Améliorer l'accès des Canadiennes et
Canadiens aux emplois de la fonction publique fédérale
Novembre 2002
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Table des matières
Résumé
I. Introduction
II. L'établissement d'une zone de
sélection : une question d'équilibre
III. Les rouages du système de recrutement
IV. Le recrutement : un système mis à rude épreuve
V. Ce que nous avons appris de nos projets
pilotes
VI. Le plan de la CFP pour améliorer
l'accès aux emplois de la fonction publique
Annexe A - Zone nationale de sélection
- Aperçu du projet pilote
Annexe B - Recrutement électronique
- Aperçu du projet pilote
Résumé
Le présent rapport présente les mesures que la Commission
de la fonction publique du Canada (CFP)(1) est
en train de prendre en vue d'améliorer l'accès des Canadiennes
et Canadiens aux emplois de la fonction publique en éliminant
graduellement les limites géographiques de ses activités
de recrutement destinées au grand public. Ces mesures s'appuient
sur les leçons tirées des deux projets pilotes qu'a tenus
la CFP en 2002 dans le but de déterminer le meilleur moyen d'atteindre
cet objectif tout en assurant l'efficience du processus de recrutement.
Enjeu
La CFP utilise des limites géographiques, appelées « zones
de sélection », depuis environ 40 ans comme moyen d'attirer
un nombre suffisant de personnes qualifiées tout en s'assurant que
le nombre de candidatures demeure possible à gérer et que
les délais de recrutement soient raisonnables(2).
Les zones de sélection déterminent l'endroit où les
Canadiennes et les Canadiens doivent résider ou travailler pour être
admissibles à un concours et être pris en considération
pour des emplois vacants.
Cette pratique est permise par la Loi sur l'emploi dans la fonction
publique, qui régit l'embauche d'une bonne partie de la fonction
publique du Canada. Elle est également permise par la Charte
canadienne des droits et libertés, dans la mesure où les
zones de sélection sont pertinentes pour l'emploi en question et
n'établissent pas de distinction en fonction de la province de résidence
antérieure ou actuelle.
Les temps ont changé
Avec l'arrivée de l'affichage des emplois au moyen d'Internet au
milieu des années 1990, l'information sur les occasions d'emploi
au gouvernement fédéral est devenue accessible à un
plus vaste éventail de candidates et candidats éventuels.
Au cours des deux dernières années, les Canadiennes et Canadiens
et les parlementaires ont exprimé une préoccupation croissante
relativement à l'utilisation de comtés, de codes postaux
ou de rayons kilométriques pour déterminer l'admissibilité des
candidates et candidats aux emplois de la fonction publique. À leur
avis, des personnes de partout au pays se voient refuser sans raison valable
l'accès à des emplois fédéraux, en particulier
les emplois dans la Région de la capitale nationale.
En réponse à ces préoccupations et reconnaissant que
les temps ont changé, la CFP a décidé de revoir sa
politique en matière de zone de sélection et d'examiner la
faisabilité d'éliminer les limites géographiques lors
de ses activités de recrutement destinées au grand public.
Approche de la CFP
En premier lieu, la CFP a instauré une zone nationale de sélection
pour les emplois d'agentes et agents de niveau supérieur à l'automne
2001(3). De plus, en 2002, la CFP a tenu
deux projets pilotes visant à déterminer les conditions requises
pour l'utilisation à long terme d'une zone nationale de sélection
pour les emplois d'agentes et agents de niveau intermédiaire et
subalterne(4).
L'approche élaborée par la CFP a tenu compte des préoccupations
exprimées par les gestionnaires et les spécialistes des ressources
humaines de la fonction publique consultés à ce sujet au
cours de l'automne 2001. Ils se sont montrés particulièrement
préoccupés par les délais qui seraient encourus et
les ressources additionnelles qui seraient nécessaires advenant
le cas où l'utilisation de zones nationales de sélection
deviendrait généralisée sans les systèmes et
outils appropriés pour traiter la quantité accrue de candidatures
que cela entraînerait. Leurs préoccupations étaient
appuyées par les statistiques tirées des activités
de recrutement de la CFP, qui indiquent une augmentation de 70 % du nombre
de candidatures reçues du grand public de 2000-2001 à 2001-2002.
Ces préoccupations sont aussi notées dans le rapport de décembre
2001 de la vérificatrice générale qui mentionne que « si
des modifications ne sont pas apportées aux systèmes et aux
outils de recrutement, l'élargissement de la zone de sélection
pourrait rendre le processus encore plus difficile à appliquer et
ainsi renforcer le recours à l'embauchage à court terme ».
La CFP a informé les parlementaires de son approche en décembre
2001. Elle a fait le point à ce sujet en avril 2002, indiquant qu'elle
ferait rapport sur les résultats de ses projets pilotes à l'automne
2002.
Résultats des projets pilotes
Comme il en a été fait mention ci-dessus, la CFP a tenu deux
projets pilotes complémentaires dans le but de déterminer
la meilleure manière d'améliorer l'accès aux emplois
de la fonction publique.
- Le premier projet pilote, tenu dans cinq régions, visait à examiner
l'incidence que l'utilisation de zones nationales de sélection
pour les emplois d'agentes et agents de niveau intermédiaire
et subalterne aurait sur le service et les opérations, si on
conservait le système de sélection préliminaire « manuelle » utilisé à l'heure
actuelle(5). Les processus de recrutement
compris dans le projet pilote auraient normalement utilisé une
zone de sélection locale ou régionale. Les résultats
de ce projet ont confirmé les appréhensions des personnes
de la fonction publique consultées et celles de la vérificatrice
générale. En effet, le nombre de candidatures a augmenté de
128 % pour les processus pour lesquels on a utilisé une
zone nationale de sélection. Même si les avis de concours
mentionnaient que les candidates et candidats pourraient avoir à assumer
les coûts relatifs à leur réinstallation et à leurs
déplacements pour les entrevues et examens, cela ne les a pas
empêchés de poser leur candidature(6).
Le principal impact observé a été le temps additionnel
que la CFP et les gestionnaires des ministères ont dû consacrer à la
sélection préliminaire du grand nombre de candidatures
reçues dans le cadre du système manuel actuel, avant
de pouvoir obtenir une courte liste de candidates et candidats à évaluer
plus à fond en fonction d'autres facteurs comme les connaissances
et les capacités.
- Le deuxième projet pilote, tenu dans la région métropolitaine
de Toronto, visait à mettre à l'essai un système
moderne de recrutement du genre de ceux qui sont utilisés par
de grandes entreprises du secteur privé. Ce genre de système
est conçu pour effectuer de façon électronique
la sélection préliminaire de grands nombres de candidatures
et produire de courtes listes de personnes à évaluer
plus à fond en fonction des qualités recherchées.
Les résultats de ce projet montrent que la technologie moderne
peut véritablement effectuer la sélection préliminaire
de grands nombres de candidatures en quelques minutes ou en quelques
heures, permettant ainsi aux gestionnaires de se concentrer sur l'évaluation
des candidates et candidats aptes à l'emploi. Dans ce sens,
le projet pilote a été un succès. Cependant, les
résultats du projet indiquent aussi que le processus de recrutement
actuel doit être repensé et qu'un investissement important
est nécessaire afin d'élaborer une méthodologie
de sélection préliminaire électronique juste et
transparente. Ils indiquent en outre que, pour pouvoir s'appliquer à l'ensemble
de la fonction publique, un système de recrutement électronique
doit être adapté et s'appuyer sur des directives claires
visant à assurer un traitement juste, équitable et transparent
des candidates et candidats.
Les résultats des projets pilotes montrent que le système
actuel de recrutement manuel ne peut pas soutenir l'utilisation
d'une zone nationale de sélection. Ces résultats
montrent aussi que le recrutement électronique constitue
une solution de rechange viable, car il permet la sélection
préliminaire efficace de grands nombres de candidatures, éliminant
ainsi un obstacle majeur qui empêche actuellement l'élargissement
de l'utilisation d'une zone nationale de sélection dans
la fonction publique fédérale. |
Options de recrutement électronique
Le recrutement électronique est essentiel pour permettre la sélection
préliminaire de grands nombres de candidatures, pour réduire
le temps consacré au recrutement et pour améliorer la qualité de
l'ensemble du processus de recrutement. En outre, le recrutement électronique
pourrait accroître la capacité du gouvernement fédéral
d'attirer des personnes talentueuses et lui permettre de faire face aux
autres employeurs à la recherche de Canadiennes et Canadiens hautement
qualifiés dans un marché de travail concurrentiel.
Le projet pilote de Toronto a toutefois démontré qu'une
technologie commerciale doit être adaptée au contexte de
la fonction publique, nécessitant ainsi des investissements importants
pour bâtir un cadre solide en matière de politiques et d'opérations.
Au cours des dernières années, la CFP a poursuivi la modernisation
de ses systèmes internes, dans les limites de sa capacité financière.
La CFP s'est surtout concentrée sur l'élaboration d'un
système électronique pour appuyer le recrutement postsecondaire,
qui constituait une grande priorité pour la fonction publique.
La CFP est d'avis qu'il est possible d'adapter le logiciel élaboré pour
le recrutement postsecondaire afin d'accomplir des fonctions similaires à celles
du projet pilote de Toronto. Étant donné que le logiciel
de la CFP satisfait déjà aux normes et valeurs du gouvernement
fédéral, les avantages éventuels de l'adapter au
recrutement général seront examinés plus en profondeur.
La CFP est en train de considérer certaines options fondées
sur la technologie, qui sont présentées à la partie
VI du présent rapport, afin de déterminer la façon
la plus efficace de mettre en œuvre le recrutement électronique
au sein de la fonction publique fédérale. Une analyse préliminaire
montre que, selon l'option choisie, la mise en œuvre du recrutement électronique
pourrait coûter jusqu'à 38 millions de dollars sur
cinq ans.
Engagement de la CFP
La CFP s'est engagée à mettre en œuvre une politique
de zone nationale de sélection pour s'assurer que les Canadiennes
et Canadiens aient un accès égal aux emplois de la fonction
publique. À cette fin, la CFP a prolongé l'utilisation
d'une zone nationale de sélection pour les emplois d'agente et
agent de niveau supérieur pour une période indéterminée.
La CFP continuera aussi à utiliser une zone nationale de sélection
pour les emplois d'agente et agent de niveau intermédiaire et
subalterne exigeant des compétences qui sont difficiles à trouver,
afin d'attirer un nombre suffisant de candidates et candidats qualifiés.
La mise en œuvre d'une politique en matière de zone nationale
de sélection exige un cadre de gouvernance solide et de meilleurs
outils de recrutement électronique. Le recrutement électronique
est essentiel à la gestion du volume de candidatures qu'une politique
d'élargissement de la zone de sélection entraînerait.
La CFP sollicite par conséquent l'appui du Parlement dans ses
efforts de mise en œuvre d'une solution de recrutement électronique
qui fournira les conditions optimales pour un élargissement graduel
de l'utilisation d'une zone nationale de sélection.
Mesures immédiates
La CFP est en train de prendre les mesures suivantes pour raffiner son
analyse des options de recrutement électronique et commencer l'élaboration
du cadre nécessaire au recrutement électronique :
- prolongation du projet pilote de recrutement électronique
de Toronto jusqu'à ce qu'une solution de rechange soit trouvée;
- ajout au logiciel présentement utilisé par la CFP pour
le recrutement postsecondaire de caractéristiques de sélection
préliminaire comparables à celles du projet pilote de
Toronto, et implantation de ce logiciel dans la Région de la
capitale nationale et de l'Est de l'Ontario afin d'évaluer son
application à l'échelle nationale;
- demande de financement au Conseil du Trésor afin de préparer
la mise en œuvre d'une solution technologique nationale;
- élaboration d'un cadre de gouvernance et de politiques pour
le recrutement électronique, en consultation et en collaboration
avec les gestionnaires et les spécialistes des ressources humaines
des ministères.
Étapes subséquentes
D'ici juin 2003, la CFP :
- choisira une option de recrutement électronique pour appuyer
une politique en matière de zone nationale de sélection;
- élaborera et présentera au Parlement un plan pour la
mise en œuvre graduelle des zones nationales de sélection,
en commençant par les emplois d'agente et agent de niveau intermédiaire
et subalterne(7).
Les mesures susmentionnées pourraient être affectées
par les résultats de la modernisation de la gestion des ressources
humaines et la disponibilité du financement.
Principes directeurs
Les mesures prises par la CFP seront guidées par les principes
suivants :
- Leadership et coordination stratégiques
La CFP jouera un rôle de leader dans l'établissement
d'un cadre de gouvernance qui appuie le mérite et définit
les rôles, les responsabilités et l'imputabilité des
intervenants essentiels au succès d'un système de recrutement à l'échelle
du gouvernement.
De concert avec le Secrétariat du Conseil du trésor,
la CFP présentera une image de marque unique pour le gouvernement
fédéral en tant qu'employeur. La CFP jouera un rôle
de leader dans la coordination d'une stratégie de recrutement
afin d'éviter la confusion au sein du public et d'optimiser
les occasions d'attirer des personnes talentueuses dans une fonction
publique fédérale compétente, impartiale, représentative
et capable de fournir des services dans les deux langues officielles.
- Guichet unique
La CFP mettra à la disposition des Canadiennes et Canadiens
un guichet unique où trouver et postuler les emplois de la
fonction publique fédérale assujettis à la Loi
sur l'emploi dans la fonction publique. Le site Web actuel de
la CFP - emplois.gc.ca - continuera d'être un site
de recrutement de premier plan pour le gouvernement fédéral.
- Solutions technologiques fondées sur les valeurs
Sous réserve de la disponibilité des fonds, la CFP utilisera
la technologie pour simplifier les processus relatifs à la soumission
des demandes d'emploi, à la sélection préliminaire
et à l'évaluation, ainsi que pour réduire le temps
requis pour le recrutement. La CFP s'assurera que les processus de
recrutement effectués électroniquement protègent
les valeurs liées au mérite que sont la justice, l'équité et
la transparence, tout en assurant la souplesse nécessaire aux
gestionnaires pour leur permettre de gérer.
La CFP continuera d'établir des données de référence,
de recueillir l'information, de faire rapport sur les résultats,
enjeux et tendances et de diffuser les pratiques exemplaires dans l'ensemble
du système afin d'assurer l'intégrité et l'amélioration
continue du processus de recrutement.
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Notes
1. La Commission de la fonction
publique du Canada (CFP) est un organisme indépendant responsable
de l'administration de la Loi sur l'emploi dans la fonction publique.
Elle a comme mandat de sauvegarder les valeurs qui caractérisent
une fonction publique professionnelle, à savoir la compétence,
l'impartialité et la représentativité. La CFP
a la responsabilité de nommer des personnes qualifiées à la
fonction publique et de s'assurer que le processus menant à ces
nominations est juste, équitable et transparent. Elle est également
responsable d'offrir des recours et d'examiner les questions relevant
de la LEFP, de dispenser des programmes de formation et de perfectionnement
et de s'acquitter d'autres fonctions prévues par la LEFP et
la Loi sur l'équité en matière d'emploi.
La CFP se rapporte au Parlement.
2. Au
cours de l'exercice 2001-2002, 22 % des emplois affichés sur
le site Web de la CFP comportaient une zone nationale de sélection,
comparativement à 17 % au cours de l'exercice 2000-2001.
3.Les
emplois d'agentes et agents de niveau supérieur comprennent
en général les postes de cadres de direction et les postes
situés un et deux niveaux en dessous des postes de cadres.
4.À l'heure
actuelle, les emplois d'agentes et agents de niveau intermédiaire
et subalterne nécessitant des compétences spécialisées
utilisent souvent une zone nationale de sélection.
5. Par « sélection préliminaire »,
on entend l'identification des candidatures qui répondent aux
exigences fondamentales, telles que les études, l'expérience,
les exigences linguistiques et la citoyenneté. Ces candidatures
sont ensuite évaluées plus à fond par rapport à des
facteurs tels que les connaissances et les capacités propres
au poste à pourvoir. L'examen de documents, l'administration
d'examens écrits, les entrevues et la vérification des
références peuvent faire partie de cette évaluation
plus poussée.
6. Certains
d'entre eux se sont toutefois désistés lorsque les ministères
ont communiqué avec eux en vue d'une évaluation plus
poussée.
7. La
mise en œuvre d'une zone nationale de sélection pour
les emplois de bureau et les métiers sera examinée
par la suite.
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