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M. GRAHAM - ALLOCUTION DEVANT LA CHAMBRE DES COMMUNES À L'OCCASION DU DÉBAT SUR LA DÉFENSE CONTRE LES MISSILES BALISTIQUES - OTTAWA (ONTARIO)

SOUS RÉSERVE DE MODIFICATIONS

NOTES POUR UNE ALLOCUTION

DE

L'HONORABLE BILL GRAHAM,

MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES,

DEVANT LA CHAMBRE DES COMMUNES

À L'OCCASION DU DÉBAT SUR

LA DÉFENSE CONTRE LES MISSILES BALISTIQUES

OTTAWA (Ontario)

Le 15 mai 2003

J'ai l'honneur de prendre la parole sur la motion proposée par le Bloc québécois concernant le système de défense antimissile.

Qu'il me soit permis de souligner qu'il ne s'agit pas du même débat que celui que nous avons eu dans les années 1980, alors que le Canada examinait l'Initiative de défense stratégique, ou « Guerre des étoiles », envisagée alors aux États-Unis. Pour beaucoup de raisons, ce système de défense antimissile a été abandonné, et les projets actuels ne le ressuscitent pas. Ce dont il est maintenant question, c'est d'un système de défense antimissile beaucoup plus limité et d'une réalité toute autre -- nouvelles menaces et nouvelles relations internationales -- dans laquelle nous vivons et à laquelle nous devons nous adapter.

Un changement clé est que la défense antimissile est maintenant en train de passer du domaine de la théorie à celui de la réalité. L'administration Bush en a fait une de ses grandes priorités en matière de sécurité, y affectant beaucoup d'énergie et des sommes substantielles. Le président Bush a déclaré qu'à l'automne 2004, les États-Unis mettront en place divers moyens de défense antimissile destinés à protéger la partie continentale des États-Unis, et éventuellement le territoire canadien le long de la frontière américaine.

Ceci comprendra des intercepteurs basés au sol et en mer, augmentant nos capacités existantes. De plus, les États-Unis ont récemment conclu une entente avec le Royaume-Uni pour améliorer le radar d'alerte lointaine à Fylingdales, et ils tiennent également des pourparlers avec le Danemark pour améliorer celui qui est situé au Groenland. Ces deux sites permettront aux États-Unis d'assurer une couverture radar complète de l'Amérique du Nord.

En préparation de la mise au point du programme, les États-Unis se sont retirés du Traité sur les systèmes antimissiles balistiques en juin. Par la suite, le président Bush et le président Poutine, de la Russie, ont signé un traité engageant leurs pays à réduire considérablement leurs arsenaux nucléaires et à se consulter sur la défense antimissile. Les États-Unis s'efforcent aussi de convaincre la Chine que la défense antimissile n'a pas pour but d'affaiblir la force de dissuasion stratégique chinoise. Ces événements ont changé de façon significative le paysage géopolitique.

Il est certain que la prolifération des armes de destruction massive et de leurs vecteurs est un problème de plus en plus sérieux. Bien que le Canada ne se croie pas aussi menacé par les missiles balistiques que les États-Unis, il ne faut pas évaluer la défense antimissile uniquement en fonction de notre perception de la situation actuelle. Le système de défense antimissile vise à projeter la sécurité dans l'avenir, à affronter, par la dissuasion éventuellement, des menaces qui pourraient se présenter. Il est cependant très difficile de prédire la nature des dangers auxquels seront confrontées les générations futures.

En raison de ces nouvelles circonstances, le gouvernement du Canada réévalue sa position sur la défense antimissile. Je tiens à souligner qu'il ne s'agit pas là d'une question nouvelle. Nous discutons depuis des années avec les États-Unis à propos de leurs plans, toutefois, ceux-ci sont présentement en train de prendre forme. Tout en considérant la possibilité que le Canada joue un rôle dans ces plans, je veux assurer la Chambre que la décision que nous prendrons, quelle qu'elle soit, sera fondée uniquement sur notre évaluation des intérêts fondamentaux du Canada et des Canadiens.

La question ultime que nous devons examiner aujourd'hui, c'est la sécurité des Canadiens, aujourd'hui et dans l'avenir. Nous partageons un continent avec les États-Unis, et nous vivons dans un monde plus dangereux où prolifèrent les armes aux mains d'acteurs étatiques et non étatiques. Nous ne pouvons pas nous permettre de tenir pour acquis que nous sommes à l'abri des attaques contre notre continent commun. Une attaque contre Seattle serait inévitablement une attaque contre Vancouver et une attaque contre Buffalo, une attaque contre Toronto, et réciproquement, en fait. Je répète qu'elle pourrait aussi bien venir d'acteurs non étatiques.

Et il ne faut pas oublier que notre participation à la défense antimissile, le cas échéant, ne serait qu'un volet d'une approche canadienne globale des missiles antibalistiques et des armes de destruction massive. Par un engagement diplomatique continu, nous allons intensifier nos efforts pour dissuader ceux qui voudraient faire proliférer les missiles et propager leurs technologies. Contrairement à ce que semble suggérer l'opposition, nous n'abandonnons pas les autres moyens de défense du continent ni les autres initiatives diplomatiques dont nous disposons en vue d'en faire un monde plus sûr.

Pour compléter ces efforts, nous avons toujours soutenu le contrôle multilatéral des armements. Le Canada est membre fondateur du Régime de contrôle de la technologie relative aux missiles, institué en 1987 pour lutter contre la prolifération des missiles en contrôlant le commerce de l'équipement et des fournitures connexes. Notre pays a aussi participé à l'élaboration du Code de conduite de La Haye, qui définit les seules normes existantes concernant les missiles balistiques et les activités qui s'y rapportent.

Une autre importante priorité a trait à notre opposition de longue date à l'armement de l'espace. Il faut bien distinguer ici l'armement de l'espace de son utilisation à des fins militaires comme la navigation, la cartographie, les communications, la surveillance, la vérification du contrôle des armements et la collecte de renseignements, activités menées couramment par de nombreux pays.

Mais qu'il me soit permis de répéter que le Canada demeure fermement opposé à l'installation d'armes dans l'espace. Le système américain de défense antimissile qui doit être mis en place en 2004 ne comporte pas l'installation d'armes dans l'espace. Nous suivons de près les développements aux États-Unis, nous exprimons régulièrement nos préoccupations, et les discussions que nous avons sur le système de défense antimissile vont nous permettre de les exprimer encore plus clairement et plus vigoureusement.

Une autre considération fondamentale pour le Canada concerne notre intérêt dans l'avenir du NORAD, le Commandement de la défense aérospatiale de l'Amérique du Nord, qui depuis 1958, nous a été très utile pour assurer la défense commune du continent. Nos personnels travaillent côte à côte pour détecter les missiles et les suivre à la trace et pour répondre aux menaces aériennes. Il y a beaucoup de recoupements entre la mission du NORAD et le système de défense antimissile, et beaucoup d'équipements servent aux deux. Si le système de défense antimissile est un projet exclusivement américain et reste ainsi en dehors du NORAD, le rôle et la pertinence de ce partenariat, si crucial pour la défense de l'Amérique du Nord, seront remis en question. Au fil des décennies, le NORAD a rempli des tâches essentielles en recueillant des renseignements et en surveillant notre territoire. Dans l'avenir, le Canada devra continuer de jouer un rôle déterminant dans la défense de l'Amérique du Nord, et nous serons mieux en mesure de le faire si nous préservons le rôle du NORAD, où nous garderons voix au chapitre.

L'examen de nos options face au système de défense antimissile est tout à fait conforme à la coopération que le Canada pratique depuis longtemps avec les États-Unis à propos de notre frontière commune et de la sécurité continentale. Outre le NORAD, nous sommes partenaires avec les États-Unis dans l'Initiative pour une frontière intelligente, plan en 30 points pour une frontière ouverte et sûre. Nos deux pays coopèrent également au sein du groupe binational de planification de la défense civile contre les attentats terroristes et les catastrophes naturelles. Vu cette coopération soutenue, il paraît sensé d'examiner si le système de défense antimissile pourrait constituer un autre niveau de notre partenariat d'intérêt mutuel pour la sécurité.

La meilleure façon de veiller à ce que les intérêts canadiens soient bien servis est d'entretenir le dialogue avec les États-Unis sur tous les enjeux de notre sécurité continentale commune. Les Américains ont fait connaître clairement leurs intentions. C'est pourquoi le gouvernement estime que nous avons la responsabilité de tenir des pourparlers avec les États-Unis, pour assurer la sécurité des Canadiens et l'avenir du NORAD. Bien entendu, il reste beaucoup de questions sur notre rôle possible dans ce système de défense antimissile en gestation, mais nous ne pourrons y répondre qu'après avoir eu des discussions formelles avec nos alliés américains, dans l'intérêt de tous les Canadiens. En participant à ces discussions, nous pourrons faire valoir nos préoccupations concernant l'avenir du NORAD, l'armement de l'espace et les coûts connexes éventuels.

Nous disons à la Chambre que nous devons discuter de ces questions. Si nous n'atteignons pas nos buts lors des négociations, nous n'avons pas à conclure un accord. Mais si nous n'en discutons pas, nous savons que nous renonçons à notre voix au chapitre, à notre souveraineté, que nous laissons les États-Unis définir unilatéralement la forme que prendra la défense de l'Amérique du Nord et ce, pour des générations.

Cela serait contraire aux traditions instaurées depuis 1940 à Ogdensberg, où nous avons fermement établi que le Canada est partenaire des États-Unis dans la défense de l'Amérique du Nord. Ce serait contraire à nos intérêts. Cela laisserait l'avenir des générations futures, qui feront face à des dangers inconnus aujourd'hui, entre les mains d'une puissance certes amie et voisine avec laquelle nous voulons partager notre défense, mais dont nous ne voulons pas dépendre.

Je vous remercie.


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Dernière mise à jour : 2006-10-30 Haut de la page
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