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Né avec un amour de la parole
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Les nourrissons humains développent-ils leur préférence pour la parole en prêtant l’oreille aux sons qui leur parviennent au travers de la paroi intra-utérine ou sont-ils attirés dès la naissance par la voix humaine? Voilà une question qui est très difficile à élucider par des tests, mais qui est cruciale pour la compréhension de l’origine et de la dynamique de la propension unique des humains à la parole. Or, une psychologue de l’Université McGill croit avoir réussi à séparer les effets « complicateurs » du mur sonique utérin. Selon Mme Athena Vouloumanos, les résultats de ses recherches indiquent une prédilection génétique pour l’écoute des sons oraux de préférence à l’écoute d’autres sons similaires.

« Il est bien établi que les nouveau-nés ont une préférence pour les sons vocaux par rapport à d’autres sons, mais d’où vient cette préférence? Est-ce quelque chose d’inné et y a-t-il un aspect des signaux vocaux auquel « se syntonisent » les nourrissons sans en avoir fait l’expérience, ou est-ce le fait de leur expérience prénatale dans l’utérus? Je pense que nous avons montré qu’il y a un élément indépendant de l’expérience dans la préférence des nouveau-nés pour la parole », affirme Mme Vouloumanos, professeure adjointe au Département de psychologie de l’Université McGill, à Montréal, au Canada, qui a présenté les résultats de ses plus récentes recherches le 17 février à l’occasion de l’assemblée annuelle de l’American Association for the Advancement of Science (AAAS), qui a eu lieu à St. Louis.

Le développement neural et cochléaire est tel que six mois environ après le début de la gestation, le fœtus commence à entendre un éventail de fréquences. Ainsi, il est possible que les nouveau-nés préfèrent écouter la parole parce qu’ils y sont habitués de par leur écoute intra-utérine.

Toutefois, quels sont les signaux vocaux qui traversent le mur sonique utérin jusqu’au fœtus? Selon Mme Vouloumanos, les meilleures preuves indiquent que l’environnement utérin agit comme un filtre passe-bas. Cela signifie que seuls les signaux sonores profonds et très faibles – soit ceux en dessous de 400 hertz – atteignent l’oreille du fœtus.

Mme Vouloumanos et ses collègues ont élaboré laborieusement une procédure expérimentale en deux volets afin de séparer l’exposition possible intra-utérine de la prédisposition innée.

L’un des éléments centraux de leur étude est un ensemble unique d’analogues de la parole conçus pour se rapprocher le plus possible de la parole sans être des mots. Cet ensemble a permis d’établir un test rigoureux de la capacité des nouveau-nés à distinguer la parole des autres sons.

Les analogues de la parole, qui ressemblent à un chœur de Martiens, imitent de près les aspects mélodiques de la parole. Ils comprennent également une fréquence fondamentale – la hauteur tonale principale d’une voix, telle que celle d’un baryton ou d’une soprano, qui donne aux gens un indice sur l’identité du locuteur. Ces stimuli non oraux ont été développés par Sonya Bird et Guy Carden, du Département de linguistique de l’University of British Columbia, et par Janet Werker, du Département de psychologie de l’établissement, où Mme Vouloumanos a mené ses recherches alors qu’elle était étudiante au doctorat.

Dans le premier volet de l’expérience, Mme Vouloumanos et ses collègues ont comparé la réaction de nouveau-nés âgés de 10 à 72 heures aux analogues de la parole et à ceux de mots monosyllabiques dépourvus de sens tels que « lif ». Pendant que les nouveau-nés suçaient une tétine stérilisée, on leur a fait entendre l’un ou l’autre type de sons pendant un intervalle d’une minute, et on a observé les sujets afin de déceler tout changement dans leur comportement de succion.

« Les nouveau-nés changeaient leur comportement lorsqu’ils décelaient des paroles, mentionne Mme Vouloumanos. Nous avons remarqué que leur comportement de succion augmentait lorsqu’ils entendaient des paroles et qu’il diminuait lorsqu’ils décelaient des sons non oraux. »

L’étude a été réalisée sur 20 nouveau-nés du Women's and Children's Hospital de la Colombie-Britannique. Ces recherches, dont la publication des résultats dans la revue Development Science est actuellement sous presse, ont révélé que la succion des nouveau-nés augmentait d’environ 15 p. 100 lorsqu’ils réagissaient à la parole humaine plutôt qu’aux analogues de la parole.

Ayant démontré que les nouveau-nés pouvaient faire la distinction entre ces deux types de sons très semblables, Mme Vouloumanos a ensuite tenté de trouver réponse aux questions fondamentales suivantes : Les nourrissons ont-ils déjà acquis une oreille pour la parole dans l’utérus? Peuvent-ils faire la distinction entre les seuls aspects faibles fréquences (ceux qui peuvent être entendus à travers l’utérus) des analogues et des mots dépourvus de sens? Si les nourrissons montraient une préférence similaire pour les mots intelligibles de faible fréquence par rapport aux analogues de la parole, cela indiquerait qu’ils auraient peut-être développé cette préférence dans l’utérus de la mère.

Lorsque Mme Vouloumanos a testé 16 nouveau-nés simplement en leur faisant entendre des sons de faible fréquence, les nourrissons n’ont montré aucune préférence.

« Nous avons établi que les nouveau-nés ne pouvaient pas faire de distinction entre les signaux filtres passe-bas. Les sons de faible fréquence que nous avons utilisés dans notre étude ne contenaient pas assez de renseignements pour que les nourrissons les distinguent les uns des autres, explique Mme Vouloumanos, au sujet des résultats non publiés. J’en conclus donc provisoirement que cette préférence observée pour la parole pourrait être indépendante de l’expérience prénatale. Il s’agirait davantage de quelque chose d’inné. »

Malgré son enthousiasme au sujet de ces résultats, Mme Vouloumanos précise qu’ils soulèvent autant de questions qu’ils n’apportent de réponses. Étant donné la similarité entre la voix humaine et les analogues de la parole, qu’y a-t-il exactement dans la parole qui attire tellement les nouveau-nés? C’est là toute la question.

Mme Vouloumanos conclut comme suit : « Il y a quelque chose dans la parole vers lequel les bébés s’orientent, mais nous ne savons pas encore ce que c’est. Quels sont les aspects du stimulus de la parole que nous avons éliminés en concevant nos sons non oraux? ».

Personnes-ressources :

Athena Vouloumanos
Tél. : (514) 398-3856
Courriel : athena.vouloumanos@mcgill.ca
Site Web : http://ego.psych.mcgill.ca/labs/midccdem/fr/welcome.htm

Arnet Sheppard
Affaires publiques du CRSNG
Tél. : (613) 859-1269


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Date de création : 
Mise à jour : 
2006-02-20
2006-02-20

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