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« Accroché à la pêche et en route pour le fond », dit un scientifique
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Selon un spécialiste des pêches basé à l’University of British Columbia, le monde a dépassé le « pic de capture de poissons » et les filets des pêcheurs rapporteront des charges toujours décroissantes, à moins qu’il n’y ait une action politique pour contenir la vague mondiale de surpêche. M. Daniel Pauly dit que la crise qui touche les pêches mondiales relève moins de la preuve scientifique que de l’attitude et de la volonté politique.

En outre, dit-il, les poissons du globe ont besoin d’un champion politique dynamique de prestige comme M. Bono ou M. Mandela pour qu’on attribue à ces créatures à nageoires le profil public dont jouissent les gentils animaux à fourrure.

« Il est temps d’exercer un leadership sur les pêches mondiales. Il est temps d’agir, affirme M. Pauly, directeur du Fisheries Centre de l’University of British Columbia (UBC), à Vancouver, au Canada. Nous n’avons pas besoin d’autres activités scientifiques. Mon message diffère de celui d’un grand nombre de mes collègues. Bien sûr, il faut en apprendre davantage sur les poissons, mais on attribue souvent des fonds publics à la recherche en donnant comme raison qu’il s’agit d’une solution de rechange à d’autres mesures politiques. Nous en savons assez pour agir et pour prévenir la décimation continue des stocks de pêche mondiaux. »

M. Pauly à exposé ses opinions au cours d’un symposium sur la coopération internationale pour la transition vers un développement durable qui a eu lieu durant l’assemblée annuelle de l’American Association for the Advancement of Science (AAAS), le 17 février à St. Louis.

M. Pauly est le chercheur principal du projet Sea Around Us, basé au Fisheries Centre de l’UBC et parrainé par les Pew Charitable Trusts, basés aux États-Unis. Le projet Sea Around Us est la plus ambitieuse tentative visant à documenter et à évaluer le sort des pêches mondiales. En utilisant un logiciel spécialisé et des données sur les pêches du monde entier, les participants au projet cartographient les activités mondiales de pêche en mer menées depuis 1950. Cette opération révèle les tendances locales, régionales et mondiales dans les pratiques de pêche passées et présentes. (Le public peut consulter les données détaillées au http://www.seaaroundus.org.)

Parmi les résultats les plus remarquables, les recherches ont révélé que le globe a dépassé le « pic de capture de poissons » – un pic dans la biomasse (ou le poids) des poissons capturés dans les océans du globe – vers la fin des années 1980. Depuis, bien qu’il existe des variations régionales, les captures mondiales de poissons ont chuté graduellement.

« Il n’y a pas de doute à ce sujet, poursuit M. Pauly, dont les résultats ont été publiés dans les revues avec comité de lecture les plus réputées du monde, incluant Science et Nature. Nous en sommes à une étape où l’accroissement de l’effort de pêche produit moins de captures. »

Bien que la quantité de poissons capturés dans le monde a atteint un sommet à la fin des années 1980, ce sommet a été atteint plus tôt dans les parties du globe où la pêche industrielle s’est développée en premier. Ainsi, le pic de capture a été atteint au milieu des années 1970 dans l’Atlantique nord, exploité par les industries européennes et nord-américaines. Dans l’Atlantique sud, où l’industrialisation de la pêche a commencé plus tard, le pic de capture de poissons a été atteint au milieu des années 1990.

M. Pauly soutient fermement que pour éviter un effondrement mondial des pêches – qui serait semblable à celui de diverses pêches régionales telles que celle de la morue de l’Atlantique au large des côtes canadiennes de Terre-Neuve – il faut reconnaître l’existence de ce qu’il décrit comme une profonde division entre l’industrie des pêches et les consommateurs de poisson. Il avance que les mesures prises par les entreprises de pêche montrent qu’elles s’intéressent principalement à maximiser les profits à court terme, en considérant peu ou pas la durabilité à long terme des stocks de poissons.

« L’industrie est prête à se suicider n’importe quand, ajoute-t-il. C’est une industrie qui a besoin d’être régie pour son propre bien. »

M. Pauly fait remarquer que l’industrie mondiale des pêches est très complexe. Selon lui, elle fonctionne « dans l’illégalité », en débarquant des prises illégales et en contournant les lois existantes grâce à l’utilisation d’outils comme les pavillons de complaisance. Il ajoute que la politique publique sur les dossiers de la conservation des poissons marins est faussée par le fait que la plupart des gouvernements considèrent les entreprises de pêche comme le principal groupe intéressé, et non pas les citoyens qui sont en fait les vrais propriétaires des ressources.

Bien que la situation soit très grave, M. Pauly croit qu’elle peut être inversée. Il pense que la réduction de la capacité excédentaire de pêche, la création de « zones de pêche interdite » couvrant environ 20 p. 100 des habitats et l’application de niveaux de pêche durables par les gouvernements permettront non seulement de s’éloigner de l’abysse, mais aussi de mettre plus de poisson dans nos assiettes.

« L’ironie est que la réduction des pêches augmente en réalité les captures à long terme, commente M. Pauly. Il faut que la politique publique réduise l’importance de l’industrie jusqu’à un niveau qui permette des captures soutenues et une remontée des stocks. »

Au cours du mois d’octobre dernier, M. Pauly a reçu le prestigieux prix international Cosmos 2005. Ce prix reconnaît les recherches exemplaires qui « favorisent la coexistence harmonieuse de la nature et des humains ». M. Pauly, âgé de 59 ans, est auteur ou coauteur de plus de 500 articles, livres, chapitres et contributions plus restreintes d’ordre scientifique ainsi que d’une trentaine de livres et rapports. De plus, il a été élu membre de la Société royale du Canada en 2003.

Selon lui, la réception de ce prix a constitué un facteur supplémentaire qui l’a poussé à faire passer son message du grand large à la tête de plage politique. Cependant, il souligne que la recherche à elle seule ne réglera pas la crise. Il est temps d’exercer un leadership politique draconien pour passer d’une tragédie marine mondiale affectant le patrimoine naturel à un avenir où il y aura des poissons en abondance.

« Sauver l’océan et ses ressources d’une utilisation excessive représentera une tâche majeure pour l’humanité au XXIe siècle », conclut M. Pauly.

Personnes-ressources :

Daniel Pauly
Tél. : (604) 822-1201
Courriel : d.pauly@fisheries.ubc.ca
Site Web : http://www.seaaroundus.org

Arnet Sheppard
Affaires publiques du CRSNG
Tél. : (613) 859-1269


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Date de création : 
Mise à jour : 
2006-02-20
2006-02-20

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