DISCOURS
Le 25 septembre 2006
OTTAWA (Ontario)
2006/15
SOUS RÉSERVE DE MODIFICATIONS
NOTES POUR UNE ALLOCUTION
DU
MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES
ET MINISTRE DE L’AGENCE DE PROMOTION ÉCONOMIQUE
DU CANADA ATLANTIQUE,
L’HONORABLE PETER MACKAY,
À L’OCCASION D’UN PETIT-DÉJEUNER D’AFFAIRES
DES AMBASSADEURS AFRICAINS
Je suis ravi d’être avec vous ici ce matin. J’ai hâte de vous exprimer quelques idées sur
l’engagement du Canada envers l’Afrique et d’entendre vos points de vue sur la
manière dont le Canada pourrait travailler plus efficacement avec ses partenaires
africains pour atteindre nos objectifs communs.
La politique du Canada envers l’Afrique repose sur l’objectif fondamental de promouvoir
le développement de ce continent pour que les pays et les peuples de l’Afrique réalisent
tout leur potentiel dans la communauté planétaire. Le Canada a tout intérêt à ce que
l’Afrique soit pacifique, stable et prospère. Comme de plus en plus de Canadiens le
découvrent, l’Afrique offre un vaste éventail de possibilités de partenariat, notamment
dans les domaines du commerce et de l’investissement, de la coopération en matière
de développement, du dialogue politique, ainsi que des échanges universitaires et
culturels.
À titre de ministre des Affaires étrangères, je cherche à assurer un leadership au sein
de mon gouvernement, voire de la société canadienne, pour encourager la croissance
de ce partenariat. À titre d’émissaires des pays africains, vous jouez vous aussi un rôle
clé dans le resserrement de nos liens avec vos pays.
Tout en reconnaissant les formidables défis que doit relever l’Afrique, le nouveau
gouvernement du Canada constate quelques tendances très positives sur votre
continent.
Les dirigeants de l’Afrique ont lancé en 2001 le Nouveau partenariat pour le
développement de l’Afrique, le NEPAD, qui a établi une vision pour le continent et
énoncé les principes de bonne gouvernance envers lesquels les gouvernements
africains se sont engagés. L’année suivante, l’Union africaine a été créée officiellement,
ce qui témoigne aussi de la volonté des gouvernements africains de collaborer
étroitement ensemble afin de relever les défis et de promouvoir l’intégration.
Le Canada est heureux de constater que les principes du NEPAD et de l’Union africaine
sont poursuivis énergiquement par de nombreux gouvernements ainsi que par les
organisations non gouvernementales en Afrique.
En réponse à cet engagement des Africains, le Canada est actif sur de nombreux fronts
pour aider l’Afrique à combler ses besoins.
Le Budget 2006 a réaffirmé l’engagement du Canada de doubler l’aide au
développement international d’ici 2010-2011 (par rapport aux niveaux de 2001-2002),
ce qui représente une augmentation de l’aide d’environ 4 milliards de dollars pendant le
prochain exercice. L’Afrique bénéficiera de cette hausse.
La santé est l’un des secteurs où le Canada concentre son aide au développement.
L’un des objectifs les plus importants consiste à freiner et à commencer à inverser la
propagation du VIH/sida d’ici 2015. Le Canada appuie la lutte contre le VIH/sida par
plusieurs moyens. Notre engagement à cet égard est illustré par l’annonce récente de
notre gouvernement de verser 250 millions de dollars de plus au Fonds mondial de lutte
contre le sida, la tuberculose et le paludisme, dont environ 60 p. 100 serviront à
combattre le VIH/sida.
À nos programmes d’aide au développement en Afrique s’ajoutent les mesures que
nous prenons pour resserrer les liens d’affaires avec le continent. L’Afrique ne pourra
réaliser son potentiel tant que le secteur privé ne se développera pas et que les
investisseurs étrangers ne seront pas attirés sur le continent.
Il est encourageant de constater qu’après des années de stagnation, de nombreuses
économies africaines affichent maintenant une croissance économique soutenue.
L’économie de l’ensemble de l’Afrique a progressé de près de 5 p. 100 en 2005 et,
d’après le Fonds monétaire international, elle devrait s’accroître de 5,9 p. 100 cette
année. Faut-il s’étonner si un grand nombre des pays qui sont parvenus à une
croissance soutenue soient précisément ceux dont les gouvernements acceptent et
appliquent les principes de la bonne gouvernance économique et politique?
L’un des moyens les plus novateurs par lesquels le Canada contribue au
développement du secteur privé en Afrique est le Fonds d’investissement du Canada
pour l’Afrique, le FICA. Lancé l’an dernier, ce Fonds fournit du capital de risque pour les
investissements privés en Afrique. À sa clôture finale, en juin 2006, ce fonds public-privé avait mis en commun plus de 230 millions de dollars. Jusqu’ici, le Fonds a investi
plus de 35 millions de dollars dans divers secteurs africains, comme les mines, le
pétrole et le gaz, et il commence à atteindre les résultats prévus.
Le FICA est administré conformément aux pratiques de la responsabilité
environnementale, éthique et sociale des entreprises reconnues à l’échelle
internationale, ce qui démontre que la viabilité commerciale et la responsabilité sociale
des entreprises peuvent aller de pair pour développer l’Afrique. Ainsi, au Burkina Faso,
l’investissement du FICA dans une coentreprise minière formée de partenaires du
Canada et de l’Afrique du Sud a permis d’exploiter une mine d’or admissible à l’indice
de responsabilité sociale de la Bourse de Johannesburg. Ce projet crée de l’emploi et
des recettes d’exportation en plus d’effectuer 70 p. 100 de ses achats dans le pays.
L’entreprise appuie aussi activement la mise en valeur de nouvelles ressources en eau
pour la population de la région où elle exerce ses activités.
Pour le gouvernement du Canada, tout comme pour vous à titre d’ambassadeurs et de
hauts-commissaires de l’Afrique, l’un des défis consiste à promouvoir les possibilités de
commerce et d’investissement en Afrique. Nous avançons dans ce domaine, mais il
faudra des efforts soutenus. De nombreux gens d’affaires au Canada et ailleurs sont
encore plus au courant des conflits et des incidents de mauvaise gouvernance que des
possibilités qu’offre le continent.
Mais les faiblesses de la gouvernance demeurent une grande entrave au
développement, au commerce et à l’investissement. Le Canada travaille en partenariat
avec certains de vos pays, par l’entremise des programmes de l’Agence canadienne du
développement international, pour renforcer les institutions de gouvernance et assurer
un développement plus durable.
Des parlementaires canadiens ont participé à la Deuxième Conférence de
l’Organisation mondiale des parlementaires contre la corruption à Arusha, en Tanzanie,
la semaine dernière. Cette organisation exploite la formidable énergie des
parlementaires pour combattre le fléau de la corruption, qui nuit tellement au
développement et à la bonne gouvernance.
Notre gouvernement a été élu pour être transparent et pour agir au Canada et à
l’étranger d’une manière conforme aux valeurs fondamentales du Canada, soit la
liberté, la démocratie, le respect des droits de la personne, la transparence et la
primauté du droit.
Je suis convaincu que les Canadiens continueront d’appuyer nos partenariats avec
l’Afrique et notre engagement envers l’aide publique au développement. Mais ils sont
aussi en droit de s’attendre à ce que nos investissements en Afrique soient efficaces et
transparents. Les Canadiens veulent être assurés que leurs impôts servent à appuyer
des projets d’aide étrangère qui atteignent leurs objectifs et non à enrichir des
dirigeants et des fonctionnaires corrompus. Mon gouvernement est déterminé à faire en
sorte que les Canadiens ne soient pas déçus.
Lorsqu’il projette les valeurs canadiennes à l’étranger, mon gouvernement fait preuve
de fermeté face à la répression. Par exemple, récemment, après que 200 Zimbabwéens
ont été arrêtés pour avoir manifesté contre les conditions économiques difficiles, j’ai
demandé au gouvernement du Zimbabwe de respecter les droits de la personne et les
libertés fondamentales des citoyens.
J’aimerais maintenant dire quelques mots sur la paix et la stabilité, que le Canada
considère comme une condition préalable essentielle pour que l’Afrique réalise tout son
potentiel.
Le Canada est déterminé à appuyer les processus de paix et à aider l’Union africaine à
développer sa capacité de soutien de la paix. Nos efforts se concentrent sur trois zones
de conflit : le Soudan, la région des Grands Lacs et le nord de l’Ouganda.
La crise au Darfour préoccupe grandement les Canadiens. Il y a une recrudescence de
la violence non seulement entre les signataires et les non-signataires de l’Accord de
paix au Darfour, mais aussi contre les troupes de maintien de la paix de l’Union
africaine, le personnel humanitaire, les femmes et les enfants. C’est inacceptable. Le
gouvernement soudanais contrevient à l’Accord de paix au Darfour en massant des
troupes à la frontière, ce qui pourrait entraîner une catastrophe sur les plans
humanitaire, des droits de la personne et de la sécurité.
L’une des premières mesures à prendre pour dissiper efficacement la crise qui menace
d’éclater devrait être la transition de la force existante de l’Union africaine vers une
force des Nations Unies. Comme vous le savez, le Conseil pour la paix et la sécurité de
l’Union africaine a demandé à maintes reprises aux Nations Unies d’assumer la
responsabilité de la force de maintien de la paix au Darfour.
L’Union africaine a fait un excellent travail pour monter sa première mission de maintien
de la paix, à titre de premier intervenant. Sa présence a contribué à la stabilité relative
de la région et a permis la négociation de l’Accord de paix. Même après avoir passé le
relais aux Nations Unies, l’Union africaine aurait encore un important rôle à jouer pour
bâtir la paix et encourager d’autres parties à signer l’Accord de paix au Darfour.
Le Canada s’est engagé à verser plus de 190 millions de dollars depuis 2004 à la
Mission de l’Union africaine au Soudan. Il a notamment fourni des véhicules blindés de
transport de troupes, des services de transport par avion et par hélicoptère ainsi que du
carburant.
Collectivement, nous devons continuer à prouver au Soudan que l’objectif des casques
bleus des Nations Unies consiste à rétablir la paix et la sécurité au Darfour, à améliorer
la situation humanitaire et à renforcer la confiance chez les parties au conflit. Une paix
durable montrerait que l’Afrique et le monde ne fermeront plus les yeux face à une autre
crise humanitaire en Afrique.
Dans une autre région de l’Afrique qui a été très instable ces dernières années, l’un des
grands événements de cette année sera le Sommet de la Conférence internationale sur
la région des Grands Lacs. Ce sommet, le deuxième de la Conférence, aura lieu à
Nairobi à la mi-décembre. J’espère y assister à titre de ministre des Affaires étrangères
du Canada et de coprésident du Groupe des amis de la région des Grands Lacs.
Au Sommet, les chefs d’État et de gouvernement signeront un Pacte sur la sécurité, la
solidarité et le développement. Les pays de la région réaffirmeront ainsi les solides
engagements politiques qu’ils ont pris il y a deux ans lorsqu’ils ont signé la déclaration
de Dar es-Salaam. Le processus de la Conférence ne prend pas fin avec le Sommet,
au contraire. Les pays de la région se lanceront alors dans la phase de mise en œuvre.
Ratifier le pacte et établir un mécanisme de suivi sont deux étapes importantes que les
pays de la région doivent avoir franchies à l’issue du Sommet.
Mon gouvernement reste profondément préoccupé par la situation humanitaire qui
existe dans le nord de l’Ouganda à cause des méfaits de la rébellion de l’Armée de
résistance du Seigneur. J’ai soulevé cette question à la réunion des ministres des
Affaires étrangères du G8 à Moscou en juin, et la déclaration du président à cette
réunion reflétait notre préoccupation commune face à cette situation. Le Canada a
aussi demandé au Conseil de sécurité des Nations Unies d’intervenir officiellement au
sujet de ce conflit de longue date.
Afin de jouer un rôle plus actif pour mettre fin à ce conflit et à la crise humanitaire qui en
découle, le Canada est en train d’établir une présence diplomatique à Kampala, en
Ouganda.
Je suis encouragé par l’accord de cessez-le-feu conclu le 26 août entre le
gouvernement de l’Ouganda et l’Armée de résistance du Seigneur qui, nous l’espérons,
sera le premier grand jalon des pourparlers de paix de Juba en vue de mettre fin à ce
conflit.
Je suis également encouragé par la décision du gouvernement de l’Ouganda de créer
un Comité mixte de surveillance chargé de se pencher sur les aspects politiques et de
sécurité de la situation, et de surveiller le plan d’action de l’Ouganda pour le nord de
l’Ouganda. Dans son appui à l’Ouganda, la communauté internationale ne doit ménager
aucun effort pour mettre fin à ce conflit tragique.
Je n’ai donné qu’un bref aperçu des régions où le Canada intervient et des moyens qu’il
prend pour aider les gouvernements et les peuples africains à réaliser la vision du
NEPAD d’un continent pacifique, prospère et pleinement intégré à l’économie mondiale.
Nous reconnaissons que l’Afrique doit surmonter des défis gigantesques et que ses
besoins sont énormes.
Le continent a cependant fait de grands pas, notamment le rôle de premier plan de
l’Union africaine dans la résolution des conflits, des élections libres et justes dans un
nombre grandissant de pays, et une croissance économique accrue. Nous devons faire
fond sur ces succès pour relever les défis.
Je vous remercie de votre attention. J’ai hâte que vous me fassiez part de vos
commentaires et de vos préoccupations.
|