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Discours

Les télécommunications : convergence, concurrence et réglementation

Allocution de Françoise Bertrand, Présidente
Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes

au Club de l'électricité du Québec

Montréal (Québec)
Le 6 février 1997


J'aimerais aujourd'hui partager avec vous la vision du CRTC en matière de convergence. Et ce, d'autant plus que ce processus reçoit maintenant une attention toute nouvelle de la part d'un nombre croissant d'industries, y compris les entreprises liées de près ou de loin au secteur de l'électricité.

Comme le suggère le thème de ma présentation, en attendant une déréglementation complète, nous au CRTC envisageons l'avenir avec la conviction qu'une réglementation éclairée, intelligente et la plus légère possible peut cohabiter sans problème avec la convergence des technologies et des services, en fait, qu'elle peut même faciliter la réalisation de cette convergence et promouvoir la concurrence dans le marché des communications.

Je suis privilégiée et passionnée par les défis de l'organisme auquel j'appartiens. Privilégiée et passionnée, parce que les dossiers auxquels nous devons tous nous attaquer vont bien au-delà des rouages de la technologie. Ceux-ci auront en effet des répercussions profondes et directes sur le monde des affaires, de l'éducation et de la culture, dans nos foyers et dans la vie de plusieurs d'entre nous. Qui plus est, les progrès continus de la technologie, tout en modifiant l'ensemble des activités économiques au pays, promettent de nous faire passer d'une économie post-industrielle à une véritable société de l'information et du savoir.

De fait, la convergence aura un tel impact sur tant d'aspects de nos vies qu'elle constitue la priorité des priorités, dans mon propre agenda comme dans celui du Conseil car elle permettra l'introduction d'innovations qui seront au service des Canadiens, et non l'inverse. Autrement dit, il faut que ces nouveaux services rehaussent notre qualité de vie.

Le message que je tiens à vous transmettre aujourd'hui, c'est que le CRTC désire accélérer le rythme auquel s'opère la transition vers la convergence et la libre concurrence. Nous réagissons rapidement aux besoins que nous expriment les entreprises et les consommateurs.

Notre approche face à l'ouverture des marchés et à la déréglementation se fonde sur le besoin d'établir des mesures transitoires avant que l'avènement d'un marché déréglementé ne soit un fait accompli.

Tout au long des années 80, le Conseil a progressivement assoupli son cadre de réglementation. Puis au début des années 90 - et plus précisément lorsqu'il a introduit la concurrence dans l'interurbain en 1992 - la déréglementation a fait un bond décisif sur la voie de la convergence.

À l'époque, en briguant une part du marché de l'interurbain, Unitel cherchait en fait à instaurer un duopole. Au grand étonnement de tous, le Conseil a plutôt choisi d'ouvrir le marché de l'interurbain à la concurrence.

Il était évident toutefois que le service local, offert à bon prix, deviendrait inabordable sans la subvention qu'avait toujours versée les compagnies de téléphone à partir des recettes de l'interurbain. Donc pour maintenir cette subvention, on a exigé des concurrents qu'ils versent une « contribution » calculée en fonction de leur part du trafic téléphonique.

De plus, des réductions aux contributions ont été accordées aux nouveaux fournisseurs d'interurbain afin d'encourager l'entrée en concurrence. Mais il a été prévu que ces réductions diminueraient progressivement pour disparaître au bout de cinq ans, un délai jugé suffisant pour permettre aux nouveaux venus de s'approprier une part de marché qui soit financièrement viable.

Ces quelques mesures et principes fondamentaux que sont la revente, la concurrence entre transporteurs, et l'accès aux installations pour les nouveaux venus, illustrent bien le genre de règles transitoires auxquelles je faisais référence tout à l'heure.

À peine deux ans plus tard, le Conseil entreprenait une réforme majeure de la réglementation des services téléphoniques. Avec l'avènement de la concurrence dans l'interurbain, il allait de soi que le cadre de réglementation, conçu au départ pour un monopole, devait nécessairement être repensé.

Le cadre général pour cette réforme de la réglementation a été annoncé en septembre 1994. Celui-ci s'articule essentiellement autour de deux grandes questions.

Premièrement, la détermination des prix. Le Conseil a décidé d'abandonner sa méthode de réglementation des tarifs fondée sur le taux de rendement des compagnies, au profit d'une réglementation par plafonnement des prix, et ce à compter du 1er janvier 1998. L'objectif est de faire en sorte que les prix reflètent davantage ce qu'il en coûte réellement pour fournir un service. Cela assurera également aux actionnaires un juste taux de rendement sur le capital investi.

La nouvelle méthode offrira aux compagnies de téléphone une plus grande latitude pour établir leurs prix dans un marché concurrentiel. Les actionnaires pourront profiter des éventuelles hausses de productivité, et les prix facturés aux abonnés seront plus stables, plus prévisibles.

La concurrence dans la fourniture des services locaux constitue la deuxième grande question au coeur de la réforme. Nous avons déjà amorcé le processus en vue d'ouvrir ce marché à la concurrence. Il nous faut d'abord définir les règles d'entrée en concurrence et d'exploitation, et aussi rapprocher les tarifs des services locaux de leurs coûts pour que la concurrence soit viable.

Comme j'y faisais allusion plus tôt, certaines règles sont nécessaires pour assurer une transition harmonieuse vers un environnement plus concurrentiel. Ainsi, le Conseil a partagé les bases tarifaires des compagnies entre services locaux et services interurbains - auparavant réunis en une seule source de revenus - et permis certaines augmentations des tarifs locaux pendant la période de transition.

Les règles de la concurrence dans les services locaux seront annoncées au printemps prochain. Comme plusieurs d'entre vous le savent peut-être, nous avons tenu l'été dernier une audience publique sur les modalités d'accès aux marchés locaux, après une série de consultations menées dans tout le pays sur la question de l'abordabilité.

Il y a trois conclusions que je peux vous livrer à ce moment-ci. La première, c'est qu'il deviendra plus difficile pour les entreprises de se positionner dans un créneau spécifique. Les consommateurs recherchent déjà des « guichets uniques », et les intégrateurs de réseaux sont appelés à jouer un rôle de plus en plus important.

La deuxième conclusion tirée des audiences, c'est que si l'abordabilité ne constitue pas un problème aujourd'hui, elle pourrait bien le devenir plus tard, à la suite du rééquilibrage actuel des tarifs, qui s'accompagne inévitablement d'une hausse du prix du service local. Si cela devait arriver, nous sommes disposés à fournir une aide ciblée aux abonnés qui en auraient besoin pour accéder au service de base.

Enfin, je peux vous dire que notre décision sur la concurrence locale matérialisera notre engagement à mettre en place certaines règles fondamentales devant mener tout droit à la convergence. Car la concurrence en télécommunications et en radiodiffusion contribuera effectivement à la mise en place d'un réseau de réseaux, d'une infrastructure qui pourra combler les nouveaux besoins de communication des Canadiens.

Notre intention en ouvrant le marché local à la concurrence, c'est précisément d'inciter les entreprises à combler les nouveaux besoins des consommateurs. Et ce faisant, les entreprises créeront de l'emploi, investiront dans la recherche et le développement, pour ainsi contribuer à la croissance économique et au progrès social dans tout le pays.

Voilà donc ce qu'il en est du marché domestique. Il nous faudra aussi tenir compte des nouvelles règles du jeu au chapitre des services internationaux. Comme vous le savez, l'Organisation mondiale du commerce (l'OMC) cherche actuellement à obtenir un consensus à Genève en vue d'élargir l'accès au marché des services internationaux pour y accroître la concurrence. Notre proximité avec les États-Unis rend notre position très vulnérable à tout déplacement important du trafic téléphonique canadien vers le Sud. Et cela pose un défi de taille aux décideurs canadiens.

Malgré cela le Canada a fait preuve d'ouverture et a déposé cette semaine à Genève une série de propositions visant à élargir l'offre sur les télécommunications. Ceci en indiquant clairement son intention de mettre fin au monopole de Téléglobe Canada sur les appels outre-mer d'ici au 1er octobre 1998.

Le marché des télécommunications d'aujourd'hui est très actif. En plus des trois ou quatre grands concurrents de l'interurbain, plus de 400 revendeurs se sont déjà inscrits auprès du Conseil. Il ne se passe pas une semaine sans que de nouveaux services, ou de nouveaux barêmes de prix, soient offerts aux consommateurs, aussi bien par les grandes entreprises que par les plus petites.

À l'heure actuelle, près de 80 % des abonnés du téléphone profitent des différents rabais que leur proposent les fournisseurs de services interurbains. Grâce aux 15 cents la minute pour les appels du mardi soir, par exemple, ou aux rabais des plans genre SuperMax, on estime que les consommateurs font des économies de l'ordre de 20 % à 30 % sur leurs factures d'interurbain.

Certes, nous avons connu une période plutôt chaotique, mais les nouveaux joueurs prennent maintenant position dans un marché en voie de stabilisation. L'industrie a pris de l'expansion et, de fait, la plupart des compagnies de téléphone ont enregistré une hausse de leurs recettes provenant de l'interurbain, malgré les pertes de marché qu'elles ont subies. Selon la quantité de minutes d'appels acheminés, les compagnies membres de Stentor auraient cédé aux nouveaux venus environ 16 % du marché interurbain entre 1994 et 1996.

Compte tenu de cette nouvelle maturité, nous estimons que le moment est propice pour envisager une déréglementation complète du marché interurbain. Cela n'est pas encore chose faite, mais nous consultons présentement les intervenants et une décision à cet égard sera probablement rendue publique au printemps.

On peut dire qu'en matière de convergence, l'industrie, le gouvernement et le CRTC sont sur la même longueur d'ondes. Nous sommes tous d'accord sur les objectifs à atteindre. L'énoncé de politique que le gouvernement a déjà rendu public se fonde sur le principe que l'innovation technologique est l'une des forces motrices du développement économique et de la création d'emplois.

D'ailleurs, les positions de l'industrie ont continué d'évoluer en ce qui concerne le nouveau marché multimédia. L'industrie de la câblodistribution comme celle du téléphone ont apporté des changements fondamentaux à leur façon d'aborder ce marché, inspirés surtout par la technologie et les besoins des consommateurs.

Les compagnies de téléphone sont en train de modifier leurs stratégies d'investissement dans les installations locales à large bande et ce, en raison de l'évolution rapide des méthodes d'exploitation des installations de cuivre. Il est en effet possible de réaliser d'énormes économies dans ce secteur. De leur côté, les câblodistributeurs sont en voie d'implanter des mécanismes d'accès haute vitesse à l'Internet, tout en poursuivant leur stratégie pour oeuvrer dans le marché des services téléphoniques de base.

La réglementation des câblodistributeurs et des compagnies de téléphone nous promet des défis uniques, ne serait-ce qu'en raison des technologies et des infrastructures qui leur sont propres. En outre, la présence de nouveaux joueurs dans des territoires qui leur étaient jusqu'ici interdits, pourrait influencer et modifier sensiblement les services et les contenus offerts aux consommateurs.

Les règles du jeu devront également tenir compte des nouvelles technologies de distribution. Et qu'il s'agisse des satellites de radiodiffusion directe, ou des technologies sans fil comme les SDM (systèmes de distribution multipoints) et les SCML (systèmes de communications multipoints locaux), ces nouvelles technologies remettent forcément en question notre conception traditionnelle de la livraison et de l'emballage des services.

Le Conseil se doit donc de s'adapter à l'évolution des industries qu'il réglemente - ou qu'il exempte de sa réglementation. C'est là notre premier défi, notre première responsabilité.

Si nous nous dirigeons manifestement vers un environnement « déréglementé », le Conseil ne risque pas de perdre son rôle d'« arbitre » à courte échéance.

En effet, nombreux sont ceux qui nous disent que même dans un marché largement déréglementé, quelqu'un devra s'assurer que les règles du jeu sont équitables, afin de permettre au plus grand nombre de se lancer dans la course à la concurrence et d'avoir une juste chance de réussir.

Prenons le cas des compagnies comme Bell, qui font partie du groupe Stentor. Pour nous, ce sont des géants, mais notre perspective change quelque peu quand on les compare à certaines compagnies de téléphone ailleurs dans le monde. Voilà pourquoi il est nécessaire de mettre en place des règles équitables qui permettent aux compagnies canadiennes de prendre leur essor et de se livrer une concurrence durable ici même. C'est à cette seule condition qu'elles pourront affronter la concurrence internationale et réussir à pénétrer d'autres marchés à l'étranger.

Je crois que la loi de la concurrence s'appliquera de plus en plus, au fur et à mesure que nous nous abstiendrons de réglementer d'autres services. Mais je crois également en la nécessité d'un arbitre expert, pour quelque temps encore, afin de garantir que la concurrence soit durable. Afin d'assurer aussi que les intérêts du consommateur, et de tous les citoyens, soient pleinement protégés.

Il est probable que l'on verra la concurrence se développer lentement, et peut-être même jamais, dans les régions peu peuplées de nos vastes étendues et de notre grand nord, au Québec comme dans le reste du Canada. Une surveillance, voire une intervention réglementaire sera sans doute nécessaire pour y assurer des services de qualité, à prix abordables.

En conclusion, nous sommes tous engagés sur le chemin de la concurrence et de la convergence dans le domaine des communications. Par ses politiques et ses décisions, le Conseil a, en quelque sorte, éclairé la voie à suivre. Tout en nous adaptant aux nouvelles circonstances, notre rôle maintenant consiste à faire en sorte que la concurrence soit viable, et qu'elle alimente la convergence au profit de tous les Canadiens, tant sur le plan économique, social que culturel. C'est en partenariat avec tous les intéressés que nous nous acquitterons de cette tâche, confiants que le succès de nos efforts conjoints contribuera au bien-être de nombreuses générations après nous. Nous croyons, comme M. John McLennan l'indiquait hier midi devant un auditoire de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, que « Les communications, c'est une passion pour les Canadiens. Nous y excellons et nous sommes reconnus internationalement pour ces compétences et cette excellence. » Cela nous permettra ainsi comme pays de relever les défis de la mondialisation des marchés.

Merci de votre attention.

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Renseignements : Affaires publiques du CRTC, Ottawa (Ontario) K1A 0N2 Tél. : (819) 997-0313, ATS : (819) 994-0423, Fax : (819) 994-0218

Mise à jour : 1997-02-06

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