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M. AXWORTHY - ALLOCUTION DEVANT LA SOCIÉTÉ ROYALE DU COMMONWEALTH ET LE FORUM NATIONAL ÉTUDIANT DU COMMONWEALTH - OTTAWA (ONTARIO)

2000/23 SOUS RÉSERVE DE MODIFICATIONS

NOTES POUR UNE ALLOCUTION

DE

L'HONORABLE LLOYD AXWORTHY,

MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES,

DEVANT LA SOCIÉTÉ ROYALE DU COMMONWEALTH

ET LE FORUM NATIONAL ÉTUDIANT DU COMMONWEALTH

OTTAWA (Ontario)

Le 9 mai 2000

(19 h 00)

Je suis heureux d'être ici ce soir. Nous formons un groupe d'une grande diversité rassemblé autour d'un intérêt commun : notre attachement au Commonwealth.

Nous conviendrons tous, je crois, que l'action du Commonwealth peut jouer un grand rôle dans la promotion des valeurs communes qui lient ses membres et qu'il peut contribuer d'une manière très sensible au développement, à la paix et à la sécurité de tous ses peuples.

Je suis particulièrement encouragé par la participation de jeunes Canadiens, qui se sont réunis avec l'espoir, les aspirations et la confiance qui caractérisent votre génération pour tenir des discussions et échanger des idées sur le Commonwealth et l'avenir.

À l'autre bout du monde, dans un autre pays du Commonwealth, des jeunes comme vous vivent une réalité différente et autrement plus difficile. Quand on pense à leur avenir, l'espoir, les aspirations et la confiance ne sont pas des notions faciles à envisager.

Au cours de la dernière décennie, la brutalité et les souffrances en Sierra Leone ont étouffé leurs aspirations, en même temps qu'elles anéantissaient les rêves du reste de la population désespérée de ce pays.

Le meurtre de gardiens de la paix des Nations Unies et la capture d'autres la semaine dernière constituent le défi le plus récent lancé à un processus de paix déjà mal en point.

Cet incident est intolérable. Les Canadiens l'ont condamné de la façon la plus énergique. Nous avons lancé un appel pour la libération immédiate des otages restants et nous collaborons étroitement avec d'autres, au Conseil de sécurité, pour atteindre cet objectif.

J'ai également réitéré un message que j'avais personnellement remis, il y a deux semaines, à Foday Sankoh, le chef du Front révolutionnaire uni rebelle, lui demandant de respecter strictement toutes les conditions de l'accord de paix de Lomé.

L'action des forces rebelles n'est pas seulement inacceptable. Elle est symptomatique de la nature changeante du conflit armé qui se manifeste dans ce nouveau siècle, ainsi que de l'évolution des risques et des défis qui y sont associés.

Ce sont là des menaces qui, pour le moins, mettent en danger la sécurité humaine sur une échelle sans précédent.

En Sierra Leone, le conflit n'est pas localisé dans des champs de bataille isolés en zone frontalière. Il s'étend au pays lui-même, ravageant aussi bien les villes que les campagnes. Les combattants sont souvent des enfants qu'on a forcé à se battre ou qu'on a entraînés dans la violence. Les cibles sont non pas militaires, mais civiles. Le matériel de guerre, essentiellement composé d'armes de petit calibre, d'armes militaires légères et de mines terrestres, tue et blesse surtout des gens ordinaires. Les fonds qui financent la violence sont tirés de la nouvelle économie de guerre, dans laquelle les richesses du pays sont pillées par une alliance sans scrupules entre des seigneurs de guerre et des intérêts commerciaux.

En Sierra Leone, comme dans le cas des autres conflits armés contemporains, tout cela fait que ce sont des civils innocents qui souffrent le plus. Les statistiques sont consternantes. Pour les victimes de la guerre, la réalité est épouvantable.

Cela n'était que trop évident dans les visages désespérés, les voix terrifiées et les membres mutilés des gens que j'ai rencontrés au cours de ma visite en Sierra Leone la semaine dernière.

J'étais accompagné par David Pratt, mon envoyé spécial, qui a tant fait pour porter cette horrible tragédie à notre attention, tout en travaillant très fort pour proposer aux Canadiens des moyens concrets de se rendre utiles.

Notre aide est en effet indispensable. Le programme canadien de sécurité humaine a pour objet d'accorder aux gens -- à leurs droits, à leur sécurité, à leur vie -- la première place dans notre politique étrangère.

C'est cette approche qui a animé la campagne pour l'élimination des mines terrestres, qui a motivé nos efforts visant la création de la Cour criminelle internationale, qui a stimulé notre action tendant à persuader le Conseil de sécurité de tenir compte de la protection des civils dans les conflits armés, qui a soutenu nos initiatives en faveur des enfants touchés par la guerre et contre la prolifération et l'emploi abusif des armes légères.

C'est le motif de l'engagement canadien en Sierra Leone. Nous avons œuvré à l'échelle tant multilatérale que bilatérale pour favoriser une paix durable.

Mais il ne sera possible de trouver une solution à long terme en Sierra Leone qu'au prix d'un effort soutenu de la communauté internationale, c'est-à-dire une action multilatérale concertée destinée à appuyer le processus de paix et à jeter les bases d'une société stable. Le Canada a soutenu ces efforts.

Depuis 1997, les pays de la région -- et surtout le Nigéria et le Ghana -- ont travaillé au rétablissement des droits constitutionnels dans le cadre du Groupe de contrôle de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest [CEDEAO], qui constitue une force régionale de maintien de la paix. Leurs efforts ont coûté cher en vies humaines et en ressources financières, particulièrement rares dans la région.

Le Canada a contribué à cette opération dans le cadre du Commonwealth. Toutefois, le maintien de la paix en Sierra Leone n'est clairement pas une tâche que la CEDEAO peut ou doit assumer seule. C'est un travail collectif dont nous partageons tous la responsabilité.

C'est pour cette raison qu'après la signature de l'accord de paix de Lomé, en juillet 1999, le Canada a œuvré au sein du Conseil de sécurité en vue du déploiement d'une importante force de maintien de la paix des Nations Unies, la MINUSIL, pour favoriser la mise en œuvre de l'accord de paix. Nous avions alors obtenu, grâce à d'importants efforts, que la protection des civils fasse explicitement partie du mandat de la Mission, pour la première fois dans l'histoire des opérations de paix des Nations Unies.

La situation actuelle montre clairement que le retour à la paix n'est ni facile, ni rapide, ni sans risque. Il est cependant essentiel de régler la crise et de rétablir l'autorité des Nations Unies et de la MINUSIL, non seulement pour sauvegarder le processus de paix en Sierra Leone, mais pour assurer la crédibilité des opérations de paix des Nations Unies partout dans le monde.

À ces efforts de rétablissement de la paix devraient s'ajouter une attention et une action internationales portant sur les forces économiques qui alimentent la guerre. À cette fin, Partenariat Afrique Canada, avec l'aide du gouvernement du Canada, a produit un rapport exceptionnel intitulé « The Heart of the Matter », qui met en lumière le trafic illicite de diamants en Sierra Leone ainsi que ses répercussions sur le conflit qui ravage le pays et la région.

En coopération avec d'autres pays, le Canada examine les moyens auxquels il serait possible de recourir pour que les diamants de la Sierra Leone servent à augmenter plutôt qu'à diminuer la sécurité et le développement de son peuple. Notre expérience en Angola, où nous avions assumé le premier rôle dans le renforcement des sanctions des Nations Unies contre le trafic illicite de pétrole, de diamants et d'armes, pourrait se révéler utile à cet égard.

La Sierra Leone nous donne en outre d'autres arguments à invoquer en faveur de la création de la Cour criminelle internationale, qui pourrait constituer un facteur de dissuasion en montrant que ceux qui se rendent coupables de crimes contre l'humanité n'ont aucune chance de trouver un refuge ou d'échapper à la justice.

Les mesures prises par le Canada sur le plan bilatéral visent à renforcer ces activités internationales.

J'ai mentionné les efforts de David Pratt, qui a travaillé sans relâche, avec les brillants résultats qu'on connaît, pour sensibiliser ses interlocuteurs à la situation et les presser d'agir.

Depuis décembre 1998, le Canada a affecté près de 12 millions de dollars au soutien de la paix en Sierra Leone. Ces fonds doivent essentiellement servir à l'aide humanitaire, à l'envoi de produits alimentaires, à des activités de désarmement, de démobilisation et de réinsertion sociale, ainsi qu'à différents programmes de consolidation de la paix, comprenant notamment la participation du Canada au projet de force policière du Commonwealth, à la création d'une Commission de vérité et de réconciliation et à l'établissement de médias libres.

Ces efforts se poursuivront. Par exemple, le Canada participe actuellement à la mise en place d'une Commission nationale des enfants en Sierra Leone, composée d'organisations de la société civile et de représentants du gouvernement, qui concentrera ses efforts sur les plus vulnérables des victimes de la guerre.

Il est essentiel, en effet, de s'occuper des enfants touchés par la guerre si l'on veut améliorer les chances de réaliser une paix durable dans le pays. Plus de la moitié de la population de la Sierra Leone a moins de 18 ans. C'est toute une génération qui n'a rien connu d'autre que la guerre. Il est donc capital d'accorder une attention soutenue à leurs problèmes, comme à ceux de tous les jeunes touchés par la guerre dans tous les conflits.

C'était d'ailleurs là l'objet de la Conférence sur les enfants touchés par la guerre en Afrique de l'Ouset que j'ai eu l'honneur de coprésider, à Accra, au Ghana, avec mon homologue ghanéen, le ministre des Affaires étrangères Ghebo, juste avant ma visite à Freetown.

Cette conférence a dressé une liste de mesures concrètes que les pays de l'Afrique de l'Ouest peuvent entreprendre, avec l'aide d'autres pays, pour s'occuper des répercussions de la guerre sur les enfants, pour contribuer à leur réinsertion dans la société, surtout par l'éducation, et pour prévenir la participation d'enfants aux conflits.

Les résultats de la Conférence d'Accra, qui était la première de son genre, seront repris à la Conférence internationale sur les enfants touchés par la guerre, qui aura lieu à Winnipeg en septembre prochain. Cette rencontre permettra de réunir des gouvernements d'optique commune, des organismes internationaux et des organisations de la société civile en vue de mettre au point un plan d'action mondial.

Il y a plus de 200 ans, Halifax a servi d'escale à beaucoup de ceux qui, fuyant l'oppression, ont fini par s'établir en Sierra Leone. C'est ainsi que s'est tissé le lien qui existe entre le Canada et ce pays.

Ce lien s'est perpétué grâce à notre appartenance commune au Commonwealth. La semaine dernière, à Londres, j'ai assisté à une réunion du Groupe d'action ministériel du Commonwealth, au cours de laquelle nous avons notamment discuté des moyens de poursuivre notre appui de longue date au processus de paix.

Mais peut-être plus que dans toute autre organisation, la force du Commonwealth et l'efficacité de son action résident dans les liens directs entre ses peuples.

Votre présence, en si grand nombre, témoigne de cette réalité. Je suis très encouragé, mais pas du tout surpris, de voir parmi vous ce soir tant d'amis et de partisans de la Sierra Leone, des gens qui ont généreusement donné leur temps et leur argent à la lutte destinée à ramener un certain degré de paix et de sécurité aux habitants de ce pays.

C'est là un témoignage de la générosité canadienne et un bel exemple de l'efficacité de notre programme de sécurité humaine.

Je vous remercie.


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Dernière mise à jour : 2006-10-30 Haut de la page
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