DISCOURS
M. MARCHI - À LATABLE RONDE SUR L'ÉDUCATION - TORONTO (ONTARIO)
98/36 SOUS RÉSERVE DE MODIFICATIONS
NOTES POUR UNE ALLOCUTION
DE
L'HONORABLE SERGIO MARCHI,
MINISTRE DU COMMERCE INTERNATIONAL,
À LA
TABLE RONDE SUR L'ÉDUCATION
TORONTO (Ontario)
Le 8 mai 1998
Ce document se trouve également au site Internet du Ministère :
http://www.dfait-maeci.gc.ca
Sans vouloir empiéter sur le rôle de l'hôtesse conjointe de cette réunion, Madame
la présidente Marsden, je tiens également à vous souhaiter la bienvenue à
l'Université York, mon alma mater. Pour mieux vous situer, j'y ai terminé mes
études en 1979, l'année même où sont nés la plupart des nouveaux étudiants de
cette année!
Vous comprendrez alors que ce « retour au bercail » est pour moi une source
d'émotions contradictoires!
Aujourd'hui, nous sommes très heureux d'accueillir la crème de la crème du corps
enseignant canadien. Nous sommes honorés que vous ayez tous accepté de participer
à cette table ronde.
Il y a des représentants des secteurs privé et public, des provinces, des collèges
et des universités, des étudiants et des enseignants, ainsi que des divers
ministères fédéraux intervenant dans la commercialisation de l'éducation sur le
marché international. Nous avons des points de vue différents, mais nous visons le
même objectif : mieux promouvoir le système d'éducation canadien à l'étranger.
Bien entendu, j'aborderai ici la question sous l'angle du commerce international.
En tant que ministre du Commerce international, j'ai vu dans quelle haute estime
sont tenus les diplômés canadiens et les écoles canadiennes dans le monde entier.
Ce n'est pas par hasard que les plus grandes entreprises du monde viennent chaque
année recruter des diplômés dans nos universités : elles savent que notre système
d'éducation est l'un des meilleurs au monde.
Par ailleurs, on peut voir partout à l'étranger des dirigeants des secteurs public
et privé qui ont été marqués par l'éducation qu'ils ont reçue ici au Canada.
Nous avons ainsi une occasion formidable de faire connaître les valeurs
canadiennes à l'étranger, d'influer sur les futurs dirigeants et même sur les
événements à venir.
L'internationalisation de nos campus ouvrira de nouveaux horizons aux étudiants
canadiens et fera en sorte qu'ils soient mieux équipés pour relever les défis et
exploiter les avantages de la mondialisation. Il y a de bonnes raisons
sociopolitiques d'ouvrir nos portes à un plus grand nombre d'étudiants étrangers,
et aussi de bonnes raisons économiques.
Aujourd'hui, nous comprenons également que notre système d'éducation est une
ressource économique précieuse, c'est-à-dire un produit exportable; nous devons
commencer à le concevoir de cette façon, et à le faire valoir.
Vous connaissez sans doute les chiffres : en 1994-1995, les étudiants étrangers
ont injecté 2,3 milliards de dollars dans notre économie, ce qui équivaut à
21 000 emplois!
C'est la raison pour laquelle l'éducation a pris une si grande place dans les
missions commerciales d'Équipe Canada. Lors de notre dernière mission en Amérique
latine, l'éducation était le troisième secteur en importance et était représentée
par 56 participants, dont sept présidents d'université. Et lors de ma récente
mission commerciale en Chine, j'ai rencontré les présidents de 22 associations
d'anciens étudiants d'universités canadiennes qui sont actives à Hong Kong.
Puisque le nombre de pays qui s'intéressent à l'éducation et qui voient qu'elle
est indispensable dans une économie fondée sur l'information ne cesse de croître,
le Canada pourrait bien en profiter car il est en mesure de répondre aux besoins
en matière de formation hautement spécialisée.
De plus, je n'ai guère besoin de rappeler qu'en raison de la diminution du nombre
d'inscriptions dans les universités et de la réduction du budget de ces dernières,
il faut trouver de nouvelles sources de revenu.
L'année dernière, le Canada comptait environ 95 000 étudiants étrangers; au cours
des prochaines années, il nous faudra augmenter ce nombre. La table ronde
d'aujourd'hui vise en partie à déterminer comment nous devrons nous y prendre pour
y arriver.
Chacun d'entre vous est ici en raison de compétences qui lui sont propres. Et je
tiens à préciser dès à présent que je ne suis pas venu ici avec un plan en poche.
Vous avez pris connaissance de la stratégie que nous proposons pour commercialiser
notre système d'éducation sur la scène internationale, et nombre d'entre vous nous
ont fait part de leurs observations. Cependant, il ne s'agit-là que de
propositions; nous sommes ouverts aux nouvelles idées ou aux améliorations pouvant
être apportées aux idées que nous avons déjà suggérées.
Je suis venu ici pour affirmer mon engagement ferme dans ce dossier. J'ai demandé
à mon ministère d'en faire une des principales priorités que j'ai fixées pour les
prochaines années. Je veux faire tout ce qui est en mon pouvoir pour faciliter la
commercialisation des services d'enseignement canadiens dans le monde et pour
supprimer les obstacles qui gênent vos efforts.
Je suis également ici en tant que représentant d'un gouvernement qui s'est
fermement engagé en faveur de l'éducation.
Dans son dernier budget, un budget innovateur pour l'éducation, notre gouvernement
a montré très clairement à qui devait aller, selon lui, les premières retombées de
notre politique budgétaire, soit aux étudiants.
Dans le cadre de la Stratégie canadienne pour l'égalité des chances, nous avons
engagé 2,5 milliards de dollars dans le fonds des bourses du millénaire, dont
profiteront 100 000 étudiants à temps plein et à temps partiel chaque année
pendant une période de dix ans.
Le budget prévoyait également des mesures importantes visant à aider les étudiants
à gérer leur dette et à rendre l'éducation plus accessible.
Ces initiatives, ainsi que d'autres éléments de la Stratégie canadienne pour
l'égalité des chances, constituent un investissement important dans notre
jeunesse, ainsi que dans notre avenir.
L'avant-projet de notre stratégie, qui vous a été remis, met en lumière un certain
nombre de questions fondamentales. Permettez-moi d'en aborder cinq que je
considère parmi les plus importants.
Nous devons d'abord simplifier le processus de délivrance des visas d'étudiants et
le traitement des demandes d'inscription dans nos établissements d'enseignement
supérieur, afin d'éviter que ceux qui envisagent de venir étudier au Canada ne
choisissent finalement d'autres pays en raison de la lenteur ou du caractère
aléatoire de nos méthodes de sélection. Les tracasseries administratives doivent
être éliminées. Cela vaut tant pour les gouvernements que pour les établissements
d'enseignement.
Deuxièmement, nous devons nous attaquer à toute la question de l'assurance de la
qualité. Il faut que nous soyons en mesure de nous assurer que les maisons
d'enseignement reconnues par le Canada satisfont aux normes canadiennes. En effet,
aucune entreprise digne de ce nom n'accepterait qu'un de ses partenaires se serve
de sa réputation, acquise au prix de plusieurs années d'efforts, sans d'abord
s'assurer que ses critères de qualité sont respectés. Il devrait en être de même
dans le domaine de l'éducation.
En troisième lieu, et toujours dans le but d'assurer la qualité de la formation,
nous devons établir une méthode statistique efficace pour la collecte et l'analyse
des renseignements sur les méthodes d'enseignement utilisées par les autres pays.
Sans une telle base de données, il sera impossible d'effectuer une analyse
coûts-avantages qui soit le moindrement fiable ou de relever les tendances qui se
manifestent dans diverses régions.
Quatrièmement, nous devons nous attaquer au problème de la reconnaissance
réciproque des crédits, des qualifications et des diplômes, ce qui nécessitera à
la fois l'adoption de critères d'évaluation des établissements d'enseignement
étrangers et un redoublement d'efforts pour faire connaître nos propres
établissements dans les autres pays.
Cinquièmement, il faut appliquer les principes et les méthodes d'Équipe Canada à
la promotion de nos services d'éducation dans le monde. Cherchons des moyens
inédits, innovateurs et efficaces de le faire, en abattant les murs qui nous
séparent et en jetant des ponts pour nous réunir. En d'autres termes, comment
mettre en commun nos ressources pour soutenir une telle campagne? Je serais très
curieux de connaître vos idées sur ce point.
Nous savons aussi que le nombre d'étudiants étrangers dans certaines universités
canadiennes n'est pas aussi élevé qu'il le devrait en raison du fait que ces
établissements sont peu connus à l'échelle internationale. Nous devons prendre les
dispositions nécessaires pour changer cette situation.
Ces cinq éléments - visas d'étudiants, assurance de la qualité, méthode statistique
fiable pour l'analyse et la reconnaissance réciproque et conjugaison de nos
efforts pour une cause commune - ne constituent pas les seuls problèmes à régler,
mais, selon moi, ils sont parmi les plus urgents. Je vous invite d'ailleurs à me
faire des suggestions en vue d'améliorer la situation dans ces secteurs.
J'aimerais également que vous vous penchiez sur les deux questions suivantes :
d'abord, un organisme comme le réseau des Centres d'éducation canadiens pour
l'Asie et l'Amérique latine est-il suffisant, ou faudrait-il en établir d'autres?
Ensuite, où les nouveaux centres d'éducation devraient-ils être situés? Quelles
sont les régions les plus prometteuses? Et quels services devraient-ils offrir
dans les nouveaux marchés spécialisés?
Avant de terminer, permettez-moi de vous faire part de certains projets à l'étude.
Comme il est mentionné dans l'avant-projet de notre stratégie, nous envisageons la
formation d'un conseil consultatif sur la commercialisation de l'éducation. Un tel
organisme aurait pour tâche de me présenter des recommandations sur la façon dont
notre ministère et d'autres ministères intéressés pourraient appuyer les démarches
que vous poursuivez dans le but de faire connaître les établissements
d'enseignement canadiens à l'étranger.
J'estime que ce projet est tout à fait valable, mais j'aimerais connaître votre
point de vue.
Notre stratégie prévoit également la création d'un service spécialisé et
identifiable de commercialisation de l'éducation sur la scène internationale, et
ce dans le but d'offrir un service à guichet unique à ceux qui souhaitent faire
connaître leur établissement à l'étranger. Ce service pourrait s'employer à mettre
sur pied de nouveaux centres de promotion des services d'éducation, outre ceux qui
existent déjà en Asie-Pacifique et en Amérique latine. Croyez-vous qu'une telle
mesure serait utile? Existe-t-il de meilleures façons de vous appuyer?
Nous sommes bien partis, mais je ne peux m'empêcher de penser qu'il serait
possible de faire plus dans le domaine du marketing et de la diffusion de
l'information. Les ressources pécuniaires sont limitées, tant du côté des
gouvernements que des établissements, mais en unissant nos efforts, nous pouvons
mieux faire connaître la « marque Canada ». J'écouterai avec intérêt vos idées sur
les façons de collaborer pour intensifier vos activités de promotion.
À titre de ministre du Commerce international, j'ai pu constater à quel point le
marché mondial avait changé. Désormais, les échanges commerciaux se font sans
qu'on ait à tenir compte des distances, des difficultés technologiques ou du pays
d'origine. Les entreprises qui comprennent et acceptent ces nouvelles réalités
pourront tirer leur épingle du jeu.
Le village planétaire imaginé par Marshall McLuhan est maintenant devenu une
réalité. Internet constitue une sorte de forum populaire servant à l'échange de
renseignements et d'idées. Ce village comprend un marché public où chacun peut
offrir ses produits ou ses services. Il est important que le Canada devienne
l'école de ce village.
Il me tarde de prendre connaissance de vos suggestions sur les sujets abordés.
Encore une fois merci de votre participation à cette table ronde et de l'appui que
vous accordez à ces importants projets.
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