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Le Canada dans le monde : Politique internationale du Canada
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Forum national de Green Cross Déclaration du Canada, le 12 novembre 2003

Prononcé par Robert Brookfield, coordonnateur du programme du Partenariat mondial à l'ambassade du Canada à Moscou

 

Permettez-moi tout d'abord de remercier Green Cross de m'avoir invité à prendre la parole à un rassemblement aussi important. Comme le montrent le nombre et la diversité des spécialistes, des représentants officiels et de ceux de la société réunis ici aujourd'hui, la destruction des armes chimiques russes dans des conditions écologiques et sûres intéresse le monde entier.

 

L'élimination des armes chimiques revêt une importance particulière pour le Canada. Après tout, c'est contre les troupes alliées, dont faisaient partie des milliers de Canadiens, que de telles armes ont été employées pour la première fois à l'ère moderne, pendant la Première Guerre mondiale. Ce fait mérite d'être souligné, aujourd'hui le 12 novembre, le lendemain de la célébration, par le Canada et de nombreux autres pays, de l'Armistice qui a mis fin à la Première Guerre mondiale sur le front occidental. L'utilisation d'armes chimiques pendant le premier conflit mondial a conduit au Protocole de Genève de 1925, où l'on peut lire que leur emploi est condamné, à raison, par l'opinion générale du monde civilisé, mais malheureusement leur mise au point et leur utilisation ont continué tout au long du XXe siècle.

 

Au fil des décennies, des dizaines de pays dans le monde, y compris le Canada pendant un court laps de temps, ont étudié, mis au point et transformé en armes des agents chimiques de plus en plus mortels. Des centaines de milliers de tonnes d'agents neurotoxiques ou hémotoxiques, provoquant la suffocation ou l'apparition de cloques ont été produits et, dans bien trop de cas, utilisés. Et pas seulement sur le champ de bataille. Depuis l'attentat terroriste perpétré dans le métro de Tokyo en 1995, qui a fait 12 morts et plus de 5 000 blessés, il ne fait aucun doute que des terroristes pourraient recourir à des armes chimiques. Les auteurs des attentats du 11 septembre 2001 n'en ont pas utilisé, mais les événements de cette terrible journée ont mis en lumière l'importance de travailler ensemble pour empêcher que des terroristes puissent se procurer des armes chimiques et d'autres armes de destruction massive. Cette absolue nécessité est à l'origine du Partenariat mondial contre la prolifération des armes de destruction massive et des matières connexes. Les dirigeants du G8 ont décidé, au Sommet de Kananaskis, en juin 2002, de réunir 20 milliards de dollars américains pour financer des projets de coopération, dans un premier temps en Russie, afin de prévenir l'acquisition par des terroristes d'armes et de matériel de destruction massive ainsi que des compétences s'y rapportant.

 

Depuis Kananaskis, les partenaires ont beaucoup progressé dans la mise en œuvre du Partenariat mondial. Divers projets ont été mis sur pied dans les quatre domaines prioritaires, à savoir la destruction des armes chimiques, le démantèlement des sous-marins nucléaires déclassés, l'élimination des matières fissiles et l'emploi des chercheurs travaillant autrefois dans l'armement. Les 20 milliards de dollars seront bientôt réunis et comme plusieurs d'entre vous le savez déjà six autres pays se sont joints à l'initiative (Finlande, Norvège, Pays-Bas, Pologne, Suède et Suisse).

 

Pour sa part, le Canada a promis au Partenariat mondial 1 milliard de dollars (environ 750 millions de dollars américains au taux de change courant) sur les 10 prochaines années, ce qui équivaut à peu près à la contribution américaine en proportion du PIB. Comme tous les membres du Partenariat mondial, le Canada s'empresse de tenir ses engagements et de mettre sur pied des projets concrets dans les quatre domaines prioritaires cernés à Kananaskis. À cet égard, le premier ministre a annoncé en mai, à Saint-Pétersbourg, la première tranche de 149 millions de dollars que le Canada versera au Partenariat mondial et qui comprend 33 millions de dollars (25 millions de dollars américains) pour la construction du centre de destruction d'armes chimiques de Shchuch'ye, dans l'oblast (région administrative) de Kurgan.

 

Le Canada s'intéresse vivement au centre de Shchuch'ye depuis un moment. Entre 2000 et 2002, donc avant la formation du Partenariat mondial, il a versé plus de 5 millions de dollars pour la réalisation à cet endroit de projets d'infrastructure très prioritaires. Les fonds canadiens ont servi à financer la construction d'une route d'accès à la zone industrielle dans laquelle sera aménagé le centre, l'installation de lignes électriques pour l'alimentation en électricité de ce dernier et la pose d'un gazoduc de 105 kilomètres. Ce gazoduc, dont les travaux sont financés également par l'Italie, alimentera en gaz naturel non seulement le centre de destruction d'armes chimiques mais aussi de nombreuses localités. Il m'a fait plaisir d'apprendre hier de la bouche de Mme Vepreva qu'il est possible de voir dès maintenant les travaux de canalisation en cours pour relier le gazoduc aux maisons de particuliers.

 

Comme le montrent ces contributions, le Canada considère qu'il est primordial de détruire les armes chimiques rassemblées à Shchuch'ye, soit 5 400 tonnes métriques d'agents neurotoxiques répartis dans 1,9 million d'obus environ. Il prévoit de contribuer sensiblement à cet effort et de façon soutenue.

 

La conclusion avec la Fédération de Russie d'un accord bilatéral qui satisfera pleinement aux Lignes directrices du Partenariat mondial sur les projets nouveaux ou élargis sera essentielle pour que le Canada puisse aider ce pays à l'avenir dans la destruction de ses armes chimiques. Moscou et Ottawa négocient actuellement cet accord. Cependant, le Canada entend bien appuyer la Russie dans les efforts qu'elle déploie pour détruire ses armes chimiques avant qu'un tel accord soit conclu. En fait, comme nos amis du Royaume-Uni l'ont déjà mentionné, le Canada versera sa première contribution au Partenariat mondial pour le centre de Shchuch'ye – les 33 millions de dollars annoncés par le premier ministre pour un projet ferroviaire – par le biais de l'accord bilatéral conclu entre le Royaume-Uni et la Russie. Le Canada et le Royaume-Uni espèrent signer la semaine prochaine, ici, à Moscou, le protocole d'entente de cette contribution.

 

Laissez-moi saluer ici le rôle du Royaume-Uni qui, en acceptant de transmettre les fonds canadiens par le biais de son accord bilatéral avec la Russie, permet au Canada de contribuer sensiblement à la destruction des armes chimiques avant la conclusion de son propre instrument juridique avec la Russie. Le Canada et le Royaume-Uni ont développé une excellente collaboration en ce qui concerne la destruction des armes chimiques, ce qui illustre parfaitement, selon nous, l'esprit du Partenariat mondial.

 

Permettez-moi d'ajouter que le Canada est très heureux des excellentes relations de travail nouées avec l'organisme russe chargé des munitions. Ses représentants, à commencer par le directeur général M. Kholstov, se montrent très conciliants dans l'avancement du programme d'aide canadien à la destruction des armes chimiques. Nous nous réjouissons de continuer cette coopération avec l'organisme en question dans les mois et les années à venir.

 

La destruction des armes chimiques est une grande priorité pour le Canada dans le cadre du Partenariat mondial. Non seulement la destruction des stocks russes d'armes chimiques renforce la sécurité internationale en aidant à faire en sorte que des terroristes, où ceux qui leur donnent asile, n'acquièrent pas de telles armes, mais en plus, elle aide la Russie à respecter ses obligations aux termes de la Convention sur les armes chimiques et contribue donc aux efforts multilatéraux en matière de non-prolifération, de contrôle des armements et de désarmement.

 

Il est important que la communauté internationale aide la Russie à détruire ses armes chimiques, mais force est de souligner, comme l'a fait hier M. Kirienko, qu'aux termes de la Convention, la Russie doit assumer le coût de ses activités de destruction. Il est à noter à cet égard que la Russie a d'ailleurs augmenté le financement de ses opérations en 2003. Cependant, Moscou devra consentir des investissements nettement supérieurs pour que la Russie respecte les échéances intermédiaire et finale en matière de destruction fixées par la Convention. En outre, pour bien gérer leurs propres programmes d'aide, les donateurs devront obtenir une déclaration claire de la Russie en ce qui concerne les niveaux de financement prévus sur plusieurs années.

 

Les niveaux de financement influeront certainement sur le plan de destruction global adopté par la Russie. Comme tous les autres pays donateurs, le Canada est très directement concerné par ce plan. Nous devons savoir clairement quand, où et comment les divers volets de l'architecture de destruction des armes chimiques seront définis afin de planifier nos propres activités dans le cadre du Partenariat mondial. Ainsi, le montant que nous pourrons consacrer au centre de Shchuch'ye dépendra de la durée des travaux d'aménagement dudit centre. Comme l'a fait remarquer M. Gozal, pour obtenir du financement il faut que les donateurs de leur côté fournissent des renseignements détaillés aux organismes responsables du financement, soit le Conseil du Trésor dans le cas du Canada. Sans ces renseignements il est difficile de verser ce financement à temps. Nous sommes donc impatients de recevoir de la Russie des renseignements opportuns sur ses plans de destruction pratiques.

 

La destruction des armes chimiques russes est une tâche aussi complexe qu'immense. Comme cette assemblée le montre bien aujourd'hui, il est indispensable, pour relever les divers défis qui se posent, de travailler ensemble afin de faire participer différents gouvernements, différentes communautés et différentes personnes. Un objectif commun, une résolution partagée, un engagement collectif dans l'action et un véritable partenariat s'imposent pour atteindre notre but à tous, qui est de débarrasser à tout jamais le monde du fléau des armes chimiques. Il nous faut absolument y parvenir.