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Page d'accueil Représentation à Washington Enbridge

Projet d’allocution pour un dîner offert par Enbridge et l’Institut canadien de la défense et des affaires étrangères

Colin Robertson
Ministre (défense des intérêts) et chef du Secrétariat de la représentation à Washington
Calgary, Alberta
Le 20 septembre 2005

Il y a une semaine, le Wall Street Journal publiait en première page de son troisième cahier un article intitulé « Ruée vers l’or noir ».

On pouvait y lire :

« EN PROPULSANT BRIÈVEMENT les prix au-dessus des 70 $ le baril, l’ouragan Katrina a dissipé tous les doutes qui pouvaient subsister chez les producteurs de pétrole au sujet de la rentabilité à long terme des projets de plusieurs milliards de dollars en chantier dans les vastes sables bitumineux de cette province de l’Ouest canadien. »

Les sables bitumineux reçoivent maintenant l’attention qu’ils méritaient depuis longtemps.

Certains d’entre vous lèvent les yeux au ciel, mais cet article met en relief un fait important : pour faire parler du Canada à Washington, il faut un tremblement de terre ou, comme dans ce cas-ci, un ouragan.

Margaret Atwood a judicieusement qualifié la frontière canado-américaine de « miroir sans tain le plus long du monde ».

On me demande souvent ce que les Américains pensent de nous.

La réponse, en un mot : ils n’y pensent pas.

Alors que nous, Canadiens, éprouvons une obsession malveillante face à nos voisins du sud, la plupart des Américains nous considèrent avec une aimable indifférence.

Tout ce qu’ils savent de nous, spécialement les législateurs républicains, ils l’ont appris à l’occasion d’expéditions de chasse et de pêche dans le Nord canadien. « Montagnes, gendarmes et sirop d’érable », ce n’est peut-être pas une si mauvaise étiquette. Spécialement si la seule autre possible est une version nord-américaine de celle qu’un commentateur de l’actualité à Fox News accolait un jour aux Européens : « singes capitulards mangeurs de fromage ».

Au terme de sept ans de service comme ambassadeur du Canada durant l’administration Reagan, Allan Gotlieb a fini par conclure que l’aimable indifférence ou ignorance n’était pas une si mauvaise chose.

Je suis d’accord.

J’appartiens à l’école Gotlieb en matière de relations canado-américaines. À la maison aussi bien qu’au bureau, je conserve un exemplaire de ses brefs mémoires, 'I'll be with you in a minute, Mr. Ambassador'.

Ils restent le meilleur guide en un seul volume pour un diplomate qui veut travailler à Washington, particulièrement pour faire ce que nous faisons au Secrétariat de la représentation à Washington, à l’ambassade.

Je sais bien, c’est un titre à coucher dehors.

Le Secrétariat est le troisième enfant de la réponse du gouvernement canadien aux événements du 11 septembre.

Le premier et le plus important a été l’initiative de la « Frontière intelligente ».

Le deuxième a été ce que les bureaucrates appellent l’initiative de la « Représentation accrue ».

Elle va consister à tripler le nombre de nos bureaux aux États-Unis, qui va passer de 13 à 42 d’ici environ deux ans. Comme consul général dans le Sud Ouest, j’ai ouvert des bureaux à San Diego. Nous y avons littéralement inauguré nos bureaux à bord de quatre navires de guerre canadiens en visite. Nous en avons aussi ouvert à Tucson et à Phoenix. L’Arizona est un État rouge, le pays de Barry Goldwater, dont George Bush est l’héritier intellectuel.

C’est une diplomatie différente. En Arizona, nous avons conclu un accord avec la Chambre de commerce locale pour loger notre personnel dans ses bureaux, utiliser sa salle de conférences et profiter de ses contacts.

Le troisième enfant, en fait, ce sont des triplets :

  • • Un secrétaire parlementaire du premier ministre pour les États-Unis, d’abord Scott Bryson, puis maintenant Marlene Jennings;
  • • Un Secrétariat Canada-États-Unis et un comité du Cabinet chargé des relations Canada-États-Unis, où siège l’ambassadeur Frank McKenna;
  • • Le Secrétariat de la représentation à Washington, qui est chargé de servir les législateurs de tous les niveaux de gouvernement et de fournir aux premiers ministres des provinces et à leurs collaborateurs un guichet unique à l’ambassade pour la promotion des intérêts canadiens au Capitole. Nous sommes connectés à nos bureaux de toutes les régions des États-Unis. Nous traitons avec les médias, les gens d’affaires, les milieux de l’enseignement et de la recherche. Nous adressons des comptes rendus au Canada au moyen du Web.

Je passe mon temps à faire du lobbying au Capitole, parce qu’à Washington, la politique est toujours locale, c’est toujours de la politique au détail.

Nous n’avons pas d’argent ni de votes à offrir, mais nous avons des emplois, et nous mettons au point des outils qui nous aident à faire notre travail. Cette carte géographique, par exemple, qui répartit les emplois par État. Nous en avons créé une version électronique, que nous appelons GoCCART, et qui nous permet de descendre au niveau des circonscriptions. Cela veut dire que, quand je rends visite à quelqu’un, je peux lui parler « local », citer les noms de nos entreprises et les emplois qu’elles soutiennent. C’est l’A B C de la politique.

Il s’agit aussi de se faire voir, et ce, dans le même cycle d’information, pour répliquer activement aux mythes qui continuent de foisonner au sujet de terroristes qui trouveraient refuge au Canada.

Et pour rappeler aux Américains que, bien que nous soyons différents, nous sommes très semblables à eux, que nos points communs sont beaucoup plus nombreux que ceux qui nous séparent. Parce que, oui, à Houston, nous avons un problème. De plus en plus, le Canada pose un point d’interrogation. De plus en plus, on nous qualifie d’« Européens », au sens de l’Europe sans le Royaume-Uni, et ce n’est pas un compliment.

Je veux vous faire part de certaines observations qui me sont venues après avoir fait plus de 150 appels au Capitole. Elles sont tirées de mon expérience et aussi de celle des autres, notamment Allan Gotlieb et Derek Burney, des praticiens dont les mémoires sont à lire absolument.

Tout d’abord, le meilleur moyen de lutter contre un groupe d’intérêts, aux États Unis, c’est de trouver un allié américain.

Nous n’aurions jamais rouvert la frontière si la National Cattlemen and Beef Association et l’American Meat Institute ne s’étaient pas joints à nous. Non parce qu’ils aiment le Canada, mais parce que les abattoirs et les usines de conditionnement représentés par l’AMI perdaient des emplois. Pour la NCBA, il s’agissait de défendre l’industrie intégrée et la possibilité pour les éleveurs américains d’envoyer leurs bovins dans les parcs d’engraissement canadiens.

Ensuite, les législateurs n’ont pas d’amis, mais des intérêts.

Là encore, dans la bataille pour la réouverture de la frontière, un de nos meilleurs alliés s’est avéré être le sénateur conservateur Wayne Allard, du Colorado, un vétérinaire qui affirmait que la science devait l’emporter sur la politique. Son collègue démocrate du Colorado, Ken Salazar, prenait parti pour R-CALF.

C’est une illustration de l’aphorisme de Tip O’Neill, « Toute politique est locale ». Et c’est peine perdue si nous ne pouvons pas situer les enjeux sur le plan local, trouver un intérêt local. J’ai aussi appris que lorsqu’un problème se rend à Washington, nous nous heurtons à de grandes difficultés. Il faut régler les problèmes au niveau local, en tirant parti des intérêts locaux. C’est pourquoi je dis aux premiers ministres et aux législateurs, au fédéral comme au provincial, de cultiver activement leurs homologues américains, particulièrement ceux des États frontaliers.

Regardez les trois grands dossiers chauds de l’an dernier : la viande bovine, le bois d’œuvre et le lac Devils. Tous ont pris naissance dans trois petits États limitrophes : le Montana et les Dakotas. À l’initiative de Frank McKenna, nous avons lancé une offensive de charme qui relèvera de nos bureaux à Denver et Minneapolis, mais qui ne réussira que si les provinces prennent l’initiative auprès des entreprises locales. Par exemple, nous allons cibler les assemblées des bureaux agricoles locaux, et leur parler de l’interdépendance de notre commerce des produits agricoles.

Troisièmement, les lobbies spécialisés sont plus efficaces que les généralistes, comme les groupements de consommateurs.

C’est particulièrement vrai dans notre longue bataille pour faire supprimer les droits sur notre bois d’œuvre. Nous avons l’appui d’une coalition bien américaine, l’ American Consumers for Affordable Housing. Elle comprend les Homebuilders, Home Depot, et même les gens qui fabriquent les matelas. Elle fait du bon travail et nous espérons que l’industrie va lui renouveler son appui. Selon le mot célèbre du président de la Chambre des représentants de Californie, Jesse Unruh, « L’argent est le lait maternel de la politique. »

Il y a trois choses que l’ACAH peut faire mieux que personne d’autre :

Tout d’abord, faire passer à nos principaux alliés la consigne de mettre le paquet contre l’amendement Byrd : Jim Kolbe (R-AZ), Roy Blunt (R-MO), Steny Hoyer (D-MD) et, au Sénat, Jon Kyl (R-AZ) et Chuck Grassley (R-IA).

Deuxièmement, organiser des activités de financement pour ceux que nous devons rejoindre. Ne pas mettre de gants, c’est ce qui marche ici. Nous ne pouvons pas nous en charger, mais l’ACAH, si.

Troisièmement, rejoindre les gens de la base et leurs chefs de file sur leur réseau existant.

Quatrièmement, la défense d’intérêts consiste autant à attirer l’attention qu’à faire passer le message. Captivez l’attention, le message suit.

Alors, dans le sillage de Katrina, nous avons fait valoir vigoureusement, non seulement que c’était la bonne chose à faire, en bon voisins, mais aussi qu’il était crucial d’informer les Américains de ce que nous faisions.

Les Canadiens sont fiers à juste titre de leur réponse au 11 septembre, d’avoir laissé atterrir 233 avions et d’avoir accueilli chez eux 33 000 voyageurs en panne; de l’expression de sympathie généralisée, dans tout le Canada, y compris sur la colline parlementaire, où 100 000 personnes sont venues manifester. Mais très peu de tout cela a pénétré la conscience américaine, parce que le médium qui véhicule ce genre d’information, la télévision, n’en a pas parlé.

Cette fois-ci, nous avons fait en sorte que des équipes de FOX et de CNN soient à Halifax lorsque les trois navires de guerre NCSM Athabaskan, Toronto et Ville de Québec ont levé l’ancre avec un millier de marins pour apporter des secours dans le Golfe.

Il y a deux semaines exactement, à l’ambassade, nous avons offert un petit déjeuner, un déjeuner et un dîner en collaboration avec une station radio locale. Nous avons recueilli plus de 20 000 $ pour la Croix-Rouge.

Une banderole accrochée à l’ambassade, Pennsylvania Avenue, proclame : « You are in our thoughts and prayers. Vous êtes dans nos pensées et prières. Victims of Katrina .»

Nous avons fait ce qu’il fallait faire.

Et nous l’avons fait de la bonne façon.

À Washington, il faut suivre les règles du jeu locales.

Chris Matthews est l’hôte de l’émission Hardball et a écrit un livre qui porte le même titre.

C’est ainsi que les Américains agissent à Washington. Comme dit mon patron, Frank McKenna, « Quand tu vas à un duel au pistolet, tu n’apportes pas un couteau. » Alors, nous intensifions nos efforts de défense d’intérêts. Nous faisons appel à notre réseau grandissant de bureaux dans tous les États-Unis : il y en a maintenant 23, contre 13 il y a deux ans, et il y en aura 41 d’ici 2007.

Selon moi, nos intérêts aux États-Unis sont si importants que nous devrions avoir nos représentants dans chaque État d’ici le prochain cycle présidentiel. Non pas nécessairement des bureaux, mais des gens recrutés sur place, des Américains ou des Canadiens expatriés, qui pourront travailler chez eux.

À propos de Canadiens

Jeffrey Simpson a écrit un livre au sujet des Canadiens « américanisés » qui vivent aux États-Unis. Je sais à quel point les Canadiens de Californie nous ont rendu service au cours des quatre années que j’ai passées là-bas comme consul général : le Digital Moose Lounge, un groupe de jeunes ingénieurs et informaticiens canadiens vivant à San Jose, m’a ouvert des portes et nous avons fait appel à lui pour former un auditoire, par exemple, quand le premier ministre Klein et ses ministres ont effectué une visite. Nous avons noué les mêmes relations avec les Canadiens à l’étranger de Los Angeles, dont beaucoup travaillent dans l’industrie du spectacle et qui ont constitué le noyau de notre auditoire, par exemple, lorsque nous avons mis l’Alberta en vedette pour la fête du Canada en 2000.

Nous recherchons maintenant systématiquement les Canadiens « américanisés », dans le cadre d’une autre initiative de Frank McKenna, www.liencanada.com. Nous voulons les mobiliser à l’échelle nationale et créer ainsi un lobby canadien qui devienne nos yeux, nos oreilles et notre bouche. Nous avons lancé liencanada le jour de la fête du Canada cette année, et il porte déjà des fruits.

Voici le texte d’un témoignage que nous avons reçu la semaine dernière et qui résume bien le but principal du réseau :

« J’assistais à une réunion de quartier hier soir. Naturellement, il a été question de l’ouragan Katrina. Un participant disait avoir entendu à la télé que le Canada ne participait pas aux secours de manière significative. Heureusement, j’avais votre courriel, que j’ai envoyé par la suite à mes voisins. Plusieurs d’entre eux ont signalé par la suite la générosité exceptionnelle des Canadiens. Grâce à vous, il m’est beaucoup plus facile de mieux faire comprendre le Canada à mes voisins. »

Nous avons déjà inscrit 11 000 membres, qui ont accès à notre « ambassade virtuelle » 24/7.

Nous visons 100 000 membres d’ici un an. Nous collaborons avec nos universités, par exemple, pour rejoindre leurs anciens qui vivent aux États-Unis. Vous aussi pouvez nous aider. Encouragez vos amis, vos parents et les observateurs du Canada aux États-Unis à s’abonner à www.liencanada.com

Ce qui m’amène à mon cinquième point :

C’est l’accès qui compte.

Et l’accès prend toutes les formes possible : les Canadiens qui étudient aux États-Unis et les Américains qui étudient au Canada. Nous pouvons faire beaucoup plus pour augmenter le nombre de ces derniers.

La semaine dernière, j’ai rencontré un recruteur de l’Université de l’Alberta, et nous examinons maintenant comment nous pouvons améliorer notre activité de recrutement. Les étudiants américains qui passent trois ou quatre ans au Canada apprennent à connaître notre culture, notre histoire, notre mode de vie. Ils tissent un réseau de contact auquel ils pourront faire appel dans leur carrière professionnelle une fois rentrés aux États-Unis. Et ils conserveront un lien spécial avec le Canada toute leur vie.

J’ai passé cinq ans à Hong Kong sous le régime britannique. Nous avions d’autant plus facilement accès aux fonctionnaires et aux gens d’affaires que beaucoup d’entre eux avaient fréquenté des établissements d’enseignement canadiens. Il en est de même dans une grande partie de l’Asie. Il faut cibler aujourd’hui les dirigeants américains de demain.

Une dernière observation avant de parler des États-Unis d’aujourd’hui :

Sur la colline du Capitole, un problème n’est jamais réglé tant qu’un groupe d’intérêts s’estime lésé et réussit à se faire entendre des membres du Congrès.

Par exemple, nous subissons le harcèlement au sujet du bois d’œuvre depuis 1784; les marchands de bois de ce qui constitue maintenant le Maine avaient alors persuadé l’administration à Washington de limiter les importations de bois d’œuvre en provenance du Nouveau-Brunswick.

Permettez-moi de passer maintenant à l’état d’esprit des Américains et à ce qu’il signifie pour le Canada.

Les États-Unis sont en guerre.

Le 11 septembre est l’événement le plus marquant aux États-Unis depuis Pearl Harbor. Tout ce que nous faisons doit être inattaquable par rapport à ce qui, selon les Américains, risque de se reproduire s’ils commettent la moindre erreur. Le représentant Peter King, nouveau président du comité de la sécurité intérieure, faisait remarquer : « C’est comme si nous vivions deux existences parallèles. Nous savons que quelque chose risque d’arriver, mais nous ne voulons pas alarmer les gens sans cesse, ni être trop précis dans nos recommandations. »

La menace est personnelle. Les répercussions sont culturelles et économiques.

C’est un épisode à la Spoutnik : une de ces alertes périodiques à propos d’une menace économique étrangère. C’étaient les Soviétiques dans les années 1950 et au début des années 1960, les Allemands et les Japonais dans les années 1970 et 1980, et maintenant ce sont les Chinois et les Indiens. La délocalisation cristallise le sentiment que, peut-être, les États-Unis ne sont pas concurrentiels. (Couverture de FORTUNE) Le sentiment que l’équité et la mobilité sociale ont été sacrifiés sur l’autel de l’entrepreneuriat et de la liberté.

Le mot de Bush : « Soit vous êtes avec nous, soit vous êtes contre nous » exprime bien cette humeur.

Qu’on soit en désaccord, des propos idiots se tiennent sur FOX et alimentent le lobby du « Canuckistan ». Au sujet des frontières, nous continuons de distinguer entre notre frontière et celle que les États-Unis ont en commun avec le Mexique. Mais la tendance des bureaucrates est de toujours appliquer le modèle qu’ils connaissent le mieux et, à la frontière sud, c’est le modèle « murs, barbelés et minutemen ».

C’est dans ce contexte que s’inscrit la prescription de présenter un passeport à la frontière à dater de 2008.

Elle a déjà un effet dissuasif. Il faut défendre notre cause énergiquement. Nous avons des alliés, surtout dans les États limitrophes qui ont besoin du tourisme et du commerce avec le Canada, et nous collaborons avec le caucus de la frontière nord et nos propres législateurs pour tenter de trouver une solution qui garantisse la sécurité sans entraver l’accès.

Un des obstacles à surmonter est la politique qui consiste à ne pas paraître faire de différence ou de discrimination au détriment du Mexique, et le poids politique grandissant des Latinos qui, bien que moins organisés, sont maintenant 40 millions, donc plus nombreux que les Noirs et bien plus nombreux que les Canadiens.

Pour le Canada, il faut aller au-delà des manchettes et commencer à améliorer le climat, surtout en ce qui concerne la sécurité.

Autrement, nous risquons de voir les États-Unis, comme dit l’ambassadeur McKenna, « fermer la tente en nous laissant dehors ». Et pour nous tenir en alerte, mon patron me rappelle aussi que « trop souvent, nous luttons contre le vent d’hier ».

Cela dit, les rapports entre les provinces et les États sont les rouages cachés de nos relations.

Par exemple, le forum des législateurs de la région économique du Pacific Northwest fonctionne bien et sert de modèle. Les gouverneurs et premiers ministres de l’Ouest se rencontrent régulièrement. Cette institutionnalisation est tout à fait opportune. Quand on est le partenaire le plus faible, les institutions sont importantes.

Dix gouverneurs siègent maintenant au Sénat et quatre des six derniers présidents ont été gouverneurs. Cinquante des 80 nouveaux membres du 109e Congrès ont occupé des charges dans des administrations locales. Parlez de nous : expliquez ce que nous faisons outre-mer dans la guerre mondiale contre le terrorisme, ce que nous faisons dans le cadre de la « Frontière intelligente ».

Et en matière d’énergie, la plupart des gens ignorent totalement que nous sommes leur principal fournisseur d’énergie étranger : dix pour cent de la consommation américaine. Que ce sont le gaz de l’Alberta et l’hydro-électricité du Québec qui éclairent Broadway, l’uranium de Saskatchewan transformé en Ontario qui alimente les centrales nucléaires américaines. Que l’hydro-électricité de Colombie-Britannique assure l’éclairage de Silicon Valley. Qu’il y a un plus grand potentiel d’énergie dans les sables bitumineux de l’Alberta et de la Saskatchewan, le gaz qui circule dans les pipelines du Yukon et des Territoires du Nord-Ouest et que l’on extrait au large de Terre-Neuve et de la Nouvelle Écosse, et l’hydro-électricité du Manitoba, du Québec et du Labrador.

Au pays, rappelez que la prospérité et la sécurité locales sont liées à celles des États-Unis.

Chaque province commerce maintenant davantage avec les États-Unis qu’avec les autres provinces. Les manchettes au sujet du bois d’œuvre, de la viande bovine et du lac Devils déforment la réalité, à savoir l’intégration économique mutuellement bénéfique qui finance notre souveraineté.

Enfin, il faut dépasser les dossiers transactionnels du bœuf et du bois d’œuvre et investir des efforts dans le Partenariat pour la sécurité et la prospérité. C’est l’ALENA enrichi. C’est la prochaine étape.

Frank McKenna monte au créneau, il se fait entendre; nous ne mâchons pas nos mots, nous sommes polis à la canadienne, mais sans détour. Vous pouvez nous aider à recruter nos Canadiens américanisés à l’occasion de vos propres visites et en encourageant les entreprises et les universités à se brancher au « liencanada ». Avec vos présidents d’universités, recrutez des étudiants américains, créez des centres d’études américaines, amorcez des échanges avec les dirigeants de demain et invitez des législateurs à venir chasser et pêcher au Canada.

La semaine dernière, j’ai participé à Washington à la conférence annuelle du Conseil canadien des chefs d'entreprise.

Parmi les conférenciers, il y avait Charles Krauthammer, qui est pour l’administration Bush ce que George Will était pour l’administration Reagan : le chroniqueur et le ponte, le philosophe politique dont les critiques et les conseils sont écoutés à la Maison Blanche.

Krauthammer a passé ses années de formation à Montréal et est diplômé de McGill. Il a décrit deux tendances qui ont des conséquences pour le Canada.

Tout d’abord, la fin de la guerre froide a fait en sorte que les alliances hégémonistes (l’OTAN, par exemple) n’ont plus autant d’importance. Il n’y a plus de puissance sérieuse autre que les États-Unis depuis quinze ans, mais aujourd’hui, la Chine et la Russie refont surface. Il souligne que les forces armées de ces deux pays ont exécuté des exercices conjoints en Sibérie. La guerre d’Iraq s’est livrée, on s’en avise après coup, sous de faux prétextes (il n’y avait pas d’ADM en Iraq) et cette constatation n’a fait qu’exacerber les tensions au sein de la vieille alliance.

En conséquence, les États-Unis cherchent activement des amis.

L’Australie et le Royaume-Uni sont là. Les Américains voudraient que le Canada se joignent à eux. Les désaccords au sujet de l’Iraq et du bouclier antimissile sont moins importants que l’avantage de compter sur des pays de même optique pour préserver la paix. La sécurité, selon Krauthammer, est l’enjeu qui définit l’ère de l’après-11 septembre : « Si vous voulez nous aider et en retirer le mérite, aidez-nous dans le domaine de la sécurité. »

Deuxièmement, l’énergie est redevenue prioritaire pour l’Administration.

Krauthammer reproche aux États-Unis de n’avoir rien fait depuis 1979, à part la mise sur pied des réserves stratégiques de pétrole. Le projet de loi sur l’énergie a été un début, mais il ne s’est pas construit de nouvelles raffineries depuis 30 ans, fait-il remarquer, et le nucléaire est encore tabou. Il faudrait des initiatives et des investissements et, entre temps, des sources d’énergie fiables, que le Canada pourrait offrir.

Pour le Canada, les possibilités sont évidentes : investir pour mettre les sables bitumineux en valeur et construire les pipelines du delta du Mackenzie et de l’Alaska.

C’est de l’or noir, en effet.

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Dernière mise à jour :
2006-07-27
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