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Page d'accueil L'ambassadeur Chefs de la representation du Canada aux É-U Michael Kergin Discours prononcés par M. Michael Kergin le 28 février 2005

Remarques de M. Michael Kergin Ambassadeur du Canada auprès des États-Unis au Center for Strategic and International Studies

Washington (D.C.)
Le 28 février 2005

Après 38 ans dans la diplomatie, ma mère, du haut de ses 95 printemps, m'appelle encore pour se plaindre de mon manque d'élégance vestimentaire. Les rares fois où elle me voit interviewé à la télévision, elle me demande pourquoi, pour l'amour du ciel, je portais cet imperméable ou cette cravate à l'antenne. Ou si je ne pouvais pas, pour une fois, me donner un coup de peigne!

Et je lui réponds que ce n'est pas grave. Après tout, est-ce que ce que j'avais à dire n'était pas plus important que l'air que j'avais?

Mais, évidemment, elle a raison. (Une mère a-t-elle jamais tort?) Parvenir à ses fins tient à des détails, surtout dans les relations canado-américaines.

En 1964, Marshall McLuhan faisait observer que « le médium est le message ».

Et c'était juste avant l'époque des trois grands réseaux, CBS, NBC et ABC - oligopole de facto né des limites de la technologie et de la réglementation fédérale.

À présent, nous avons pléthore de services câblés, comme CNN, MSNBC, FOX et la téléréalité, pour ne pas mentionner les carnets Web et autres « podcasts ».

Non seulement ces nouveaux réseaux prolifèrent, mais ce sont de nouveaux centres de pouvoir définis par un ensemble d'intérêts bien plus restreint. Souvent, des groupes de pontes assurent plus le spectacle qu'ils ne proposent d'analyses. La volubilité l'emporte sur la véracité et subjectivisme menace les faits. Le comment risque de remplacer le quoi.

En 2001, on pouvait déjà dire que les nouveaux réseaux avaient affiné l'aphorisme de McLuhan. Non seulement le médium était devenu le message, mais il le créait aussi. De fait, les terroristes du 11 septembre constituaient eux-même un réseau et, relayés par de nouvelles technologies, ils ont fait voler en éclats le sentiment de sécurité du monde de l'après-Guerre froide.

« La perception est la réalité », voilà ce que m'a dit dernièrement le célèbre patron d'un grand réseau d'information câblé. Et malheureusement, dans le monde sur réseau d'aujourd'hui, ce fait, pour vrai qu'il soit, ne sert guère la vérité.

Le 13 septembre, le Boston Herald publiait un article qui disait, à tort, que trois des terroristes à bord des avions qui se sont jetés sur les tours du World Trade Centre étaient entrés aux États-Unis par la Nouvelle-Écosse, faisant soudain naître la peur exagérée que la frontière entre le Canada et les États-Unis constituait une menace immédiate pour la sécurité américaine. Ce sentiment a créé une nouvelle réalité le long de nos 9 000 kilomètres de frontière commune qui a changé à jamais la nature des rapports canado-américains.

Face à ce sentiment, notre diplomatie devait devenir post-moderne, pour s'apparenter davantage à une émission vérité en ceci qu'elle devait devenir plus publique, plus accessible et plus proche des intérêts des citoyens qu'elle représentait.

Elle devait, de plus, recourir à des instruments nationaux pour affronter une crise très internationale.

Avec les attentats du 11 septembre, la sécurité intérieure et le commerce international sont devenus indissociables. La frontière entre le Canada et les États-Unis a été fermée, des files de trains et de camions s'étiraient sur une trentaine de kilomètres, un risque planait sérieusement sur des échanges évalués à 1 milliard de dollars par jour, et des usines du Sud-Ouest des États-Unis, à court de marchandises canadiennes, ont fermé temporairement.

Le cliché de la sécurité qui l'emporte sur l'économie était répété à l'envi.

Les enjeux étaient si élevés que le premier ministre Chrétien et le président Bush ont demandé eux-mêmes aux membres de leur Cabinet d'entamer des négociations pour améliorer globalement la gestion de la frontière. Le 11 décembre 2001, l'ambassade a présenté un avant-projet qui a débouché sur le Plan d'action sur la frontière intelligente pour le XXIe siècle qui vise, en plus de 30 points précis, à renforcer la sécurité à la frontière, tout en entravant le moins possible le commerce.

Grâce à des méthodes de gestion des risques rendues possibles par l'adoption de technologies de l'information, une collaboration d'une ampleur sans précédent à la frontière et dans le monde entier entre les organismes canadiens et américains s'est mise en place pour accroître la sécurité de l'Amérique du Nord.

Ce cadre sert, à bien des égards, de modèle pour les relations en matière de sécurité entre les États-Unis et le Mexique et les États-Unis et l'Union européenne. Son application efficace est le fait marquant de mes quatre ans à Washington.

Si l'on va plus loin, le sentiment de menace commune à nos patries rapproche le Canada et les États-Unis sur de nombreux fronts - dans des endroits comme l'Afghanistan, où l'interopérabilité de nos armées a fait que les forces canadiennes étaient les seules étrangères intégrées dans la 101e Unité aéroportée. (Trente de nos soldats ont reçu une Bronze Star dans le cadre de cette campagne. Des soldats canadiens y ont aussi trouvé la mort.)

De plus, nos relations de défense bilatérales, régies par l'Accord sur la défense aérospatiale de l'Amérique du Nord, ont évolué après les attentats du 11 septembre 2001.

Le NORAD est unique dans l'histoire des relations de défense de pays souverains. Un officier supérieur canadien en est le commandant en chef adjoint. En l'absence du commandant en chef américain, c'est au Canadien qu'échoit la responsabilité de prévenir le président en cas d'attaque aux missiles, avec toutes les conséquences épouvantables que cela suppose.

Le 11 septembre, c'est un officier canadien de permanence au commandement du NORAD qui a ordonné à des chasseurs de survoler New York et Washington.

Tout comme nos relations de défense reposent sur la confiance, notre interdépendance économique a grandi grâce à une confiance mutuelle dans nos institutions juridiques et nos organismes de réglementation. Ce n'est pas un hasard si notre intégration économique a commencé par des accords sur le partage de la production de défense, fruits de notre alliance militaire pendant les guerres mondiales.

L'Accord de libre-échange de 1989 et son successeur, l'ALENA, contribuent considérablement à la prospérité de leurs membres. Le commerce entre le Canada et les États-Unis a plus que doublé depuis 1989. Quelques 37 États de l'Union ont le Canada pour principal marché étranger, les États-Unis exportent plus vers le Canada que les 25 pays de l'Union européenne réunis.

L'ALENA est une bonne chose pour le Canada.

Tout d'abord, il a aidé le Canada remettre de l'ordre dans ses finances. La croissance de notre commerce extérieur signifiait que, malgré les compressions budgétaires nécessaires, les recettes restaient élevées et la dette diminuait en proportion du PIB, puisqu'elle est passée de 52,3 % à 38,8 % entre 1989 et 2005.

Ensuite, il a nettement contribué à la prospérité croissante du Canada, ce qui a permis au gouvernement de consolider les programmes sociaux, comme le régime de santé national et d'autres prestations qui distinguent les politiques sociales du Canada de celles de son voisin.

Enfin, l'ALENA est essentiel pour maintenir la compétitivité nord-américaine dans une économie internationale où une Union européenne en expansion et une Chine en pleine croissance, plus les tigres asiatiques, se taillent une part grandissante du marché mondial.

Selon moi, seule une intégration nord-américaine plus poussée nous permettra de profiter de nos économies d'échelle considérables, sans parler de nos avantages comparatifs respectifs (dans le cas du Canada, le bois d'œuvre et l'énergie viennent tout de suite à l'esprit).

Cependant, la confiance établie dans des ententes commerciales doit être maintenue dans les institutions de l'ALENA. Si les mécanismes de règlement des différends ne jouent pas leur rôle de manière objective, rapide et définitive, la confiance dans l'ALENA en pâtira. L'Amérique du Nord, fragmentée et contrariée de l'intérieur, sera affaiblie face à la concurrence internationale.

Il m'est arrivé de comparer les passages difficiles dans les relations canado-américaines aux bourrasques qui soufflent sur nos Grands Lacs. Il est difficile, pris dans la tourmente, d'en voir la fin et on peut se sentir pas mal balloté. Mais une fois passée la bourrasque, les eaux sont beaucoup plus calmes et bienveillantes.

Cette métaphore s'applique parfaitement à nos relations en matière d'environnement.

Les questions environnementales transfrontalières sont parmi les plus difficiles dans le portefeuille canado-américain, et dans aucun autre dossier des termes tels que international, interdépendance et étroitement liés ne s'appliquent mieux.

Si nos relations de défense et de sécurité sont définies par une menace commune et nos relations économiques, par une chance commune, en revanche, nos relations environnementales le sont par une géographie immuable dont dépendent des millions de nos citoyens respectifs.

Nous célébrerons bientôt le centenaire du Traité des eaux limitrophes, mais nous n'en avons pas moins des problèmes environnementaux urgents à régler.

Des projets de détournement de cours d'eau dans le Haut-Midwest, la qualité de l'eau et de l'air dans la région des Grands Lacs, et le défi que nous devons tous deux relever de réduire les émissions de gaz à effet de serre montrent la nécessité d'une approche plus cohérente, si nous voulons laisser aux générations futures de précieuses ressources environnementales.

Il serait facile de dire que ce sont les relations uniques qu'entretiennent le Canada et les États-Unis qui définissent cette diplomatie post-moderne.

Il serait facile de dire que le volume de nos échanges quotidiens détermine l'approche que nous adoptons dans la gestion de nos relations bilatérales.

Mais cela ne suffit pas.

Et je vais être d'une franchise peu diplomatique.

Même si le ciel ne nous est pas tombé sur la tête quand le Canada a refusé de faire partie des partenaires de la coalition en Iraq, nos relations ont été tendues à cause de la déception causée par notre décision, et notre façon de l'annoncer a irrité.

Cependant, il était clair dès le début des hostilités que notre décision n'empêchait pas le Canada de se demander en quoi il pourrait contribuer le mieux à la remise en état de l'Iraq. Et, une fois la reconstruction entreprise, comme en Afghanistan, nous avons apporté une aide considérable ainsi qu'une assistance électorale et une formation policière. De plus, nous participerons bientôt, avec l'OTAN, à l'entraînement de soldats.

Toutefois, malgré la coopération internationale, beaucoup de choses peuvent nuire à nos relations bilatérales.

Dernièrement, Michael Kinsley commençait un article paru en regard de l'éditorial du Washington Post par cette phrase accrocheuse :

« La démocratie américaine est une conspiration d'intérêts particuliers contre l'intérêt général, tout intérêt particulier pensant cependant qu'il représente l'intérêt général. »

Telle est la réalité à laquelle sont confrontés les diplomates canadiens tous les jours, du bois d'œuvre résineux à la vache folle, des transferts d'eau entre bassins dans le Dakota du Nord au blé dur canadien recherché par les fabricants de pâtes, de frontières que les Américains souhaiteraient poreuses pour les médicaments sur ordonnance à celles qu'ils voudraient fermer aux stupéfiants. Et je ne parlerai pas des joueurs de hockey de la LNH!

Le tout est de convaincre le gouvernement et le Congrès américains que l'intérêt particulier ne l'emporte pas sur l'intérêt général et qu'il peut, en faire, nuire à l'intérêt général.

Je pense que c'est là que l'on peut présenter des arguments en faveur de la diplomatie post-moderne. Laissez-moi vous donner juste trois exemples.

Premièrement, il faut mobiliser les réseaux, à Washington et ailleurs.

Ce qu'aucune ambassade ne peut faire seule. Comme d'autres, le Canada dispose d'un réseau de consulats, réseau qui grandit parce que le gouvernement est bien décidé à accroître notre représentation dans l'ensemble des États-Unis.

Ce n'est pas tout, cependant. Au début de l'année, le premier ministre a annoncé la création, à l'ambassade du Canada, d'un secrétariat qui facilitera les initiatives et coordonnera les nombreux acteurs officiels qui, en dehors de l'exécutif fédéral, contribuent beaucoup aux relations.

Ce secrétariat est chargé de travailler en collaboration avec nos parlementaires et avec les provinces et territoires afin de mieux nous faire connaître aux États-Unis et de tirer parti des atouts de chacun dans la promotion de l'intérêt canadien dans ce pays.

Le secrétariat lui-même représente un défi pour la diplomatie post-moderne, car il lui faut trouver le moyen de maintenir une cohérence parmi des parlementaires fédéraux - pas toujours du parti au pouvoir - et des représentants provinciaux dont les intérêts peuvent varier et parfois s'opposer. Autrement dit, comment faire passer un message cohérent et suivre le même scénario?

Il est essentiel que le Canada parle d'une même voix à Washington, que ce soit avec l'exécutif, le Congrès ou les nombreux groupes de réflexion. Autrement, nos messages seront mal alignés et flous. Plus sérieusement, nos interlocuteurs américains risquent, au mieux, de se méprendre sur ce que nous voulons et, au pire, de choisir exprès les points de vue qui pourraient nous diviser.

Deuxièmement, la diplomatie conventionnelle a tendance à consacrer les principales ressources de l'ambassade aux pivots de la politique étrangère et de défense à Washington. À mon sens, la diplomatie post-moderne reconnaît que les ressources de l'ambassade doivent profiter aussi aux acteurs qui se trouvent en dehors des cercles de la capitale, c'est-à-dire des organismes publics et du Congrès.

Au cours de mes deux précédentes affectations à Washington, au début des années 1970 et 1990, j'observais les États-Unis depuis Washington. Mon affectation actuelle m'a permis de comprendre comment les régions des États-Unis informent et instruisent la capitale. Je sais maintenant qu'il faut observer Washington de l'extérieur autant que l'inverse.

Peut-être est-ce les répercussions des attentats du 11 septembre tout le long de notre frontière qui ont resserré les liens entre les régions et Washington. Après tout, les décisions prises pour renforcer les restrictions à la frontière ont eu des incidences directes sur les régions qui, ensuite, ont donné de meilleures idées, comme celle des équipes de police des frontières intégrées et des projets de prédédouanement à la frontière terrestre, que le Département de la sécurité intérieure adopterait à Washington.

Les réseaux se sont constitués entre l'ambassade, les consulats, les groupes concernés par le trafic frontalier, les législateurs américains et leurs homologues canadiens; les groupes chargés de l'infrastructure et des transports ont formé des alliances puissantes; des organismes non gouvernementaux canadiens et américains se sont associés. En fait, en s'unissant, des groupes d'intérêt particulier sont devenus d'intérêt général.

Aux États-Unis, c'est l'ambassade qui motive et coordonne tout en servant de liaison et de messager.

En fait, durant ces années difficiles depuis septembre 2001, nous avons créé un meilleur réseau canado-américain.

Enfin, la diplomatie post-moderne doit viser à préserver nos identités nationales en ces temps de mondialisation et d'interdépendance. Quant aux Canadiens, ils doivent démontrer la vigueur de la culture canadienne, même sur fond d'intégration croissante de l'Amérique du Nord. Shania Twain, Diana Krall, Michael J. Fox, Céline Dion et Mike Myers sont canadiens et fiers de l'être, mais les Américains le savent-ils? Devrions-nous nous en inquiéter?

Il me semble qu'un programme culturel dynamique, mené par l'ambassade, est essentiel pour faire comprendre aux Américains que le talent canadien est justement canadien.

Tous les ans, l'ambassade préside les Prix Helen Hayes. Avec ses programmes qui permettent d'envoyer des metteurs en scène au Canada, de faire venir des pièces, des auteurs et des artistes canadiens à Washington, cette activité fait beaucoup mieux connaître dans la capitale américaine la richesse des arts dramatiques canadiens. Ce qui n'est pas traditionnel, c'est la façon dont l'ambassade a noué des partenariats avec des entreprises et des groupes culturels locaux ainsi qu'avec le District de Columbia et d'autres municipalités pour financer et promouvoir les talents artistiques canadiens.

Et dans tous ces exemples de méthodes post-modernes que j'ai cités, l'ambassade n'a pas hésité à exploiter son perchoir unique sur Pennsylvania Avenue.

J'aimerais vous laisser aujourd'hui sur la pensée que dans un monde menaçant, le Canada et les États-Unis sont devenus des voisins indispensables, que trois ans et demi après les attentats du 11 septembre 2001, nous sommes plus importants que jamais l'un pour l'autre. Mais cette époque nous a aussi ouvert de grandes possibilités.

Nous avons donc, en tant que voisin, l'obligation d'améliorer le voisinage, de le rendre sûr et prospère, et de veiller à ce que la qualité de vie y soit bonne.

Pour atteindre ces objectifs, nous devrons continuer d'affiner notre diplomatie post-moderne, en utilisant des technologies contemporaines, en faisant intervenir de nouveaux acteurs et en jouant un rôle plus public. Nous devons apprendre à mieux nous connaître et nous devons définir les réseaux les plus importants pour nous deux et y rester.

Je vous remercie de votre attention.

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Dernière mise à jour :
2006-07-27
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