DISCOURS
M. PETTIGREW - ALLOCUTION DEVANT L'OTTAWA DIPLOMATIC ASSOCIATIONET LE DIPLOMATIC PRESS ATTACHÉS NETWORK AU CERCLE NATIONAL DES JOURNALISTES
2000/7 SOUS RÉSERVE DE MODIFICATIONS
NOTES POUR UNE ALLOCUTION
DE
L'HONORABLE PIERRE S. PETTIGREW,
MINISTRE DU COMMERCE INTERNATIONAL,
DEVANT L'OTTAWA DIPLOMATIC ASSOCIATION
ET LE DIPLOMATIC PRESS ATTACHÉS NETWORK
AU CERCLE NATIONAL DES JOURNALISTES
OTTAWA (Ontario)
Le 16 février 2000
(13 h 30 HNE)
Je tiens à vous dire à quel point j'ai été heureux de prendre connaissance de l'existence de vos
deux organisations : le Diplomatic Press Attachés Network et l'Ottawa Diplomatic Association.
Ayant moi-même une longue expérience des affaires internationales, je connais l'importance
d'instances comme celles-ci pour établir des rapports interpersonnels et pour discuter de
questions qui ont de l'importance sur la scène internationale. Le Canada est fier d'entretenir des
relations amicales avec le reste de la communauté mondiale et je me réjouis particulièrement
de voir un si grand nombre de nos amis présents ici aujourd'hui.
Je suis conscient du fait que la plupart d'entre vous passent une grande partie de leur vie à
l'extérieur de leur foyer, au service de leur pays. Je considère que vous et moi -- étant donné
que mes fonctions de ministre du Commerce international m'amènent également à voyager
fréquemment à l'étranger -- sommes des « nomades ». En réalité, je vous assure, je voyage
assez souvent pour partager votre perception du fait que les voyages et l'expérience d'autres
cultures sont des occasions d'apprendre. Et ce que nous apprenons demeure en nous et nous
procure une compréhension beaucoup plus profonde et beaucoup large de l'humanité et des
relations internationales qui nous rapprochent.
Le commerce international, bien évidemment, constitue un aspect très important de ces
relations.
Ces dernières années -- et particulièrement ces derniers mois --, nous avons entendu un débat
très énergique sur le commerce et sur la mondialisation en général, dans les médias et même
dans la rue!
Cela me paraît très sain et je m'en réjouis.
Je m'en réjouis parce qu'à mon avis, à terme, plus nous en parlons, plus nous en débattons,
plus nous en analysons le pour et le contre, mieux nous pourrons comprendre les influences qui
entrent en jeu et mieux nous pourrons nous entendre sur la façon de les modeler.
D'aucuns, bien évidemment, estiment que la suspension des pourparlers de l'Organisation
mondiale du commerce [OMC] à Seattle marquait un très grave revers -- voire la fin -- des tentatives
que nous faisons afin de mener à terme le programme d'action inachevé de l'Accord général sur les tarifs
douaniers et le commerce [GATT] et de nous servir du système commercial fondé sur des règles
pour instaurer la prospérité et la sécurité dans le monde.
La vérité est tout autre. Tout comme nous avons survécu à la peur de l'an 2000, nous avons
survécu à Seattle! Nous apprenons et tirons profit des leçons apprises. Les travaux se
poursuivent.
En réalité, ces travaux ont même gagné en importance, car nous entrons maintenant dans une
nouvelle ère des discussions commerciales. Une ère que je qualifierais de « commerce
plus » : le commerce plus la main-d'oeuvre, le commerce plus l'environnement, le commerce
plus la démocratie, le commerce plus la réforme.
Toutes ces questions doivent faire partie du débat, parce qu'elles revêtent une importance
capitale pour nos citoyens. Le débat qui s'intensifie depuis une dizaine d'années concerne non
seulement le commerce et l'investissement, mais aussi les aspects que les sociétés veulent
changer et ceux qu'elles souhaitent conserver, dans une ère où le changement s'accélère. La
technologie, le commerce, l'investissement ne sont que des catalyseurs. Il est ironique que ceux
qui craignent les effets pervers du changement « jettent le bébé avec l'eau du bain ». En effet,
ils oublient que ces mêmes influences peuvent apporter -- et apportent -- des emplois, le
développement, une réduction de la pauvreté, le relèvement des normes relatives à
l'environnement et au travail, ainsi qu'une foule de changements positifs que personne ne veut
éliminer. Ainsi, au fur et à mesure que le débat fait rage, il importe de garder à l'esprit deux
principes fondamentaux : premièrement, que l'ordre du jour commercial porte essentiellement
sur la prospérité économique et, deuxièmement, qu'il s'inscrit dans le cadre d'un ordre du jour
socio-économique plus large qui, dans nos pays et par-delà de leurs frontières, englobe
l'ensemble des réalités économiques, sociales et politiques auxquelles nous devons tous faire
face et qui vont de la gestion de l'environnement à la diversité culturelle et à la sécurité
humaine.
Cela n'est que le dernier chapitre d'un livre entamé il y a plus d'un demi-siècle.
Les marchés n'existent pas dans le vide! Notre système commercial international actuel plonge
ses racines, dans une large mesure, dans les espoirs de la génération de la Deuxième Guerre
mondiale. Ces gens voulaient édifier un monde plus stable, plus prévisible et, au bout du
compte, plus pacifique.
Tel est le sentiment qui a donné naissance au GATT -- dont le Canada a été un membre
fondateur -- et c'est le même sentiment qui anime l'OMC.
En notre qualité de gouvernements, il nous faut rappeler à nos citoyens les avantages
historiques que la plus grande ouverture des marchés a procurés au monde pendant le dernier
demi-siècle. Elle a contribué énormément à la prospérité et à la croissance des pays aussi bien
développés qu'en développement. Au Canada, les avantages du commerce ont déferlé sur
toutes les couches de la société.
Maintenant, nous devons présenter un plan pour l'avenir, un plan qui exposerait les moyens
que nous pouvons prendre pour renforcer les économies et pour créer des emplois au moyen
du commerce, tout en laissant à nos communautés nationales la latitude de satisfaire leurs
aspirations.
Cela a un sens particulier pour nous, au Canada, puisque, comme vous le savez, le Canada est
maintenant, toutes proportions gardées, un des plus importants pays commerçants du monde.
Il y a sept ans, environ 30 p. 100 de notre produit intérieur brut [PIB] étaient liés au commerce;
aujourd'hui, cette proportion dépasse les 43 p. 100!
Comparez ces chiffres à ceux des États-Unis, par exemple, qui n'exportent que 11 p. 100 de
leur PIB. C'est quatre fois moins que le Canada.
Comparez ces chiffres à ceux du Japon, qui n'exporte que 15 p. 100 de son PIB. En proportion,
un peu plus du tiers de ce que nous faisons.
Près d'un tiers de tous les emplois au Canada sont tributaires du commerce!
Et il ne s'agit pas seulement de produits de base. Les produits de base ne représentent
que 32 p. 100 de nos exportations. Donc, nous sommes en passe de devenir une économie du
savoir, nous exportons nos services et nos compétences, et beaucoup d'autres choses encore.
Je sais qu'il existe encore un mythe dans certaines régions du monde, selon lequel le succès
de l'économie canadienne est tributaire de l'exportation de produits de base. Il est certainement
exact qu'au fil des ans, nos ressources naturelles ont constitué une énorme source de richesse
pour notre population. De fait, elles représentent toujours environ 32 p. 100 de nos exportations
et constituent ainsi une source importante et fort appréciée de recettes à l'exportation pour
l'économie canadienne.
Cela étant dit, il importe aussi de reconnaître que cette proportion équivaut à environ la moitié
de ce qu'elle était en 1980. Si les produits de base comptent maintenant pour moins du tiers
des exportations du Canada, cela signifie que deux tiers ne sont pas à base de ressources
naturelles. Il apparaît donc à l'évidence que l'économie canadienne a changé!
La plupart de nos exportations se composent maintenant de biens et de services à forte valeur
ajoutée; les entreprises canadiennes sont des chefs de file dans le monde dans les secteurs
des télécommunications, de l'aérospatiale, des logiciels, des technologies environnementales et
d'autres secteurs de la nouvelle économie. Quiconque a fait une visite dans les entreprises de
technologie de pointe aux abords d'Ottawa, par exemple, sait de quoi je parle.
Je tiens à ce que vous n'interprétiez pas mes propos de façon erronée. Nous sommes très fiers
de l'image de marque de notre pays qui présente le Canada comme un pays comptant de
grandes forêts, de l'énergie en abondance, des richesses minérales, des produits agricoles, et
une nature d'une beauté qui attire des touristes du monde entier. Toutefois, nous voulons aussi
que le monde sache que la plus importante ressource du Canada d'aujourd'hui est sa
population. C'est pourquoi le Canada d'aujourd'hui a une économie reposant sur les
technologies de pointe, une économie du savoir; c'est pourquoi il souhaite mettre en commun
son leadership technologique et ses produits et services avec des pays et des partenaires
commerciaux; et c'est pourquoi il s'est doté d'une économe moderne qui repose fermement sur
ses forces.
Toutes ces statistiques positives au sujet de l'activité du Canada à l'exportation mettent en
évidence le fait que, si le protectionnisme connaît une autre nouvelle montée dans le monde,
comme cela est arrivé périodiquement dans l'histoire de l'humanité, nous nous retrouverons
confrontés à des difficultés beaucoup plus graves que celles qui frapperont certaines des
économies les plus importantes.
Cela signifie qu'un pays comme le Canada a besoin d'un système commercial international
fondé sur des règles; le gouvernement que nous formons est tout à fait déterminé à contribuer à
la mise en place d'un meilleur système, un système plus sûr et plus prévisible.
Nous tirons d'énormes avantages de marchés plus ouverts et plus sûrs;
nous ferons toujours la promotion d'un accroissement de la liberté de mouvement des biens,
des services et des gens de part et d'autre des frontières dans le monde entier.
Enseignements tirés de récents voyages
Étant donné que le Canada et, je le crois, le monde ont beaucoup à gagner d'un renforcement
du système commercial international fondé sur des règles, j'ai consacré beaucoup de temps,
ces trois derniers mois, à débattre des défis qui ont pris le devant de la scène à Seattle. Je ne
partage aucunement l'opinion selon laquelle le revers survenu à Seattle est imputable à ce qui
s'est passé dans les rues. Je crois au contraire que tout s'est joué dans l'enceinte du Centre
des congrès.
Je crois qu'il nous faut reconnaître que beaucoup de gens ont des préoccupations graves, et
souvent légitimes, à propos des liens entre les accords relatifs au commerce international et
d'autres domaines importants comme l'environnement, la culture, le travail et les droits de la
personne. Toutefois, même si je considère que nous ne pouvons balayer ces inquiétudes du
revers de la main, j'ai la conviction qu'on ne peut attendre de l'OMC qu'elle règle tous ces
problèmes. D'ailleurs, la plus grande partie des éléments de preuve donne à penser que le
commerce fait progresser le développement social.
J'ai rencontré récemment des représentants du Fonds monétaire international [FMI], de la
Banque mondiale, de l'Organisation internationale du travail [OIT] et de la Conférence des
Nations Unies sur le commerce et le développement [CNUCED], ainsi que mes homologues
commerciaux des États-Unis et de nombreux pays d'Europe, à savoir ceux de la France, de la
Grande-Bretagne et de la Suisse. Je me suis également entretenu au téléphone avec bon
nombre de mes interlocuteurs internationaux. Au cours de ces entretiens, j'ai abordé plusieurs
des grands défis qui se posent aux ministres du Commerce que nous sommes, des défis qui
s'inscrivent dans le cadre de l'ordre du jour international global que j'ai mentionné plus tôt.
J'ai insisté sur l'importance qu'il y a à assurer la cohérence entre les activités et les politiques
de ces institutions internationales et d'autres. J'ai également mis en évidence la nécessité de
combler le fossé Nord-Sud et d'aplanir les divergences entre les États-Unis et l'Union
européenne, qui sont de taille dans le domaine de l'agriculture et qui, tous deux, sont au coeur
même de la tâche à laquelle l'OMC devrait s'attaquer en ce moment. En guise de contribution à
l'examen des questions Nord-Sud, j'ai proposé une approche en deux volets axée sur des
mesures de renforcement des capacités et de la confiance. Je crois que ces messages ont
trouvé un accueil favorable.
J'ai pour objectif de rechercher la conclusion d'un accord sur la gestion du programme d'action
de l'OMC dans l'ère de l'après-Seattle, aussi bien à court qu'à long terme. Nous avons besoin
de progrès constants et visibles, mais non pas précipités. Il nous faut former un consensus plus
large sur la voie qui s'ouvre et faire participer d'autres organisations internationales à une
approche cohérente; il nous faut aussi élaborer un accord sur un ensemble de mesures à
l'intention des pays en développement.
Notre démarche
Ces discussions m'ont aidé à étoffer une démarche générale qui, selon moi, ralliera de larges
appuis. Notre plan prévoit une action simultanée dans plusieurs domaines différents de manière
à ce que nous atteignions nos objectifs. À court terme, je crois que nous devons centrer nos
efforts sur ce que j'appelle les normes visant à inspirer confiance, qui prépareront le terrain et
nous permettront de tenir un dialogue constructif et de dégager un consensus. Ces mesures
sont les suivantes :
• Poursuivre les négociations sur l'agriculture et les services, comme il a été convenu à Genève
la semaine dernière.
• Faire des progrès sur les autres aspects des travaux permanents de l'OMC, comme les
examens intégrés et les négociations sur l'accession. À cet égard, j'aimerais ajouter un accord
sur les moyens pratiques de traiter les pourparlers permanents sur des questions précises liées
à la mise en oeuvre, pour les membres des pays aussi bien développés qu'en développement.
• Émettre des idées sur la manière dont nous pourrions développer l'OMC pour faire en sorte
qu'elle devienne plus efficiente et transparente.
• Nouer des relations commerciales bilatérales et régionales.
Une autre série d'activités, que je désignerai en ce qui nous concerne de « renforcement des
capacités », comporte un volet à court terme ainsi qu'un volet à long terme. Cette série vise à :
• Assurer un relèvement de la cohérence et de la coordination entre les organes internationaux
qui tentent de régler les problèmes globaux liés au développement durable.
• Répondre aux besoins des pays les moins avancés.
Comme je m'adresse à un auditoire averti, j'espère que vous m'autoriserez à prendre quelques
minutes pour préciser ma pensée.
Agriculture et services
Les membres de l'OMC ont convenu la semaine dernière d'ouvrir à la fin du mois les
négociations intégrées visant à libéraliser davantage le commerce dans les domaines de
l'agriculture et des services.
Nous avons tout intérêt à faire en sorte que les pourparlers sur le commerce des produits
agricoles se déroulent bien. Les agriculteurs canadiens souffrent en raison des subventions
versées aux secteurs agricoles de bon nombre de nos partenaires commerciaux. De solides
progrès dans ce domaine constitueraient une puissante incitation à amorcer dans environ un an
un cycle de négociations plus générales qui, à leur tour, faciliteraient les pourparlers sur
l'agriculture.
L'accomplissement de progrès dans le domaine des services démontrerait également de façon
importante que les règles commerciales mondiales évoluent afin de satisfaire aux exigences
d'une nouvelle économie mondiale reposant de plus en plus sur des changements
technologiques rapides.
Le Canada a indiqué clairement que l'Accord général sur le commerce des services [AGCS]
doit demeurer un accord allant du bas vers le haut. Un accord qui accorde aux pays la
souplesse de libéraliser les services qui, à leur avis, seront bénéfiques pour leur société, tout en
conservant le droit de préserver leurs intérêts sociaux primordiaux.
Poursuivre les autres travaux de l'OMC
Vous savez tous, j'en suis sûr, que les travaux ordinaires de l'OMC sont déjà d'une envergure et
d'une complexité renversantes. Des examens intégrés sont prévus dans des domaines comme
les obstacles techniques au commerce; des différends commerciaux éclatent constamment; et
les examens des politiques commerciales des membres se poursuivent au même moment que
la conduite des négociations sur l'accession de pays comme la Chine et le Vanuatu.
L'Organisation est vivante et se porte assez bien : nous devons nous en servir à bon escient.
En particulier, il faut clairement adopter une démarche à double volet pour les questions de
mise en oeuvre et, malgré l'expérience que j'ai acquise à Seattle, je n'utiliserai pas ce terme
uniquement en rapport avec les préoccupations plus larges des pays en développement. Les
pistes sont, d'une part, d'exercer un contrôle politique de la façon dont les membres s'acquittent
des engagements qu'ils ont contractés dans le cadre du cycle d'Uruguay et, d'autre part, de
veiller à l'accomplissement de progrès réguliers dans les examens des comités et les
discussions portant sur les engagements des membres au chapitre de la mise en oeuvre.
Réformer l'OMC
L'Organisation mondiale du commerce est indispensable. Nous ne saurions permettre qu'elle
stagne et qu'elle perde sa pertinence. Cela dit, tout comme le GATT a évolué et est devenu
l'OMC, cette dernière doit aussi continuer de changer, sur les plans à fois interne et externe,
afin de pouvoir demeurer un mécanisme de commerce international efficace.
Le nombre d'adhérents à l'OMC a connu une énorme croissance en une quinzaine d'années,
passant de 90 membres à 135. La Chine et d'autres pays sont sur le point d'adhérer à
l'Organisation. Le poids que représente le règlement des différends continue de s'alourdir, et il
met à rude épreuve la structure et les mécanismes de décision de l'OMC.
Sur le plan interne, l'OMC doit se doter d'un moyen pour combler le fossé entre le caractère
inclusif du Conseil général, qui regroupe tous les membres, et l'efficacité de groupements plus
petits, mais obligatoirement exclusifs. Nous avançons l'idée selon laquelle cela pourrait prendre
la forme d'un conseil ou d'un comité directeur qui pourrait se composer de pays à la fois
développés et en développement. Cette nouvelle structure ferait en sorte que l'OMC
correspondrait davantage au monde et permettrait au monde de se sentir plus à l'aise au sein
de l'OMC. Elle pourrait également faire fonction d'organe de coordination d'une importance
déterminante et de caisse de résonance qui cernerait les obstacles et repérerait les solutions à
une étape plus hâtive des délibérations. Poursuivre davantage sur ces questions, et d'autres
encore, nécessitera davantage de réflexion de la part des ministres et de leurs conseillers.
Sur le plan externe, l'OMC doit accroître son ouverture et sa transparence, particulièrement en
ce qui concerne la communication d'information aux citoyens qui en sont membres. Nos
citoyens nourrissent de grandes attentes démocratiques; Internet et les communications
modernes font en sorte qu'il est maintenant plus facile que jamais de transmettre l'information
aux populations du monde entier.
À la communication passive doivent s'ajouter, de la part des gouvernements membres et aussi
de l'OMC et d'autres organismes internationaux concernés, un dialogue actif et des activités de
promotion et d'éducation. Je sais qu'une plus grande transparence suscite des objections
d'ordre pratique et idéologique, mais je crois que nous avons tous là un défi à relever. Il n'est
bon pour personne d'alimenter les craintes à l'égard de la « boîte noire » de la politique
commerciale.
Renforcer les rapports commerciaux bilatéraux et régionaux
L'OMC est essentielle, mais il nous faut aussi continuer de travailler à la conclusion d'accords
commerciaux régionaux et bilatéraux qui donnent aux pays la souplesse voulue pour renforcer
leurs liens avec des partenaires commerciaux donnés ou avec des régions entières.
Nous croyons que dans la mesure où ces accords sont complémentaires de l'OMC, il convient
de chercher à en conclure.
Le Canada, par exemple, est membre de l'Accord de libre-échange nord-américain [ALENA],
avec les États-Unis et le Mexique. Nous avons aussi conclu des accords de libre-échange avec
Israël et avec le Chili. Nous sommes en train de négocier un pacte hémisphérique de libre-échange, à savoir la Zone de libre-échange des Amériques [ZLEA]. Nous continuons de
travailler à un accord avec l'Association européenne de libre-échange [AELE], et nous avons
entrepris des négociations en vue d'un accord de libre-échange avec le Costa Rica. Nous
sommes aussi, bien sûr, membres de l'Organisation de coopération économique Asie-Pacifique
[APEC].
Laissez-moi maintenant vous parler rapidement de ce que j'ai appelé les activités de
« renforcement des capacités ».
Améliorer la cohérence et la coordination entre les organismes internationaux
Trop souvent, les pays se trouvent pris dans une partie de bras-de-fer bureaucratique entre les
politiques très divergentes, souvent contradictoires, d'organisations internationales de première
importance. Nous avons entendu parler de beaucoup trop de cas où, par exemple, le FMI dit à
un pays de faire une chose, tandis que l'OMC lui demande le contraire.
C'est pour cette raison que le Canada a plaidé en faveur à la fois de la cohérence et de la
coordination entre les nombreuses organisations internationales. Il nous faut veiller à ce que
l'OMC oeuvre de concert avec le FMI, la CNUCED, l'OIT, le Programme des Nations Unies
pour l'environnement [PNUE] et d'autres encore.
Il est de la plus haute importance que le système international fonctionne véritablement comme
un système, et non comme un regroupement d'empires bureaucratiques disparates, sans
coordination aucune. Il est tout aussi important qu'il y ait coordination entre les politiques
nationales et internationales : des problèmes vastes appellent des réponses d'une variété tout
aussi vaste.
On voit néanmoins poindre des signes prometteurs. L'accord récent sur un protocole relatif à la
biosécurité est un signe très positif. Il montre que tous les pays du monde peuvent unir leurs
efforts et accomplir des progrès en matière de commerce tout en protégeant l'environnement
mondial. Espérons qu'il s'agit là d'un signe précurseur de ce qui se produira.
Répondre aux besoins des pays les moins avancés
Pendant des années, le Canada a joué un important rôle en matière d'assouplissement ou
d'élimination des droits de douane imposés aux pays les moins avancés du monde.
Nous sommes d'avis qu'il faut donner à ces pays le temps voulu pour qu'ils se rééquipent et se
préparent à affronter les exigences qu'impose le relèvement de la concurrence au sein d'un
système mondial. Cela nécessite une combinaison de mesures qui vont plus loin que l'accès
aux marchés et l'assistance technique. Des exercices comme le Cadre intégré, auquel Michel
Camdessus, du FMI, et d'autres sont décidés à redonner une nouvelle vigueur, favorisent la
concertation des efforts destinés à aider les pays les plus pauvres à connaître la croissance
grâce au commerce.
En ma qualité de président du Groupe de travail sur la mise en oeuvre à la Réunion
ministérielle de Seattle, j'ai le plaisir de vous informer que nous avons accompli des progrès
importants au sujet de nouvelles mesures destinées à alléger le fardeau qui pèse sur les pays
les moins avancés. J'ai bon espoir que, de concert avec les membres de la Quadrilatérale, nous
réaliserons d'autres avancées dans ce domaine cette année. J'ai mentionné la Quadrilatérale,
mais mes ambitions sont plus vastes : j'estime qu'aider les pays les plus pauvres est un devoir
pour tous nos pays.
Conclusion
Nous avons vu, pendant les préparatifs de la réunion de Seattle, que bon nombre de membres
de l'OMC estimaient que rien encore ne plaidait véritablement en faveur de l'élargissement des
négociations. Vous avez peut-être conclu, d'après mon discours, que le Canada est toujours
favorable à ces négociations. Toutefois, nous reconnaissons qu'il faut établir la preuve : le
public autant que nos partenaires commerciaux l'exigent. Notre démarche et bon nombre
d'activités parallèles menées chez nous visent à rétablir la confiance et à établir la preuve. En
guise de conclusion, je tiens à vous dire qu'en dépit du sombre tableau des derniers mois, je
suis très optimiste car je crois que nous aurons accompli de grands progrès sur ces questions
d'ici la fin de l'année. Par nous, j'entends les Canadiens et les membres de la communauté
internationale du commerce.
Je tiens également à ajouter que je suis vraiment persuadé que le Canada -- le pays que je
représente avec une grande fierté -- est bien placé pour réussir à l'ère de la mondialisation.
Nous avons une économie du savoir. Nous avons l'expérience de la diversité. Nous créons des
partenariats. En outre, nous disposons d'un plan, où le dialogue ouvert avec nos partenaires
internationaux occupe une place centrale.
D'ailleurs, le Canada lui-même est la preuve que le fait de s'ouvrir au monde, de reconnaître et
de célébrer la diversité qui le caractérise, rapporte de nombreux bénéfices, sur les plans à la
fois économique et social.
J'ai la profonde conviction que notre ouverture constitue l'une des principales raisons pour
lesquelles nous sommes devenus une des sociétés et une des économies les plus solides au
monde, même si nous ne comptons qu'une population relativement petite.
Je peux également vous dire que notre gouvernement a l'intention de continuer à faire la
promotion de son programme d'action en faveur d'un meilleur système commercial, un système
plus équitable et plus juste, qui soit bénéfique aux populations du monde entier.
Tel est le message que nous avons livré à Seattle et tel est le message que nous continuerons
de livrer chaque fois que l'occasion nous en sera donnée.
Je suis ravi d'être ici aujourd'hui, et je tiens à dire que je soutiens vigoureusement l'action de
mon ministère, qui s'attache aussi à renforcer le dialogue avec les milieux diplomatiques au
Canada.
Je vous remercie.
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