DISCOURS
M. PETTIGREW - ALLOCUTION DEVANT INGÉNIEURS SANS FRONTIÈRES - MONTRÉAL (QUÉBEC)
SOUS RÉSERVE DE MODIFICATIONS
NOTES POUR UNE ALLOCUTION
DE
L'HONORABLE PIERRE PETTIGREW,
MINISTRE DU COMMERCE INTERNATIONAL,
DEVANT
INGÉNIEURS SANS FRONTIÈRES
MONTRÉAL (Québec)
Le 2 décembre 2003
C'est un plaisir de m'adresser à vous aujourd'hui, même si ce contact n'est que virtuel! D'abord et avant tout, je tiens à
féliciter Aéroplan de sa décision d'aider Ingénieurs sans frontières dans cet important travail.
J'aimerais également féliciter les cofondateurs d'Ingénieurs sans frontières, Parker Mitchell et George Roter, d'avoir mis en
pratique dans le monde entier, une idée conçue dans un café de Toronto.
Ingénieurs sans frontières a des bénévoles qui travaillent à l'étranger à des projets dans des domaines comme l'eau,
l'énergie, les communications et la santé. Ces bénévoles ont consacré gratuitement plus de 25 000 heures de travail à de
nombreux projets utiles. C'est un exemple impressionnant d'engagement social.
Aujourd'hui, un autre pas est franchi. Comme on vous l'a annoncé, le partenariat innovateur entre Aéroplan et Ingénieurs
sans frontières permettra aux membres d'Aéroplan de faire don des milles qu'ils ont gagnés pour aider Ingénieurs sans
frontières à procurer de l'eau potable à des collectivités du Cameroun. Un plus grand nombre d'ingénieurs pourront ainsi
voyager, et il en résultera un plus grand nombre de projets de développement.
Je voudrais vous parler des liens qui existent entre le commerce international et le développement, et de ce que le
gouvernement du Canada fait pour mieux intégrer les pays en développement dans le système commercial mondial.
Je crois qu'il y a un important parallèle à établir entre le travail d'Ingénieurs sans frontières et celui que mes collègues
internationaux et moi-même accomplissons. Les organisations non gouvernementales telles qu'Ingénieurs sans frontières
construisent l'infrastructure matérielle du développement tandis que mes collègues et moi-même contribuons à en bâtir
l'infrastructure institutionnelle. Votre groupe s'est rendu compte que la technologie est un outil de développement humain,
qui permet aux gens d'améliorer leur niveau de vie, leur santé et leur sécurité. J'estime, pour ma part, que le commerce
international ainsi que les règles et les institutions multilatérales qui le soutiennent constituent aussi des outils de
développement humain.
Les dirigeants des pays en développement sont bien conscients du fait que les conditions de vie de leurs citoyens dépendent
dans une grande mesure de l'ouverture de leur pays au commerce international et de leur capacité de tirer parti des marchés
étrangers. N'en doutez pas, ces dirigeants veulent des échanges plus étendus et plus libres, ils ne veulent sûrement pas
réduire le commerce, et on peut facilement comprendre pourquoi. Il est établi que les avantages du commerce sont de loin
supérieurs à ceux qui découlent de toute autre source de financement du développement, y compris l'aide publique au
développement. Par exemple, la Banque mondiale a révélé que, s'il réussit, le cycle de Doha de l'Organisation mondiale du
commerce [OMC] peut sortir 144 millions de personnes de la pauvreté d'ici 2015.
Il y a des domaines dans lesquels les pays en développement peuvent mutuellement améliorer l'accès à leurs marchés
respectifs. Les échanges Sud-Sud représentent actuellement 40 p. 100 des exportations des pays en développement, mais
c'est entre eux-mêmes que ces pays ont établi les barrières tarifaires les plus élevées! En fait, 65 p. 100 de tous les droits de
douane payés par les pays en développement sont versés à d'autres pays en développement! Le gouvernement du Canada
encourage actuellement le Fonds monétaire international et la Banque mondiale à examiner ce problème particulier qui
pourrait menacer la stabilité des recettes publiques dans le monde en développement.
Au Congrès du Parti libéral du mois dernier, le chanteur rock et activiste social Bono a dit qu'il a l'intention de devenir la
bête noire de Paul Martin, en insistant entre autres pour qu'il s'attaque aux pratiques commerciales déloyales. Je me réjouis
du militantisme de Bono! Les agriculteurs canadiens s'en réjouissent aussi, de même que les producteurs de coton d'Afrique
de l'Ouest. Nous nous en félicitons tous, car il met en évidence le travail que nous accomplissons à l'OMC et montre du
doigt les membres dont les politiques empêchent les citoyens des pays en développement de profiter des marchés
mondiaux.
L'OMC demeure un instrument multilatéral qui donne à ses membres -- pour la plupart des pays en développement -- des
moyens de défendre leurs intérêts commerciaux. Sans ces règles, les économies fragiles seraient plus vulnérables, pas
moins. Toutefois, nous devons nous efforcer de travailler dans les limites de l'institution. Le système de l'OMC donne les
meilleurs résultats lorsque les États membres viennent à la table de négociation avec la ferme intention d'en arriver à une
entente. L'accord sur l'accès aux médicaments en est la meilleure preuve. Cet accord permet aux pays les moins avancés
n'ayant que peu ou pas de capacité intérieure de production de médicaments d'importer des produits pharmaceutiques à bon
marché pour combattre les épidémies. Les membres de l'OMC, qu'il s'agisse de pays industrialisés ou en développement,
ont pris conscience du problème et se sont réunis pour parvenir à une entente équitable. La tâche n'a pas été facile, loin de
là, mais il faut tenir compte de la nature des négociations. Depuis, nous avons réagi vite, tellement vite en fait que le
Canada a été le premier pays à déposer un projet de loi pour autoriser la production au Canada de médicaments destinés aux
pays les moins avancés. Bono a remercié le Canada de son leadership et Paul Martin a dit que le projet de loi était
prioritaire pour lui.
Le renforcement des capacités est un autre domaine dans lequel le Canada joue un rôle de premier plan. Nous
reconnaissons que l'aptitude d'un pays à s'intégrer dans le système commercial mondial dépend de sa capacité d'exploiter à
fond les règles de l'OMC dans son propre intérêt. Le renforcement des capacités des pays en développement demeurera une
priorité pour le Canada, car nous voulons qu'ils puissent s'intégrer dans ce monde de plus en plus interdépendant. Cela peut
être très difficile pour beaucoup d'entre eux.
Par exemple, certains pays n'ont pas de délégation auprès de l'OMC, à son siège de Genève, mais chargent une ambassade à
Bruxelles de leurs dossiers relevant de l'OMC. Ces deux dernières années, nous avons accru notre appui à des organisations
qui aident les pays en développement à adhérer à l'OMC et qui défendent leurs intérêts une fois qu'ils y sont admis. Le
gouvernement du Canada a contribué à la création du Centre consultatif sur la législation de l'OMC à Genève et a fourni
des fonds à la Commission économique pour l'Afrique pour l'aider à établir un Centre africain de la politique commerciale.
Le Centre aide les gouvernements africains à formuler, à analyser et à mettre en œuvre de saines politiques commerciales.
En tant que membre du Commonwealth et de la Francophonie, le Canada aide les pays qui ne sont pas représentés à Genève
en leur donnant un appui analytique et logistique ainsi que des séances d'information. Ces projets ne sont que des exemples
des mesures prises par le gouvernement du Canada pour aider les pays en développement à édifier une infrastructure
institutionnelle. À notre façon, nous construisons des « ponts » et creusons des « puits» pour faire le lien entre le commerce
international et le développement international.
Sur le plan de l'infrastructure matérielle, comme l'a écrit le magazine Time : « Ingénieurs sans frontières fait de nouvelles
choses très astucieuses de nouvelles façons tout aussi astucieuses ». Le projet que vous avez lancé aujourd'hui est un autre
exemple d'une très bonne idée. Il est d'ailleurs évident que ceux qui participent à ce lancement sont du même avis. Leur
engagement envers vous est un parfait témoignage de partenariat entre le secteur privé et le secteur caritatif.
Édifier des institutions fortes et renforcer la capacité des pays en développement de les utiliser au mieux sont des moyens
auxquels recourt le Canada pour contribuer au développement international. Le Canada, qui a l'une des économies les plus
ouvertes du monde, reconnaît l'importance du rôle que joue le commerce international dans sa prospérité. Les pays en
développement voient aussi dans le commerce l'une des sources les plus importantes et les plus prometteuses de
financement du développement. Je crois que nos réalisations, déjà substantielles, en matière de commerce et de
développement international ne feront qu'augmenter avec l'arrivée de notre prochain premier ministre. En effet, Paul Martin
est profondément attaché au développement international. Le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, l'a reconnu en le
nommant vice-président de la Commission du secteur privé et du développement des Nations Unies. Le gouvernement du
Canada voudra sûrement connaître le point de vue d'organisations non gouvernementales telles qu'Ingénieurs sans frontières
sur la façon dont nous pourrions en faire encore plus. Restez donc à l'écoute.
Merci encore et félicitations.
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