Gouvernement du Canada
Skip all menus (access key: 2) Skip first menu (access key: 1)
English Contactez-nous Aide Recherche Site du Canada
Page d'accueil Communications Page d'accueil AEC Carte du site Nouveautés
Choisissez un site:  
Ambassade du Canada à Washington
Un partenariat solide
L'ambassadeur
Discours et déclarations
Chefs de la representation du Canada aux É-U
Frank McKenna
Michael Kergin
Raymond Chrétien
Nos services
Centre de renseignements
Représentation à Washington
Notre programme de stages
Passeport / Services consulaires et d'urgence pour les canadiens
Visas et Immigration
Gouvernement et Politiques
Commerce et Investissement
Coopération sur la frontière
Défense, sécurité et politique étrangère
Environnement
La culture au Canada
Art et culture du Canada à D.C.
Étudier au Canada / Études canadiennes
Tourisme au Canada
Bureaux du gouvernement canadien aux États-Unis
Pour en savoir plus, cliquez dès maintenant sur le fait canadien du jour!
Approfindissez vos connaissances
sur le Canada!
Version imprimableVersion imprimable Envoyez cette page par courrielEnvoyez cette page par courriel

Page d'accueil L'ambassadeur Chefs de la representation du Canada aux É-U Frank McKenna Discours et déclarations Le 1 novembre 2005

Frank McKenna, ambassadeur du Canada aux États-Unis

Manufacturiers et Exportateurs du Canada
Toronto, Ontario
Le 1er novembre 2005


Merci pour cette aimable présentation.

Je suis heureux et honoré de participer à cette conférence en compagnie d’autant de personnes incroyablement talentueuses.

Des gens comme Perrin Beatty, qui a tant donné au Canada et continue de faire preuve de la même générosité.

Perrin est le parfait coéquipier, sur lequel on peut toujours compter quand on a besoin de lui. Perrin, je vous félicite pour cette excellente conférence ainsi que pour tout le travail, remarquable et important, accompli par les Manufacturiers et Exportateurs du Canada.

Partout où je vais, on me pose d’habitude deux questions. La première est : Aimez-vous le poste? En fait, j’étais inquiet quand on m’a offert ce poste.

Je craignais qu’être ambassadeur du Canada aux États-Unis n’équivaille à conduire une voiture avec trente millions de passagers qui dirigent depuis le siège arrière, sur une route dépourvue de panneaux de signalisation.

Je suis donc heureux de dire que, jusqu’à présent, nous allons où nous voulons nous rendre, même si nous avons peut-être heurté le pare-chocs une ou deux fois. Le problème de l’ESB est réglé, et il nous suffit de mettre les points sur les i en ce qui concerne l’accord de Devils Lake.

Je suis très honoré de contribuer à nous conduire à destination et extrêmement fier de représenter notre grand pays aux États-Unis.

L’autre question que l’on me pose souvent est : Comment se portent les relations canado-américaines?

Ma réponse risque de vous surprendre.

Je pense qu’elles sont bonnes, vraiment bonnes. La réponse dépend toutefois des personnes que l’on interroge.

Si vous interrogez des Canadiens, ils diront qu’ils sont furieux pour l’instant, que la crise du bois d’oeuvre résineux les exaspère et que les Canadiens sont engagés dans une véritable bagarre contre les Américains.

Voici la question que je vous pose : Y a-t-il un conflit si vos adversaires ignorent que vous vous battez contre eux?

Car les Américains sont bizarrement inconscients du fait que nous sommes vraiment furieux et que nous ne pouvons plus tolérer la situation.

Quand je parle à des Canadiens, ils s’épanchent. Les Américains n’éprouvent pourtant aucune animosité à notre égard.

Lorsque je me rends au Capitole pour rencontrer des sénateurs et des membres du Congrès, ils me disent tous de prime abord qu’être nos partenaires constitue un grand privilège.

Ils déclarent qu’ils aiment vraiment le Canada, et croient que c’est formidable que nous soyons leurs voisins.

Et ils sont très contents de cette relation. Certains sondages indiquent toutefois que beaucoup d’Américains ne considèrent plus le Canada comme leur meilleur allié, mais nous le redeviendrons.

Notre réaction à l’ouragan Katrina a profondément touché nos voisins du Sud, qui reconnaissent que nous avons été là immédiatement et en grand nombre.

Partout où je vais à Washington, que ce soit les sénateurs, les secrétaires de cabinet, les dirigeants du Congrès ou les gouverneurs, tous prennent la peine de remercier le Canada et d’affirmer qu’ils apprécient notre amitié.

Ils apprécient beaucoup notre travail en Afghanistan, au Soudan et à Haïti.

Ainsi que les nouveaux investissements du gouvernement dans nos forces armées. À mon avis, la nomination du général Hillier au poste de Chef d’état-major de la Défense était géniale. Le respect que le général Hillier inspire aux Américains est inégalé.

Nous avons eu occasionnellement des opinions divergentes sur certaines questions d’actualité, notamment sur le dossier de Devils Lake. Le Dakota du Nord voulait drainer l’excès d’eau de ce lac au Canada, ce qui nous inquiétait. Nous nous sommes donc attelés à la tâche, et les États-Unis tenu compte de nos préoccupations.

Nous avons mené nos entretiens à bon terme et sommes parvenus à une solution dont tout le monde peut s’accommoder.

La même chose s’est passée dans le dossier de l’ESB. Nous avons dû travailler dur, mais nous avons résolu le problème. De plus, l’administration des États-Unis nous a aidés à rouvrir la frontière dès qu’elle a pu le faire dans le cadre de son système. Les Canadiens lui devraient être en reconnaissants.

Nous avons des objectifs communs visant à instaurer des sociétés sûres, ouvertes et équitables. Afin d’atteindre ces objectifs, nos travailleurs sur le terrain collaborent plus étroitement que dans n’importe quelle autre région de la planète.

Nous pouvons compter sur l’aide d’institutions, comme le Forum sur la criminalité transfrontalière, le Plan d’action pour une frontière intelligente, le Groupe de planification binational et la Commission permanente mixte de défense.

Dans le domaine environnemental, nous disposons de : la Commission mixte internationale, la commission pour l’équité environnementale, l’Accord relatif à la qualité de l’eau dans les Grands Lacs, l’Accord Canada-États-Unis sur la qualité de l’air, la Convention concernant les oiseaux migrateurs et l’Accord sur la conservation de la bande de caribous de la Porcupine.

Le Partenariat pour la sécurité et la prospérité va bien au-delà de la seule coopération dans le domaine de la sécurité. Il montre comment, dans un continent intégré, nous trouvons des solutions intégrées pour relever des défis communs.

Nous disposons aussi de NORAD, une structure de commandement binationale qui a pour mission de protéger l’espace aérien nord-américain. Le 11 septembre, c’est un Canadien qui a dirigé l’intervention de NORAD et l’atterrissage des avions civils.

Dans quel autre pays du monde des États souverains se fient-ils à ce point à une autre nation pour assurer leur sécurité mutuelle? De plus, le Canada et les États-Unis vont renouveler une fois de plus l’Accord de NORAD cette année.

En outre, nous venons de tenir une conférence internationale des ministres de la Santé sur la prévention d’une pandémie d’influenza et l’état de préparation pour y faire face, ce qui est une priorité absolue pour nos deux pays.

Les relations avec les États-Unis sont donc au beau fixe.

En raison du différend actuel sur le bois d’œuvre résineux, de nombreux Canadiens pourraient toutefois avoir une opinion assez divergente.

Certains pourraient dire qu’il existe manifestement un problème et que Washington semble indifférent et non réceptif à nos besoins.

Nous nous demandons pourquoi les Américains ne nous connaissent pas et ne nous apprécient pas davantage.

Permettez-moi de vous révéler quelque chose : les Californiens se posent la même question chaque jour.

Choisissez n’importe quel État ou pays : Géorgie, Idaho, Arkansas, Royaume-Uni, Australie. Nous sommes tous logés à la même enseigne.

Parce que Washington est un endroit complexe et où s’exerce la concurrence, en raison des freins et contrepoids enchâssés dans la Constitution. Il faut soutenir la concurrence pour se faire entendre.

Le Congrès est l’égal de l’administration. Cent sénateurs et 435 représentants ont quelque chose à dire sur tous les sujets.

Le sénateur républicain Richard Shelby a déclaré : « Je suis toujours d’accord avec le président, quand iI a raison ».

C’est pourquoi au sein du 108e Congrès, sur les 9 000 projets de loi qui ont été déposés, moins de 500 ont été adoptés. De fait, entre 2002 et 2004, le Congrès n’a adopté qu’environ 50 mesures législatives importantes, et ce chiffre inclut des projets de loi comportant des affectations de crédits.

Comme le système est extrêmement complexe, Washington dispose d’une armée de navigateurs pour guider les gens dans ce dédale.

Quelque 35 000 lobbyistes sont enregistrés à Washington pour aider les gens à se faire entendre et remarquer dans la capitale, ainsi qu’à faire leur chemin dans ce système complexe.

De plus, chacun d’entre eux dispose d’une solution toute faite, prête à servir à régler la question de l’heure, quelle qu’elle puisse être. Et je ne parle que des lobbyistes.

En outre, Washington compte plus d’avocats par habitant que toute autre ville de la planète. C’est d’ailleurs peut-être pour cela que l’on dit qu’il n’est pas sûr d’y marcher dans les rues la nuit.

Et pour couronner le tout, chaque membre de la Chambre des représentants et un tiers des sénateurs font campagne tous les deux ans afin d’être réélus, sans parler des élections présidentielles. Washington est perpétuellement en mode électoral. Dire que vous pensiez qu’une situation de gouvernement minoritaire était difficile!

est donc naturel que Washington soit porté à l’introversion.

Le point où je veux en venir, c’est qu’il y a des milliers de personnes qui sont payées pour protéger les intérêts d’un groupe d’intérêts particulier.

Vous connaissez tous l’importance de nos échanges commerciaux avec les États-Unis, pays de destination de 86 % de nos exportations, ce qui représente plus d’un tiers de notre PIB, soit près de 2 milliards de dollars par jour. La valeur de notre commerce bilatéral atteint au moins 500 milliards de dollars par an. Un camion passe la frontière toutes les 2 secondes, et 300 000 personnes la franchissent chaque jour.

Les chefs d’entreprises canadiens ne peuvent pas se permettre de ne pas être à Washington.

Perrin a posé des jalons l’été dernier lorsqu’il s’est présenté devant le Comité des relations étrangères du Sénat des États-Unis pour parler de la frontière et de nos relations commerciales.

Il a également rencontré Don Manzullo, membre du Congrès et président du Comité des petites entreprises de la Chambre des représentants des É.-U., qui est l’un des principaux défenseurs de la cause des fabricants en Amérique. Je sais que les MEC portent un regard d’aigle sur les États-Unis.

Ce n’est pas seulement l’ambassade du Canada à Washington qui doit défendre les intérêts canadiens aux États-Unis. Ce ne sont pas uniquement nos dix-neuf consulats dispersés sur le territoire américain, ni nos douze consuls honoraires auxquels s’ajouteront bientôt huit nouveaux consuls honoraires, qui doivent le faire.

Nous étendons la présence du Canada aux États-Unis pour la faire correspondre à nos intérêts dans ce pays. Nous avons lancé Connect2Canada, un réseau électronique destiné aux Canadiens qui vivent aux États-Unis. Consultez-le à : www.liencanada.com

Nous sommes très reconnaissants aux MEC et aux autres personnes qui nous ont aidés à promouvoir ce nouvel outil.

Je vous demande maintenant ce que vous faites en tant que chefs d’entreprise pour protéger vos intérêts aux États-Unis.

Plus le Canada comptera de personnes sur le terrain, plus il pourra : a) cerner les problèmes éventuels, et b) déterminer l’intérêt personnel des Américains, ce qui nous permettra de traverser le labyrinthe et de remporter le prix à la sortie.

Nous devons travailler ensemble et nous servir de tous nos outils pour défendre nos intérêts aux États-Unis. Pour y parvenir, il importe de cultiver des relations personnelles solides et étroites. Le président et le premier ministre entretiennent de bonnes relations, comme c’est le cas entre les secrétaires de cabinet et les ministres, et comme l’ambassadeur Wilkins et moi-même en avons.

Mais cela ne suffit pas. L’intérêt personnel est le critère le plus important pour faire avancer nos dossiers et les régler.

Pour citer un exemple, je vais parler d’un cas récent, soit le lancement d’un missile de cap Canaveral, dont le propulseur d’appoint à poudre pouvait tomber à Terre-Neuve.

Inutile de dire que Terre-Neuve n’aimait pas cela du tout. Nous avons bien tenté de faire du bruit à Washington, où l’on nous a posé ce type de questions : « Où est Terre-Neuve? Pourquoi s’en faire? Où est le problème?» Eh bien, saviez-vous que beaucoup de sociétés pétrolières du Texas ont des plateformes pétrolières à Terre-Neuve? « Vraiment? Mais pourquoi ne l’avez-vous pas dit plus tôt? »

La même chose s’est passée dans le dossier de Devils Lake. Nous avons cessé de vouloir convaincre les Américains qu’ils pollueraient le Canada et les avons plutôt informés des effets néfastes que leur projet pourrait avoir sur le Michigan, le Missouri, et leurs États voisins.

Une fois que nous avons mobilisé ces communautés, la Maison-Blanche est intervenue et nous sommes arrivés à une entente. Si nous n’avions insisté que sur le Canada, notre démarche n’aurait pas abouti.

Nous suivons le même processus pour défendre le Refuge de l’Arctique. Nous travaillons en étroite collaboration avec les alliés des É.-U. à la préservation de ces anciens territoires sauvages et du mode de vie des Gwich’in.

Nous adoptons la même approche à l’égard d’un autre dossier, soit l’Initiative relative aux voyages dans l’hémisphère occidental (WHTI).

Dans le cadre de la WHTI, toutes les personnes entrant aux États-Unis devront être titulaires d’un passeport ou d’une pièce d’identité similaire d’ici le 1er janvier 2008.

Le Conference Board estime que l’exigence d’un passeport pourrait provoquer une réduction de 7,7 millions de visites au Canada, ce qui équivaudrait à une perte de près de 2 milliards, voire de 3 milliards, de dollars en revenus, parce que beaucoup de gens resteront tout bonnement chez eux s’ils doivent présenter un passeport. Vingt-trois pour cent seulement des Américains sont titulaires d’un passeport.

L’Ontario est particulièrement vulnérable. En 2004, l’Ontario a accueilli plus de 60 % du nombre total de touristes américains voyageant au Canada, surtout en raison du nombre élevé d’Américains qui se rendent dans la province en voiture pour une seule journée, soit 71 % du total national.

Le Canada admet qu’il faudrait exiger un document protégé pour le passage de la frontière. Lorsque nous imposerons cette obligation, nous devrions toutefois le faire correctement.

Vous savez peut-être que c’était hier la date limite pour l’envoi d’observations sur le projet de règlement dans le cadre de l’initiative américaine WHTI.

Je peux vous dire que, dans les observations officielles du Canada, nous nous sommes engagés à travailler avec les États-Unis au renforcement de la sécurité des documents préalables utilisés pour obtenir un passeport.

Nous avons offert de collaborer avec les États-Unis pour cerner et évaluer les meilleures options relatives à d’autres documents à présenter à la frontière terrestre, et pour procéder à des essais.

Nous avons également proposé que le Canada et les États-Unis fassent des recommandations communes sur les exigences documentaires à la frontière et sur la meilleure manière de les mettre en oeuvre.

Dans ce contexte et compte tenu des défis logistiques et technologiques que posent l’élaboration d’un autre document et sa remise aux Américains, le délai du 1er janvier 2008 semble trop bref. Des sénateurs et des membres du Congrès de toutes les régions frontalières ont fait part des mêmes préoccupations parce qu’ils connaissent les répercussions sociales et économiques que cette mesure aurait sur leurs communautés.

Tout le long de la frontière, les communautés américaines dépendent des communautés canadiennes, et vice-versa. À l’aéroport de Buffalo, 30 % des passagers sont des Canadiens. Des communautés, comme St. Stephen, au Nouveau-Brunswick, et Calais, au Maine, sont en fait une seule ville unie par la frontière.

Il n’y a donc pas d’affrontement. Il s’agit de former une coalition d’alliés des É.-U. qui partagent nos inquiétudes. Si nous faisons valoir l’intérêt personnel des Américains, l’Administration tiendra compte de notre point de vue.

Il s’agit d’un dossier sur lequel nous devons continuer de travailler avec acharnement. Le moment est venu pour les gens d’affaires canadiens de s’engager avec leurs homologues américains à maintenir la pression afin que nous obtenions tous un meilleur résultat.

Ensuite, il y a le dossier du bois d’oeuvre résineux.

Le dernier événement de cette saga a été le dépôt, vendredi, par le département du Commerce d’une motion demandant des éclaircissements sur la décision que le groupe d’experts de l’ALENA avait rendue le 5 octobre, et d’une demande de prorogation du délai fixé pour la cinquième détermination du DOC rendue à la suite du renvoi.

Nous sommes bien sûr déçus du fait que ces mesures maintiennent essentiellement le statu quo et ne nous fassent pas avancer.

Nous espérons toutefois que, lorsque le département du Commerce rendra enfin une détermination, celle-ci sera conforme à l’ALENA.

Permettez-moi de faire l’historique du conflit du bois d’oeuvre. En 1789, les marchands de bois d’oeuvre du Massachusetts ont convaincu le gouvernement des É.-U. d’imposer des droits de douane de 5 % sur le bois d’oeuvre importé du Nouveau-Brunswick. L’imposition de ces droits a presque été la première mesure prise par le gouvernement américain.

Elle a été suivie de la célèbre guerre du bois d’oeuvre d’Aroostook, entre le Maine et le Nouveau-Brunswick. La situation était bien plus explosive à l’époque qu’à l’heure actuelle, car nous disposons maintenant d’institutions pour régler le différend.

Depuis lors, nous avons eu trente accrochages avec les États-Unis au sujet du bois d’oeuvre résineux.

Et aujourd’hui, après avoir été premier ministre du Nouveau-Brunswick, je combats encore pour la bonne cause.

Il faut toutefois envisager le litige dans le contexte de nos relations globales : 2 millions d’emplois au Canada et plus de 5 millions de postes aux États-Unis attribuables au libre-échange, ainsi que des échanges commerciaux de 500 milliards de dollars par an, soit près de 2 milliards de dollars par jour, alors que le bois d’œuvre résineux ne représente que 4 % de ce total.

Voit-on dans les manchettes que des produits d’une valeur de 2 milliards de dollars franchissent la frontière sans heurts, ou que le Canada exporte plus d’automobiles que le Japon vers les États-Unis?

Non. Cela ne fait pas les manchettes.

Comme nos relations sont remarquablement paisibles, les quelques mauvaises nouvelles à signaler sont très médiatisées. Il s’agit d’une menace vraiment asymétrique.

Bien sûr, des droits sont imposés sur notre bois d’œuvre, et nos producteurs ainsi que les consommateurs américains en subissent les conséquences. Par contre, ces droits n’ont pas empêché un seul morceau de bois de franchir la frontière. Nous conservons la même part du marché, soit 34 %.

Pendant que nous discutons de ce dossier dans le cadre des diverses instances, nous continuons donc à faire le commerce de bois d’œuvre résineux.

Nous partageons un autre intérêt avec les États-Unis, qui porte sur la manière de négocier avec la Chine et l’Inde, les nouvelles puissances de l’économie mondiale. Nous avons un intérêt commun dans l’économie mondiale.

Depuis que le premier ministre Xiaoping a déclaré en 1977 qu’il est glorieux de devenir riche, la Chine fait figure d’une étoile filante dans le firmament de l’économie mondiale.

Les chiffres sont faramineux :

La Chine produit plus de 60 % des micro-ondes du monde.
Elle est le plus grand fabricant d’ordinateurs personnels de la planète.
Elle produit 50 % de tous les lecteurs de DVD et appareils photographiques numériques;
50 % des textiles;
% des réfrigérateurs et des ordinateurs;
25 % de ses téléphones mobiles, téléviseurs couleurs, machines à laver, sèche-linge et stéréos de voiture.

La Banque mondiale signale que le nombre d’habitants en Chine qui vivent dans une pauvreté extrême chutera, passant de 375 millions en 1990 à16 millions d’ici 2015.

Entre-temps, les frais de personnel de la Chine représentent environ 1/40e de ceux du Canada, et quelque 350 000 ingénieurs obtiennent chaque année leur diplôme en Chine. L’année dernière, la troisième université chinoise a, à elle seule, décerné plus de diplômes à des ingénieurs que le Canada et les Etats-Unis réunis.

En outre, dans son dernier plan quinquennal économique et social, la Chine vise à doubler son PIB de l’an 2000 d’ici 2010. Vous vous rendez compte? Et n’oublions pas l’Inde, avec son milliard d’habitants, qui affiche un taux de croissance de 38 % dans le secteur des technologies de l’information.

Qu’est-ce que cela signifie pour nous?

Pour défendre nos intérêts économiques, nous devons considérer les États-Unis, le Canada et le Mexique comme le marché nord-américain. Les Américains sont obsédés par la Chine, à juste titre d’ailleurs.

Nous devons veiller à ne pas être pris en écharpe par une mesure quelconque prise par les États-Unis pour contrer la concurrence de la Chine. Cela veut dire être présents, à Washington et dans les centres de commerce de tout le pays, pour prouver que nous faisons partie de la solution.

Pour ce faire, nous devons être concurrentiels.

La fabrication est le principal secteur d’affaires au Canada. Il procure du travail à 2,3 millions de Canadiens, soit environ 15 % du total de l’emploi au pays.

Le secteur manufacturier représente 18 % de l’économie canadienne. Il vaut donc mieux être prêts à concurrencer non seulement à la Chine, mais aussi tous les autres pays.

L’avenir de nos enfants en dépend, sans parler de ma retraite.

Le secteur manufacturier canadien est toutefois confronté à certains problèmes graves. Voici un aperçu des hausses moyennes de prix et de coût que les fabricants canadiens ont subies entre 1997 et 2003 :

hausse de 25 % des taux de salaire;
accroissement de 35 % des prestations supplémentaires;
hausse de 17 % du prix des matières premières;
flambée de 65 % du prix du combustible utilisé dans l’industrie;
hausse de 54 % du prix de l’électricité,
alors que les prix de vente n’ont augmenté que de 5 %.

En 2003 les marges bénéficiaires moyennes après impôt des fabricants canadiens ont chuté, passant à 1,5 % seulement des ventes.

Dans le cadre d’une équipe de production moyenne de huit heures, il a fallu 7 heures et 47 minutes aux fabricants pour atteindre le seuil de rentabilité, c’est-à-dire pour couvrir leurs frais d’exploitation et d’amortissement. Il leur a fallu six minutes de plus pour payer l’impôt sur les bénéfices des sociétés et l’impôt sur le capital. Il ne restait que sept minutes pour gagner l’argent destiné à la croissance de l’entreprise.

Les fabricants canadiens sont également confrontés à de graves pénuries de compétences. Si nous ne nous attaquons pas à ce problème, il ne fera que s’aggraver lorsque les baby-boomers commenceront vraiment à prendre leur retraite au cours des dix prochaines années.

En 2010, le nombre de travailleurs qui sortiront du secteur manufacturier dépassera celui des personnes qui y entreront. En 2020, les fabricants canadiens envisageront de remplacer environ 400 000 titulaires de postes.

Il s’agit de personnes très qualifiées qui ont accumulé des années d’expérience et de sagesse dans l’industrie.

L’immigration est un élément de la solution. En 2011, les immigrants figureront pour l’ensemble de la croissance de la population active du Canada. L’immigration, à elle seule, ne résout toutefois pas le problème du vieillissement de notre main-d’oeuvre.

Quelle est donc la solution? La réponse est la productivité.

Certes, le Canada a devancé la plupart des économies industrialisées quant à la croissance du secteur manufacturier au cours des dix dernières années.

Entre 1991 et 2002, la production manufacturière a augmenté de plus de 45 % au Canada, comparativement à une hausse de 40 % aux États-Unis.

Nous avons toutefois employé plus de travailleurs pour la fabrication du produit. Entre 1991 et 2001, l’emploi dans le secteur manufacturier a augmenté de 16 % au Canada, alors qu’il a diminué de 4 % aux États-Unis. Durant la même période, la productivité de notre main-d’œuvre dans le secteur s’est accrue de 22 % seulement, tandis que celle des Américains a affiché une croissance de 45 %.

Nous devons tout simplement faire mieux. Il ne s’agit pas d’une théorie économique abstraite. C’est une question de qualité de vie. Pour représenter réellement un marché nord-américain, le Canada doit accroître sa productivité.

Aux États-Unis, le secteur manufacturier figure pour 11 pour cent du total de l’emploi et 14 pour cent du PIB du pays. Notre productivité est près de 20 pour cent inférieure à celle des États-Unis.

Si notre productivité équivalait à celle des États-Unis, une étude réalisée par Roger Martin révèle que 75 milliards de dollars supplémentaires iraient gonfler les coffres du gouvernement.

Imaginez l’éventail de choix qui s’ouvrirait : allégement fiscal, soins de santé, éducation, infrastructure.

Nous devons aborder la productivité comme un moyen d’améliorer la qualité de vie de nos citoyens.

Comment pouvons-nous y arriver?

La recherche et le développement sont essentiels. Même si le gouvernement s’était laissé distancer au chapitre des dépenses injectées dans la R et D par habitant, le Canada occupe aujourd’hui le premier rang au sein du G7, grâce à des sommes d’environ 11 milliards de dollars investies dans ce domaine.

Le secteur manufacturier figure pour les deux tiers du total des investissements des entreprises dans la R et D au Canada. En 2003, les fabricants canadiens ont investi 7,5 milliards de dollars dans ce domaine.

Ils interviennent aussi pour plus de 15 % des dépenses totales en immobilisations au Canada, grâce à des investissements de 19 milliards de dollars dans de nouvelles installations et du matériel neuf.

Malgré tout, notre secteur privé ne se compare pas à celui des États-Unis au chapitre de la R et D et de l’innovation. Le secteur manufacturier figure pour plus de 90 pour cent de tous les brevets déposés chaque année aux États-Unis.

C’est la même chose en matière de formation. Les États-Unis dépensent beaucoup plus dans ce domaine que le Canada. Notre pays affiche quand même le plus haut pourcentage de diplômés postsecondaires au sein du G7.

Les États-Unis tirent toutefois bien davantage profit de leur système d’éducation postsecondaire que nous. Ils comptent 4 000 collèges et universités. Le reste du monde en compte 8 000.

Vous avez là la preuve de la concentration spectaculaire de la puissance intellectuelle aux États-Unis. En outre, nos voisins tirent nettement mieux parti de leurs universités que nous au Canada. Les universités américaines n’hésitent pas à collaborer avec le gouvernement et l’industrie. Le terme capitalisme n’est pas un vilain mot.

En 2003, les universités américaines ont récolté 1,3 milliard de dollars en brevets seulement. Aux États-Unis, près de 95 000 des quelque 180 000 brevets délivrés en 2004 ont été obtenus par des Américains. Au Canada, douze fois plus de brevets sont délivrés aux étrangers qu’aux Canadiens.

Le MIT à lui seul peur se targuer du fait que ses diplômés ont fondé quelque 4 000 entreprises, créant plus d’un million d’emplois.

Le tableau n’est pas entièrement sombre et déprimant. La Finlande illustre parfaitement le cas d’un petit pays qui s’est réinventé.

Au début des années quatre-vingt-dix, la Finlande a été frappée par la plus grave récession survenue dans un pays de l’OCDE depuis la Seconde Guerre mondiale. Le PIB a chuté de 10 % en trois ans. Le taux de chômage a bondi, passant de 3 % à 17 %.

La Finlande a toutefois restructuré son économie et mis l’accent sur la productivité. Elle a remporté des succès, comme en témoigne le système d’exploitation LINUX.

Nokia est passée de la fabrication de bottes à celle de téléphones cellulaires. Selon l’OCDE, les investissements totaux dans la R et D en Finlande représentaient près de 3,5% du PIB en 2001, alors que les investissements du Canada dans ce domaine dépassaient à peine 2 %.

À présent, la Finlande figure souvent parmi les économies les plus concurrentielles au monde. Nous sommes bien mieux positionnés que la Finlande ne l’était.

Des embellies se profilent à l’horizon. Selon l’économiste en chef d’EDC, la productivité dans le secteur manufacturier s’est accrue d’environ 5 % cette année, les dépenses d’investissement ont augmenté de 5,7 % et les importations de machinerie ont progressé de 16,4 %.

Cette présentation tirant à sa fin, je dirais qu’en dernière analyse le Canada et les États-Unis peuvent avoir des divergences d’opinion mineures. Lorsque nous voulons régler une question, nous devons peut-être trépigner et crier un peu. Comme c’est la façon dont fonctionne le système américain, il ne faut pas se sentir visé.

Le Canada et les États-Unis sont toutefois d’accord sur l’essentiel.

Nous avons essentiellement les mêmes intérêts directs qui devraient nous amener à une collaboration plus étroite et étendue sur les questions planétaires et de portée mondiale.

Car que vous soyez prêts ou non, Mesdames et Messieurs, l’Asie s’en vient. Et que vous le vouliez ou non, il vaut mieux être prêts.

Le secret d’un bon discours consiste à bien l’amorcer et le terminer, et à relier autant que possible le début et la fin.

J’aimerais donc remplir au moins une de ces conditions et féliciter une fois de plus Perrin ainsi que les Manufacturiers et Exportateurs du Canada.

Ils ont organisé une excellente conférence et accomplissent un travail d’une importance capitale pour les Canadiens. Ils fraient la voie grâce au plan d’action 20/20 et à des rapports, comme Workforce Challenges. Perrin, je vous remercie de m’avoir invité à participer à cette conférence, ainsi que pour tout le travail que vous avez accompli.

L'ambassadeur | Nos services | Centre de renseignements | Représentation à Washington | Passeport / Services consulaires et d'urgence pour les canadiens | Visas et Immigration | Gouvernement et Politiques | Commerce et Investissement | Coopération sur la frontière | Défense, sécurité et politique étrangère | Environnement | La culture au Canada | Art et culture du Canada à D.C. | Étudier au Canada / Études canadiennes | Tourisme au Canada | Bureaux du gouvernement canadien aux États-Unis

Dernière mise à jour :
2006-11-06
Haut de page
Haut de page
Avis importants