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Discours Notes du discourspar Françoise Bertrand Présidente Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes au Réseau des femmes exécutives Rideau Club (Ottawa) (PRIORITÉ À L'ALLOCUTION) Bonjour. Je suis ravie dêtre ici ce matin. Je sais que le Réseau des femmes exécutives (http://www.wxnetwork.com/) sest développé très rapidement. Lan dernier, 3 000 femmes cadres ont tenu des petits déjeuners informels avec des femmes oeuvrant dans le domaine des affaires, des médias, de la politique et du secteur des organismes sans but lucratif. Je suis honorée de faire partie de ce réseau. Je tiens aussi à féliciter le WXN pour son nouveau projet innovateur de mentorat électronique, lE-Mentoring. Ce genre dinitiative mérite d'être souligné et soutenu par toutes. Nous avons eu plusieurs occasions de célébrer ces dernières années. En effet, les femmes réussissent de plus en plus à occuper des postes importants dans notre société : que ce soit à titre de gouverneure générale, de juge en chef à la Cour suprême du Canada, sans compter le nombre impressionnant de femmes députés et ministres. Il y a quelques semaines, à loccasion du souper annuel de lAssociation des femmes en communications, ma collègue Andrée Wylie, vice-présidente, Radiodiffusion, a décerné le prix de lemployeur de lannée à Madame Carol Stephenson, PDG de Lucent Technologies Canada. Dans son discours, elle a précisé que la lauréate faisait partie dune structure hiérarchique composée uniquement de femmes. Les deux postes en aval et en amont delle dans la hiérarchie sont occupés par des femmes. Ce phénomène est complètement nouveau et il y a de quoi se réjouir! Celles dentre vous qui ont assisté au souper de lAFC ont pu constater lampleur qua pris lévénement et le grand nombre de cadres du secteur des médias qui étaient présents. De toute évidence, la situation saméliore. Nous devons toutefois demeurer vigilantes, remettre en question nos attitudes et nos attentes et toujours tendre à faire mieux pour les causes des femmes. Je prends donc l'occasion ce matin pour vous parler de lenvironnement dans lequel les femmes cadres évoluent actuellement et partager avec vous quelques unes de mes propres observations. Je dois admettre demblée que, personnellement, je nai jamais senti que le fait dêtre une femme avait entravé mon cheminement professionnel. En fait, cest plutôt le contraire qui sest produit, et cela confirme les conclusions de létude de Pollara sur le Réseau des femmes exécutives. Jai eu des mentors merveilleux, surtout des hommes, qui mont appuyée et jai pu progresser en faisant des choix de carrière très peu orthodoxes. Je suis passée du journalisme au monde universitaire, à la radiodiffusion, à la consultation et maintenant à la présidence dun organisme de réglementation! Mes choix ont été dictés non pas par un plan de carrière mûri d'avance, mais par ma curiosité innée pour la vie, les occasions à saisir et le goût du risque. Et je pense avoir réussi à transmettre certaines de ces valeurs à ma fille Julie. Comme beaucoup de femmes ici présentes, jai fait de mon mieux pour être à la fois mère, amie, conseillère et guide. Mais cest à elle que revient 100 % du mérite davoir retenu puis mis en pratique mes « leçons ». À 28 ans, elle parle couramment le français, langlais et lespagnol. Sa jeune carrière de consultante la déjà conduite aux États-Unis, au Mexique et à Hong Kong. Mariée, elle vit maintenant à Toronto et continue de voyager dans différentes parties de lAmérique du Nord au gré de ses affectations. Mais, aussi encourageant que ce succès puisse paraître, le sien tout comme celui de beaucoup de jeunes femmes de son âge, il m'est difficile d'affirmer que son avenir sera sans embûches. Les défis demeurent. Même dans notre groupe, celles qui montent actuellement dans léchelle administrative ne progressent que lentement. Nous devons continuer à promouvoir le leadership des femmes autant dans les secteurs public que privé. Loin de nous imaginer que nous avons tout réglé, nous devons être plus vigilantes que jamais. Dans ma carrière, jai vécu toutes sortes de situations : pour avoir été la seule femme au sein d'une équipe de gestion jusqu'à aujourdhui, au CRTC, où nous sommes une majorité de femmes sept conseillères sur treize et sept femmes cadres sur onze. Chaque situation comporte son lot de particularités et de défis. Finalement, la problématique homme-femme est vraiment une question de diversité et réside dans le droit dêtre nous-mêmes, qui que nous soyons. Souvent, à trop vouloir sentourer dêtres qui nous ressemblent, par la couleur de leur peau, leur sexe, leur âge, leur langue ou leur culture, on risque de faire inconsciemment de la discrimination. Se priver des talents ou ne pas savoir reconnaître la valeur de personnes différentes de soi est, à mon avis, une erreur. Cela pose même un problème, surtout dans des organismes publics qui se doivent non seulement de servir les Canadiens, mais aussi den traduire la diversité ethnique et culturelle. En fait, plus les intérêts dune politique ou dun groupe de prise de décisions sont limités, plus le risque déchec est élevé. Et la règle sapplique autant dans le cas dune banque, dun ministère, dun réseau de télévision que dun organisme de réglementation. Certains titulaires qui comparaissent devant le CRTC ne semblent pas avoir compris le message. Souvent, les équipes sont formées de telle sorte quon a limpression quil s'agit d'un monde entièrement masculin (sauf parfois, une femme silencieuse, assise au dernier rang). Hormis quelques rares exceptions, les femmes sont pratiquement absentes des panels de télécommunications, et quand même plus du côté de la radiodiffusion. De toute évidence, les hommes détiennent encore le pouvoir dans ces secteurs d'activités. Mais heureusement, de nouvelles forces porteuses de changements sintensifient. Les choses sont en train de changer et ce pour des raisons incontournables parce que de nature économique : les femmes représentent un marché désormais incontournable. Elles sont à la fois consommatrices et clientes, elles prennent des décisions, ont de linfluence et constituent une réserve de talents dont on a grand besoin. Les statistiques le prouvent! Des recherches montrent que les femmes ont tendance à fonctionner de façon plus disciplinaire, le temps étant souvent plus précieux pour elles que largent. Elles sont également davantage motivées par des valeurs fondamentales que par leurs intérêts immédiats. Les entreprises qui négligent de cibler les femmes comme clientèle et de les recruter risquent de ne récolter quun pourcentage des profits potentiels et dêtre moins concurrentielles dans le monde de lInternet. Les organismes ont besoin de diversité pour composer avec les réalités complexes de la société et des marchés. Si les entreprises ne peuvent garder des femmes dexpérience à leur emploi ou de les attirer dans des postes stratégiques, elles ont un problème évident. Cela est encore plus vrai dans le secteur public où jai passé une bonne partie de ma vie professionnelle. Au cours de la quinzaine dannées précédant mon arrivée au CRTC, entre le monde universitaire de lUQAM et celui du radiodiffuseur public éducatif et culturel de Radio-Québec, jai toujours centré mes efforts sur la recherche et laccueil des autres. Parce quil mapparaissait essentiel de pouvoir puiser à même un réservoir dinformations amenées par des personnes dont les compétences, les ressources et les expériences sont enrichissantes et ouvrent dautres horizons, autant à soi-même quà lorganisme. Lorsquil sest agi de faire place aux femmes, je nai jamais hésité, mais en étant toujours parfaitement consciente quune entreprise, publique ou privée, nest ni meilleure ni pire si elle accueille plus de femmes. Par contre, en souvrant à la différence, elle est plus fidèle à la réalité et mieux nourrie de sa diversité. Si je regarde mon cheminement personnel, je nai jamais fonctionné à lencontre de mon instinct, fortement grégaire. Je suis une femme déquipe et je naime pas menfermer dans une tour divoire. Et je nai rien changé à cet aspect de moi, au CRTC. Le style qui me convient, cest de travailler avec les gens. Sans compter que travailler sans eux est, à mon avis, une source beaucoup plus grande de problèmes que de solutions. Dans une équipe, les hommes et les femmes qui la composent apprennent à partager sans se sentir menacés. Cet apprentissage nest pas toujours facile ni évident, mais il favorise, au bout du compte, léquilibre et lharmonie. Cette façon de faire, fondée sur des échanges parfois hauts en couleur et des débats souvent très animés, permet darrimer des décisions aux objectifs poursuivis, dont le principal, dans notre cas, est de servir lintérêt public. Fortement axé sur les valeurs, le secteur public attire de nombreuses femmes qui veulent faire la différence. Nous devons donc tout faire pour empêcher lexode des plus talentueuses vers dautres organismes. Le prix à payer est trop élevé : le milieu de travail perd non seulement une importante source de connaissances et dexpérience, mais des modèles et des guides pour les plus jeunes. Là encore, je reviens à mon idée déquilibre dans la diversité, à la nécessité de renforcer notre position en acceptant les autres, quel que soit leur sexe. Cest la nuance que japporterais en faveur de la promotion des femmes dans les postes clés. Mais comprenez-moi bien. Moi aussi je vois encore des femmes piétiner et trop peu dentre elles accéder à des postes clés. Je ne cesserai donc jamais de me faire la porte-parole des femmes pour quelles soient de plus en plus nombreuses à occuper des postes stratégiques et influents, pour quelles deviennent de véritables leaders et assument de véritables responsabilités sur le plan des profits et des pertes. Il est crucial -- et jinsiste -- que les femmes prennent une place prépondérante dans larène du pouvoir. Nous devons négocier cette place avec nos collègues masculins, joindre nos forces pour créer un environnement de travail qui permettra aux hommes et aux femmes datteindre leur plein potentiel. Ensemble nous pouvons faire la différence. Finalement, en tant que femmes, nous nous devons de montrer lexemple en traitant les gens équitablement, sans porter de jugement susceptible de nuire injustement à la crédibilité d'autres femmes. Il est étonnant de constater à quel point nous nous arrêtons peu à ce genre de choses. À titre d'exemple, peut-on encore imaginer, dans le cas où le prochain gouverneur général serait un homme, que l'on consacre nombre darticles de journaux et de temps dantenne consacrés à l'allure de ses complets, de ses chemises et de ses cravates et que lon voudra connaître lopinion de sa femme sur toutes sortes de sujets? Sûrement pas. Pas plus que les journaux ne spéculent sur les relations amoureuses des hommes sous-ministres et juges, ou si ces relations leur ont permis daccéder à tel ou tel poste. Les articles sur les PDG masculins portent rarement sur leur âge, leur relation de couple ou sur leurs enfants. Je ne sais pas si vous avez déjà remarqué qu'en général, les journalistes posent toujours ce genre de questions aux femmes qu'ils interviewent. Au CRTC, les 13 conseillers forment un groupe créatif, ingénieux, capable de sortir des sentiers battus. Nous ne sommes pas toujours du même avis. Mais nous avons le courage de nos convictions et nous avons réussi à élaborer un mode décisionnel équitable qui, en bout de ligne, sert très bien lintérêt public. Je suis toujours rassurée de constater que nous réussissons à trouver des solutions permettant de concilier les intérêts régionaux, ethniques, linguistiques, les différences entre les sexes et beaucoup dautres variables dont nous devons tenir compte pour mieux servir les Canadiens. Nous tous, hommes et femmes, en tant quindividus, avons le droit dêtre nous-mêmes, à savoir la somme multidimensionnelle et complexe de nos expériences, sans devoir nous conformer et nous forcer à entrer dans un moule. Les femmes ont le droit dadopter le modèle qui leur convient dans leur milieu de travail. Lorsque nos filles aspireront à travailler dans nos institutions, croyez-vous qu'elles y verront des possibilités illimitées? Si ce nest pas le cas, leurs pères devront aussi les regarder droit dans les yeux et leur expliquer pourquoi. À mon avis, la seule voie acceptable est et a toujours été douvrir le plus de débouchés possibles aux femmes. À présent, nous devons travailler sans relâche à convaincre ceux et celles qui sont au pouvoir que cest la façon la plus intelligente et la plus stimulante de fonctionner. Merci. - 30 - Source : Denis Carmel, Ottawa (Ontario)
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