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Comment bien vulgariser
Même si vous avez de bonnes aptitudes à la communication, la vulgarisation scientifique est un art qui s'apprend. Elle exige le respect de règles bien précises et la maîtrise d'un certain nombre d'outils, voire de trucs. Dites-vous aussi que c'est par la pratique que l'on devient un bon vulgarisateur.
A. Les règles de baseRaconter une histoire La vulgarisation scientifique vise à insuffler au public le goût d'apprendre, et non à l'instruire. Pour cela, il faut savoir lui raconter une histoire et partager avec lui une aventure, la vôtre. Pourquoi vous intéressez-vous à tel domaine de recherche? Quelles sont les questions qui restent sans réponse? Quels sont les enjeux scientifiques, sociaux, économiques, voire culturels, de vos travaux? À quels obstacles vous êtes-vous heurté? Les résultats obtenus étaient-ils étonnants? Quelles en sont les retombées? Auront-ils une incidence sur la vie des gens? Voilà ce que le public veut vous entendre dire. Se soucier du public Dans le domaine de la vulgarisation, le public n'est jamais acquis d'avance. Contrairement à vos pairs, les gens ne sont pas tenus de vous lire ni de vous écouter. À vous de les en persuader! Vous devez vous soucier de vos lecteurs ou de vos auditeurs. Qui sont-ils? Pourquoi devraient-ils s'intéresser à ce que vous faites? Votre objectif n'est pas de vous faire valoir en étalant vos connaissances, mais plutôt de les communiquer au public en tenant compte, d'abord et avant tout, de ce qu'il désire.Circonscrire le sujet Vous vous êtes peut-être déjà demandé comment vous y prendre pour résumer vos travaux en quelques minutes ou en quelques pages. Détrompez-vous, vulgariser les connaissances, ce n'est pas les résumer. Personne ne veut tout savoir de vos recherches et vous devez absolument circonscrire un sujet, et un seul, en ne retenant que les éléments les plus pertinents, les plus accrocheurs. Si votre sujet est trop vaste, vous livrerez un message descriptif, ennuyeux et sans aucun intérêt. De surcroît, en pareil cas, le journaliste, l'éditeur ou le réalisateur pourrait bien être contraint de l'amputer pour tenir compte des contraintes d'espace ou de temps. Structurer le propos Toujours dans le but de capter et de maintenir l'intérêt du public, la présentation de l'information en vulgarisation scientifique diffère totalement de celle d'une communication savante (introduction, méthodologie, résultats, discussion, conclusion). Par exemple, au lieu de faire état de vos résultats à la fin, vous devez les présenter brièvement au début. Ces résultats vous servent d'« appâts » ils informent le public de la pertinence de vos travaux et surtout de leur nouveauté. Vous pouvez également amorcer votre propos en présentant des données ou des faits marquants qui frapperont l'imagination du public (par exemple, des statistiques sur un phénomène, des données épidémiologiques, un événement particulier).Par ailleurs, au lieu d'exposer une théorie puis de l'illustrer au moyen d'exemples, vous pouvez vous servir des exemples pour introduire la théorie. Un cas particulier retient beaucoup plus l'attention qu'une généralité et il se comprend plus facilement. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si les journalistes emploient constamment ce procédé (par exemple, en racontant l'histoire d'un individu pour présenter un problème vécu par toute une collectivité). Enfin, si la méthode que vous avez employée intéresse vos pairs, elle ne signifie pas grand-chose pour le grand public, qui veut avant tout connaître les résultats de vos travaux et leurs répercussions dans la vie de tous les jours. S'exprimer simplement En vulgarisation, l'objectif n'est pas de jouer les savants ni les professeurs. Avant d'utiliser un terme technique ou une expression appartenant au jargon de votre discipline, vous devez donc toujours vous demander si cet usage est vraiment indispensable. Ne peut-on pas remplacer ce terme, cette expression, par un synonyme plus révélateur? Par exemple, pourquoi parler des effets iatrogènes d'un médicament, plutôt que de ses effets secondaires? Pourquoi appeler le couguar par son nom scientifique Felis concolor? Seuls les termes et expressions techniques essentiels aux explications doivent être gardés et il faut bien prendre soin de les définir à chaque fois.Par ailleurs, il est important d'alléger votre propos le plus possible en évitant les détails et les précisions inutiles. Par exemple, pourquoi dire que l'horloge interne est une structure bilatérale interne du cerveau, si la notion de bilatéralité n'est jamais reprise par la suite? Un bon exercice consiste à essayer de couper le plus de mots possible sans déformer l'explication. Très révélateur! Être concret En vulgarisation, il importe de s'exprimer le plus concrètement possible. Les phrases vagues et les généralités sont à éviter. Que faire? Plusieurs moyens s'offrent à vous, notamment préciser l'information au moyen de chiffres quand cela est possible ou comparer les données présentées avec d'autres grandeurs connues. Exemples La nanotechnologie se définit selon l'échelle spatiale, c'est-à-dire le nanomètre ou milliardième de mètre. C'est petit, très petit. Une feuille de papier fait 100 000 nanomètres d'épaisseur! Les régions arides occupent de 33 à 37 % des terres émergées, soit une superficie d'environ 45 millions de km2 ou cinq fois l'Europe. Donner des exemples Le recours à des exemples constitue une autre façon très efficace de concrétiser l'information et d'en faciliter la compréhension. À la limite, toute généralité et tout énoncé théorique devraient être accompagnés d'un exemple. L'exemple peut également servir à préciser le sens de certains concepts, au lieu de les définir en détail. Exemples Au plus fort de sa colère, le Soleil crachera dans l'espace d'immenses jets de matière brûlante qui, s'ils frappent la Terre, pourraient avoir des effets désastreux : mauvais fonctionnement des satellites, perturbation des télécommunications, panne des grands réseaux d'électricité. Certaines nanostructures, en particulier des nanocristaux semi-conducteurs, possèdent des propriétés électriques intéressantes. Le matériau obtenu possède des propriétés exceptionnelles. Par exemple, il est environ 100 fois plus rigide que l'acier. Dans les tourbières, les mousses constituent un épais tapis végétal d'où émergent divers autres végétaux, tels le thé du Labrador, l'épinette noire et certaines plantes insectivores. Le nombre un milliard (109), soit 1 000 000 000, ne compte que 10 chiffres. Un nombre de 100 chiffres, comme 1099, est donc un nombre gigantesque, plus grand que le nombre d'atomes dans l'univers (1080)! B. Outils de la vulgarisation scientifiqueL'analogie L'analogie permet d'expliquer un élément complexe ou technique en le comparant à un autre plus familier. Elle rend également votre propos plus imagé, plus vivant. Exemples Le cartilage, matière un peu molle et élastique, forme une sorte de coussin au bout des os et évite le frottement quand l'articulation plie ou subit un choc. Chaque étamine porte une anthère remplie de pollen, l'équivalent floral du spermatozoïde. Le système de défense des colonies d'insectes sociaux fonctionne comme notre système immunitaire. À l'instar de nos cellules, ces insectes savent discriminer et rejeter tout individu étranger. La métaphore La métaphore est un procédé littéraire qui permet, grâce à son pouvoir évocateur, de « colorer » votre propos, de lui donner du style. Il consiste à effectuer un transfert de sens par substitution analogique. Son emploi est vivement recommandé, mais il ne faut pas en abuser. Exemples La notion du gros ordinateur centralisé uniquement accessible au spécialiste va céder la place à celle de l'ordinateur personnel et mobile, que s'approprie l'individu. Les graines de l'informatique nomade contemporaine sont semées. La maladie de la vache folle s'est propagée comme un feu d'étable dans le cheptel bovin britannique. Les cils des cténophores servent à capturer des larves ou tout autre auto-stoppeur imprudent. Quand les premiers organismes marins se sont armés d'une carapace pour faire face à leurs prédateurs, ces derniers se sont offert des pinces suffisamment efficaces pour venir à bout de la protection de leurs proies. C'est la course aux armements! La cellule végétale serait née d'une cellule hôte ayant adopté des squatters, des algues à photosynthèse qui se seraient transformées en chloroplastes. La formule Avoir le sens de la formule vous permet de résumer votre pensée en quelques mots de façon élégante et attrayante. Une bonne formule produit toujours de l'effet. Certaines sont même devenues célèbres, comme On ne naît pas femme, on le devient de Simone de Beauvoir. Exemples Nous sommes passés de la religion catholique à la religion cathodique. (formule dénonçant l'envahissement de l'informatique dans nos vies) L'humour Un peu d'humour ne fait jamais de mal. Pourquoi, alors, ne pas s'en servir à l'occasion? Votre propos n'en sera que plus léger et par le fait même plus facile à assimiler. Il sera aussi plus vivant et, là encore, plus attrayant. Exemple L'anecdote Vous est-il arrivé des événements cocasses ou étonnants dans votre laboratoire, sur le terrain ou ailleurs? Le récit de ces anecdotes rendra votre propos plus personnel et moins abstrait. Rappelez-vous que l'important en vulgarisation scientifique est de raconter une histoire. Les éléments visuels Qu'ils accompagnent un texte ou une présentation orale, les éléments visuels aident grandement à comprendre et à assimiler les informations présentées. Ces éléments ne devraient jamais être négligés. Voici quelques conseils.
C. Les trucs utiles
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