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LE SAVOIR ET LES NOUVEAUX MÉDIAS

Notes en vue d'une allocution

par Françoise Bertrand
Présidente, Conseil de la radiodiffusion
et des télécommunications canadiennes

à l'Université du Québec à Montréal

Montréal (Québec)
Le 23 octobre 1997

(PRIORITÉ À L'ALLOCUTION)


Il m'est très agréable, vous le comprenez bien, de me retrouver à l'UQAM, cet établissement où j'ai connu des années dynamiques auprès de collègues à la fois généreux, rigoureux et vigoureux. Je salue en particulier madame la rectrice ainsi que tous mes amis et remercie l'Équipe de recherche sur l'organisation de la fonction enseignement à l'Université (EROFEU) de l'invitation qu'elle m'a faite.

Comment n'aborderais-je pas un colloque qui traite du cadre organisationnel du premier cycle sans me souvenir de l'époque où mes tâches à l'UQAM portaient précisément sur la gestion et l'organisation? Comment ne serais-je pas intéressée par des assises où l'on réagit à l'évolution rapide qu'est en train de connaître l'organisation universitaire?

La société évolue vraiment très vite, bousculée en cela par la technologie. Comme vous le savez, mes activités professionnelles m'ont amenée à réfléchir souvent à ces questions. Le CRTC d'aujourd'hui évolue dans un univers qui ne ressemble en rien à celui de ses premières années. Les instruments de communication se développent dans toutes les directions, de sorte que les décisions qui étaient valables encore récemment, sont désormais dépassées.

Je me suis habituée à vivre dans les changements successifs et à recevoir ces changements comme autant de défis. Je vous remercie donc de me donner l'occasion de partager avec vous cette préoccupation pour le changement.

Rappelons tout d'abord que l'UQAM a été, dès l'origine, et s'affirme toujours un lieu privilégié pour les idées novatrices. Après un peu plus d'un quart de siècle d'existence, elle est toujours une « jeune » université et, surtout, elle maintient dans sa culture l'attitude d'ouverture qui a marqué ses premiers jours.

Pourtant, elle a déjà quelques cheveux blancs. Il me semble parfois qu'elle se « traditionalise », alors que « ce n'est surtout pas le moment ». En effet, comme un appel lancé, non seulement aux universités, mais à tous les volets – politique, économique, culturel – de la société, quelque chose de nouveau est en train de fermenter.

La conjoncture sociale et technologique change radicalement. Je vais tenter d'en montrer les conséquences pour l'UQAM, plus précisément pour le premier cycle. Une meilleure connaissance de cette conjoncture peut constituer le point de départ vers « un premier cycle plus efficient et dynamique », comme nous y invite ce colloque. Tel sera donc mon propos, ce soir : les répercussions sur l'UQAM du nouvel environnement social et technologique.

1. L'UQAM D'HIER ET D'AUJOURD'HUI

Avant d'imaginer l'UQAM de demain, considérons brièvement l'UQAM d'hier et d'aujourd'hui. Peut-être découvrirons-nous que le coup de barre à donner est réellement majeur. Retrouvons donc l'UQAM des débuts, en 1969, et surtout, n'oublions pas les conditions de sa fondation.

Deux objectifs : accessibilité et qualité

Les gens qui ont conçu l'Université du Québec avaient sous les yeux le tableau de la démographie galopante de l'époque. Leur modèle s'est donc fondé sur deux objectifs dont ses constituantes, en particulier l'UQAM, ne se sont jamais départies par la suite: l'accessibilité et la qualité. Il ne fallait pas que le manque d'argent ferme à quiconque la porte aux études supérieures. Accueillante pour le plus grand nombre, l'Université aurait donc un visage démocratique.

La recherche de l'accessibilité à tout prix a pu donner lieu à une certaine dérive, ne nous le cachons pas. Il est arrivé que l'on confonde « accessibilité pour tous ceux qui ont des aptitudes » et « accessibilité pour n'importe qui », de sorte que l'UQAM s'est trouvée étouffée par son côté soixante-huitard qui lui colle parfois encore à la peau. Un redressement s'imposait. Ce fut l'oeuvre des années 80 et 90.

Le réalignement fut favorisé par le fait de regrouper, dans un campus de type traditionnel, la majorité des étudiants de l'Université jusqu'alors semés aux quatre coins du centre-ville. De là naît l'objectif de « qualité »: l'UQAM voulait désormais occuper une place parmi les universités « respectables ».

À l'époque, l'UQAM cherche désespérément une idée maîtresse pour se repositionner sur l'échiquier universitaire. Le nouveau millénaire qui approche ne lui fournira guère qu'un slogan Le campus de l'an 2000. Aux divers responsables de remplir maintenant cette idée coquille.

Et durant dix ans, ils n'y manqueront pas. Depuis le colloque Pour un ressourcement dynamique d'octobre 1988, les déclarations, rencontres et réflexions se sont multipliées, année après année. Qu'ont-elles révélé ?

Le constat de 1995 a été le plus explicite : taux élevé d'abandon chez les étudiants, tendance vers le retour au « temps complet », faiblesses d'encadrement, distance par rapport aux attentes des adultes, carences dans l'organisation modulaire. À chacun de ces « constats » l'on n'a pas manqué d'opposer des solutions circonstanciées dont la mise en oeuvre est en train de donner des fruits.

Les années qui viennent : quels objectifs ?

Mais il semble que les solutions n'arrivent pas à suivre une modification sociale qui s'accélère. Pourtant, les deux notions fondamentales d'accessibilité et de qualité sont toujours d'actualité. Tel est l'intérêt de l'approche choisie par l'Équipe de recherche sur l'organisation de la fonction enseignement à l'Université, qui a conduit au présent colloque. On y parle de « nouvelles balises », d'« Université du troisième type », de « mutations de la société ». Ces préoccupations font d'ailleurs l'objet des discussions dans le cadre de la réforme actuelle.

Je ne reprendrai pas l'analyse des chercheurs. Tout au moins placerai-je mes observations dans ce cadre-là, celui d'une reconsidération de la fonction universitaire dans la société contemporaine. J'ai trouvé mon filon dans le plus récent rapport de l'équipe de recherche, celui publié en mars 1997. On y fait notamment état des forces qui agissent sur l'enseignement de premier cycle.

Or, la présentation de ces forces prend la forme d'un croquis. Dans un coin de ce croquis, tout discrètement, un petit nuage intitulé : « L'environnement nouveau ». C'est simplement de ce petit nuage que je vais maintenant vous entretenir. Je le ferai selon deux dimensions : l'environnement social et l'environnement technologique. À partir de quoi, je tirerai quelques pistes d'orientation possibles. Vous reconnaîtrez là certainement la sociologue, l'environnementaliste et la passionnée des communications !

2. L'ENVIRONNEMENT SOCIAL

Quand on réfléchit à l'environnement universitaire, au plan social, on adopte généralement une perspective québécoise ou canadienne : l'avant et l'après Révolution tranquille. Voyons ce que ça donnerait si on choisissait plutôt une vision planétaire.

S'infiltrant partout, le virage social entrepris par l'Occident au cours du dernier quart de siècle a certainement influencé l'évolution de l'UQAM, jusqu'à ce jour. Il n'y a pas de raison pour qu'il n'en soit pas encore ainsi dans l'avenir. Ce qui est heureux, d'ailleurs, car l'Université ne continuera de croître que si elle est sensible aux nouvelles valeurs en émergence.

L'environnement d'hier

Retournons donc, un moment, à l'époque qui a vu naître l'UQAM. Quels mots viennent spontanément à notre esprit quand on repense à ces années-là ? L'explosion du « baby boom », le combat de Martin Luther King, Mai `68, la révolution sexuelle, Woodstock, Marcuse, l'Homme sur la lune. Autrement dit, l'expansion, la prospérité, la société des loisirs, le droit au bonheur.

Malgré le conflit du Vietnam, cette génération n'a pas véritablement vécue dans l'appréhension de la guerre. En revanche, il s'agit d'une génération qui a vu la suprématie de l'écrit étouffée peu à peu par celle de l'image, au premier chef l'image télévisée. Depuis le lancement du livre-culte de Marshall MacLuhan, La Galaxie Gutemberg, en 1962, elle se risque même à contester la place du livre comme lieu de passage obligé de la culture, lui préférant la religion du Village global, clé d'une meilleure connaissance de l'autre et, en conséquence, de l'amour universel.

On peut lire les dix premières années de l'UQAM à travers ce prisme. Peu à peu pourtant, les baby boomers devront se confronter à la réalité du quotidien. Au triomphalisme débordant succédera une ère moins flamboyante, comme s'il fallait se donner du temps pour digérer l'innovation. Cette tendance se reflétera aussi à l'UQAM où l'on fera désormais la promotion de la « qualité ».

L'environnement d'aujourd'hui

Quand les étudiants d'aujourd'hui cherchent les nouveaux grands acteurs sociaux, qui trouvent-ils ? Quelle cause planétaire sont-ils invités à épouser ?

Ils me paraissent coincés entre deux idéologies dominantes : d'un côté le darwinisme économique triomphant qui commande même aux États, de l'autre les appels de plus en plus sonores à défendre une planète menacée. Un troisième courant se profile pourtant depuis les dernières années et prend de plus en plus d'ampleur: la recherche d'identité de valeurs morales et spirituelles partagé par un nombre toujours croissant d'individus. Tel est, à mon avis, le nouvel environnement social, celui qui, affectant la planète entière, atteint jusqu'aux étudiants de nos universités.

3. L'ENVIRONNEMENT TECHNOLOGIQUE

Voilà brièvement pour l'environnement social d'hier et d'aujourd'hui. Voyons maintenant ce qu'il en est de l'environnement technologique. La technologie joue un rôle multiforme dans l'évolution sociale. Pour illustrer mon propos, je m'en tiendrai donc à ce que je connais bien et qui anime tous les jours les travaux du CRTC, à savoir les profondes mutations qui marquent le monde des communications.

Un monde des communications en pleine mutation

Vous le savez, nous vivons aujourd'hui dans un univers où les domaines des télécommunications et de la radiodiffusion sont de plus en plus convergents, pour ce qui est de la technologie et des différents besoins des consommateurs. L'évolution soutenue des technologies et des services novateurs pourrait modifier les activités économiques du pays, passant d'une économie postindustrielle à une authentique économie fondée sur l'information et les connaissances. Cette évolution devrait produire de profonds changements sur les activités commerciales, l'éducation, la culture, nos foyers et dans notre vie en général.

De l'avis du Conseil, la concurrence est le pilier de l'inforoute qui nous permettra d'offrir des services améliorés et un choix plus vaste. Qu'il s'agisse des contenus ou des moyens de distribution, il faut bien comprendre qu'il ne s'agit pas d'introduire la concurrence uniquement pour le plaisir de la concurrence! Il s'agit d'abord et avant tout de nous permettre à tous, comme citoyens, de bénéficier d'un plus large éventail de services qui répondent réellement à nos besoins et ce, à des coûts raisonnables.

La concurrence dans l'interurbain

Comme dans tout, cette transformation ne peut s'accomplir du jour au lendemain et il reste encore beaucoup à faire pour atteindre ces objectifs. Au chapitre des télécommunications par exemple, il faut remonter à 1992, lorsque le Conseil a choisi d'ouvrir entièrement le marché de l'interurbain à la concurrence. Cette réforme ne s'est pas faite sans heurts. Aujourd'hui cependant, nous pouvons en mesurer les bénéfices: on estime en effet que les consommateurs font des économies de l'ordre de 20 à 30 % sur leurs factures d'appels de longue distance.

La concurrence en téléphonie locale

Sur le marché de la téléphonie locale, le Conseil entreprenait en 1994 une réforme majeure au niveau de sa réglementation. Avec l'avènement de la concurrence dans l'interurbain, il allait de soi que le cadre de réglementation, conçu au départ pour un monopole, devait nécessairement être repensé. Cette réforme a abouti aux décisions du 1er mai dernier qui visent essentiellement à créer les conditions favorables à un marché des télécommunications parfaitement concurrentiel au Canada. Sans vouloir entrer dans les détails, il est clair cependant que l'enjeu se situe bien au-delà de la téléphonie locale et vise avant tout à mettre en place un environnement communicationnel, celui de l'autoroute de l'information.

La concurrence en distribution

Dans le domaine de la distribution des services de radiodiffusion, le Conseil a adopté une approche similaire. Les câblodistributeurs se verront à leur tour concurrencer par des entreprises utilisant d'autres types de technologies incluant les réseaux téléphoniques, ce qui devrait entraîner une amélioration du service, la venue de nouveaux produits et des prix plus compétitifs.

L'éclatement en radiodiffusion

Nous entrons donc dans l'ère des super-transporteurs et le défi qui se pose désormais pour l'ensemble de l'industrie, que ce soit en télécommunications ou en radiodiffusion, est comment rejoindre et retenir le consommateur.

Nous savons déjà que la technologie numérique et la compression vidéo modifieront inévitablement l'univers de la radiodiffusion. Que faire pour s'adapter à cette évolution ? Nous croyons que le temps est venu de revoir entièrement le paysage de la radiodiffusion, tout comme nous l'avons fait en télécommunications. Là encore, il ne s'agit pas de changer pour changer, mais de s'assurer que les moyens dont nous nous sommes dotés pour atteindre les objectifs de la Loi sur la radiodiffusion sont toujours adéquats en 1997. Dans cette perspective, nous entamerons un processus qui s'échelonnera tout au long des trois prochaines années pour réviser l'environnement télévisuel et radiophonique.

Quant aux nouveaux médias, il va de soi que nous devons nous pencher sur le phénomène Internet. Conçu à l'origine comme un réseau de communications d'urgence dans l'éventualité d'une attaque nucléaire, Internet compte 40 millions d'utilisateurs à l'échelle de la planète.

On sait que la convergence existe déjà sur Internet et sur les services en-ligne qui donneront de plus en plus accès aux services de programmation de radio, de télévision, de musique et de films sur demande. Les services de vidéo sur demande devraient éventuellement nous permettre, comme téléspectateurs, de choisir nos émissions préférées au jour et à l'heure de notre choix. Comment dans cet univers, assurerons-nous la présence de nos produits ? Comment les consommateurs auront-ils accès à des prix abordables, à tous ces nouveaux services ? Une chose est certaine, nous quittons l'ère du « pull » pour entrer dans le monde du « push ».

En fait, la liste des questions est longue mais les réponses ne pourront venir que par un travail de collaboration avec toutes les parties intéressées pour touver des pistes d'action qui serviront l'intérêt des consommateurs.

4. TECHNOLOGIE ET ENSEIGNEMENT

Ce survol étant établi, voyons maintenant quels seront les impacts de ce nouvel environnement sur le monde universitaire. Il est certain que l'autoroute de l'information transforme notre mode de vie, on l'a vu plus tôt. Dans le domaine de l'éducation, on parle depuis longtemps de formation à distance. Et bien que l'UQAM ait déjà développé un cours d'égyptologie, offert sur Internet en liaison avec le réseau FM de Radio-Canada, nous devons admettre que ce genre de projet est loin d'être monnaie courante !

Ce type de formation est-il souhaitable à une grande échelle ? Est-ce la meilleure façon de régler le problème technologique du lien à établir entre l'offre de service et la clientèle visée ? Ce type d'enseignement « en-ligne » relativement peu onéreux si on le compare au coût des installations matérielles, mais privé d'un échange face à face entre professeur et étudiants, est-il efficace au point de pouvoir être considéré comme « généralisable » ?

Quand on aborde de telles perspectives, on a souvent peine à séparer le futur raisonnable de la science-fiction. Les diverses initiatives se télescopent. Ainsi, David Foot propose-t-il en exemple, dans son essai « Entre le boom et l'écho », des réalisations aussi disparates que le programme de Maîtrise en éducation permanente de l'Université de Calgary et les cours intensifs pour cadres d'entreprises offerts in situ par l'Université York. Ce qu'on appelle « formation à distance » va donc dans toutes les directions: c'est le propre des idées nouvelles.

Essayons de mettre de l'ordre dans nos réflexions. Pour ce faire, introduisons un nouveau concept, celui de « formation sans distance ».

Accès instantané aux ressources intellectuelles éloignées

L'enseignement sans distance, c'est d'abord cette conquête technologique que constitue l'accès instantané aux ressources intellectuelles éloignées. À cet égard, BADADUQ aura été un précurseur. Grâce aux réseaux informatiques, l'on atteint désormais, en temps réel et sans avoir à se déplacer, les rayons de n'importe quelle bibliothèque importante.

Qu'on pense, en particulier, à l'astucieuse bibliothèque virtuelle de l'Université Stanford, simple comptoir qui renvoie à une multitude de bibliothèques publiques et privées réparties sur le continent. Quand on dit : Université sans distance, on met donc de l'avant le fait que tout établissement de haut calibre est devenu la porte à côté.

Aujourd'hui, vous accédez donc, sans attendre le facteur, au texte complet des principaux documents publics. Demain – déjà aujourd'hui à titre expérimental –, les ouvrages au complet seront à votre disposition. Vous pouvez aussi utiliser la version virtuelle d'équipements autrement inaccessibles, comme les simulateurs de vol, et des médecins opèrent par robots interposés.

Dans ce cas de figure, ce n'est plus l'université qui va vers l'étudiant éloigné; c'est l'étudiant qui, de son université, va vers les autres centres de savoir. Mais pourquoi ne pas pousser la logique plus loin ? Pourquoi l'étudiant doit-il quand même se rendre en classe, alors qu'il pourrait avoir accès, de son domicile, à la fois à son université, pour l'enseignement, et aux autres ressources, pour la documentation ? C'est dire que formation à distance et formation sans distance pourraient aller de pair. La Téléuniversité l'a compris et oriente déjà ses nouveaux programmes dans cette direction.

Le besoin d'identité culturelle

Mais cette forme d'apprentissage peut receler certaines carences et souffrir du manque de l'influence d'un professeur et de l'émulation qui se crée entre collègues. Plus encore, il peut s'avérer très difficile pour l'étudiant de se donner une véritable identité culturelle, un sentiment d'appartenance. Quand il compte trop sur l'écran et pas assez sur la confrontation en salle de cours, l'étudiant n'arrive pas à se sentir associé à un milieu de vie. Personne ne l'amène à remettre ses valeurs en question. Il choisit donc ce qui l'intéresse dans un contenu académique, sans être stimulé à se transformer au contact des autres.

Les établissements d'enseignement à distance ont conçu une façon de contourner pareil obstacle : ils font appel à « la personne humaine », sous forme de tuteur. L'enseignement sans distance arrivera peut-être à le régler pour de bon par le biais des « chat lines ». Mais revenons à l'UQAM.

5. CONSÉQUENCES POUR L'UQAM

Nous avons vu jusqu'ici que l'UQAM est née dans un contexte social et un environnement technologique particuliers qui ont marqué sa physionomie. Le multimédia existe bel et bien. Qu'est-ce que cela signifie pour le cadre organisationnel futur du premier cycle ?

Un nouveau type de concurrence

Cela signifie d'abord une accessibilité élargie; ce qui ne peut manquer de plaire à une université fondée précisément sous ce signe. Cela signifie aussi une exigence accrue au plan de la qualité, leitmotiv de l'UQAM depuis 1980. Donc, sur ces deux points, cela signifie la continuité.

Mais une continuité sur un autre registre. La concurrence interuniversitaire vient de changer de terrain de jeu. C'est avec les universités du monde entier que l'UQAM sera appelée à se confronter, dès que se généraliseront – et les choses vont vite – les initiatives d'enseignement par satellite ou par Internet. Prenons, à titre d'exemple seulement, les ressources du Alison Cameron Centre for Higher Education and Professional Development, qui couvrent la planète à partir de l'Université Macquarie, en Australie.

Concurrence non seulement avec les autres universités, d'ailleurs, mais également avec les divers établissements virtuels, sans campus, qu'on est en train de mettre sur pied, ici et là. Deux exemples : McGrawHill et IBM. Dans ce dernier cas, les tentacules s'étendent déjà dans douze pays, dont le nôtre. L'on y professe une formation sur mesure, à la carte, faisant appel, cas par cas, au corps enseignant et à l'établissement les plus compétents selon la discipline envisagée, le tout centré sur les besoins des étudiants avec accès à une vaste panoplie d'aides technologiques.

Même une entreprise de câblodistribution peut aujourd'hui se donner une mission universitaire. Jones Cable, l'une des plus grandes organisations du genre aux États-Unis, l'a fait avec son établissement virtuel : « The Mind Extension University ». Sous le nom de Knowledge Institute on y propose un vaste choix de programmes d'enseignement sous divers médias.

Ces nouveaux héritiers de l'Open University ont ceci de particulier qu'ils offrent des programmes hautement ciblés et qu'ils peuvent se permettre de faire appel aux meilleurs spécialistes sans qu'il leur en coûte trop, vu qu'ils les embauchent à la leçon. Vous connaissez peut-être la formule lancée par l'Université Northern British Columbia, d'un institut virtuel connue sous le nom de « The Ideas of a University ». On y met en exergue ces mots de Robert Pirsig, que je traduirai ainsi :

          « La véritable université n'a pas de localisation spécifique. Elle ne possède pas de propriétés, ne paie pas de salaires, ne reçoit pas de frais de scolarité. La véritable université est un état d'esprit. »

           

Une telle concurrence est devenue possible du fait que la société s'est mondialisée et que la nouvelle économie a mis de l'avant des exigences élevées de qualité, comme en font foi la norme ISO. À cette tendance s'ajoutent deux faits plus immédiats : d'une part, les disciplines qui montent ne sont pas protégées par un ordre professionnel et un diplôme exclusif; d'autre part, pour les employeurs la formation ciblée assurée par les nouveaux consortiums a souvent plus d'utilité, donc plus de valeur, que ceux offertes par les universités.

Vers l' « interconnection »

L'UQAM peut bien décider de demeurer une université plus traditionnelle. L'évolution vers un nouveau type de présentation de la connaissance en est encore à ses débuts. Nul ne peut prédire les détours qui l'attendent. Le professeur classique n'est pas sur le point de disparaître. Heureusement, d'ailleurs !

Mais si nous sommes sensibles à ce fait de société, il nous faut, dès aujourd'hui, nous faire à l'idée que toute réorientation que nous serions prêts à assumer ne se fera qu'à travers des partenariats. Partenariats intellectuels, d'abord, pour mettre en commun les personnalités les plus compétentes; partenariats technologiques, ensuite, sous forme d'interconnectivité entre les diverses champs d'intervention de la communication.

Le centre du savoir qui voudra offrir un curriculum adapté à une clientèle élargie devra s'appuyer sur les meilleures autorités en la matière. Il devra donc s'allier à une autre université ou trouver le moyen d'accepter chez lui, pour un temps, telle ou telle sommité. Le Québec offre déjà plusieurs secteurs de compétence complémentaire dont les universités peuvent tirer parti. Pensons, par exemple, à l'Institut national de l'image et du son, à CESAM, ICARI et à tant d'autres. Il ne reste qu'à établir des alliances, à tisser des réseaux.

Mais ce centre du savoir aura aussi besoin d'un soutien extérieur pour la mise en forme de l'enseignement : par exemple, un organisme spécialisé en formation à distance, un autre pour commander des moyens de production évolués, un autre encore pour les techniques nouvelles de mise en marché. C'est ainsi que naîtront des consortiums interdisciplinaires, permanents ou temporaires, qui viendront s'insérer dans les universités traditionnelles comme lieux d'enseignement supérieur, tant au plan du rayonnement qu'à celui de la qualité.

Ce, pour plusieurs raisons, dont une, capitale: les dimensions du champ de communication qu'on peut exploiter pour des fins d'enseignement sont désormais si considérables – universelles, pour être précis – qu'un seul organisme ne saurait en contrôler toutes les facettes. L'avènement de ces nouvelles structures est, à mon avis, inévitable, puisque les attentes de la génération montante se conjuguent aux exigences actuelles d'économie. Les étudiants d'aujourd'hui sont bien différents de ce que nous étions, étant habitués à accéder presque instantanément à de multiples sources du savoir.

Les universités devront inévitablement s'adapter à ces nouveaux besoins et à ces nouvelles façons de faire. Mais qui dit partenariat dit aussi partage des responsabilités.

Le modèle en gestation

On peut donc entrevoir pour l'avenir, de nouvelles formes de diffusion du savoir qui emprunteront des voies aussi diversifiées que le satellite, la fibre optique ou l'Internet. On verra davantage l'émergence de contenus faits sur mesure pour répondre à des besoins et à des demandes très ciblés de la part d'un public réparti à l'échelle planétaire. Vaste auditoire, donc, mais formation pointue et de haute qualité.

L'université que nous connaissons n'est pas sur le point de disparaître : c'est évident. Mais une structure parallèle, complémentaire, est déjà établie. C'est donc d'un repositionnement du campus universitaire dont nous parlons.

Mais c'est d'abord et avant tout une question de choix. Ajouter ces nouvelles voies à l'enseignement traditionnel exige davantage un changement de mentalité, un virage réel du milieu universitaire. Il faudra non seulement repenser les structures, mais utiliser davantage les ressources technologiques déjà disponibles au service de l'accessibilité et de la qualité du savoir. Cela demandera une réflexion approfondie et cela ne pourra se faire sans parler de la tâche professorale. Ainsi, l'université devra sortir de ses murs et faire preuve d'imagination pour mieux rejoindre ses clientèles.

CONCLUSION

Notre environnement évoluant, la vie universitaire tend elle aussi vers de nouvelles configurations. Au CRTC, nous avons choisi de nous adapter à ce nouvel environnement en pleine mutation. N'ayant pas le monopole des bonnes idées, nous avons opté pour un dialogue ouvert avec toutes les parties intéressées, de sorte que les meilleures têtes soient mises à contribution. En fait, nous sommes convaincus que seuls le dialogue et la collaboration permettront d'enrichir non seulement nos décisions, mais de trouver ensemble, collectivement, de meilleures façons d'améliorer le système canadien des communications et ainsi, mieux desservir l'ensemble des citoyens.

À sa manière, l'UQAM trouveras bien une voie d'avenir qui vous ressemblera pour enrichir les programmes, les disciplines tout en stimulant les clientèles. En changeant les façons de faire, en utilisant différemment les ressources et en prenant parti des opportunités qu'offre les nouvelles technologies, il est encore possible d'assurer l'accessibilité et la qualité de l'enseignement, a fortiori au niveau du premier cycle. J'ai la ferme conviction que vous avez, à l'UQAM, l'expertise et la capacité pour vous ouvrir à de nouvelles façons de faire et vous tailler une place concurrentielle qui assure votre développement futur. Comme vous le savez, il suffit parfois d'oser...

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Renseignements : Direction des communications du CRTC, Ottawa (Ontario) K1A 0N2
Tél. : (819) 997-5427, ATS : (819) 994-0423, Fax : (819) 994-0218

Ce document est disponible, sur demande, en média substitut.

Mise à jour : 1997-10-23

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