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Le Devoir

Ottawa en quête des plus brillants cerveaux

Le Conseil privé tente de rapatrier les diplômés au doctorat à l'étranger et sollicite les universités québécoises

La fonction publique fédérale emboîte le pas au secteur privé et à l'université elle-même pour embaucher la crème de la crème des diplômés au doctorat. Une option s'ajoute pour ces finissants émérites, mais le renouvellement du corps professoral en sera encore plus ardu.

MARIE-ANDRÉE CHOUINARD

La haute fonction publique fédérale entre dans la course aux meilleurs diplômés au doctorat. En effet, alors que les universités peinent déjà à renouveler leur corps professoral, une opération spéciale de recrutement menée par le Bureau du Conseil privé interpelle des étudiants canadiens à l'étranger en plus d'inviter les recteurs des universités québécoises à fournir une liste de leurs meilleurs diplômés.

Le bureau du Conseil privé (BCP), qui est à la fois le ministère du premier ministre et le secrétariat du cabinet, mène en effet à l'heure actuelle une campagne de recrutement intensif dont l'objectif est de trouver des « candidats exceptionnels et de haut niveau » , leur faisant miroiter les bienfaits d'une carrière dans la fonction publique fédérale, a appris Le Devoir.

L'entreprise, qui a à ce jour permis de placer une trentaine de jeunes fonctionnaires - dont huit au seul Bureau du Conseil privé - , s'ajoute aux efforts réguliers de la Commission de la fonction publique du Canada, qui a de tout temps tenté de recruter des candidats universitaires. Le project-pilote, autorisé pour une période de deux ans par cette commission, visait d'abord à recruter directement des étudiants canadiens dans des universités étrangères de haut profil - Harvard, Oxford, London School of Economics, La Sorbonne - pour les rapatrier.

Afin d'augmenter les chances de rejoindre le plus grand nombre de bons candidats, et des francophones de surcroît, on a aussi doublé ces efforts en sollicitant directement les recteurs des universités québécoises, leur demandant la liste de leur élite au doctorat.

« ' Nous visons des personnes de grandes ressources capables d'apporter au gouvernement une contribution importante et à long terme » ', écrit le sous-ministre George Anderson (Ressources naturelles Canada) dans une lettre envoyée à un de ces diplômés émérites de l'Université de Montréal. « ' Les candidats que nous visons ne sont pas des diplômés de premier ou de deuxième cycles auxquels s'intéressent au premier chef les programmes de recrutement habituels du gouvernement. » '

Des qualités de leader

Ces jeunes, recherchés notamment pour leurs qualités de « ' leader » ', leur engagement « ' eu égard aux activités externes » ', leur « ' marge de manœuvre » ' et leur « ' souplesse » ', ont été recrutés jusqu'à Londres, Paris ou Boston et ont répondu à l'appel du gouvernement canadien.

« ' On a toujours fait du recrutement au Canada, mais on s'est rendu compte qu'on ne faisait rien à l'étranger pour des étudiants souvent exceptionnels » ', explique Graham Flack, qui pilote cette expérience.

La sollicitation directe des recteurs québécois, une mesure particulière au Québec, constituait tout simplement un « ' moyen additionnel » ' pour joindre plus de candidats, francophones ou non, explique M. Flack.

Les jeunes, sollicités de toute part, ont accepté des salaires moyens de 50 000$, la norme pour la fonction publique fédérale, affirme Graham Flack. Dans certains cas où l'expérience le justifiait, on a toutefois augmenté cette somme.

Le recteur de l'Université de Montréal, Robert Lacroix, à qui on a demandé de fournir la liste de ses meilleurs candidats, ne fait pas souvent face à de telles demandes, qu'il trouve cependant « ' tout à fait normales » '. Cet exercice illustre fort bien « ' la concurrence effrénée qui se jouera entre le secteur privé, public, le milieu universitaire et le parapublic » '.

Malgré les allures de mission impossible qu'emprunte déjà le renouvellement du corps professoral, Robert Lacroix a prestement répondu à l'appel du gouvernement fédéral. « ' Les universités ne sont pas là seulement pour s'autoalimenter mais surtout pour satisfaire les besoins de la société dans tous les secteurs » ', explique le recteur, qui a fourni une liste de 19 diplômés de tous les secteurs à la demande du BCP.

« ' La fonction publique, un peu comme les universités, vieillit beaucoup et a besoin d'une relève » ', note Robert Giroux, président de l'Association des universités et collèges canadiens (AUCC), lui-même ancien président de la Commission de la fonction publique du Canada.

Cette situation aura toutefois pour effet d'accentuer le défi des universités pour la prochaine décennie en matière de renouvellement du corps professoral. « ' Les professeurs vieillissent, mais il y a aussi l'augmentation prévue du nombre d'étudiants qui vont fréquenter l'université, explique M. Giroux. On sait que ça va être extrêmement difficile, parce qu'il n'y a pas que nous dans le marché. » '

La solution? Augmenter, malgré ce contexte, le pourcentage d'étudiants qui penchent pour une carrière universitaire après le doctorat (ce taux avoisine actuellement les 40%). « ' Au lieu de se battre ensemble pour un petit nombre, essayons d'augmenter le nombre » ', croit M. Giroux.

Luc Vinet, vice-principal exécutif et aux affaires pédagogiques à l'université McGill, se réjouit aussi de cet intérêt prononcé de la fonction publique pour les diplômés de l'université, concédant toutefois au passage que ce nouveau joueur avivera la concurrence qui attend déjà les institutions pour regarnir leurs rangs. « ' Les étudiants que nous avons sons en très grande demande, et nous n'en avons pas assez, explique M. Vinet. Tout le monde recrute en même temps. » '

McGill a d'ailleurs transmis le nom d'une quinzaine de ses lauréats des fellowships Tomlinson, les bourses les plus prestigieuses octroyées par l'établissement. « ' C'est notre devoir de leur faire part de toutes les possibilités, tout en essayant de faire de notre mieux pour les retenir ou leur offrir des postes dans le milieu universitaires » ', croit M. Vinet.