligente;
• adapter davantage la pratique dans le domaine des recours commerciaux à l'intégration accrue de l'espace
économique commun en Amérique du Nord;
• faire en sorte que la frontière cesse de constituer un obstacle au commerce, à l'investissement et au
développement des entreprises.
C'est là mon programme pour les deux années à venir. Il reflète le Canada que nous voulons dans l'Amérique
du Nord que nous bâtissons.
Je vous remercie de m'avoir donné l'occasion de partager ces idées avec vous, et je vous félicite pour le travail
que vous accomplissez. Je ne doute pas que nos chemins se croiseront à nouveau tandis que nous
travaillerons pour assurer la prospérité économique de l'Amérique du Nord.
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