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Page d'accueil L'ambassadeur Chefs de la representation du Canada aux É-U Frank McKenna Discours et déclarations Le 28 octobre 2005

Frank McKenna, ambassadeur du Canada aux États-Unis

Sommet économique de l’Ontario
Toronto, Ontario
Le 28 octobre 2005


Je remercie infiniment Bob [Rae], et je remercie les organisateurs de m’avoir invité. Vous avez rassemblé des visionnaires de premier ordre que je tiens en haute estime depuis très, très longtemps. J’éprouve un grand sentiment d’humilité de me retrouver parmi eux. Je crois qu’un travail formidable est en train de s’accomplir et que nous nous trouvons dans une situation où, je dois dire, nous avons tendance à parler davantage du sud que du nord de la frontière et où les citoyens participent de plus en plus, que ce soit par esprit de philanthropie ou qu’il s’agisse de la prise de contrôle du destin de leur communauté. C’est quelque chose d’extraordinaire.

C’est un véritable honneur pour moi d’être présenté par Bob Rae. Nous sommes des compagnons de voyage de longue date. Nous avons mené de nombreuses batailles ensemble et en conséquence, j’ai pour Bob un respect qu’il n’est possible d’éprouver que pour quelqu’un avec qui vous avez combattu et partagé les mêmes tranchées. Je le respecte énormément. À mon avis, l’Ontario et le Canada ont beaucoup de chance d’avoir quelqu’un qui ne vous tourne jamais le dos quand on a besoin de lui.

Vous savez, il serait si facile de nous laisser tomber en disant : « Voilà, j’ai suffisamment contribué, j’ai fait ma part. J’ai consacré bénévolement une grande partie de ma vie à la fonction publique et j’ai maintenant autre chose à faire ». Il n’agit jamais de la sorte, tant sur le plan fédéral que provincial, et je le pense vraiment. J’estime que nous sommes vraiment très privilégiés et que nous avons une chance inouïe.

Pour commencer, permettez-moi de mentionner que, lorsque je vais quelque part, on me pose habituellement deux questions auxquelles j’essaye de répondre avant de poursuivre, car c’est ce à quoi les gens s’intéressent le plus. En premier lieu, ils me demandent : Aimez-vous votre poste? Je n’exerce pas cette fonction depuis suffisamment longtemps pour savoir si je m’y plais réellement, mais dans l’ensemble, je peux dire que oui. Je suis honoré que l’on me pose la question. Vous savez, on ne sait pas comment on va réagir au privilège de représenter son pays jusqu’au moment où on nous demande de le faire.

Alors quand on vous le demande, vous ressentez une grande fierté. Vous n’avez pas idée de la motivation et de la fierté que procure le fait de représenter son pays à l’étranger, lorsque ce pays est le Canada. Je ressens donc une grande fierté. Par ailleurs, cette ville évolue très rapidement.

L’association des enjeux et des personnalités ainsi que sa complexité font de cette ville un milieu très riche pour quelqu’un qui s’intéresse à la politique et aux politiques, et il se trouve que j’aime les deux, et tout est passionnant pour moi. Le problème, c’est la gestion du temps. Julie et moi n’arrêtons pas et nous pourrions en faire encore plus si la journée comptait une heure de plus.

De temps à autre, on se demande si l’on consacre suffisamment de temps à soi-même et à sa famille. Lorsque je suis rentré à la maison, hier soir, Julie m’a dit : « Tu sais, j’en ai assez de te voir travailler tout le temps. Je voudrais que l’on prenne du temps pour nous. Emmène-moi dans un endroit cher et intéressant ». J’ai répondu : « Eh bien, je ne peux pas te garantir un endroit intéressant, mais qui coûte cher, oui, c’est très facile. » Je l’ai emmenée à la station d’essence à côté de chez nous.

En fait, nous sommes allés dans un lieu intéressant la fin de semaine dernière, juste pour parfaire notre éducation. Nous avons visité Monticello, la ville natale de Thomas Jefferson, et nous avons passé un moment dans la localité pour en apprendre davantage sur sa vie. Ce séjour m’a permis de mieux comprendre l’histoire des États-Unis et de réaliser à quel point certains des Pères de la Confédération étaient impressionnants.

J’ai été cependant déconcerté par quelque chose qu’il a écrit. Nous avons vu une partie de ses travaux. Dans l’une de ses lettres, adressée au secrétaire d’État (il était un ancien ambassadeur, alors nous avions une idée du genre d’existence qu’il avait menée), il écrivait : « Notre ambassadeur en Espagne ne nous a pas donné le moindre signe de vie depuis deux ans. Si nous demeurons sans nouvelles de lui cette année, nous devrions lui écrire. » Je ne peux pas imaginer que Paul Martin puisse tenir ces propos à mon égard. Il voudrait peut être, mais je ne pense pas qu’il le fera jamais.

La seconde question que l’on me pose souvent est la suivante : Comment qualifieriez-vous les relations entre le Canada et les États-Unis? Ma réponse vous étonnera peut-être un peu, mais je pense qu’elles sont bonnes. Elles sont même très bonnes, mais ce qui est intéressant, c’est que la réponse dépend de la personne à qui on le demande. Si on pose la question à un Canadien, il répondra « nous sommes plutôt en colère actuellement. L’affaire du bois d’œuvre nous a vraiment irrités, alors vous comprenez, nous ne sommes pas très contents. Nous avons vraiment engagé une action contre les Américains ». Cependant, je vous pose la question suivante : s’agit il vraiment d’un différend si l’adversaire ne sait même pas que vous vous opposez à lui? En effet, les Américains ignorent complètement que nous sommes furieux et que nous n’allons plus nous laisser faire.

Nous assistons alors à ce phénomène étrange où je parle aux Canadiens et où ils me racontent leurs problèmes. Ils se disent fort préoccupés par cette question. Pourtant, aux États-Unis, on ne ressent aucune animosité à notre égard. Lorsque je me trouvais sur la Colline, hier, j’ai rencontré des sénateurs et des membres du Congrès, qui se sont tous arrêtés pour me déclarer à quel point c’était un privilège d’entretenir une si merveilleuse relation. « Nous vous aimons vraiment, me disaient-ils. Nous pensons qu’il est vraiment formidable que vous soyez nos voisins du Nord. Nous sommes très satisfaits de cette relation. »

Un mot sur l’ouragan Katrina. Le Canada mérite des félicitations à ce sujet. Nous avons déterminé les besoins de notre voisin dès le début. Nous sommes intervenus rapidement pour répondre à ces besoins, cette aide a été appréciée de tous, en commençant par le président. Partout où nous allons, les gens nous remercient du fond du coeur pour leur avoir porté secours après le passage de Katrina. Il en ressort que la relation est très bonne aux États-Unis et que les Américains se disent très satisfaits de leurs voisins du Nord. Bien sûr, nous avons nos propres problèmes au Canada à cause de cette question.

Certains diront que le fait qu’ils semblent être quelque peu indifférents et insensibles à nos besoins révèle l’existence d’un problème. Je serais de leur avis, mais j’ai eu cette impression à propos de Toronto lorsque j’étais premier ministre du Nouveau-Brunswick. Cette ville n’est pas insensible ou indifférente pour autant. Je ne le pense pas. J’adore Toronto, mais c’est une grande ville centrée sur elle-même, qui n’accorde pas autant d’importance au reste du Canada qu’à ses propres collectivités. À bien des égards, elle a toute la stimulation dont elle a besoin en son sein. Aussi, cette attitude est compréhensible. C’est une question de « taille ».

Il ne faut pas oublier l’énorme différence de taille entre les deux nations. Nous pensons, parce que notre pays a une superficie très vaste, qu’il est aussi grand que les États-Unis. Eh bien, c’est faux. Les États-Unis comptent trois cent millions d’habitants et nous, trente millions, soit dix fois de moins. C’est une différence considérable. Notre commerce avec les États-Unis représente environ 35 % de notre PIB. Leur commerce avec nous constitue environ 3,5 % de leur PIB, soit le dixième du nôtre. Nous ne sommes donc pas aussi importants pour eux, en ce qui a trait à l’échelle et à la taille, ils ont simplement de nombreuses autres préoccupations sur le plan international. Je crois qu’il faut que nous le comprenions.

Si on examine la situation d’un point de vue objectif, nous avons vraiment beaucoup de raisons d’être satisfaits de cette relation. Il existe de nombreux aspects qui sont positifs. Le fait que nous avons exporté aujourd’hui pour deux milliards de dollars de marchandises aux États-Unis, ne fera jamais la manchette des journaux ni le fait que, ce même jour, trois cent mille personnes ont traversé la frontière sans problème parce que ce n’est pas le genre de choses qu’on lit dans les gros titres. Il n’en reste pas moins vrai que de nombreux secteurs fonctionnent bien. La crise de l’ESB, un problème important, a été résolue en grande partie parce que l’administration a collaboré avec nous au Canada.

La dérivation des eaux de Devils Lake constitue un autre conflit majeur entre les deux nations qui a été en grande partie réglé. Nous essayons de conclure un accord. Par ailleurs, nous avons envoyé des troupes en Afghanistan pour combattre les Talibans et tenter de rétablir la démocratie dans ce pays. Notre présence est fort appréciée et bien considérée par les États-Unis, comme l’est notre intervention au Darfour, en Haïti, et dans tous ces endroits où nous nous trouvons côte à côte. Notre contribution nous attire beaucoup de gratitude.

Les dépenses militaires du dernier budget sont bien connues et fort appréciées. Je pense que même les Canadiens reconnaîtraient que, pendant un certain temps, nous avons fait une pause opérationnelle sur le plan militaire. Nous n’avons pas assumé la même part du fardeau, mais maintenant nous avons repris notre place, ce qui facilite la tâche non seulement des États-Unis, mais du monde entier. Au cours des derniers mois, nous avons obtenu gain de cause dans d’importantes affaires devant les tribunaux, notamment en ce qui concerne le blé devant un groupe spécial d’examen de l’ALENA. Aussi, je sais pertinemment que notre relation dans le cadre de l’ALENA, qui génère des affaires de 500 milliards de dollars chaque année, continue de bien fonctionner.

Nous avons cependant des dossiers au grand retentissement qui nous opposent à l’occasion, et je vais les remettre dans leur contexte. Actuellement, l’une des questions sur notre écran radar concerne l’Initiative relative aux voyages dans l’hémisphère occidental, qui prévoit qu’il faudra un passeport ou un document équivalent pour traverser la frontière à partir de 2007. Nous pensons que ce projet causera une perturbation économique importante s’il est mis en œuvre comme il est prévu. Le Conference Board estime que cette mesure pourrait réduire le nombre de visites au Canada de 7,7 millions, ce qui représenterait une perte de recettes de plusieurs milliards de dollars. Seulement de 20 à 23 % des Américains possèdent un passeport et nous ne pensons pas qu’il sera possible que des centaines de millions de personnes puissent s’en procurer un dans ce court laps de temps.

Nous nous efforçons de résoudre ce problème, mais, comme vous le savez, la situation ne se résume pas à « nous contre eux ». Les Américains se trouvent dans la même situation. Dans toutes les localités situées le long de la frontière, ils dépendent de nous autant que nous dépendons d’eux. Ainsi, je suis passé par l’aéroport de Buffalo pour venir ici. Trente pour cent du trafic de cet aéroport est composé de Canadiens. Cette ville s’inquiète en pensant à Niagara Falls; les gens viennent voir les chutes d’un côté, puis de l’autre. Aussi cette question la préoccupe. Au Nouveau-Brunswick, on éprouve une inquiétude semblable, car il est possible d’acheter du lait d’un côté de la frontière et un poulet de l’autre côté en moins d’une heure. Les habitants des localités situées le long de la frontière sont inquiets. Comme pour de nombreuses autres questions, nous nous y attaquerons jusqu’à, espérons le, nous lui trouvions une solution commune et sensée, comme nous parvenons généralement à le faire.

Ensuite, bien sûr, il y a le perpétuel conflit sur le bois d’oeuvre, qui semble déchaîner les passions dans tout le Canada. Permettez-moi de faire l’historique de cette question. En 1789, les marchands de bois du Massachusetts ont persuadé le gouvernement américain de prendre presque sa première décision officielle, à savoir imposer des droits de douane de 5 % sur les importations de bois en provenance du Nouveau-Brunswick. Et me voici, un peu plus de deux siècles plus tard, je viens de cette province pour essayer de régler le problème encore une fois. Cette situation a quelque chose de poétique.

En 1839, ces droits de douane ont conduit à la guerre légendaire du bois d’oeuvre d’Aroostook, encore une fois entre l’État du Maine et la province du Nouveau-Brunswick. Aucun coup de feu n’a été tiré, mais cet incident a eu un très grand retentissement à l’époque, sans doute beaucoup plus que le conflit sur le bois d’oeuvre aujourd’hui, puisque nous disposons de mécanismes pour le gérer. Depuis cette guerre, nous nous sommes opposés aux États Unis au sujet du bois d’oeuvre à une trentaine de reprises. La solution consisterait à couper tous les arbres des forêts pour améliorer nos rapports. Après tout, nous les avons affrontés trente fois au sujet du bois d’oeuvre, depuis la guerre.

Même l’accord de libre-échange a dû exclure la question du bois d’oeuvre parce qu’il était impossible de s’entendre sur les données dont on disposait à ce sujet. Je m’efforce donc seulement de remettre les faits dans leur contexte. La question n’est pas nouvelle. Elle existe depuis des centaines d’années et nous devrions tourner la page. Si vous remettez le conflit dans le contexte avec tous les autres aspects de la relation, vous vous rendrez compte à quel point il a vraiment peu d’importance. Nos rapports sont basés sur le seul libre-échange, qui crée plus de 5 milliards d’emplois aux États Unis et près de 2 millions au Canada, génère 500 milliards de dollars par an, environ 2 milliards par jour, attire quotidiennement 300 000 visiteurs et permet à un camion de traverser la frontière toutes les deux ou trois secondes.

Le bois d’oeuvre représente environ 4 %, au plus, de tous les échanges commerciaux. Et vous savez quoi? Tout le bois d’oeuvre traverse la frontière. Il continue à la traverser. Est il toujours assujetti à un tarif douanier? Oui. Les consommateurs américains et nos producteurs en souffrent-ils? Oui. Notre part de marché est-elle toujours la même qu’auparavant, équivalant à 34 %? Oui. Nous poursuivons donc la production. Nous détenons toujours cette importante part de marché. Nous continuons d’envoyer nos produits de l’autre côté de la frontière. Alors que nous présentons nos arguments devant les divers tribunaux, nous faisons toujours des affaires avec le bois d’oeuvre.

Il s’agit d’une question épineuse que la population devrait comprendre un peu mieux. Nous avons élaboré un plan secret pour régler le conflit sur le bois d’oeuvre. Personne d’autre n’est au courant. Vous êtes les premiers à le savoir et je suis certain que cette information ne sortira pas de cette pièce. Le plan est basé sur des faits que nous avons constatés lors des événements du 11 septembre et du désastre causé par l’ouragan Katrina. Il est basé sur ce que nous avons observé du comportement des membres du Congrès, des sénateurs et des leaders au Congrès. Ils ont tous le même point en commun, qui à notre avis constitue leur talon d’Achille; nous avons l’intention de l’exploiter pour résoudre le problème instantanément. Nous allons arrêter l’exportation d’un produit fabriqué en Ontario. Nous allons mettre fin à leur approvisionnement en Blackberry.

À moins qu’ils n’arrivent à une entente sur le bois d’oeuvre, nous cesserons d’exporter les Blackberry. Je peux vous certifier en venant de Washington que cette mesure les forcera à capituler dans les plus brefs délais. Je ne devrais pas plaisanter à ce sujet, car il se peut qu’on arrête d’exporter ce produit de toute façon. Sérieusement, la technologie Blackberry de l’Ontario est utilisée, je pense, par tous les législateurs des États-Unis, sans exception. Elle l’est également dans le milieu des affaires.

Bon, les aspects de la relation dont j’ai parlé devraient vous toucher encore plus que le reste du Canada. Je suis certain que vous avez déjà discuté de ces chiffres auparavant, en Ontario; vos exportations ont rapporté quelque 58 milliards de dollars en 1989 et ce montant a atteint aujourd’hui 180 milliards de dollars. Le libre-échange a donc représenté pour vous une augmentation considérable des exportations.

Le fait que 70 % du PIB de l’Ontario est exporté aux États-Unis m’a surpris, m’a absolument stupéfait. Cela signifie, et je suis certain que vous en êtes arrivés à la conclusion d’après vos autres stratégies, que vous devriez remercier tous les jours l’ambassadeur à Washington, qui gère 70 % de votre PIB. Sérieusement, ce pourcentage vous indique que la relation transfrontalière est vraiment importante pour vous.

Je sais que ce forum porte sur l’Ontario. Des conférenciers exceptionnels vous parlent d’un grand nombre de sujets, allant de l’immigration au coût de l’énergie, en passant par le cadre d’imposition et de déréglementation, l’accès au capital et la productivité. Je voudrais cependant revenir à la productivité, parce qu’à mon avis tout converge vers la mondialisation. Elle est prévue dans le plan d’action de l’Ontario, du Canada et des États-Unis.

Je pense que la mondialisation est une force inéluctable et je suis convaincu que la situation sera littéralement comme les chutes du Niagara Falls, ce qui risque d’être contesté par certains. Il s’agit d’une force irrépressible, que nous vivions à l’ère de l’Internet ou pas. Les gens le savent parce qu’ils ont accès à tant d’information. Ils sont si mobiles qu’à mon avis il est impossible d’isoler votre collectivité ou province. Je crois aussi que l’univers peut en tirer profit. Des études menées aux États-Unis ont montré que l’essor du libre-échange a rapporté un billion de dollars, ce qui représente 10 000 $ par ménage. La généralisation du libre-échange à l’échelle mondiale permettrait d’accroître les revenus de ce pays d’un demi-billion de dollars, soit 5 000 $ par habitant.

Selon l’Institute of International Economics, ce qui constitue, à mon avis, un sous-produit vraiment fascinant de la mondialisation, le libre-échange mondial pourrait sortir 500 millions de personnes de la pauvreté dans le monde. Trois milliards de personnes, ce qui représente la moitié de la population mondiale, vivent maintenant avec 2 $ ou moins. Les pays riches donnent actuellement près de 50 milliards de dollars pour aider ces pauvres. Eh bien, une libéralisation du commerce, un libre-échange à l’échelle mondiale ajouteraient environ 200 milliards à ces 50 milliards de dollars. Cette expansion, à condition qu’elle soit appropriée et équitable, aurait ainsi des conséquences si remarquables pour les pauvres dans le monde qu’il faut envisager cette option comme une partie essentielle de la campagne de lutte contre la pauvreté.

De nos jours, chaque fois que l’on parle de mondialisation, et en particulier au sud de la frontière, on finit inévitablement par mentionner la Chine parce que les États-Unis sont obsédés par ce pays, et le Canada doit surveiller ce programme de près, car nous risquons de ne pas profiter de certaines des mesures qui nous visent en fait expressément. Cela dit, je peux comprendre leur inquiétude face à la Chine. Depuis que le premier ministre Xiaoping a déclaré, en 1977, qu’il est glorieux de s’enrichir, la Chine s’est employée à devenir riche, et les chiffres sont absolument ahurissants. C’est la plus grande consommatrice d’acier, de viande, de charbon et de céréales, des ressources qu’elle se procure dans le monde entier. Le nombre de PC double tous les 28 mois, elle fabrique 21 % des PC du monde, 26 % des produits que stockent les Wal-Mart et 60 % des DVD vendus dans le monde.

La Banque mondiale annonce que le nombre de Chinois qui vivent dans un état de pauvreté extrême baissera de 375 millions en 1990 à environ 16 millions en 2015. Il s’agit donc d’un pays dynamique sur le plan commercial, où le partage des richesses prend un tout nouveau sens. Les chiffres suivants sont de quoi, à mon avis, angoisser l’Amérique du Nord : l’année dernière, la Chine a formé 367 000 nouveaux ingénieurs. Aux États Unis, considérés comme une réserve prolifique d’ingénieurs, à peine 50 000 ont obtenu leur diplôme. Et la Chine a de la concurrence.

Il ne faut pas oublier l’Inde qui compte un milliard d’habitants et connaît une croissance annuelle de 38 % dans le seul secteur de la technologie de l’information. Il est plutôt instructif qu’après la mise en place du libre échange, comme l’a indiqué Thomas Friedman dans son livre, ou l’accession de la Chine à l’OMC, un proverbe africain a été écrit sur le mur d’une usine : « Tous les matins, une gazelle se réveille. Elle sait qu’elle doit courir plus vite que le plus rapide des lions sinon elle mourra. Tous les matins, un lion se réveille. Il sait qu’il doit courir plus vite que la gazelle la plus lente sinon il mourra de faim. » Ainsi, il importe peu d’être un lion ou une gazelle, puisque au lever du soleil, vous avez intérêt à vous mettre à courir. Si les Chinois pensent réellement de cette manière, il vaut mieux qu’ils commencent à courir.

Ce proverbe nous amène au programme de productivité. Je sais que vous en avez entendu parler en détail par des personnes qui en savent bien plus que moi sur ce sujet, mais je suis absolument obsédé par ce que le Canada pourrait être… Il est à la portée de la province de l’Ontario de devenir une société plus riche et plus compétitive qu’elle ne l’est actuellement, même si nous obtenons maintenant de très bons résultas d’après les normes mondiales.

Je suis d’avis que nous n’aurons jamais vraiment la volonté politique de réaliser ce qu’on appelle le programme de productivité à moins de le renommer. Si je devais lui donner un autre nom, je l’appellerais le programme sur la « qualité de vie », parce qu’il n’y a pas d’appellation qui le définisse mieux. Roger Martin a produit une étude à laquelle je fais souvent référence et que je considère comme un excellent document de recherche. Il y indique que le fait d’atteindre le même niveau de productivité que celui des États-Unis générerait, pour les seuls coffres du gouvernement, jusqu’à 75 milliards de dollars pour les Canadiens.

Imaginez seulement ce que le gouvernement pourrait faire avec cette somme tous les ans. Elle représenterait la capacité de baisser les impôts ou d’effectuer davantage de dépenses, d’améliorer les services, d’avoir de meilleures rues et infrastructures, de faire tout ce qui précède. C’est la raison pour laquelle je pense que le programme de productivité doit être appelé le programme sur la qualité de vie. Si nous l’appliquons correctement, non seulement nous serons concurrentiels à l’échelle mondiale, notre population active aura un travail plus gratifiant et stimulant, mais encore nous créerons davantage de richesses qui rapporteront plus de recettes que les gouvernements pourront investir pour améliorer les services offerts aux citoyens. C’est pour ces raisons que je crois qu’il faut retrousser nos manches et nous mettre au travail.

On semble penser que tout le monde accepte que notre productivité soit inférieure de 19 à 20 % à celle des États-Unis et que certains des éléments du passé ne sont plus aussi présents. Le gouvernement contribuait autrefois dans une large mesure au manque à gagner. Aujourd’hui, je constate que nous avons dépensé environ 11 milliards de dollars en R D au cours des dernières années, ce qui nous a permis de passer du sixième au premier rang au G7. Les gouvernements jouent donc un moins grand rôle qu’autrefois. Le secteur privé domine la situation en ce qui concerne ses dépenses en R D et en formation au Canada, qu’elle qu’en soit la raison.

Nous savons fort bien que le niveau de productivité de l’Ontario est supérieur à celui des autres provinces et territoires du Canada. L’Ontario Institute for Competitiveness and Prosperity, dont vous avez certainement entendu parler ces derniers jours, a estimé que la province pourrait générer des revenus disponibles beaucoup plus élevés si elle savait s’y prendre. Heureusement, le premier ministre McGuinty a compris le message et je crois qu’il a investi dans les bons secteurs, pour modifier les critères de comparaison et atteindre le but fixé, en grande partie grâce à la vision de Bob Rae et de l’engagement envers les objectifs de l’enseignement supérieur parce qu’à mon avis, ce sont eux qui donneront les meilleurs résultats. Comme le dit un vieux proverbe chinois : si vous planifiez pour un an, vous cultivez du riz, si vous planifiez pour 20 ans, vous plantez des arbres et vous planifiez pour des siècles, vous éduquez les hommes. C’est ce que nous devons faire.

La quantité de connaissances à gérer de nos jours est tellement considérable que nous devrons être en pleines possessions de nos moyens pour pouvoir rivaliser avec le reste du monde. Ainsi, une étude effectuée récemment à Berkeley révèle que nous produisons autant de nouvelles informations tous les six mois qu’au cours des 300 000 premières années de l’humanité. Nous savons que le fondement de la connaissance humaine double tous les deux ou trois ans et que les satellites, à eux seuls, nous transmettent suffisamment d’informations en quelques semaines pour remplir, 19 millions de volumes de la Bibliothèque du Congrès. Ainsi, pour se tenir à jour dans un seul domaine, la chimie par exemple, il faut lire chaque jour 2 000 nouvelles publications.

Nous savons donc que nous devons déployer bien plus d’efforts pour tout le secteur de l’éducation. Il se trouve que le Canada présente le plus fort pourcentage de diplômés de niveau postsecondaire de tous les pays du G7. Malheureusement, il semble que les États-Unis tirent un bien meilleur profit de leur système postsecondaire que nous. Ils comptent environ 4 000 collèges et universités, ce qui correspond à la vision du pays. Le reste du monde en possède moins de 8 000. Ils ont donc bien compris le principe de l’éducation, et cela depuis un certain temps déjà. À mon humble avis, ils tirent un profit économique bien plus important de leurs universités que nous.

Une chose est certaine, ils n’ont pas peur de collaborer. Ils ne considèrent pas que la collaboration entre les universités, les industries et le gouvernement est un concept malsain. Au Canada, la notion est associée à certaines mauvaises expériences. Nos voisins ne craignent aucunement la collaboration. En 2003, les brevets d’invention ont rapporté à eux seuls 1,3 milliard de dollars aux universités américaines. Les diplômés du MIT ont affirmé avoir fondé 4 000 entreprises et créé plus d’un million d’emplois. Il semble y avoir un lien direct entre le gouvernement, les universités et les industries, qui revêt une importance cruciale aux États-Unis.

Être en pleine possession de ses moyens ne représente pas un défi pour l’Ontario, qu’il s’agisse de Waterloo, qui a su gagner le respect légendaire de Microsoft et d’autres employeurs pour ses travaux dans le domaine, ou des scientifiques de l’Ontario Cancer Institute, qui ont été les premiers à découvrir les cellules souches, ou de l’investissement du gouvernement ontarien de 6,2 milliards de dollars dans l’éducation dans le cadre du plan Reaching Higher; ou du Centre de la découverte Mars à Toronto ou du Beacon Project, auquel collaborent GM, le secteur de l’automobile et le gouvernement, qui investissent des millions de dollars dans cette collaboration entre la fabrication et l’éducation supérieure, la recherche et le développement, l’Ontario exportant évidemment plus de véhicules aux États-Unis que ne le font le Japon et le Mexique et donnant davantage de formation que l’État du Michigan, ou encore du fait qu’on parle en Ontario une cinquantaine de langues de premier plan, ce qui représente toujours un atout pour attirer des personnes de haut niveau.

En résumé, je crois que l’Ontario répond à tous les critères fondamentaux, mais que nous avons toujours un retard à rattraper en ce qui concerne la productivité. Il m’est impossible de vous garantir que le seul fait de combler ce retard suffira à nous permettre de faire face à la concurrence internationale, ici et dans le reste du Canada. Après avoir écouté les conférenciers précédents, tout laisse penser que nous ne sommes pas au bout de nos peines, et que des règles du jeu équitables feront partie du défi à relever. Je peux vous dire que nous vivons vraiment dans un village planétaire. Cette réalité ne changera pas, et nous devons consentir l’investissement nécessaire pour assurer notre compétitivité.

C’est ici, par le plus heureux des hasards, que se rejoignent les programmes du Canada, de l’Ontario et des États-Unis. Étant donné que nous connaissons tous les mêmes difficultés et que nous devrions probablement passer moins de temps à des détails insignifiants dans le grand ordre de l’univers et nous efforcer davantage de collaborer et de reconnaître qu’à de nombreux égards, l’Amérique du Nord devrait s’ouvrir au reste du monde et se présenter comme un espoir unifié, car, lorsqu’on y pense sérieusement, nous nous trouvons tous dans la même situation et puisque c’est le cas, nous ferions mieux de nous entraider. Merci.

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Dernière mise à jour :
2006-11-06
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