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Page d'accueil Représentation à Washington Discours prononcé au Forum des politiques publiques

Discours prononcé au Forum des politiques publiques

Colin Robertson
Ministre (Défense des intérêts) et chef Secrétariat de la Représentation à Washington
Washington Rancher's Club
Calgary (Alberta)
Le 16 mars 2005

Pour commencer, je vous parlerai de l’atmosphère qui règne à Washington et du programme politique du président Bush. Je parlerai ensuite de l’Ouest et de l’Amérique. Je conclurai en formulant quelques observations sur la défense des intérêts du Canada au Capitole et sur les activités du Secrétariat de la Représentation à Washington.

Il s’agit de ma quatrième affectation aux États-Unis. J’ai vécu à New York, où j’ai travaillé aux Nations Unies puis au consulat du Canada sous la direction de Ken Taylor. Mes impressions? New York est une ville obsédée par la recherche de l’argent. Los Angeles, mon lieu d’affectation précédent, est une ville obsédée par la recherche de la gloire et de la célébrité. Quant à Washington, c’est une ville obsédée par la recherche du pouvoir. La politique se vit ici jour et nuit, sept jours sur sept.

Je m’ennuie de Los Angeles. L’émission Entertainment Tonight et la lecture de la revue People contribuaient à mon perfectionnement professionnel. Aller au cinéma faisait partie de mon travail de recherche. Fouler le tapis rouge faisait partie de mes fonctions de représentation. Et le téléphone sonnait rarement après 15 heures.

La situation est tout autre à Washington. La ville est dans le même fuseau horaire qu’Ottawa, ce qui fait que les journées sont longues. Mes lectures sont maintenant le Roll Call, le National Journal et le CQ Daily. Les téléviseurs dans mon bureau sont branchés sur C-SPAN et FOX News.

On dit que la politique est pour les gens qui ne sont pas assez beaux pour réussir dans le monde du spectacle. Pourtant, je regarde Michael Jackson à Santa Barbara et je ne suis pas si convaincu... Quoi qu’il en soit, la politique, comme le monde du spectacle, est un sport de contact et je passe mes journées au Capitole.

Je travaille à Washington depuis maintenant six mois. L’événement le plus important a été l’élection de novembre. J’ai passé une semaine dans le comté de Lancaster, en Pennsylvanie, avec le congressiste Joe Pitts et j’ai vu les résultats. Nous connaissons cette région grâce au film Witness avec Harrison Ford. Après une campagne électorale ciblée, Rove avait perfectionné l’art du battage politique au point que des chariots peints en noir allaient chercher les Amish le mardi matin pour les emmener voter.

La politique continue de polariser les Américains. Mes voisins viennent d’enlever l’autocollant Kerry-Edwards placé sur le pare-chocs de leur voiture pour le remplacer par un autre, Clinton-Warner 2008.

J’ai assisté au défilé de la cérémonie d’assermentation du président à côté d’un autre aspirant à la présidence, John McCain. Lorsqu’il était cadet à l’école militaire d’Annapolis, McCain avait participé au défilé de la deuxième cérémonie d’assermentation d’Eisenhower, en 1957. Il adore les défilés et a fourni une analyse détaillée. Comme on pouvait s’y attendre, les majorettes et les fanfares du Texas dominaient.

De l’ambassade du Canada, j’avais une vue plongeante sur Pennsylvania Avenue et j’ai remarqué qu’il y avait des spectateurs sur les toits tout au long de l’avenue. Seulement, ils portaient des survêtements noirs et des passe-montagnes et étaient lourdement armés (je ne suis pas sûr que ces armes à feu étaient enregistrées).

Le chroniqueur George Will a comparé le cortège présidentiel à une force d’occupation militaire qui circule dans une ville hostile, et le président au dirigeant d’une république de bananes qu’un régiment de blindés non acquis à sa cause inquiète.

Et Will est républicain. Mais son discours correspond à la réalité de Washington, une ville en état de siège.

Parce que les États-Unis sont en guerre. Selon le philosophe politique septuagénaire James Q. Wilson, qui est également un ami, le 11 septembre a été l’événement le plus marquant aux États-Unis depuis l’attaque de Pearl Harbour. Le pays est désormais vulnérable. Les répercussions politiques, économiques et culturelles sont considérables.

La sécurité l’emporte sur tout le reste.

La sécurité l’emporte sur tout le reste.

Every morning along with the weather you get the Department of Homeland Security threat assessment. When I arrived in September after a week in the armed camp that was New York during the Republican National Convention, it was Code Orange - High. It's been lowered since the election to Code Yellow - Elevated.

Tous les matins, en même temps que la météo, on nous donne l’évaluation de la menace préparée par le département de la Sécurité intérieure. À mon arrivée à Washington en septembre, après avoir passé une semaine dans le camp retranché qu’était New York pendant la convention républicaine, c’était le Code orange – très élevé. Depuis les élections, il a été révisé à la baisse à Code jaune – élevé.

Les conséquences? À l’ambassade, nous avons verrouillé définitivement la porte latérale qu’empruntaient les joggers; nous avons depuis longtemps verrouillé les portes qui donnent sur Pennsylvania Avenue et notre galerie. Malheureusement, il n’y a pas seulement la crainte d’Al Qaïda. Tout notre courrier est automatiquement vérifié, conséquence des attaques au charbon, dont on sait maintenant qu’elles sont, comme l’attentat à la bombe d’Oklahoma, d’origine intérieure. Lorsque nous sommes allés à la journée d’information des parents des nouveaux élèves, on nous a averti que depuis que des tireurs embusqués avaient tué dix personnes, l’accès au bois autour des terrains de sport était surveillé.

Combien ont vu le film de Michael Moore, Bowling for Columbine? Le vrai sujet était la culture de la peur aux États-Unis, et non la culture des armes à feu. Lorsque vous regardez les nouvelles locales, c’est tout à fait compréhensible : « Le sang fait la une ». Depuis le 11 septembre et le début de la guerre, d’abord en Afghanistan et maintenant en Iraq, le terrorisme et la peur de l’étranger sont des thèmes exploités constamment dans les films et les séries télévisées comme Alias, 24, ER et CSI.

Une des manifestations de ce climat est le regain de patriotisme. Les drapeaux sont peut-être moins nombreux qu’après le 11 septembre, mais la fierté d’être Américain s’exprime dans la chanson populaire et se voit lors des grands événements sportifs où le salut du drapeau est toujours chaudement applaudi. Les militaires profitent de ce sentiment de fierté pour recruter.

Les forces armées jouissent d’une grande popularité; le souvenir du Vietnam a été effacé et la majorité des journaux télévisés de fin de soirée ont des reportages sur les soldats morts au combat. L’insigne le plus populaire est le ruban jaune en appui aux soldats. On peut l’acheter dans les pharmacies et à la quincaillerie du coin.

La peur d’être congédié, et pas seulement par Donald Trump dans son émission de téléréalité, préoccupe les Américains. Pendant la campagne, Gephardt, Edwards et plus tard Kerry ont exploité ce sentiment avec succès. Maintenant, Lou Dobbs pérore quotidiennement sur les « Benedict Arnold de l’économie » et leur « exportation » d’emplois américains à l’étranger.

C’est dans ce contexte que le président Bush a défini son programme politique sur la liberté. Il est déterminé non seulement à protéger la Constitution, mais aussi à la contourner, s’il le faut, pour défendre l’Amérique.

Son programme imprègne tous ses discours. La formulation la plus complète et la plus aboutie de la politique étrangère de Bush demeure la Politique en matière de sécurité nationale des États-Unis, rendue publique en septembre 2002. Il y est dit explicitement que « la défense de la nation contre ses ennemis est la tâche principale et fondamentale du gouvernement fédéral ».

C’est idéologique. C’est moral. C’est ciblé. Cette politique fait le lien entre la sécurité et les droits de la personne, le gouvernement et le développement. Elle appuie le système multilatéral, tant que cela fait l’affaire des États-Unis.

Permettez-moi de vous en lire un extrait, car elle est au cœur de la politique étrangère de Bush :

« Les grandes luttes du vingtième siècle, qui ont opposé la liberté et le totalitarisme, se sont terminées par la victoire décisive des forces de la liberté et ont abouti à un seul modèle durable de réussite nationale : la liberté, la démocratie et la libre entreprise. Au XXIe siècle, seuls les pays qui s’engagent en faveur de la protection des droits fondamentaux et qui garantissent la liberté politique et économique seront en mesure de favoriser l’épanouissement de leur population et d’assurer leur prospérité dans l’avenir... Ces valeurs de liberté sont bonnes et valables pour chaque personne, dans chaque société – et le devoir de protéger ces valeurs contre leurs ennemis est la vocation commune de toutes les personnes éprises de liberté autour du globe et dans l’histoire. »

Et la conclusion : « Nous visons à créer un équilibre des pouvoirs qui favorise la liberté, des conditions dans lesquelles toutes les nations et toutes les sociétés peuvent choisir elles-mêmes les avantages et les défis de la liberté politique et économique. Dans un monde plus sûr, les gens pourront améliorer leurs conditions de vie. Nous défendrons la paix en combattant les terroristes et les tyrans. Nous préserverons la paix en favorisant de bonnes relations entre les grandes puissances. Nous étendrons la paix en encourageant des sociétés libres et ouvertes sur tous les continents. »

La liberté est le refrain qui revient dans toutes les déclarations de Bush sur la politique étrangère.

It also lies at the heart of the Bush domestic agenda. As he said following his election, 'I've earned political capital and now I'm going to spend it.' And the scope of change is revolutionary. Or reactionary depending on whether you're Rush Limbaugh or AI Franken.

Elle est également au cœur de la politique intérieure de Bush. Comme il a dit après les élections : « J’ai gagné du capital politique et je vais maintenant le dépenser ». L’ampleur du changement est révolutionnaire. Ou réactionnaire, selon que vous soyez Rush Limbaugh ou AI Franken.

Après la réforme de la fiscalité et l’élargissement de l’assurance-maladie pendant son premier mandat, Bush s’attaque maintenant à un sujet qui a toujours été délicat en politique américaine : le régime de sécurité sociale.

La création de comptes de retraite privés ou personnels - là encore, la terminologie dépend de vos opinions politiques - serait le changement le plus radical apporté à la sécurité sociale depuis sa création par Franklin Roosevelt, il y a 70 ans.

Bush est reparti en campagne. Il était à Shreveport la fin de semaine dernière. Voici un aperçu de la teneur de ses arguments :

« Premièrement, cet argent vous appartient. Il est à vous. Le gouvernement ne peut pas le prendre. » Applaudissements nourris.

« Deuxièmement, vous pouvez transférer ce compte à qui vous voulez. Il est à vous. » Nouveaux applaudissements. « Troisièmement, j’aime l’idée selon laquelle les familles pourront transmettre leur richesse à la génération suivante. » Encore des applaudissements.

« Enfin, il est logique d’encourager l’épargne en Amérique. Plus nous avons d’épargnes, plus nous avons du capital à notre disposition pour favoriser la croissance de l’économie. Une des choses à laquelle nous devrons faire attention est l’insuffisance de l’épargne. Le système capitaliste encourage l’épargne afin d’avoir du capital à investir, afin que les petites entreprises soient florissantes et afin que l’esprit d’entreprise demeure solide. » Dans un tonnerre d’applaudissements, il demande à Dieu de bénir l’Amérique.

Les mots sont choisis pour produire le maximum d’effet. Dans son discours, Bush combine Dieu, famille, liberté et volonté bien humaine de réussir et d’assurer le bien-être de sa famille.

Va-t-il réussir?

Le concept est révolutionnaire. Il existe une différence philosophique fondamentale entre les libéraux et les conservateurs aux États-Unis au sujet de la répartition de la richesse. Selon le point de vue libéral, le transfert de la richesse d’une génération à l’autre sans mécanisme réel de redistribution de la richesse crée une société dans laquelle les riches deviennent plus riches et les pauvres et la classe moyenne continuent de perdre du terrain.

Le verdict n’est pas encore rendu et les sondages démontrent pourquoi le sujet demeure sensible.

Ken Duberstein, l’ancien chef de cabinet de Reagan, m’a dit récemment : « Bush n’a pas besoin d’obtenir tout ce qu’il demande. Ni de l’obtenir pendant les dix-huit premiers mois. Ce qui importe, c’est qu’il a préparé mentalement le public à des changements et même s’il n’obtient que la moitié de ce qu’il a demandé, il a changé les principes fondamentaux. »

Et cela ne concerne pas seulement la sécurité sociale, mais aussi la réforme du régime de responsabilité délictuelle, les transports, l’immigration, l’énergie.

Le programme est ambitieux, audacieux. Il promet des transformations. C’est tout à fait Bush.

Parlons maintenant de l’Ouest et de l’Amérique. Je reconnais ma dette envers Roger Gibbons et les travaux de la Canada West Foundation.

Nous savons que le commerce avec les États-Unis s’est considérablement accru depuis l’Accord de libre-échange entre le Canada et les États-Unis. L’ALE a été le catalyseur d’une intégration grandissante de la production, ce qui nous a permis de trouver des créneaux et de tirer profit de notre proximité géographique. Avec la réussite est venue la confiance dans notre capacité de livrer concurrence.

Le commerce extérieur exprimé en pourcentage de notre PIB a crû en importance. Comme dans le reste du Canada, le commerce outre-frontière dépasse le commerce interprovincial d’environ un tiers.

Cette évolution a des conséquences.

Premièrement, les couloirs de transport entre le nord et le sud sont aussi importants que ceux entre l’est et l’ouest, comme Fred Green l’a expliqué ce matin. Deuxièmement, la production nord-américaine est de plus en plus intégrée.

Troisièmement, tandis que les exportations d’une grande partie du reste du Canada consistent en produits manufacturés (les pièces automobiles venant au premier rang), dans l’Ouest, les ressources naturelles et les produits agricoles représentent la moitié des exportations : le pétrole et le gaz en Alberta, le bois en Colombie-Britannique, les céréales, la potasse, l’uranium et maintenant les diamants en Saskatchewan, les céréales et la viande de porc au Manitoba. Et avant la maladie de la vache folle, les bovins sur pied.

L’ALE et l’ALENA ont eu des effets favorables en abaissant les tarifs douaniers et en apportant une stabilité au commerce des produits manufacturés. Les recours commerciaux ont rarement posé problème.

Mais, dans l’industrie des ressources naturelles et des produits agricoles, la situation est tout autre.

La politique commerciale au cours de la présente décennie présentera probablement deux particularités.

Premièrement, elle devra s’occuper des obligations résiduaires en vertu de l’ALENA. Dans le monde de l’après-11 septembre, cela comprend la circulation des voyageurs, des touristes et des travailleurs.

Et, bien entendu, nous devrons résoudre les différends dans le secteur des ressources. Le bois d’œuvre, ainsi que le bœuf, le porc et les céréales. Les différends au sujet de ces produits font les manchettes et masquent le fait que la majorité des échanges commerciaux se déroulent sans problème. Il ne fait aucun doute que ces différends donnent aux gens une mauvaise perception des relations entre le Canada et les États-Unis.

Demain, le secrétaire à la Sécurité intérieure, Michael Chertoff, sera à Ottawa. Il s’entretiendra avec la vice-première ministre, Anne McLellan, de la prochaine phase du processus dit de « frontière intelligente », amorcé en novembre 2001 par Tom Ridge et John Manley. Nous devons passer à la prochaine étape.

Le point principal de ce dossier est l’infrastructure de transport. Le poste frontalier de Detroit-Windsor est le plus important du monde en ce qui a trait à la circulation des produits, majoritairement des pièces automobiles. Mais le tunnel et le pont ne suffisent plus à répondre à la demande causée par la croissance des échanges commerciaux.

Dans l’Ouest, l’infrastructure de transport concerne la mise à niveau de notre capacité ferroviaire et routière. Environ toutes les quatre secondes, un camion traverse la frontière et il faut adapter la capacité routière à la demande.

La politique commerciale, c’est aussi la réforme de la réglementation concernant les règles d’origine, les achats et les normes, notamment en matière de santé et sécurité et d’environnement, pour la rendre plus complémentaire.

Il faut ajouter les deux géants endormis, qui ne le sont pas tant que cela : l’énergie et l’eau.

Par énergie, on entend la prospection et l’exploitation, l’acheminement par pipeline ou ligne de transmission et, bien entendu, l’investissement.

Par eau, on entend la gestion transfrontalière de grands enjeux : pensez à l’accord sur le fleuve Columbia qu’il faudra renouveler au cours de la prochaine décennie, et aux enjeux limitrophes comme la décharge de Devil’s Lake. On entend aussi une utilisation plus rationnelle de l’eau grâce à la conservation et au recyclage.

Enfin, comme George Shultz me le rappellerait, l’eau vue comme matière première, particulièrement pour le sud-ouest, de plus en plus assoiffé.

Voici maintenant quelques mots sur le Secrétariat de la Représentation à Washington et sur la défense des intérêts du Canada au Capitole et ailleurs.

Le Secrétariat de la Représentation à Washington est un produit du 11 septembre.

Le premier produit a été l’Accord sur la frontière intelligente. Tout le reste découle de la frontière et de la protection de l’accès à notre plus grand marché.

Le deuxième produit est notre « Initiative de représentation accrue », c’est à-dire la décision de faire passer le nombre de nos missions ou bureaux de 13 à 42. Nous en sommes à 23 maintenant et les nouveaux bureaux correspondent au déplacement de la population et du pouvoir aux États-Unis. Nous avons pris conscience que nous devons tenir compte et être à l’écoute des États républicains.

À pareille date l’an dernier, j’ai ouvert de nouveaux bureaux à Phoenix et à Tucson. L’Arizona et le Nevada sont les États qui connaissent la croissance la plus rapide aux États-Unis.

Lors du prochain cycle présidentiel, l’Arizona, terre natale de Barry Goldwater, que l’on pourrait qualifier de père idéologique du Parti républicain actuel, aura plus de votes au Collège électoral que le Massachussetts.

L’Arizona importe. Non seulement cet État accueille un grand nombre de Canadiens qui passent l’hiver dans le Sud, dont de nombreux résidents des Prairies, mais nous y sommes le premier investisseur étranger. Nos échanges commerciaux se font dans la nouvelle économie, des secteurs tels que l’optique, la biotechnologie et la nanotechnologie. Phoenix est jumelée à Calgary et les deux villes sont reliées par des vols directs quotidiens.

Le troisième produit du 11 septembre comporte trois éléments. D’abord, le Comité du Cabinet sur les relations Canada-États-Unis et son secrétariat au Bureau du Conseil privé. Le Comité est présidé par le Premier ministre et comprend maintenant l’ambassadeur McKenna.

Ensuite, la création d’un nouveau poste de secrétaire parlementaire aux relations Canada-États-Unis, qui relève directement du Premier ministre (Marlene Jennings est à Richmond aujourd’hui).

Enfin, le Secrétariat de la Représentation à Washington a commencé ses activités peu après la fête du Travail. Annoncé par le premier ministre Paul Martin lors de sa visite à Washington en avril dernier, il répond au vœu des provinces et des parlementaires qu’il y ait des activités et un bureau de soutien à Washington. Il correspond aussi à l’évolution naturelle de la stratégie de rayonnement auprès du Congrès préconisée par notre ancien ambassadeur, Allan Gotlieb. Cette stratégie a été le résultat d’une dure leçon tirée du fonctionnement du gouvernement américain, après l’échec de l’accord sur les ressources halieutiques de la côte est. N’oublions pas que le Congrès est sur un pied d’égalité avec le pouvoir exécutif et le pouvoir judiciaire, et que le président de la Chambre des représentants, Dennis Hastert, et le leader de la majorité au Sénat, Bill Frist, sont très puissants.

Le Secrétariat correspond à l’intermesticité des relations et étend à Washington les pratiques que nous avons adoptées ailleurs dans le monde en ce qui concerne le rôle des provinces.

Les relations entre les États, les provinces et les villes sont le maillon caché des relations entre le Canada et les États-Unis. Les deux gouvernements fédéraux sont chargés de la conduite de la politique étrangère et de l’établissement de ses paramètres.

Mais de plus en plus, 64 États, provinces et territoires discutent d’une grande série de dossiers relevant de leur compétence. Ils le font discrètement et efficacement, particulièrement ici dans l’Ouest, au moyen d’outils politiques infranationaux comme la Pacific Northwest Economic Region, la Western Governors Association et la Midwest Association of State Legislators.

Ces relations infranationales importent. Depuis que l’on a limité le nombre de mandats et mis fin à l’ancienneté, les législateurs gravissent les échelons dans l’appareil gouvernemental des États-Unis beaucoup plus vite qu’avant. Ils passent de l’administration municipale ou du comté à l’assemblée législative de leur État, puis font le saut au Congrès. Plus de 50 nouveaux membres sur 80 du 110e Congrès ont exercé des fonctions dans l’administration locale. Le Sénat compte dix anciens gouverneurs. Et n’oubliez pas que quatre des six derniers présidents ont occupé la résidence du gouverneur de leur État avant de déménager à la Maison Blanche.

Le Premier ministre a invité ses vis-à-vis provinciaux à intégrer le Secrétariat. L’Alberta a répondu à l’invitation et Murray Smith, ancien ministre de l’Énergie, est désormais mon collègue. Mardi prochain, le premier ministre Ralph Klein, inaugurera officiellement le bureau de l’Alberta.

La défense des intérêts demande d’agir.

À l’instar du commerce, on ne défend pas ses intérêts en demeurant bien assis sur son derrière. Nous avons adopté les règles du jeu américaines. Poliment comme les Canadiens, mais sans détour comme les Américains.

Notre message est simple : le commerce extérieur est avantageux, tant pour le Canada que les États-Unis.

Mon message principal concerne la frontière. Je rappelle aux Américains que le modèle de la frontière avec le Mexique, avec ses murs, ses barbelés et ses groupes d’autodéfense, n’est pas nécessaire et ne fonctionnera pas pour le Canada.

Il s’agit de maintenir et d’élargir l’accès à notre meilleur marché.

Nous avons toujours été une nation commerçante et, depuis l’ALE, nous sommes devenus une nation de commerçants. Le commerce extérieur paie la facture des soins de santé et de l’éducation et, maintenant, l’investissement dans la diplomatie, la défense et le développement que John McKay a décrit ce matin.

Et, tout compte fait, il s’agit ici de la compétitivité de l’Amérique du Nord.

Quelques observations :

Premièrement, la réaction est presque toujours favorable et incrédule. La majorité des Américains n’ont pas la moindre idée de l’ampleur et de l’étendue de leurs échanges commerciaux avec le Canada. Une mise en garde : à écouter tous les jours Fox News et Bill O'Reilly, cela finit par semer le doute sur notre fiabilité. Mon calcul des chaînes d’information continue que les bureaux regardent s’établit comme suit : FOX 43, CNN 5 et CNBC 1. FOX est en train de devenir l’abécédaire de la classe politique.

Deuxièmement, la politique se fait à l’échelon local. Et c’est là que j’entends des histoires incroyables comme l’huile à friture des restaurants qui est retenue à la frontière parce qu’elle contient du gras de bœuf. J’ai appris l’existence de « cormorans prédateurs » dans le Saint-Laurent. J’entends parler de douaniers de plus en plus renfrognés. Et je reçois beaucoup de courrier au sujet de la sécurité sociale, mais aussi de la Réserve faunique nationale de l’Arctique.

Troisièmement, lorsqu’une question arrive enfin jusqu’à Washington et qu’elle est définie sous l’angle des relations entre le Canada et les États Unis, nous avons une pente à remonter.

Les problèmes commencent dans les régions. C’est pourquoi l’augmentation du nombre de nos missions de 13 à 42 est un choix sensé. Je pense que nous devrions nous fixer l’objectif d’assurer une présence dans chaque État d’ici le prochain cycle électoral. Lorsque les échanges commerciaux atteignent un million de dollars par minute, il faut protéger notre investissement.

Quatrièmement, nous n’avons pas de votes et d’argent, mais nous pouvons parler de création d’emplois. Trente-huit États américains ont le Canada comme premier partenaire commercial.

Mais nous devons faire davantage. Nous devons connaître la valeur de notre investissement par district électoral et savoir ce que nous y vendons, quelles entreprises exportent vers le Canada et quels amis et ressortissants canadiens s’y trouvent.

Pour mener à bien ce travail, il faudra une formule du type Équipe Canada qui réunit les provinces, le milieu des affaires et le gouvernement. Je souhaiterais qu’un consortium d’universités canadiennes et américaines participe au projet. Cela légitimerait la recherche et créerait de nouveaux pôles pour l’élaboration des politiques.

Robert Thomson a déjà fait remarquer que « les Américains sont nos meilleurs amis, que cela nous plaise ou non ». Derek Burney a ajouté la précision suivante : « Les Canadiens sont les meilleurs amis des Américains, même s’ils ne le savent pas ».

On parle beaucoup du fossé des valeurs entre les deux pays, « le feu et la glace ». C’est possible, mais comme Frank Graves me l’a confié le mois dernier, cette affirmation est exagérée. Il y a plus d’éléments qui unissent nos deux peuples que d’éléments qui les divisent. Et il y a beaucoup plus d’Américains qui pensent comme les Canadiens qu’il n’y a de Canadiens.

Cette mobilisation à Washington pour défendre nos intérêts est utile. Les effets se feront sentir avec le temps.

Mais je suis convaincu que nous devons faire davantage chez nous, au Canada, pour rappeler aux Canadiens et aux Canadiennes l’importance de notre principal client et marché. Et comprendre sa préoccupation au sujet de la sécurité. Crachez sur l’Oncle Sam et vous en paierez le prix. Vous pouvez exprimer votre désaccord, mais tout est dans la manière.

L’historien canadien W.L. « Bill » Morton, m’a toujours dit qu’une bonne dissertation se termine par une interrogation, surtout lorsqu’on ne connaît pas le fin mot de l’histoire. Il a dit que l’on a alors l’air intelligent.

Je m’adresse maintenant à un public gagné d’avance sur l’importance du commerce. J’ai une mission à vous confier : dites à vos amis, à vos clients et à vos partenaires américains que la sécurité comporte également une dimension économique. Mais dites aussi à vos amis et à vos voisins canadiens que l’argent qui sert à payer les programmes sociaux qui nous définissent comme Canadiens provient de notre capacité à vendre des produits aux États-Unis. Nous avons besoin l’un de l’autre mais, au bout du compte, ce sont les États-Unis le principal client et ils occupent tout le centre de la scène.

Les Canadiens peuvent jouer sur cette scène s’ils le veulent. Nous ne sommes pas des Américains, mais nous somme des Nord-Américains et les liens familiaux, amicaux et commerciaux qui nous unissent sont profonds et durables, peu importe les occupants temporaires du 24 Sussex ou du 1600 Pennsylvania.

Nous avons choisi la participation : nous sommes membres de l’ONU, de la Francophonie, du Commonwealth, de l’APEC et de l’Organisation des États américains. Le climat et les mouvements migratoires nous ont donné un tempérament qui favorise le compromis et le consensus et glorifie le pluralisme. Ce sont des traits utiles de nos jours.

Les autres pays nous regardent pour comprendre à travers nous les faits et gestes de nos cousins américains. Les États-Unis, que l’orientation du reste du monde et ses propos à leur sujet rendent de plus en plus perplexes, cherchent des interprètes.

Le rôle d’interprète est un rôle pour lequel nous possédons la sensibilité et le doigté nécessaires. Et je crois que nous pouvons l’utiliser à notre avantage.

Mais voici ma question : sommes-nous prêts à l’assumer?

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Dernière mise à jour :
2006-07-27
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