Élaboration d'un vaccin contre la pandémie de grippe
L'influenza, ou grippe, est une infection respiratoire causée
par le virus de la grippe. Au Canada, la saison de la grippe s'étend
généralement de novembre à avril, et environ 10 à
25 % des Canadiens contractent la grippe chaque année.
Les vaccins contre la grippe existent depuis les années 40. Le
vaccin est composé de virus inactifs qui ont été
cultivés dans des oeufs de poule fertilisés, et ensuite
purifiés. Les virus de la grippe peuvent changer d'une année
à l'autre, et c'est pourquoi la composition du vaccin doit être
mise à jour chaque année. C'est également pourquoi
le vaccin doit être administré à chaque automne.
Après l'administration du vaccin contre la grippe, le système
immunitaire produit des anticorps pour lutter contre les souches de virus
dans le vaccin. Les anticorps sont efficaces pour une période de
quatre à six mois. Lorsqu'on est exposé au virus de la grippe,
les anticorps aident à prévenir l'infection ou à
réduire la gravité de la maladie. ![Haut de la page](/web/20061210172140im_/http://hc-sc.gc.ca/images/sr-sr/arrow_up.gif)
Virus H5 et H7 et pandémie de grippe
La gravité de la saison de la grippe dépend de deux facteurs
: la vulnérabilité de la population et le type de virus.
Parfois, certaines souches de virus de la grippe causent des épidémies
mondiales, ou pandémies, qui occasionnent des taux élevés
de maladie ou de mortalité. L'histoire montre que les pandémies
se produisent trois ou quatre fois par siècle. Au cours du siècle
dernier, il y a eu trois pandémies de grippe : la grippe espagnole
en 1918-1919, la grippe asiatique en 1957-1958 et la grippe de Hong Kong
en 1968-1969.
On croit que le type de virus de la grippe le plus susceptible de causer
une pandémie dans le futur résultera d'une combinaison génétique
entre un virus de l'influenza humain et un virus de l'influenza aviaire.
Les porcs, qui peuvent contracter les deux types de virus, pourraient
servir de véhicule à cette combinaison génétique.
Les virus H5 et H7 sont deux des virus de l'influenza aviaire les plus
inquiétants. Ces deux virus sont hautement pathogènes, c'est-à-dire
qu'ils peuvent rendre le sujet très malade en très peu de
temps.
Limite de la mise au point traditionnelle de vaccins
Depuis les années 70, les vaccins contre la grippe sont cultivés
dans des oeufs de poule fertilisés. Quoique ce processus crée
des vaccins efficaces et sécuritaires, capables de combattre la
plupart des virus, il est trop lent et dépend trop d'un approvisionnement
continu d'ufs pour être efficace en cas de pandémie.
La méthode traditionnelle de création de vaccins a une
autre limite : les virus H5 et H7 sont tellement pathogènes qu'on
ne peut les cultiver avec succès dans des oeufs de poule, puisqu'ils
les tuent rapidement à leur stade embryonnaire.
Comment peut-on alors se préparer le plus rapidement et le plus
efficacement possible à une future pandémie, en sachant
que le virus sera probablement une souche du virus H5 ou H7?
![Haut de la page](/web/20061210172140im_/http://hc-sc.gc.ca/images/sr-sr/arrow_up.gif) Utilisation de la génétique inverse pour la production
d'un vaccin contre les pandémies de grippe
Récemment, on a découvert qu'une souche du virus H7, nommée
H7N3, circulait en Colombie-Britannique. Deux personnes qui ont eu
des contacts étroits avec des volailles infectées de la
province dans l'exercice de leurs fonctions ont souffert de légères
infections et s'en sont rétablies depuis.
Le Dr Yan Li, chef de la section des virus respiratoires à Santé
Canada, dirige une équipe qui est chargée d'élaborer
un vaccin pour le virus H7N3 en utilisant une technique spéciale,
la « génétique inverse ». Cette recherche de
pointe aidera la communauté mondiale à
se préparer plus rapidement et plus efficacement à une pandémie
future, qui, très probablement, sera causée par un virus
semblable au virus H7.
Selon le Dr Li : « La recherche que nous effectuons est essentielle
à la mise au point de la méthode la plus rapide pour créer
un virus qui serve à l'encensement, ce dont nous ne disposons pas
encore. La technique de la génétique inverse est particulièrement
utile lorsqu'un virus est hautement pathogène, comme c'est le cas
du virus H7N3. » [TRADUCTION LIBRE]
La technique de la génétique inverse utilisée par
le Dr Li afin de mettre au point un vaccin contre le virus H7N3 est un
processus complexe, mais peut se résumer comme suit :
- l'équipe isole le virus H7N3 chez les patients;
- deux gènes, nommés HA et NA, sont extraits du
virus H7N3. Ces gènes sont essentiels à la création
d'un vaccin - ils codent les protéines spéciales qui favorisent
la production d'anticorps adéquats ou la résistance au
virus H7N3;
- des sections des gènes HA et NA sont ensuite spécialement
« retirées » afin que le virus codé par les
gènes ne soit plus pathogène, c'est-à-dire assez
puissant pour tuer les oeufs de poule;
- les gènes HA et NA du virus H7N3 sont ensuite combinés
aux gènes d'une autre souche du virus, nommée PR8, qui a
la capacité de se reproduire rapidement et facilement et dont l'innocuité
pour l'humain a été prouvée;
- la combinaison génétique qui en résulte
(les gènes du virus H7N3 et les gènes du virus PR8) produit
des protéines qui, à leur tour, produisent des virions qui
protègent l'organisme contre le virus H7N3 mais peuvent se reproduire
dans les oeufs de poule. Ces virions se reproduisent ensuite très
rapidement dans les oeufs et créent ainsi un vaccin sécuritaire
et efficace contre le virus H7N3.
Pour le moment, le Dr Li et son équipe ont réussi à
« désarmer » les gènes HA et ils confirment
que la pathogénicité de ces gènes est réduite.
Une fois les gènes HA et NA désarmés avec succès
et combinés avec les gènes du virus PR8, le virion «
reconstitué » sera reproduit afin de créer un vaccin,
dont l'efficacité sera ensuite testée sur des animaux.
Selon le Dr Li, « même si la technologie requise pour générer
ce genre de virion est accessible et peut rapidement être mise en
oeuvre, la création d'un vaccin en prévision d'une future
pandémie continue de poser un certain nombre de défis. » [TRADUCTION
LIBRE]
« Par exemple, poursuit le Dr Li, il est peu probable que nous
ayons assez d'ufs au stade embryonnaire prêts à être
utilisés lors d'une situation d'urgence. Nous devons plutôt
découvrir et approuver d'autres types de cellules pour la production
de vaccins à grande échelle. Nous ne pouvons pas, non plus,
fabriquer de vaccins à grande échelle. Nous devons donc
nous associer avec une entreprise à cette fin. » [TRADUCTION
LIBRE]
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