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M. AXWORTHY - ALLOCUTION AU CONSEIL DE SÉCURITÉ DES NATIONS UNIESLE CONFLIT EN AFGHANISTAN ET SES INCIDENCES SUR LES DROITS DE LA PERSONNE - NEW YORK, NEW YORK

2000/14 SOUS RÉSERVE DE MODIFICATIONS

NOTES POUR UNE ALLOCUTION

DE

L'HONORABLE LLOYD AXWORTHY,

MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES,

AU CONSEIL DE SÉCURITÉ DES NATIONS UNIES

« LE CONFLIT EN AFGHANISTAN ET SES INCIDENCES

SUR LES DROITS DE LA PERSONNE »

NEW YORK, New York

Le 7 avril 2000

(14 h 30 HAE)

Je voudrais d'abord remercier M. John Renninger pour son exposé instructif, quoique sombre, sur la situation en Afghanistan.

J'aimerais également souhaiter la bienvenue au Conseil de sécurité à Mme Angela King, secrétaire générale adjointe et conseillère spéciale pour l'égalité entre les sexes et la promotion de la femme.

Sa présence ici aujourd'hui souligne l'un des aspects les plus sombres du conflit dans ce pays désespéré : la violation navrante des droits des femmes et des filles, en particulier sous les Taliban.

En effet, la situation des femmes en Afghanistan intéresse directement le Conseil. Leur situation critique démontre encore une fois comment, dans le conflit armé actuel, ce sont les civils qui souffrent le plus. Or, le Conseil est responsable de leur protection comme de celle de toutes les victimes de conflits armés.

Selon les observations des orateurs qui m'ont précédé, il est évident que la seule réalité non équivoque, après 20 ans de guerre civile, de destruction, de brutalité, de violence et de privations, est que ce sont les civils afghans -- femmes, hommes et enfants -- qui souffrent le plus de ce conflit interminable et insensé.

Tous les aspects de ce conflit sont répréhensibles. Certains ressortent plus que d'autres.

De 5 à 7 millions de mines antipersonnel sont éparpillées au hasard dans tout l'Afghanistan. Elles ont une importance militaire limitée, mais, chaque jour, elles continuent de tuer ou de mutiler plus d'une douzaine de civils afghans.

Dans le cadre du programme d'action antimines des Nations Unies, on fait des efforts considérables et encourageants pour débarrasser le pays de ces armes. Pourtant, d'après le plus récent rapport du secrétaire général, on continue de poser des mines, ce qui constitue une négation des efforts de déminage et contrevient manifestement aux dispositions de la Convention d'Ottawa.

L'ingérence dans les opérations humanitaires, particulièrement le refus de donner accès sans encombre et en toute sûreté aux populations touchées, met en péril la vie de ceux et celles qui dépendent de telles opérations pour leur alimentation ou pour les soins médicaux.

C'est seulement grâce aux efforts des organismes des Nations Unies, du CICR [Comité international de la Croix-Rouge] et de diverses organisations non gouvernementales [ONG] que la famine a été évitée. Au minimum, il est essentiel que l'on permette aux opérations humanitaires en Afghanistan de se poursuivre, pour que la guerre ne fasse pas encore des centaines de milliers de victimes additionnelles, directement ou indirectement.

Toutefois, ce qui est sans doute le plus troublant, c'est la tendance systématique qu'ont les Taliban à violer les droits de la personne de la moitié de la population -- les femmes et les filles --, violation que les Taliban dénaturent en disant qu'elle a un fondement religieux.

On interdit aux femmes de se déplacer, pour quelque raison que ce soit, sauf en compagnie d'un homme de leur parenté. Cette interdiction a été appliquée avec rigueur, voire avec brutalité, par les escouades du vice et de la vertu mises en place par les Taliban.

Les femmes qui osent transgresser les ordonnances font l'objet de peines sévères; elles peuvent, entre autres, être battues et torturées publiquement. Mais celles qui obéissent sont des prisonnières virtuelles et elles sont quand même sujettes au harcèlement et à la violence physique.

D'abord introduites à Kaboul et dans d'autres villes par le Front uni, les restrictions quant à la mobilité des femmes ont été retenues ou étendues par les Taliban depuis qu'ils se sont emparés de l'autorité. Ces restrictions ne font pas que priver les femmes des droits de la personne qui sont les leurs et de leur autonomie personnelle la plus élémentaire. Elles les empêchent également d'avoir accès à l'emploi, à l'éducation et aux soins de santé.

Ces restrictions ne sont pas qu'une simple question de négligence : on a affaire à une politique active qui a des effets complexes sur la situation des femmes et des filles. Ainsi, les taux de mortalité maternelle chez les femmes de l'Afghanistan viennent au deuxième rang en importance dans le monde et, alors que le taux d'alphabétisation de l'ensemble de la population est estimé à 30 p. 100, il est de 13 p. 100 chez les femmes.

Je constate, d'après certains comptes rendus, l'existence depuis quelques mois d'une légère amélioration -- quoique localisée --, les Taliban ayant permis par exemple la scolarisation des filles à domicile.

Il faudra cependant redoubler les efforts pour que ce progrès graduel représente même un premier pas dans le sens du respect des normes minimales qu'exige la communauté internationale.

Dans le monde entier, les gens sont outragés de voir le traitement que l'on fait aux femmes et aux filles en Afghanistan. Les Canadiens le sont tout autant. Il y a deux ans, j'ai personnellement remis au secrétaire général environ 5 000 lettres dans lesquelles des Canadiens exprimaient leur inquiétude à propos de la situation de la femme en Afghanistan.

Un groupe de Canadiens inquiets ont récemment mis sur pied une Coalition nationale à l'appui des Afghanes. Ce groupe s'emploie à mobiliser les énergies dans le monde entier pour qu'on s'occupe de la condition féminine en Afghanistan. J'ai rencontré les dirigeants de cette organisation pour obtenir leur point de vue quant à la meilleure manière d'aborder ce problème épineux.

On me permettra d'ajouter ici une note personnelle pour dire que cette initiative est tout à fait en harmonie avec l'attachement de femmes canadiennes à la promotion des droits de la personne. Je pense ici à celui de feu Mme Rae Scott, une militante canadienne des droits de la femme bien en vue et respectée, qui aurait assurément appuyé pleinement les objectifs de la Coalition et ceux de groupes qui pensent de la même manière.

J'ai également l'honneur d'annoncer aujourd'hui que le Canada apportera une contribution de 300 000 $ au Fonds d'affectation spéciale pour les droits de l'homme des Nations Unies, afin d'appuyer les activités des ONG locales et internationales qui s'occupent de formation et de programmes concernant les droits de la personne, ce dont profiteront les femmes et les filles d'Afghanistan.

L'Afghanistan fait partie du petit nombre grandissant de pays où l'État s'est désintégré, ce qui laisse place à un vide. Les Taliban prétendent être un gouvernement de bonne foi, mais ils se comportent comme une bande de criminels : ils donnent refuge à des terroristes internationaux et permettent que leur pays devienne le plus grand exportateur mondial de produits opiacés illégaux.

Ils doivent mériter l'acceptation qu'ils sollicitent, grâce à la réconciliation nationale, à la formation d'un gouvernement représentatif aux larges assises, à la fin de la tolérance à l'égard du terrorisme et du trafic de la drogue et, par-dessus tout, au respect des droits de la personne, ce qui comprend les droits des femmes.

J'ai parlé de guerre civile en Afghanistan, mais c'est l'invasion étrangère qui a déclenché la guerre. Et cette guerre a été soutenue pendant une vingtaine d'années par un appui matériel provenant de diverses sources étrangères.

Le groupe des « six plus deux » a une responsabilité particulière dans la recherche d'une solution pacifique au conflit afghan. Malheureusement, dans son dernier rapport, le secrétaire général constatait sans ménagements que certains membres de ce groupe ne souscrivaient en fait que du bout des lèvres à l'objectif de la paix et qu'ils continuaient d'appuyer les belligérants. S'il est vrai que seuls les Afghans eux-mêmes peuvent amener la paix dans leur pays, les membres du groupe des « six plus deux » peuvent changer grandement les choses en ce qui concerne leur capacité de faire la guerre.

Le Conseil de sécurité a aussi un rôle essentiel à jouer en Afghanistan. Il y a des mesures concrètes qu'il peut prendre pour corriger la situation :

  • Insister pour que les membres du personnel des Nations Unies et de celui qui y est associé ainsi que ceux du CICR et des autres organismes humanitaires aient complètement accès, sans entrave, aux populations touchées et pour que la sécurité de ces agents soit garantie.
  • Demander que toutes les parties assument leurs responsabilités à l'égard de l'ensemble de la population civile, et que l'on accorde une attention particulière au rétablissement des droits de la personne pour les femmes.
  • Demander la cessation immédiate des hostilités, l'amorce de négociations honnêtes et l'intervention du secrétaire général dans la recherche de la paix et de la réconciliation nationale.
  • Trouver des moyens d'exercer des pressions sur les factions belligérantes pour les amener à la table de négociations.
  • Enfin, envisager des mesures pour couper les approvisionnements en armes aux belligérants.

En octobre 1999, le Conseil de sécurité a adopté une résolution condamnant les Taliban pour avoir donné refuge à Oussama ben Laden. Le Conseil y demandait aussi l'imposition de sanctions, si les Taliban ne livraient pas aux autorités compétentes le terroriste mis en accusation.

Le Canada a appuyé cette résolution. Il a fondé sa décision sur sa ferme opposition aux actes de terrorisme et aux États ou aux groupes qui abritent ceux qui les commettent. Il a aussi reconnu que les sanctions, choisies avec soin, avaient pour objectif de nuire aux intérêts des Taliban, tout en réduisant au minimum les incidences sur les civils innocents. Notre conviction que le Conseil de sécurité a un important rôle à jouer dans la lutte contre le terrorisme nous a également motivés.

Par ailleurs, cependant, nous avons exprimé l'opinion que le Conseil devrait témoigner d'un engagement similaire en s'occupant de la sérieuse situation humanitaire et des droits de la personne dans le pays.

La discussion de ce jour et la déclaration présidentielle que nous adopterons aujourd'hui devraient souligner davantage la consternation profonde du Conseil devant la souffrance incessante du peuple afghan et notre détermination à exercer des pressions en faveur de la recherche de moyens visant à contribuer de manière utile à la résolution du conflit.

Merci.


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Dernière mise à jour : 2006-10-30 Haut de la page
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