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Le Canada dans le monde : Politique internationale du Canada
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Déclaration de Debra Price, conseillère
Programme de partenariat mondial, ambassade du Canada
Dialogue national de la Croix-Verte
Moscou, 1er novembre
20

05

C'est pour moi un plaisir de participer à cette conférence et d'avoir l'occasion de m'adresser à vous tous ici présents. Au nom du gouvernement du Canada, permettez-moi d'exprimer mes sincères remerciements à la Croix-Verte pour nous avoir invités à participer à cet événement important.

 

Le Dialogue national de la Croix-Verte marque chaque année l'anniversaire de la ratification par la Russie, en novembre 1997, de la Convention sur les armes chimiques. Or, en plus de ce jalon clé, l'année 2005 marque plusieurs autres anniversaires associés aux armes chimiques que nous croyons utile de mentionner, car il ne faut pas oublier :

  • Il y a 90 ans, en avril 1915, les premières armes chimiques ont été utilisées lors de la bataille d'Ypres. Pendant la Première Guerre mondiale, plus de 100 000 personnes ont été tuées par des armes chimiques, et plus de 1,3 million d'autres personnes ont été blessées.

  • Il y a 80 ans, en juin 1925, le Protocole de Genève a vu le jour, et l'emploi d'armes chimiques « a été à juste titre condamné par l'opinion générale du monde civilisé ». Malheureusement, toutefois, la recherche, la conception, la production et le stockage de nouvelles armes chimiques de plus en plus meurtrières s'est poursuivi pendant des décennies.

  • Il ya 60 ans, en 1945, la Seconde Guerre mondiale, la Grande guerre patriotique, a pris fin. Heureusement, aucune arme chimique n'a été utilisée pendant ce terrible conflit. Par contre, les arsenaux massifs d'armes chimiques laissés à l'abandon ou mis en stockage définitif après la guerre ont légué un triste héritage environnemental, sanitaire et sécuritaire qui continue d'entraver les efforts de la collectivité mondiale.

  • Il y a 30 ans, en mars 1975, la Convention sur les armes biologiques et à toxines est entrée en vigueur. Bien que cette convention soit clairement axée sur les armes biologiques, son préambule mentionne que les États parties reconnaissent « qu'une entente sur l'interdiction des armes bactériologiques (biologiques) ou à toxines représente une première étape possible vers la réalisation d'un accord sur des mesures efficaces tendant à interdire également la mise au point, la fabrication et le stockage d'armes chimiques ». Il fallu près de deux décennies supplémentaires pour y arriver, mais cet objectif a finalement été atteint avec la réalisation de la Convention sur les armes chimiques.

  • Il y a 10 ans, en mars 1995, des membres du culte Aum Shinri Kyo ont perpétré un attentat terroriste à l'arme chimique dans le réseau de métro de Tokyo, faisant 12 morts et plus de 5 000 blessés.

Les événements ci-dessus ne sont pas de simples anecdotes historiques. Ensemble, ils justifient les fondements du rassemblement d'aujourd'hui, soit :

  • le rejet et l'exécration des armes chimiques à l'échelle mondiale, et la reconnaissance du fait que leur emploi va à l'encontre de la dignité humaine;

  • l'engagement à l'égard d'un instrument international contraignant et ayant pour objectif l'élimination de tous les stocks d'armes chimiques;

  • la volonté indéfectible d'empêcher les terroristes d'employer des armes chimiques pour faire souffrir des innocents.

Ces mêmes éléments sont au cœur du Partenariat mondial du G8 contre la prolifération des armes de destruction massive et des matières connexes, en vertu duquel un certain nombre de pays, dont le Canada, apportent une contribution importante à la destruction des stocks massifs d'armes chimiques de la Russie.

 

Toutes les personnes ici présentes sont familières avec l'évolution et les objectifs du Partenariat mondial, je suppose, puisqu'ils ont déjà été éloquemment expliqués plus tôt aujourd'hui. J'aimerais donc souligner la contribution actuelle du Canada à la destruction d'armes chimiques en Russie, en vertu de ce partenariat, et aussi mentionner quelques principes et pratiques exemplaires qui guident notre programme d'assistance en la matière.

 

Jusqu'à présent, le Canada a consacré plus de 103 millions de dollars à la construction de l'usine de destruction d'armes chimiques (UDAC) de Shchuch'ye. En plus de financer l'élaboration de documents de conception de projets industriels, le Canada a investi dans la construction des infrastructures suivantes :

  • une ligne de transport d'électricité de 110kV pour alimenter l'UDAC

  • un évacuateur de crue sur la rivière Chumlyachka

  • une route de patrouille de 1,319 km à Shchuch'ye

  • une portion de 35,5 km du gazoduc de 105 km reliant Peschano, Shumika et Shchuch'ye.

  • un chemin de fer de 18 km nécessaire au transport sécuritaire des quelque 1,9 million de munitions chimiques depuis le lieu de stockage de Shchuch'ye jusqu'au lieu de destruction.

  • un système local d'avertissement publique servant à avertir la population locale en cas d'accident chimique;

  • des lignes de communication entre les sites.

Outre ces projets de construction, le Canada a récemment débloqué 55 millions de dollars pour financer la fourniture de la grande majorité de l'équipement destiné au deuxième grand immeuble de l'usine de destruction de Shchuch'ye. Pour les personnes intéressées, je précise que j'ai avec moi des copies des communiqués et de l'information générale de nos ministres des Affaires étrangères à ce sujet.

 

On nous demande souvent pourquoi le Canada finance uniquement des projets d'infrastructure industrielle, et non des projets visant à améliorer l'infrastructure sociale à l'échelle locale. Le Canada reconnaît pleinement l'importance de l'aménagement en infrastructure sociale dans les communautés voisines des UDAC. Toutefois, le Partenariat mondial est une initiative de lutte antiterroriste et de non-prolifération. Par conséquent, les fonds canadiens destinés au Partenariat mondial doivent être consacrés à des projets qui contribuent directement à la destruction d'armes chimiques – de ce fait, les projets d'infrastructure sociale ne sont tout simplement pas admissibles au financement canadien. D'autre part, la construction d'infrastructure sociale dans les environs des UDAC incombe évidemment au gouvernement de la Russie.

 

Malgré ces restrictions, nous avons néanmoins la chance de financer un certain nombre de projets d'infrastructure industrielle qui contribuent aussi bien à l'infrastructure sociale qu'à la mise en service de l'UDAC de Shchuch'ye. Par exemple, le gazoduc que nous avons contribué à construire pourra approvisionner à la fois l'UDAC et les communautés locales. Quant au système local d'avertissement publique, il apportera des bénéfices évidents aux milliers de personnes vivant dans les 16 communautés près de l'UDAC de Shchuch'ye, un facteur qui a été déterminant dans la décision du Canada de financer le projet. Je tiens par ailleurs à insister sur le fait que, dans le cadre des projets qu'il finance à Shchuch'ye, le Canada attache une grande importance à la protection de l'environnement ainsi qu'à la santé et la sécurité de la population locale et de la main-d'œuvre. En fait, pour tous les projets que nous finançons en Russie en vertu du Partenariat mondial, nous appliquons les mêmes normes rigoureuses en matière d'environnement que pour tout projet comparable qui est exécuté au Canada.

 

Le Canada investit dans les projets de Shchuch'ye liés au Partenariat mondial par le biais de l'accord bilatéral entre le Royaume-Uni et la Russie. Cela signifie que le Royaume-Uni est chargé de l'exécution des projets que finance le Canada à cet endroit, en étroite collaboration avec des spécialistes canadiens. Mon collègue britannique a mentionné brièvement les avantages de cette approche qui nous permet de nous épauler. Nous endossons pleinement ses observations sur le partenariat qui s'est formé entre différents pays par rapport à l'usine de Shchuch'ye. Le Canada est extrêmement fier d'y collaborer si étroitement et si efficacement avec le Royaume-Uni, et il est tout aussi fier d'y avoir forgé de solides relations de travail avec les États-Unis. De plus, son rôle prépondérant et son engagement d'un milliard de dollars à cet égard méritent d'être applaudis. Nous croyons fermement que le partenariat formé à Shchuch'ye représente l'exemple suprême de ce que vise le Partenariat mondial : des pays qui collaborent afin d'empêcher les terroristes et ceux qui les abritent d'acquérir des armes de destruction massive et des matières connexes.

 

Bien sûr, le gouvernement de la Fédération de Russie mérite une reconnaissance spéciale pour le rôle qu'il joue dans ce partenariat. En effet, il a réalisé cette année des progrès très impressionnants dans le cadre de ses efforts de destruction d'armes chimiques. De plus, le Canada salue les augmentations budgétaires très importantes que la Russie a autorisées en faveur de la destruction d'armes chimiques. Nous reconnaissons tous le grand défi que représentera pour la Russie la destruction d'ici le 29 avril 2012, en collaboration avec ses partenaires, des 40 000 tonnes d'armes chimiques déclarées, mais nous croyons vraiment que nous nous dirigeons dans la bonne direction.

 

Quoi qu'il en soit, la contribution du Canada à la destruction d'armes chimiques en Russie ne se limite pas à l'installation de Shchuch'ye. Le Canada soutient également les efforts que déploie la Croix-Verte pour fournir de l'information objective sur la destruction des armes chimiques et pour faciliter l'établissement d'un dialogue constructif parmi les citoyens russes, en particulier les plus affectés, soit ceux qui vivent et qui travaillent à proximité des installations de stockage et de destruction d'armes chimiques. Plus particulièrement, le Canada finance le bureau d'information du public de la Croix-Verte à Izhevsk (république d'Oudmourtie). J'ai d'ailleurs eu l'immense plaisir de participer à l'ouverture officielle de ce bureau en juin dernier, et je sais que plusieurs de mes collègues d'Ottawa espèrent pouvoir y effectuer une visite ce mois-ci. À tous les représentants de la Croix-Verte et de Global Green ici présents, permettez-moi de dire ceci : poursuivez votre excellent travail!

 

J'aimerais maintenant conclure là où j'ai commencé : c'est durant la terrible bataille d'Ypres, au printemps 1915, où des vagues d'armes chimiques déferlaient sur les troupes alliées, effrayées et sans défense, que le lieutenant-colonel John McCrae, un médecin canadien, a écrit le poème « In Flanders Field » (Dans les champs de Flandres). En anglais, la dernière strophe de ce poème émouvant se lit à peu près comme suit : « Poursuivez notre combat contre l'ennemi / Nous passons le flambeau de nos mains affaiblies / À vous désormais de le porter bien haut. » Or, tous ceux qui œuvrent en faveur de la destruction des armes chimiques contribuent véritablement à porter le flambeau. Nous ne devons pas perdre confiance. Nous ne devons pas faiblir. L'élimination complète des armes chimiques doit être menée à bien.