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Page d'accueil L'ambassadeur Chefs de la representation du Canada aux É-U Frank McKenna Discours et déclarations le 28 juin 2005

Entrevue avec l’ambassadeur Frank McKenna lors de son passage au Diane Rehm Show

DIANE REHM (animatrice) : Bonjour, Monsieur l’Ambassadeur et bienvenue à Washington.

FRANK MCKENNA (ambassadeur du Canada aux États-Unis) : Bonjour, merci, Diane.

Mme REHM : Vous avez déclaré que les relations entre les États-Unis et le Canada devraient servir, je cite, « de formidable exemple au reste du monde. » Comment cela?

M. MCKENNA : En termes simples, nous avons des relations de bon voisinage depuis quelque 200 ans maintenant, des relations exemptes de violence entre deux nations qui ont en commun la plus longue frontière non défendue au monde. Durant tout ce temps, je crois que nous avons tissé des liens économiques bénéfiques pour les deux parties. Quelque cinq millions d'emplois aux États-Unis reposent sur le commerce avec le Canada, et ce chiffre s'élève à deux millions côté canadien. Nous nous rangeons dans le même camp sur beaucoup de sujets. Nous avons tant de choses en commun, et de plus, nos deux pays ont su conserver intacts leur souveraineté et leurs caractères distinctifs, ne pas se sentir bousculés, affirmer qu'ils sont des États souverains. Je pense qu'entretenir de solides relations commerciales et partager une frontière perméable est un merveilleux exemple pour le reste du monde. Lorsqu'on regarde le monde et qu'on y voit tant d'aigreur, tant de conflits au sein des nations et entre elles, je trouve que nous devrions nous estimer heureux.

Mme REHM : Que dire des relations entre les États-Unis et le Canada concernant la guerre en Iraq?

M. MCKENNA : Et bien, nous avons choisi des itinéraires différents sur cette question. Et le dossier comporte beaucoup de litiges. Bien sûr, nous étions dans le même camp lors de la Première et de la Seconde Guerre mondiale, même si vous savez que le Canada s'y est engagé bien plus tôt. Nous avons fait la guerre de Corée ensemble. Nous avons fait le Kosovo ensemble. Le Canada a envoyé un gros contingent en Afghanistan : plus de 13 500 soldats. Nous sommes, après les États-Unis, le pays qui a envoyé le plus grand nombre de soldats au combat en Afghanistan. Pour assurer la protection du Golfe, nous avons organisé 5 000 sorties aériennes et 20 navires de guerre ont effectué des rotations. Nous avons donc combattu côte à côte à de nombreuses reprises. Mais dans le cas de l'Iraq, le Canada a pris la décision de rester fidèle à sa politique bien établie, qui est de venir au soutien d'un conflit lorsque l'aide multilatérale bat le rappel. Dans le cas de l'Iraq, cela n'a tout simplement pas été le cas et nous avons choisi une autre voie. Cela étant dit, le Canada n'est pas indifférent à la question de savoir qui il souhaite voir l'emporter, et nous sommes très engagés dans la restauration de la démocratie en Iraq et la contribution que nous pouvons apporter.

Mme REHM : Est-ce une manière diplomatique de laisser entendre, monsieur l'Ambassadeur, que le Canada n'était pas d'accord avec les raisons qu'ont données les États-Unis pour déclarer la guerre à l'Iraq?

M. MCKENNA : Et bien, nous ne souhaitons pas, et je ne souhaite pas me mettre en situation de critiquer après coup les choix de votre voisin. Chaque jour, des Américains perdent la vie en Iraq et je crois que je sers mieux nos intérêts en transmettant tous mes vœux de réussite aux États-Unis. Nous espérons que la paix pourra être restaurée le plus rapidement possible. Ce n'est sûrement pas le moment de se montrer critique à l'égard d'un voisin concernant la voie qu'il a choisie.

Mme REHM : M. McKenna est le nouvel ambassadeur du Canada aux États-Unis... Je crois que la plupart des Américains ne se rendent pas bien compte du fait que le Canada est le premier fournisseur de pétrole brut et de gaz des États-Unis. Quels sont les chiffres?

M. MCKENNA : Ils sont ahurissants. Je crois que pour le pétrole et le gaz, c'est de l'ordre de 66 milliards de dollars de pétrole et de gaz qui traversent la frontière à destination des États-Unis. C'est exact, beaucoup d'Américains ne savent peut-être pas que nous sommes leur plus grand fournisseur de pétrole brut, de pétrole, de gaz, d'uranium et d'hydro-électricité sous toutes ses formes. Nous serions donc votre plus gros fournisseur d'énergie au monde. Beaucoup d'Américains ne savent peut-être pas non plus que le Canada est un gros producteur de pétrole et qu'à eux seuls, les sables pétrolifères de l'Alberta contiennent les plus grandes réserves de produits pétroliers du monde, ou en tout cas les deuxièmes en importance, selon l'origine du classement. Par ailleurs, nous disposons de grandes réserves de produits pétroliers dans le Nord canadien, en Colombie-Britannique et en Saskatchewan et tout le long de la région atlantique du pays. Nous sommes effectivement de gros fournisseurs. Nous sommes le plus gros fournisseur d'énergie des États-Unis.

Mme REHM : Comment expliquez-vous que le pétrole atteigne maintenant 60 dollars le baril?

M. MCKENNA : Je crois que c'est la démonstration classique du jeu de l'offre et de la demande. Nous atteignons un point d'équilibre; je ne suis pas expert en la matière, même si j'ai tout de même siégé à quelques comités au cours de ma carrière dans le secteur du pétrole et du gaz. Je crois que c'est ce qu'on appelle la courbe de Hubbard, lorsque l'offre commence à décliner. Nous nous approchons de ce point. Par conséquent, l'offre est moindre, ou plus chère, ce qui revient parfois au même que de voir l'offre diminuer. On enregistre en revanche une demande croissante, car l'économie chinoise est en plein essor et est devenue un consommateur vorace d'énergie. Alors, si l'offre est moindre et que la demande est élevée, on se retrouve dans la situation classique qui fait augmenter les prix.

Mme REHM : Les États-Unis s'approvisionnent énormément en énergie auprès du Canada; mais quel est l'avantage d'acheter du pétrole et du gaz au Canada par rapport à d'autres pays?

M. MCKENNA : Il est certain que vous achetez plus d'énergie au Canada qu'à n'importe quel autre pays du monde. Et je crois que c'est une bonne chose pour nos deux pays. Les États-Unis en retirent un avantage décisif dans la mesure où le Canada est un fournisseur d'énergie sûr, fiable et de longue date pour les États-Unis. D'autres pays, sans vouloir en dire du mal, qui ont de l'énergie, du pétrole et du gaz sont des démocraties relativement instables et pour plusieurs raisons. Je crois qu'on peut dire avec justesse que les relations sont tendues avec certains pays d'Amérique du Sud qui approvisionnent les États-Unis, comme la Bolivie et le Venezuela. Le Moyen-Orient, l'Iraq et l'Iran ne pourraient certainement pas être envisagés comme des fournisseurs sûrs. Ni le Nigeria. Il y a tant de pays fournisseurs de pétrole et de gaz dans le monde qui semblent avoir des troubles politiques. Ce n'est pas le cas du Canada. Vous avez, à votre porte, un fournisseur sûr et fiable. À notre tour, même si nous vous fournissons beaucoup d'énergie, nous achetons aux États-Unis plus de produits que n'importe où au monde. Le Canada est le plus gros marché pour les produits de 39 de vos États. Nous vous achetons davantage que nous n'achetons à tous les pays de l'Union européenne réunis. Le volume de produits que nous achetons aux États-Unis est incroyable. Ce sont donc des relations commerciales mutuellement bénéfiques.

Mme REHM : Et pourtant, un journaliste du Toronto Star a dit le mois dernier que faire des affaires avec Washington s'apparentait à se mesurer à un monstre...

M. MCKENNA : Un éminent Canadien, l'un de nos anciens premiers ministres, faisait plutôt l'analogie avec l'éléphant. Les États-Unis sont un grand éléphant et, même si cet éléphant est votre allié, lorsque vous êtes une souris, chaque fois qu'il bouge et qu'il grogne, vous vous tenez sur vos gardes. L'économie des États-Unis est très vaste, et c'est une démocratie très complexe. Il ne fait aucun doute que faire des affaires avec les États-Unis est à la fois exigeant et stimulant. Nous devons donc toujours demeurer sur la pointe des pieds, parce que parfois, vous nous faites mal, même si ce n'est pas intentionnel.

Mme REHM : Donnez-moi un exemple.

M. MCKENNA : Sur certains dossiers commerciaux. Je crois qu'en ce moment justement le CAFTA préoccupe les États-Unis. La Chine également.

Mme REHM : Le CAFTA étant l'accord de libre-échange avec des pays d'Amérique centrale.

M. MCKENNA : Exact. Et cela préoccupe les États-Unis. De même que les échanges commerciaux avec la Chine. La Chine produit désormais probablement 50 pour 100 des produits qu'on trouve sur les tablettes de Wal-Mart. La Chine est un immense fournisseur. L'industrie du textile est dominée par la Chine. Alors, lorsque les États-Unis deviennent quelque peu protectionnistes à cause d'autres pays du monde, le Canada se retrouve un peu coincé au milieu. Nos relations commerciales sont régies par l'ALENA, et il s'agit d'échanges commerciaux de l'ordre de 400 milliards de dollars par an. Toutefois, il conviendrait de resserrer certaines règles de l'ALENA pour que les litiges puissent être résolus plus facilement, ce qui est difficile à faire.

Mme REHM : Monsieur l'Ambassadeur, comment votre mission, ici, à Washington, est-elle affectée par le fait que le premier ministre du Canada, M. Martin, a remporté de justesse le vote de confiance le mois dernier?

M. MCKENNA : Cela n'a aucun impact sur ma mission. De la même façon que nous respectons votre démocratie et le fait que l'issue d'une élection présidentielle puisse rester en suspens devant les tribunaux pendant plusieurs mois et que le choix d'un président puisse, pour ainsi dire, reposer sur un confetti à quatre points. Nous avons respecté le processus tout autant, je crois, que le gouvernement américain et nos interlocuteurs respectent notre processus démocratique. Le Canada est une démocratie parlementaire. Si l'on n'a plus la confiance de la Chambre, des élections doivent avoir lieu. Dans le cas présent, le premier ministre a réussi à conserver la confiance de la Chambre, alors la vie continue. Dans les deux cas, c'est le propre des démocraties saines que de réussir à traverser des périodes transitoires et de pouvoir subir des revers, parce qu'elles ont mis en place des systèmes d'absorption qui fonctionnent plutôt bien.

Mme REHM : En parlant de santé, de très nombreuses personnes tant dans ce pays qu'au Canada sont préoccupées par la maladie de la vache folle. Pourriez-vous en dire un mot, quelles sont les répercussions au Canada, et quelles sont-elles sur les échanges commerciaux entre le Canada et les États-Unis?

M. MCKENNA : Oui, évidemment. Le terme scientifique de la maladie de la vache folle est l'ESB; c'est une maladie qui affecte le système nerveux de l'animal. C'est une infection courante, qui a beaucoup touché le Royaume-Uni et l'Europe.

Malheureusement, on a signalé des cas d'ESB aux États-Unis. Il semblerait que l'apparition de la maladie ne soit pas récente, bien que le test final n'ait été réalisé que la semaine dernière. Les tests préliminaires auraient indiqué que la présence de l'ESB daterait de six ou sept mois. Je suis désolé pour l'industrie des viandes et les agriculteurs américains; nous sommes dans la même situation au Canada depuis plusieurs années.

Mme REHM : Quatre vaches malades ont été découvertes au Canada.

M. MCKENNA : Oui, et il semblerait que ces cas résultent de très anciennes importations d'Europe. La vache dont il est question aux États-Unis ne vient ni du Canada ni d'Europe. Pour autant que nous sachions, il semble que cette vache soit indigène aux États-Unis. Nous sommes confrontés au même problème.

Le défi consiste à y faire face. Aux États-Unis, même si l'administration tenait beaucoup à ce que nous réglions ce problème sans fermer la frontière, en se fondant sur des principes scientifiques, un petit groupe d'éleveurs est sorti du rang et a mis fin à cette possibilité.

Mme REHM : La frontière est donc fermée?

M. MCKENNA : La frontière, et c'est là le paradoxe, la frontière est fermée en ce sens que le Canada ne peut plus exporter de bovins à destination des États-Unis. Mais le Canada garde sa frontière ouverte avec les États-Unis et peut donc recevoir des bovins en provenance des États-Unis. Alors qu'on a détecté des cas d'ESB dans les deux pays.

Mme REHM : Et on y perd de l'argent.

M. MCKENNA : On y perd une fortune. Le R-CALF y gagne quant à lui beaucoup et tire très bien son épingle du jeu. Ce sont eux, les éleveurs auxquels je faisais allusion tout à l'heure. Leur tactique consiste à augmenter les prix de façon démesurée pour les consommateurs, les restaurateurs, etc. Tout le monde y perd et paye bien plus que ce que devrait coûter la viande.

Huit mille personnes travaillant dans des abattoirs se sont retrouvées sans emploi aux États-Unis. Les usines ferment et traversent la frontière pour venir s'installer au Canada pour pouvoir y transformer la viande. Les éleveurs canadiens qui vendaient de la viande aux États-Unis y perdent aussi. Ils doivent maintenant vendre leur viande à des abattoirs au Canada; les États-Unis et les exploitants canadiens y perdent parce que le Japon et d'autres pays dans le monde disent, en gros, si vous ne vous fiez pas à vos données scientifiques réciproques, comment pourrions-nous vous faire confiance?

À cause de ce petit groupe qui semble avoir un bon appui financier et qui a pu trouver un juge pour le soutenir, l'ensemble du marché intégré de la viande en Amérique du Nord s'est complètement arrêté, ce qui coûte cher à tout le monde.

Mme REHM : On dit que les éleveurs canadiens ne testent pas suffisamment leurs bêtes.

M. MCKENNA : Il se trouve que nous faisons des tests plus approfondis et plus rigoureux qu'aux États-Unis. En fait, concernant le type de test qui a été effectué sur l'animal aux États-Unis, si l'animal avait subi le test que nous utilisons au Canada, l'ESB aurait été détectée il y a sept mois. Ce n'est donc pas vrai. Et ça ne changerait rien si on testait tous les animaux, Diane; on y a pensé, mais même si on testait tous les animaux, R-CALF continuerait de se battre pour que la frontière reste fermée, parce que c'est dans leur intérêt égoïste.

Mme REHM : Alors, qu'est-ce qui va se passer?

M. MCKENNA : Et bien, nous avons porté l'affaire en appel et une audience va avoir lieu sur le bien-fondé du litige. Une question qui, à mon avis, devrait être tranchée par le Congrès se retrouve malheureusement devant les tribunaux.

Je sais que le président est irrité de cette situation. Le secrétaire américain à l'Agriculture est irrité. Les exploitants agricoles et les éleveurs des États-Unis sont irrités. L'industrie de transformation de la viande est irritée. Les agriculteurs et les exploitants d'abattoirs canadiens sont irrités. On va perdre des milliards de dollars dans cette affaire.

Il y a une chose que je peux vous dire avec certitude. Nous n'abandonnerons pas nos éleveurs et nos fermiers canadiens. Nous ferons tout ce qu'il faut pour avoir accès soit à ce marché, soit à d'autres marchés dans le monde. Et pour démontrer au monde que nos exploitations agricoles sont saines et que notre viande est saine, nous ne ferons pas ce que les États-Unis nous ont fait, c'est-à-dire fermer notre frontière. Nous ouvrirons notre frontière et nous la laisserons ouverte par respect pour la science et pour la méthodologie que nous appliquons et qui est également, nous l'espérons, suivie comme il se doit par les États-Unis.

Mme REHM : Que voulez-vous dire par « nous ferons tout ce qu'il faut »?

M. MCKENNA : Ça signifie que si nous sommes obligés, si l'on nous ferme des marchés aux États-Unis, nous irons voir ailleurs et nous vendrons notre viande dans d'autres pays du monde. Vous savez, nous ferons tout ce qu'il faut pour conserver ce marché. Si nous devons procéder à des tests plus rigoureux pour convaincre le reste du monde, si nous devons créer des produits spécialisés, quoi qu'il faille faire, nous le ferons.

Malheureusement, ce sera un coup très dur pour les producteurs américains; mais nous avons maintenant atteint l'étape au Canada où nous devons prendre soin de nos agriculteurs et de nos éleveurs. Nous ne pouvons pas laisser une petit groupe égoïste qui cherche à se remplir les poches grâce au prix élevé de la viande aux États-Unis, R-CALF, bousiller un marché intégré de la viande qui fonctionne si bien depuis des années.

Mme REHM : Vous pensez que c'est ce qui est en train de se passer.

M. MCKENNA : Je sais que c'est ce qui est en train de se passer. La majorité des bouviers des États-Unis sont pour une frontière ouverte. Toute l'industrie de la transformation des viandes est pour une frontière ouverte. Le président, le secrétaire à l'Agriculture, tout le monde est pour une frontière ouverte.

Mme REHM : Alors, de qui s'agit-il précisément?

M. MCKENNA : Il s'agit d'un petit groupe dissident d'éleveurs qui s'est constitué en groupe d'intérêt, qui s'est pourvu en justice et qui a obtenu une injonction pour contrecarrer la volonté du président et de son administration.

Mme REHM : Concernant une autre question commerciale, l'Union européenne et le Canada ont convenu en avril dernier d'imposer des sanctions commerciales sur divers produits américains. Où en est-on à ce sujet?

M. MCKENNA : Cette situation est vraiment regrettable, puisque, comme je l'ai dit tout à l'heure, un volume si important d'échanges commerciaux se produisent sans le moindre incident. Mais les États-Unis ont adopté l'amendement Byrd, et cet amendement…

Mme REHM : du sénateur Byrd de Virginie occidentale.

M. MCKENNA : L'amendement porte son nom, oui; c'est en fait une prime commerciale, qui tend d'ailleurs à enrichir les avocats; en fait, si quelqu'un peut déceler un éventuel différend commercial et convaincre les intéressés de le poursuivre, s'il réussit, et dans certains cas, même s'il échoue, il touche de l'argent, en fait, les droits qui ont été institués. Pour les avocats, c'est presque aussi bien que la loi sur le tabac. Vous avez une belle occasion d'aller vous concentrer sur les problèmes en espérant que vous en retirerez un peu d'argent. Certaines entreprises américaines font plus d'argent avec l'amendement Byrd, en faisant la chasse aux primes, qu'elles n'en font en vendant leurs produits.

L'OMC a jugé cette pratique illégale, elle a été jugée illégale en vertu de l'ALENA et, par conséquent, l'Europe, le Canada, le Mexique et le Japon ont le droit d'appliquer des mesures de rétorsion de plusieurs milliards de dollars à l'égard des États-Unis. Aucun de nous ne souhaitait en arriver là. Mais nous allons appliquer de telles mesures s'il faut passer par là pour maintenir la liberté des échanges. Et l'administration voudrait se débarrasser de l'amendement Byrd. Je sais que beaucoup d'associations de consommateurs le souhaitent également, et beaucoup d'autres encore; mais jusqu'à présent, personne n'a réussi.

Mme REHM : Concernant les relations que les États-Unis entretiennent avec leur voisin du Sud,

M. MCKENNA : Oui.

Mme REHM : Est-ce qu'elles interfèrent avec les relations qui unissent les États-Unis et le Canada?

M. MCKENNA : Uniquement de façon périphérique. Nous admirons beaucoup ce que fait le Mexique, et le Canada est membre de l'Accord de libre-échange nord-américain. Toutefois, les dossiers propres aux relations Mexique-États-Unis sont différents de ceux qui existent entre le Canada et les États-Unis. Alors c'est toujours ennuyeux pour nous lorsque les gens essayent de créer une équivalence morale entre les dossiers alors qu'ils sont différents. Nous n'avons pas de problèmes d'immigration entre le Canada et les États-Unis. Les Canadiens n'escaladent pas de clôtures, ni ne rampent en-dessous pour essayer d'entrer aux États-Unis. Ils adorent les États-Unis, ils les respectent beaucoup, mais ils sont également très heureux de vivre au Canada, qui est classé chaque année parmi les pays du monde où la qualité de vie est la meilleure.

Dans le cas de la frontière mexicaine, des centaines de milliers, des millions d'immigrants essayent d'aller aux États-Unis. Les problèmes frontaliers sont donc différents. Ce qui ne veut pas dire que nous n'en ayons pas. Mais nos problèmes frontaliers impliquent de protéger le Canada contre les drogues dures ou les armes en provenance des États-Unis ou contre les terroristes, et les États-Unis essayent de se protéger de la même façon des terroristes, par exemple, ou de la marijuana ou de tout ce qui pourrait passer en contrebande. Nous faisons donc tous en sorte de bien protéger la frontière contre ce qui pourrait la franchir, mais le problème est complètement différent de celui de la frontière mexicaine.

Mme REHM : Est-ce qu'il arrive que le côté mexicain fasse de l'ombre au côté canadien?

M. MCKENNA : Je dirais que oui. Regardons les choses en face, Diane. Ce dont il faut se réjouir, c'est que nous avons des gens qui parlent la même langue, qui se ressemblent, qui s'entendent bien et qui s'accordent depuis des centaines d'années. Alors où nous classerions-nous sur l'écran radar en termes de problèmes? Au bas de l'échelle. Alors si des millions d'immigrants posent un problème d'un côté de la frontière et que l'autre frontière à l'autre bout du pays ne pose quasiment aucun problème, il va de soi que vous allez accorder beaucoup moins d'attention à la seconde.

Vous savez, on n'aime pas beaucoup entendre les soi-disant justiciers qui sont postés à la frontière mexicaine dire qu'ils devraient peut-être se rendre à la frontière nord. Ce sont deux frontières différentes, et deux types de problèmes différents.

Mme REHM : Il est moins 27, et vous écoutez le Diane Rehm Show.

Avant de donner la parole aux téléspectateurs, j'aimerais lire un courriel que nous venons de recevoir de Scotty, à Miami, qui nous dit qu'il a la nationalité américaine et la nationalité canadienne et que sa famille (inaudible) comme la vôtre. « Je me demande si vous tirerez des leçons de votre expérience qui vous aideront dans votre nouveau rôle. Pour les téléspectateurs qui l'ignorent, et étant donné que votre modestie vous interdit de vous en vanter, vous êtes un politicien inhabituel : premièrement, même si vous avez remporté haut la main l'une des victoires les plus écrasantes jamais enregistrées, vous avez promis lorsque vous avez été élu que vous ne resteriez pas plus de dix ans au pouvoir et vous avez tenu parole. Deuxièmement, vous avez presque totalement métamorphosé la province : elle vivait du bois d'œuvre et de la pêche et affichait un chômage chronique et vous en avez fait une province où se sont créés des emplois modernes et où se sont développés des réseaux de communication à la fine pointe de la technologie. Et troisièmement, vous avez transformé un déficit chronique en excédent budgétaire tout en réfutant l'idée que c'est au gouvernement de tout régler ».

M. MCKENNA : Bien, c'est une note plutôt sympathique. J'aimerais bien savoir qui l'a envoyée. Merci beaucoup. Je crois que mon expérience, pour répondre directement à la question, m'est utile au poste que j'occupe. J'étais politicien avant d'accepter ce poste, et à Washington, la politique est un atout par rapport à beaucoup d'autres choses. J'ai souvent affaire à des responsables politiques. J'ai été dans les affaires. J'ai siégé à de nombreux conseils d'entreprises et j'ai également une entreprise de fabrication qui est gérée par mon fils. Je crois que tout cela me donne des atouts. Toutefois, la chose la plus importante, à mon avis, celle qui m'aide vraiment, c'est le fait d'avoir grandi à dix personnes dans une petite ferme; nous avons beaucoup appris sur le sens du partage et de l'attention envers autrui. Et je crois que si on peut s'entendre à dix dans une petite exploitation agricole, on peut s'entendre dans un grand continent comme l'Amérique du Nord.

Mme REHM : Aimez-vous vos fonctions d'ambassadeur du Canada aux États-Unis jusqu'à présent? Est-ce une situation difficile, complexe? Ou est-ce satisfaisant de manière générale?

M. MCKENNA : Les deux. La ville de Washington m'a accueilli de façon très, très chaleureuse, tant les citoyens que les fonctionnaires à qui j'ai affaire. Au Canada, le pays m'a beaucoup soutenu et m'a souhaité ses meilleurs vœux de réussite à ce poste qui consiste à gérer les relations les plus importantes qu'entretienne le Canada avec un autre pays. D'un autre côté, je n'ai pas été déçu par les dossiers à régler, mais je trouve qu'ils sont vastes, complexes et fréquents. J'ai l'habitude de ce genre de défis, et j'aime les relever.

L'ambassade du Canada à Washington est magnifique. Celles et ceux qui connaissent la ville doivent savoir que c'est la plus belle propriété immobilière de la ville de Washington; un groupe d'employés formidables y travaillent. Mais les questions à gérer sont plutôt compliquées. Dans le cadre de relations d'une telle envergure, il est évident que les problèmes ne peuvent pas être simples. Donc, nous n'avons que des dossiers complexes à traiter, mais nous en venons à bout, nous les faisons tous avancer.

Mme REHM : Qui sont vos interlocuteurs les plus directs au gouvernement, ici à Washington?

M. MCKENNA : Le visage du gouvernement américain est différent de celui du Canada. Au Canada, une ou deux réunions ou conversations téléphoniques avec le bon interlocuteur vous permettent d'atteindre un résultat. Il peut être négatif, il peut être positif. Mais en appliquant la discipline de parti, vous atteignez un résultat. Ici, on a plutôt tendance à parler fréquemment aux secrétaires du Cabinet, à l'administration et/ou aux sénateurs ou aux membres du Congrès.

Mme REHM : Frank McKenna, nouvel ambassadeur du Canada aux États-Unis. Au retour, nous aurons le plaisir de prendre vos appels et de lire vos courriels. Restez avec nous.

Mme REHM : De nouveau, bienvenue. L'ambassadeur du Canada aux États-Unis, Frank McKenna est avec moi ici aujourd'hui. Prenons le premier courriel, qui vient de Steve, qui nous écrit de Pleasantville, dans le New Jersey : « Je viens de visiter la magnifique province de Terre-Neuve et j'ai été consterné de voir combien l'industrie de la pêche souffre encore. Est-il vrai que des flottes de pêche étrangères continuent de décimer les lieux de ponte des Grands Bancs, de façon que la pêche dans les eaux canadiennes ne pourra jamais s'en relever? »

M. MCKENNA : C'est malheureux, mais l'industrie de la pêche à Terre-Neuve a effectivement vraiment été décimée. On a toujours pêché la morue à Terre-Neuve; on raconte dans les livres d'histoire, ce qui est tout de même manifestement exagéré, qu'un pêcheur pouvait passer d'un bateau à l'autre en marchant sur les morues tellement l'océan en regorgeait. Mais les réserves de flétan noir, poisson qui, je crois, est pour la morue un aliment de base, auraient été épuisées, de même que les stocks de morue, à cause de la pêche excessive. Le Canada a carrément défié la communauté internationale, principalement l'Espagne et le Portugal, il y a quelques années et a réussi à réduire la surpêche. Le problème est que les stocks de morue semblent avoir été tellement décimés que ce poisson ne semble pas réussir à atteindre la masse critique qui lui permettrait de se reproduire suffisamment. Par conséquent, même après des années de programmes de conservation, on n'enregistre toujours pas de reconstitution des stocks de morue, et l'industrie de la pêche ne peut être relancée. Une situation très triste.

Mme REHM : En effet.

M. MCKENNA : Le monde devrait en tirer des enseignements, de même que les collectivités qui œuvrent pour la conservation des espèces dans le monde entier : il est essentiel de ne pas perdre de vue la conservation des espèces.

Mme REHM : Allons maintenant à Mason, dans l'Ohio. Bonjour, Tom, vous êtes à l'antenne.

TOM (Mason, Ohio) : Bonjour, Diane, merci de prendre mon appel.

Mme REHM : Je vous en prie.

TOM : Je voulais m'assurer de bien avoir compris votre invité. Je crois qu'il a dit que le Canada disposait des plus grandes réserves pétrolières du monde, ou tout du moins, des deuxièmes en importance; si je m'en tiens à ce que j'ai lu, l'Iraq occupe le deuxième rang du classement en matière de réserves de pétrole, après l'Arabie saoudite. Est-ce qu'il pourrait éclaircir ce point?

M. MCKENNA : Je pense que je ne me trompe pas. En fait, j'ai même relu quelques notes sur la question ces derniers jours. Le département américain de l'Énergie a confirmé que les réserves des sables pétrolifères s'élèvent à elles seules à 175 milliards de barils, ce qui n'est pas loin des réserves de l'Arabie saoudite. Je ne sais pas quelles sont les réserves avérées de l'Iraq. Je pense qu'elles seraient d'ailleurs difficiles à avérer. Il va de soi que l'Iraq est un gros producteur potentiel de pétrole. Mais je parle ici des sables pétrolifères de l'Alberta, où les réserves avérées grâce aux technologies dont on dispose aujourd'hui dépassent 175 milliards de barils; et avec des technologies d'extraction encore plus sophistiquées, ce chiffre pourrait doubler ou tripler.

Mme REHM : Cela répond à votre question Tom?

TOM : Oui, tout à fait.

Mme REHM : Bien, merci de votre appel.

Nous allons maintenant à Fairport, New York. Bonjour, Walt, vous êtes à l'antenne.

WALK (Fairport, New York) : Bonjour, Diane, bonjour, Frank.

Mme REHM : Bonjour, monsieur.

M. MCKENNA : Bonjour.

WALT : Frank, j'aimerais vous poser quelques questions au sujet des soldats américains qui se sont enfuis au Canada. Je sais qu'on leur a refusé l'asile, mais ils ont fait appel auprès de votre gouvernement. Où en est-on aujourd'hui? Et ma seconde question est la suivante, la marijuana est-elle autorisée aujourd'hui au Canada pour raisons médicales? Ce sont mes deux questions.

Mme REHM : Très bien, merci, monsieur.

M. MCKENNA : Oui, un ou deux soldats américains ont effectivement essayé de passer au Canada après avoir déserté leur armée et, jusqu'à présent, on leur a refusé le droit d'asile; je crois qu'en effet, un appel a été interjeté. Je n'en connais pas les conclusions. Voilà où on en est...

Mme REHM : Et quelle est la différence avec ces soldats américains, durant la guerre du Vietnam, qui se sont soustraits à la conscription?

M. MCKENNA : La différence est justement là. Dans le cas de la guerre du Vietnam, un certain nombre d'objecteurs de conscience sont venus au Canada et y sont restés. Ils sont même devenus des citoyens canadiens extraordinairement créatifs et productifs; mais ce n'étaient pas des dissidents désobéissant aux ordres de l'armée, et je crois que ce détail fait toute la différence.

Mme REHM : Et qu'en est-il de l'usage de la marijuana à des fins médicales?

M. MCKENNA : Le Canada est en effet l'un des pays du monde qui autorisent l'usage de la marijuana à des fins médicales.

Mme REHM : Voici un courriel de Andrew, de Ann Harbour, au Michigan, qui dit : « Étant donné que le Canada s'apprête à légaliser le mariage gay et que des débats se poursuivent ici sur un amendement sur le mariage gay, quelles sont les différences de valeurs sociales qui pourraient avoir un impact sur les relations américano-canadiennes? »

M. MCKENNA : Je suis content qu'Andrew pose cette question, parce que ça me donne l'occasion de faire quelques commentaires. Au Canada, le Parlement s'apprête à se prononcer sur les unions de personnes du même sexe et, semble-t-il, à les approuver, tout en affirmant simultanément le droit incontestable des Églises de décider qui elles marient et qui elles refusent de marier. Chacun est donc respecté, les institutions, l'institution du mariage et le droit de l'Église de procéder au mariage, mais l'on reconnaît également ainsi que la Charte canadienne des droits et libertés, selon l'interprétation qu'en donnent les tribunaux, semble exiger du gouvernement qu'il reconnaisse la légalité des mariages de personnes de même sexe.

Lorsque mes amis américains me demandent comment cela a pu en arriver là, je leur réponds de façon toute simple. Aux États-Unis, bon je sais qu'il y a d'autres arguments, mais l'un des arguments qui expliquent que les armes ne sont pas contrôlées aux États-Unis, alors qu'elles le sont au Canada, c'est que, comme les Américains le rappellent souvent, le droit de porter une arme est enchâssé dans la Constitution. Alors, ma réponse est la suivante, qu'on soit d'accord ou non avec ce principe, c'est un fait. Chez nous, la Charte canadienne des droits et libertés confère des droits qui sont interprétés par les tribunaux et qui peuvent mener aux mariages de personnes de même sexe.

Il y a un équilibre dans le respect que nous avons à l'égard de notre Charte et celui que vous avez à l'égard de votre Constitution. Par suite de l'application ou de l'interprétation de la Charte canadienne des droits et libertés, nous assisterons dans la semaine qui vient au respect du droit de l'Église de choisir qui elle souhaite marier et au respect du droit à prononcer les mariages gays, de personnes de même sexe.

Mme REHM : Et voici un appel de Jacksonville, en Floride. Bonjour Jamie, vous êtes en ondes.

JAMIE (Jacksonville, Floride) : Bonjour, je voulais juste faire des commentaires sur le conformisme politique de l'ambassadeur dans sa réponse précédente. Je trouve ça dommage que nous n'ayons pas des relations plus coopératives avec le Canada, mais il est très clair que vous voulez développer de telles relations. Je peux comprendre que les États-Unis semblent parfois un peu odieux; et il est manifeste que vous faites de grands pas. Pourtant, la situation actuelle est déplorable et il est malheureux que, souvent, nous considérons que le Canada est soit avec nous, soit contre nous, comme le montrent vos commentaires au sujet de la guerre en Iraq.

M. MCKENNA : Merci, Jamie. Votre remarque est à la fois réfléchie et sensible. Nous sommes généralement du côté des États-Unis dans beaucoup de dossiers. Vous êtes généralement du nôtre dans beaucoup de dossiers. Mais nous sommes tous deux des États souverains, et nous choisissons tous deux notre propre voie à l'occasion, qu'il s'agisse d'approches législatives ou relatives aux droits ou qu'il s'agisse de politique étrangère. Je pense que nous devrions célébrer notre proximité tout en respectant nos différences et notre droit, le droit de prendre des chemins différents de temps à autre. Je crois aussi que c'est ce que vous avez fait dans la manière de formuler votre commentaire. Je vous en remercie.

Mme REHM : Et voici un courriel de Scotty, à Baltimore. Je crois que nous avons reçu de nombreux appels et de nombreux courriels à ce sujet. « Que pense monsieur l'ambassadeur de la chasse aux phoques qui se perpétue au Canada? C'est une pratique brutale et horrible. Les États-Unis ont demandé au Canada de mettre fin à cette chasse qui s'apparente davantage à un carnage de bébés phoques sans défense. La fourrure de phoque ne peut être vendue dans les magasins américains. Qu'en pensez-vous s'il vous plaît? »

M. MCKENNA : Et bien, je ferais le commentaire suivant. La chasse aux phoques, bien sûr, a pris beaucoup d'importance en raison de sa visibilité. Vous savez que des scènes similaires se déroulent dans les abattoirs, entre autres, derrière des portes closes où ne pénètrent jamais les caméras... La chasse aux phoques est autorisée dans la mesure où elle est pratiquée dans des conditions humaines; elle est strictement contrôlée par des vétérinaires internationaux qui veillent à ce qu'elle soit et continue d'être exercée de la façon la plus humaine qui soit.

Mme REHM : Pourtant, nous avons vu des documentaires ici qui suggèrent le contraire, certains carnages ne sont vraiment pas exercés dans des conditions humaines.

M. MCKENNA : Bien, les règles qui régissent la chasse aux phoques prévoient que les personnes qui s'adonnent à des activités inhumaines seront traduites en justice. La loi est très claire sur ce point et des contrôles très stricts ont lieu. Je ne peux pas vous dire qu'il n'y a pas d'exceptions, parce que nous savons tous qu'il y a des abus. Mais dans l'ensemble, cette chasse se pratique dans des conditions humaines.

Et je vais ajouter quelque chose, puisque vous avez fait allusion tout à l'heure à l'épuisement des stocks de morue et de flétan noir au large de Terre-Neuve. Je ne vais pas vous donner d'explications scientifiques, mais les Terre-Neuviens vous diraient que les phoques mangent chaque jour l'équivalent de je ne sais plus quel pourcentage de leur poids en morue et/ou en flétan noir et participent donc largement à l'érosion des réserves de poisson. Je ne peux pas vous affirmer qu'il s'agit d'un fait scientifique, mais les gens qui vivent de la pêche le pensent certainement.

Mme REHM : Qui achète de la fourrure de bébé phoque?

M. MCKENNA : À ce que je sache, les marchés sont mondiaux. Je ne connais pas le dossier en détail, mais il ne faut pas oublier que les phoques se reproduisent extrêmement vite; il n'y a certainement aucun danger d'extinction qui serait due à l'abattage sélectif des phoques; leur expansion semble très rapide, et il ne faut pas craindre qu'on épuise les ressources de phoques par l'abattage sélectif.

Mme REHM : Est-ce que vous feriez la comparaison avec l'abattage sélectif que nous devons faire aux États-Unis dans la population de chevreuils?

M. MCKENNA : En fait, oui. Lorsque j'étais premier ministre de notre province, nous avons dû, à regret, autoriser la chasse aux chevreuils et aux orignaux, et parfois même d'autres animaux, parce que dans le cas contraire, ils surpeupleraient l'espace disponible.

Mme REHM : Il est moins 7. Vous écoutez le Diane Rehm Show.

Rejoignons maintenant Nancy à Sheppardstown, en Virginie occidentale. Bonjour, vous êtes à l'antenne.

NANCY (Sheppardstown, Virginie occidentale) : Bonjour, Diane. Bonjour, monsieur McKenna.

M. MCKENNA : Bonjour, Nancy.

NANCY : J'ai eu le plaisir de visiter l'Alberta et la Colombie-Britannique; je suis rentrée il y a deux jours. L'une des questions auxquelles personne n'a pu répondre, et la question que je vais donc vous soumettre ce matin, est la suivante : pourquoi voit-on quasiment partout le drapeau américain flotter auprès du drapeau canadien et du drapeau de la province? Je n'ai pas vu le drapeau français, je n'ai pas vu le drapeau japonais. Mais presque partout où je suis allée, j'ai vu le drapeau américain. Je me demandais si vous pouviez me l'expliquer, parce que nous n'arborons pas le drapeau canadien de la sorte.

M. MCKENNA : Je pense que c'est un usage local; ces régions accueillent beaucoup de touristes américains et le font par respect pour eux. Beaucoup de collectivités canadiennes se sentent proches des États-Unis, tant parce qu'elles sont proches de la frontière que parce qu'elles accueillent beaucoup de visiteurs en provenance des États-Unis; elles déploient le drapeau américain par respect.

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Dernière mise à jour :
2006-11-06
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