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Page d'accueil L'ambassadeur Chefs de la representation du Canada aux É-U Frank McKenna Discours et déclarations le 15 avril 2005

Frank McKenna, ambassadeur du Canada aux États-Unis

Congrès du Council of Forest Industries
Prince George (C.-B.)
Le 15 avril 2005


Merci de votre aimable présentation et de votre cordial accueil dans cette splendide province. J'adore venir en Colombie-Britannique. J'y aime les montagnes, l'océan et les gens. Je suis toujours agréablement surpris de constater à quel point la chaleur de l'accueil, la vigueur des collectivités et la joie de vivre des gens de la côte Ouest s'apparentent de près à ce que nous connaissons à cet égard au Nouveau-Brunswick.

Dans ma nouvelle vie, j'ai un peu affaire à la Colombie-Britannique chaque jour. En marchant, je passe devant une magnifique sculpture, l'Esprit de Haida Gwaii, d'un grand artiste de la Colombie-Britannique, Bill Reid. Puis j'entre dans l'un des plus beaux immeubles de Washington, l'ambassade du Canada, conçu par un célèbre architecte de la Colombie-Britannique, Arthur Erickson. Ensuite, en pénétrant dans mon bureau, je suis accueilli par un magnifique portrait de Rogers Pass, un don de Westcoast Energy à l'ambassade.

L'invitation que m'a faite le Council of Forest Industries m'est parvenue bien avant ma nomination comme ambassadeur, et c'est la première que j'ai acceptée comme titulaire de ce poste.

Je l'ai fait en partie par égoïsme, car je suis toujours heureux de venir à Prince George, l'une des capitales mondiales d'une industrie forestière compétitive à l'échelle internationale, et une localité où il m'a déjà été donné à plusieurs occasions de prendre la parole sur des questions touchant la foresterie. D'ailleurs, j'adore revenir en Colombie-Britannique.

Mais, la raison la plus importante qui m'a incité à accepter votre invitation, c'était de vous faire savoir le plus éloquemment possible que le règlement du différend sur le bois d'œuvre résineux est ma toute première priorité.

Pourquoi?

Parce que cette industrie est tellement importante pour l'avenir du Canada. Elle emploie près d'un quart de million de Canadiens. Mille deux cents localités dépendent du secteur de la foresterie dans notre pays. Le Canada est le premier exportateur mondial de produits forestiers. Et nul besoin de vous dire que la foresterie est bien davantage qu'une simple industrie d'exploitation de la matière ligneuse; c'est également une industrie de haute technologie qui ajoute de bien des façons de la valeur à l'économie canadienne.

C'est une industrie qui, pour l'ensemble des produits forestiers, représente un chiffre d'affaires annuel de 75 milliards de dollars – l'an dernier seulement, nous avons expédié aux États-Unis pour 7,5 milliards de dollars de bois d'œuvre résineux.

Je dois reconnaître que, depuis que j'ai accepté votre invitation, il s'est passé bien des choses qui, pour moi, font de cette visite un véritable sac d'embrouilles politiques.

Des négociations sont en cours entre le Canada et les États-Unis et nos industries forestières respectives dans l'espoir de trouver enfin une solution à notre différend du bois d'œuvre résineux. On m'a conseillé de me montrer extrêmement prudent dans mes observations, pour ne pas nuire aux négociations.

Une campagne électorale s'amorcera sous peu en Colombie-Britannique. On m'a conseillé de me montrer très prudent dans mes remarques et de veiller à ne pas m'immiscer dans cette arène politique où règne actuellement une grande tension. Les journaux disent que nous sommes peut-être à la veille d'élections générales au Canada. On m'a bien fait savoir qu'il serait extrêmement périlleux de m'aventurer sur un terrain qui pourrait avoir des conséquences sur cette situation politique explosive.

Donc, comme Henri VIII le disait à chacune de ses épouses, « je ne vous retiendrai pas trop longtemps »

Toute plaisanterie mise à part, j'ai fait un long voyage pour venir ici et j'ai vraiment l'intention de me délier la langue, malgré les avertissements que j'ai reçus.

Donc, plongeons directement dans le sujet du différend sur le bois d'œuvre résineux.

Comme vous le savez, pour sa quatrième tentative en vue de régler le différend sur le bois d'œuvre résineux, le Canada a décidé d'agir sur trois fronts. Sa stratégie a été élaborée et appliquée en étroite collaboration avec les provinces et l'industrie de tout le pays.

Sur le premier de ces fronts, nous nous sommes employés à défendre énergiquement nos droits en soumettant le litige à des instances étasuniennes et internationales. Nous entendons poursuivre notre combat sur ce front aussi longtemps qu'il le faudra.

Sur le deuxième front, où nous redoublons d'efforts depuis février, nous sommes en pourparlers tant entre gouvernements qu'entre PDG des industries canadiennes et étasuniennes pour tenter de trouver une solution durable à notre différend.

Le rôle de l'industrie sur ces deux fronts revêt une importance capitale si nous voulons parvenir à un règlement durable et faire en sorte que cet irritant chronique devienne chose du passé.

Le troisième front, sur lequel nous sommes intervenus plus récemment, est celui de l'imposition, avec la bénédiction de l'OMC, de mesures de représailles contre les droits prélevés en vertu de l'amendement Byrd. Ces mesures de rétorsion sont censées entrer en vigueur le 1er mai.

Le gouvernement fédéral continue de placer la question du bois d'œuvre résineux en tête de ses priorités.

À l'occasion des visites du président Bush à Ottawa l'an dernier et du premier ministre Martin à Waco, au Texas, le 23 mars, les deux hommes ont convenu de la nécessité de résoudre notre différend sur le bois d'œuvre.

Le ministre du Commerce international Jim Peterson discute régulièrement de cette question avec ses homologues étasuniens.

Il l'a fait, par exemple, le 1er mars, lorsqu'il a dirigé une délégation canadienne à Washington pour la journée de promotion du commerce Canada–États-Unis à Washington, qui avait été organisée pour saluer le nouveau Congrès. Le ministre a également saisi de la question le secrétaire d'État au Commerce des États-Unis, Carlos Gutierrez, le 14 février, et les deux hommes ont alors formulé le souhait de trouver une solution durable à ce différend.

Pour ma part, je soulève cette question chaque fois que je rencontre des hautes personnalités des États-Unis. Je l'ai d'ailleurs fait pas plus tard que cette semaine avec le sénateur Max Baucus du Montana. Il a des idées bien arrêtées sur le sujet, tout comme moi du reste.

Je ne saurais prédire où nous mèneront les négociations en cours. J'espère, nous l'espérons tous, que nous pourrons trouver une solution mutuellement acceptable. Je sais combien cette situation doit vous être pénible à supporter.

Je partage votre frustration.

Tout le temps que j'ai été premier ministre du Nouveau-Brunswick, je me suis senti en plein milieu du différend sur le bois d'œuvre. Et voilà qu'aujourd'hui, c'est encore le principal dossier que je retrouve sur mon bureau à Washington.

Charles De Gaulle a dit un jour qu'au sortir de sa vie publique, son plus grand regret avait été de constater que les dossiers qui étaient empilés sur son bureau étaient les mêmes qu'à ses débuts. Je prie le ciel pour que ce ne soit pas là mon destin.

Il serait imprudent de ma part de vous entretenir des négociations qui sont en cours. À cet égard, permettez-moi de vous faire quelques suggestions pratiques pour tenter de faire avancer ce dossier.

Premièrement, il vous faut comprendre les forces du marché qui sont en jeu. Les importations de bois d'œuvre résineux canadien aux États-Unis y représentent 34 p. 100 de ce marché.

Vous vous illusionnez si vous croyez qu'une telle part de marché ne stimulera pas les forces protectionnistes dans ce pays.

Spécialement dans un marché qui est moins productif que le nôtre et qui est aux prises avec un dollar plus fort que le nôtre.

La Colombie-Britannique y détenant environ 50 p. 100 de cette énorme part canadienne du marché, vous ne vous étonnerez pas que votre province se retrouve toujours au cœur de la tourmente.

Deuxièmement, les Canadiens pensent qu'ils connaissent le fonctionnement du gouvernement des États-Unis, mais ce n'est pas le cas. Même avec toutes mes années d'études en sciences politiques, d'expérience politique et de travail au sein de conseils d'administration de part et d'autre de la frontière, j'ai trouvé mes six dernières semaines absolument stupéfiantes quand je considère tout ce que j'y ai appris – et qu'il me reste à apprendre. Je suis porté à croire qu'il n'en irait pas autrement pour la plupart des Canadiens, y compris pour vous-mêmes ici présents.

John F. Kennedy, un grand président des États-Unis, a dit : « Mon expérience au gouvernement m'a amené à constater que, lorsqu'il n'y a pas de controverse, que les choses sont merveilleusement coordonnées, et ainsi de suite, ce doit être parce qu'il ne se passe pas grand'chose. » Eh bien, je puis vous dire catégoriquement que, même si la chorégraphie peut n'en pas sembler minutieusement réglée, il se passe un tas de choses actuellement.

Au Canada, quand on veut intervenir auprès d'un décideur, on n'a qu'à s'adresser à une personne, qu'il s'agisse du premier ministre fédéral ou d'un premier ministre provincial, ou peut-être à une poignée de personnes dont des ministres ou des sous-ministres. En règle générale, la volonté d'un premier ministre ou d'un ministre devient la volonté du Cabinet, du caucus et du gouvernement.

Aux États-Unis, c'est exactement le contraire. Le président des États-Unis a le pouvoir de faire la guerre.

Au-delà de cette prérogative, aussi incroyable que cela puisse paraître aux yeux de gens qui ne connaissent que notre système canadien, le pouvoir du président est extrêmement limité.

Le président des États-Unis ne peut pas déposer de projet de loi. Il doit s'en remettre au Congrès pour la présentation de la moindre mesure législative.

Le président des États-Unis ne peut légiférer pour résoudre des problèmes de commerce extérieur, comme celui du bois d'œuvre résineux. Ce genre de question relève de la compétence exclusive du Congrès.

Le président peut implorer, intimider, cajoler et influencer, mais, en dernière analyse, c'est le Congrès qui a la responsabilité exclusive dans un grand nombre de domaines. Si vous oubliez que le Congrès gouverne à l'égal de l'exécutif, vous le faites à vos risques et périls.

Aussi puissant soit-il, le Congrès est loin de constituer un bloc monolithique. La discipline de parti y est remarquablement absente. Le simple fait que le président soit du même parti que la majorité du Sénat ou de la Chambre des représentants ne signifie pas qu'il aura le dessus sur les questions importantes. Il n'est pas rare que des membres du Congrès rompent les rangs de leur parti.

En l'absence de discipline de parti, il est donc nécessaire de convaincre les législateurs un à un des mérites d'une proposition particulière.

De plus, le Sénat et le Chambre des représentants ont souvent sur diverses questions des intérêts fort divergents et des perspectives tout à fait différentes. Il nous faut donc exercer des pressions auprès non seulement de 100 sénateurs, mais également des 435 membres de la Chambre des représentants.

La façon dont l'amendement Byrd a été adopté illustre les complexités plutôt époustouflantes des procédures du Congrès des États-Unis.

Initialement présentée par un sénateur de l'Ohio du nom de De Wine, cette mesure législative n'a d'abord pas obtenu suffisamment d'appuis au Sénat pour y être mise aux voix.

Pour sauver la proposition, le sénateur Robert Byrd, un maître des règles du Sénat, l'a subrepticement insérée à la dernière minute, sans aucun débat, dans un projet de loi de finances concernant l'agriculture.

Le Congrès ne pouvait rejeter l'amendement sans rejeter l'entier du projet de loi de finances.

Le président Clinton ne pouvant lui non plus, pour cette même raison, exercer son droit de veto, il a demandé au Congrès de régler le problème.

Toutes les tentatives en ce sens ont échoué.

Ces exemples de différences entre nos deux systèmes ne représentent que la pointe de l'iceberg. Au Canada, le népotisme est mal vu. Aux États-Unis, il est essentiel au fonctionnement du système. Tout le niveau supérieur de l'appareil gouvernemental est remplacé à chaque élection présidentielle. On a donc affaire à une armée toujours changeante de décideurs.

Le système devient tellement complexe que, croyez-le ou non, les secrétaires de Cabinet ont à leur service de véritables équipes ayant expressément comme mandat de s'y retrouver dans ce dédale pour pouvoir exercer des pressions sur leur propre gouvernement.

De même, les élus du Congrès doivent pouvoir compter sur de nombreux assistants pour s'interinfluencer et se tenir au courant de ce qui se passe. Les imposants effectifs sont monnaie courante. J'ai entendu parler récemment d'un sénateur qui avait rien de moins que 68 assistants pour l'aider à débrouiller cet écheveau. Quand j'étais premier ministre du Nouveau-Brunswick, mon assemblée législative ne comptait même pas, pour l'ensemble de la province, autant de députés que le bureau d'un seul de ces sénateurs ne compte d'employés.

S'ajoutant à ce chaos, Washington est une ville de démarcheurs. À Washington, le démarchage est une activité parfaitement légitime et réglementée. On y trouve quelque 12 000 démarcheurs inscrits. Ceux qui n'en sont pas sont avocats et parfois les deux.

On dit que, sur toutes les personnes qu'on croise dans la rue à Washington, une sur huit pratique le droit. C'est peut-être pour cette raison que d'aucuns affirment qu'on ne se sent pas en sécurité dans les rues de cette ville. Le rôle des démarcheurs et des avocats est de se frayer un chemin dans ce système et d'exercer des pressions pour servir des intérêts particuliers.

Et là où il y a des intérêts qui s'affrontent, des démarcheurs et des avocats, il y a de l'argent. On estime qu'au cours du 108e Congrès des États-Unis, plus de 404 millions de dollars ont été dépensés en propagande dans les médias électroniques et écrits. Or pour chacune des six questions pour lesquelles les dépenses ont été les plus élevées, le camp qui a dépensé le plus est celui qui a gagné la partie.

Vous vous demandez où je veux en venir? Je sais que vous déployez certains efforts pour faire en sorte que votre point de vue soit bien représenté à Washington. J'applaudis à vos démarches et aux pressions que vous exercez pour défendre votre cause. Mais, comme quelqu'un me le disais à Washington, n'allez pas essayer de vous battre avec un couteau quand l'adversaire a en main une arme à feu.

Ne limitez pas vos efforts à Washington, essayez de convaincre la population américaine.

Et une fois que le problème sera réglé, si jamais il se règle, ne vous arrêtez pas là. Demeurez sur vos gardes pour protéger vos intérêts.

Comme je l'ai mentionné précédemment, les exportations de bois d'œuvre résineux aux États-Unis représentent pour le Canada quelque 7,5 milliards de dollars par année – l'industrie emploie un quart de million de Canadiens dans 1 200 localités. Depuis que ce différend a éclaté, près de 4 milliards de dollars de droits de douane ont été retenus en fiducie. Vous savez que l'enjeu pour vous est considérable. Nous savons que l'enjeu pour nous l'est aussi.

Permettez-moi d'insister sur une remarque que je viens d'exprimer. D'être présent à Washington comme vous l'êtes, c'est bien, et vous vous devez de le faire, mais j'aimerais vous persuader plus énergiquement que je ne l'ai fait tout à l'heure qu'il est encore plus important de faire campagne auprès de l'Américain moyen.

Vu que tout ce qui est politique est local et que vous n'avez pas le droit de vote, vous devez vous faire des alliés parmi ceux qui ont ce droit. Autrement dit, il ne suffit pas de connaître le président. Il ne suffit pas d'obtenir que l'ambassade prenne ce dossier à cœur. Il ne suffit pas de faire appel aux meilleurs avocats et démarcheurs à Washington pour défendre votre cause. Le système des États-Unis repose sur le pouvoir des réseaux, sur la formation de coalitions au niveau de la base pour que les membres du Congrès sachent pourquoi il est dans leur intérêt de prendre telle ou telle proposition au sérieux.

Vous rappelez-vous que je vous ai dit qu'une personne sur huit à Washington est avocat ou démarcheur? Mais n'oubliez pas non plus que chaque Américain est un consommateur. Je parierais, si on ne m'a pas mal informé, que la grande majorité d'entre eux souhaitent pouvoir se procurer des produits de qualité au meilleur prix possible sur le marché. Vous vendez vos produits dans chacune des petites localités des États-Unis.

Il est d'importance capitale pour vous d'exercer des pressions sur vos clients, grands et petits, dans les villes, grandes et petites, et les villages des États-Unis. Vos adversaires semblent avoir beaucoup mieux réussi à coaliser la population. Vous devez les affronter sur ce même terrain.

Cela m'amène à aborder mon prochain point important. L'amendement Byrd représente une menace dans ce cycle de négociations sur le bois d'œuvre résineux et pour l'espoir d'en arriver à une solution durable à long terme pour régler ce litige et d'autres. L'amendement Byrd est une mesure législative particulièrement pernicieuse.

C'est que l'amendement Byrd stipule que l'argent perçu en droits de douane, plutôt que d'être versé entièrement au gouvernement comme on le fait habituellement, peut être acheminé vers les demandeurs du secteur privé qui sont à l'origine des sanctions commerciales. Le risque qu'une telle disposition soit utilisée malicieusement est manifeste et très grave.

Bref, c'est une invitation aux entreprises de s'ériger en chasseurs de prime.

Premièrement, elle incite les parties à demander l'imposition de mesures commerciales. Étant donné qu'elles en seront naturellement les bénéficiaires, cette option devient pour elles un puissant encouragement à porter plainte.

Deuxièmement, puisque les sommes ainsi perçues des exportateurs canadiens peuvent être redistribuées à leurs concurrents, il devient beaucoup plus probable que d'autres membres du secteur demanderont eux aussi l'imposition de sanctions par mesure défensive.

Troisièmement, pour la partie qui est condamnée à payer des droits, il est extraordinairement irritant et injuste d'avoir à verser ces sommes à un concurrent qui peut les utiliser pour brouiller le jeu de la concurrence et même financer des concurrents pour les aider à consolider leur position ou acquérir d'autres segments du secteur concerné.

Je n'arrive pas à trouver de mots plus durs pour condamner cette mesure législative que ceux qu'a employés le Wall Street Journal dans son éditorial du 6 avril dernier.

« L'Organisation mondiale du commerce ayant jugé illégal l'amendement Byrd, l'Union européenne et nos voisins du Nord sont tout à fait en droit d'user de rétorsion contre les produits américains tant que le Congrès n'aura pas abrogé cet aberrant amendement Byrd. Le problème, c'est que l'amendement en question est devenu un gigantesque programme de transfert d'argent à des entreprises américaines. »

Voyons maintenant ce qu'on y dit des attaquants.

« Prenons l'exemple de la société Timken, le fabricant de roulements à billes qui a amassé quelque 52,7 millions de dollars l'an dernier en tant que première entreprise bénéficiaire de l'amendement Byrd. Voilà de quoi donner à Timken une motivation on ne peut plus grande à embaucher des avocats spécialistes du droit commercial pour instruire des poursuites antidumping afin de pouvoir bénéficier de gains protectionnistes. Nous supposons que ces gains sont considérés comme un rendement sur l'investissement, ou quelque chose du genre, mais que fait-on de la compétitivité des entreprises? »

Et l'auteur de poursuivre ...

« Une foule d'entreprises dans de nombreux secteurs entrent dans le jeu pour profiter des avantages que leur procure cette loi. Quarante-quatre d'entre elles ont reçu au moins 1 million de dollars chacune en droits de douane l'an dernier grâce à l'amendement Byrd, lequel a d'ailleurs permis à l'ensemble des entreprises étasuniennes de percevoir 284,1 millions de dollars. De 2001 à 2004, les retombées de cette mesure protectionniste ont été de 1,04 milliard de dollars. »

Attendez, il y a autre chose ...

« Plus généralement, cette combine a encouragé davantage d'entreprises étasuniennes à instruire davantage de poursuites antidumping. D'après l'OMC, pas plus tard qu'en 1997, seulement 15 causes antidumping avaient été instruites aux États-Unis, et seulement 9 pour tout le premier semestre de 2000. Mais depuis l'entrée en vigueur de l'amendement Byrd, ce nombre est passé à 76 en 2001, à 35 en 2002, à 37 en 2003. »

Bref, cette mesure législative est absolument contraire aux principes du libre-échange et a été reconnue comme telle par l'OMC. Je suis très heureux qu'Ottawa ait annoncé récemment le recours, à compter du 1er mai, à des mesures de rétorsion contre des entreprises américaines, notre troisième front. Nous avons beaucoup de partenaires de coalition aux États-Unis et ailleurs dans le monde qui partagent notre répugnance à l'égard de l'amendement Byrd.

Quoi qu'il advienne de notre différend sur le bois d'œuvre résineux, je vous exhorte à poursuivre votre collaboration avec ces partenaires de coalition pour maintenir la pression sur le Congrès des États-Unis (en faveur de l'abrogation de l'amendement Byrd).

Maintenant que j'ai exprimé quelques sentiments négatifs, permettez-moi d'insister sur du positif. Il y a beaucoup de bonnes choses qui se sont produites dans votre secteur.

Vous avez accru votre niveau d'innovation et de productivité.

Vous avez tenu le coup durant toutes ces années de contestation.

(Vous n'abandonnez pas la partie non plus dans le processus de négociation).

Vous êtes devenus des maîtres de la commercialisation et de la distribution.

Vous avez parrainé votre propre défense.

Sous les auspices de l'American Consumers for Affordable Housing, vous avez travaillé en collaboration avec d'importants alliés étasuniens comme Home Depot, la National Association of Homebuilders et les marchands de bois d'œuvre.

Et le secteur privé canadien aussi bien que nos gouvernements fédéral et provinciaux méritent d'être félicités pour avoir résisté avec succès aux efforts de la Coalition adverse qui s'est acharnée à tenter de nous diviser pour gagner la partie dans cette récente série de mesures pour tenter de résoudre le différend sur le bois d'œuvre.

Nous sommes tous très fiers du fait qu'après quatre ans de ce très pénible différend, les Canadiens demeurent, malgré d'importantes divergences d'intérêts, unis dans la recherche d'un règlement qui soit durable et qui aille dans le sens des intérêts supérieurs du Canada.

Mais il est absolument crucial de mentionner qu'aussi important qu'il puisse être pour vous, le différend sur le bois d'œuvre en particulier doit être considéré dans la perspective de notre relation globale avec les États-Unis.

Tout compte fait, cette relation est extraordinairement solide.

C'est notre sécurité et la gestion de notre frontière commune qu'elle met en cause.

Il s'agit de la relation commerciale de loin la plus importante du monde.

Le Canada et les États-Unis s'échangent quotidiennement des biens et services pour une valeur d'environ 1,8 milliard de dollars.

C'est-à-dire plus de 1 million de dollars la minute.

Toutes les deux secondes, un camion franchit la frontière entre le Canada et les États-Unis.

En moyenne, environ un demi-million de personnes passent la frontière chaque jour de l'année.

C'est une question d'emplois – plus de cinq millions d'emplois aux États-Unis reposent sur les échanges commerciaux entre nos deux pays, et plus de deux millions au Canada.

Au cas où vous craindriez que notre relation soit à sens unique, sachez que nous sommes pour les États-Unis un marché plus important que l'ensemble des pays de l'Union européenne.

Nous sommes également pour les États-Unis le plus important investisseur étranger, et pour 39 États américains, leur première destination d'exportation.

Nous sommes le principal fournisseur de pétrole raffiné et brut, de gaz naturel et d'uranium des États-Unis.

Nos échanges commerciaux qui empruntent le pont Ambassador entre Windsor et Detroit sont plus importants que les échanges commerciaux entre les États-Unis et le Japon.

Croyez-le ou non, nous faisons plus d'affaires avec Home Depot d'Atlanta qu'avec la France entière.

Mais oui!

Mais même ces faits doivent être considérés en tenant compte d'une réalité plus noble encore.

Une réalité plus profonde que toute relation commerciale.

C'est que nous sommes entre amis ou parents.

J'oserais affirmer que chacun de vous, dans cette salle, a des amis aux États-Unis. Nombre d'entre vous y ont de la parenté.

Certains d'entre vous sont des Américains qui vivent ou travaillent au Canada.

Aucun d'entre nous ne devrait oublier les racines profondes qui unissent nos deux pays.

Nous nous guettons l'un l'autre. Et quelles que puissent parfois être nos disputes en matière commerciale, rappelons-nous toutes ces fois où, dans des batailles autrement plus importantes, nous avons versé ensemble notre sang pour défendre les valeurs et les principes que nous avons en commun.

Comme nous l'avons fait lors des deux guerres mondiales, en Corée, dans le Golfe persique et au Kosovo.

Ou comme lorsque, côte à côte, nous défendons l'Amérique du Nord au sein du Commandement de la défense aérospatiale de l'Amérique du Nord, le NORAD.

Depuis le 11 septembre 2001, nous avons à tour de rôle envoyé des milliers d'effectifs militaires en Afghanistan et dans le Golfe persique.

Nos policiers, agents à la frontière, agents d'immigration et autres responsables de l'application de la loi prennent chaque jour des risques pour nous protéger contre ceux qui pourraient menacer nos familles et notre sécurité.

C'est dans cette perspective profonde et vaste que s'inscrit notre relation.

Et pour que cette dernière demeure saine, ainsi que pour la compétitivité de l'Amérique du Nord, il nous faut régler nos différends commerciaux.

Et nous pouvons tenir bon sur ces questions, non pas malgré notre relation, mais en raison de celle-ci.

Car ce qui compte en amitié, ce n'est pas ce sur quoi on ne s'entend pas, mais la façon dont on gère ses désaccords.

Je ne suis pas à Washington depuis bien longtemps, mais j'ai eu le temps d'y apprendre que ce que les États-Uniens respectent par-dessus tout, ce sont ceux qui défendent ce qui leur semble juste. Ils respectent ceux qui savent, comme on dit, quand ouvrir leurs cartes et quand les fermer.

Nous avons donc raison de défendre à la fois cette relation précieuse, unique et exceptionnelle et notre industrie du bois d'œuvre résineux.

Car comme Canadiens, nous pouvons être fiers des deux.

Il s'agit en fait de concilier l'amitié et les affaires.

Merci.

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Dernière mise à jour :
2006-11-06
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