DÉCLARATION PRÉLIMINAIRE AU COMITÉ DES AFFAIRES JURIDIQUES ET CONSTITUTIONNELLESOTTAWA (ONTARIO) [2006-9-20] Monsieur le Président, membres du Comité, je me réjouis de l’occasion qui
m’est offerte de collaborer à vos travaux concernant le projet de loi C-2. Ma
comparution se rapporte aux dispositions de la Loi fédérale sur la
responsabilité qui modifie la Loi sur l’accès à l’information.
Comme certains d’entre vous le savez peut-être, j’ai déposé au Parlement, le 28
avril dernier, un rapport spécial faisant état de mes réserves au sujet du plan
d’action du gouvernement pour la réforme de l’accès à l’information – dont l’un
des aspects consiste en les dispositions du projet de loi C-2. Le Rapport
spécial, qui vous a été remis, énonce mes positions, et, pour cette raison, ces
remarques préliminaires seront brèves.
Je m’inquiète de ce que le projet de loi C-2 propose d’ajouter 10 nouvelles
exceptions et deux nouvelles exclusions à la Loi sur l’accès à l’information, ce
qui a pour effet de presque multiplier par deux le nombre de dispositions
relatives au secret dans la Loi sur l’accès à l’information.
Je crains que ces deux nouvelles exclusions aient été ajoutées afin d’empêcher
un examen indépendant des décisions de refuser la communication par la Société
Radio-Canada et par Énergie atomique du Canada. Quels que soient les besoins
légitimes en matière de préservation du caractère confidentiel de ces
institutions – et je comprends parfaitement que celles-ci aient des besoins
légitimes en cette matière –, rien ne justifie l’interdiction d’un examen
indépendant de ceux-ci par le Commissaire à l’information et la Cour fédérale.
Je déplore qu’aucune des 10 nouvelles exceptions au droit d’accès ne nécessite
qu’on fasse la preuve, dans chaque cas, que la communication risquerait
vraisemblablement de causer des dommages et des préjudices.
L’objet même de la Loi sur l’accès à l’information consiste à imposer aux
institutions qui souhaitent garder l’information confidentielle le fardeau de
justifier leur décision. Seulement trois des dix nouvelles exceptions sont
limitées dans le temps. Les rapports préliminaires de vérification interne et
les documents de travail sur les vérifications peuvent être gardés secrets
pendant 15 ans. Les rapports préliminaires de vérification deviennent
accessibles une fois que les rapports de vérification définitifs sont publiés,
alors que les documents de travail restent secrets pendant 15 ans. En ce qui
concerne le Commissaire à l’information, le Commissaire à la protection de la
vie privée et le Commissaire au lobbying, le secret doit être conservé jusqu’au
parachèvement des enquêtes. Seulement deux des nouvelles exceptions sont de
nature discrétionnaire et les autres rendent le secret obligatoire, peu importe
les circonstances, la période écoulée depuis la création de l’information ou le
fait que des raisons impérieuses liées à l’intérêt public militent en faveur de
la communication.
Cette approche à l’égard de la modification de la Loi sur l’accès à
l’information et de l’ajout d’institutions au champ d’application de celle-ci
est contraire à l’objet de la Loi et ne servira pas l’objectif global d’une plus
grande responsabilisation par la transparence. À cet égard, le voile de secret
permanent dont le projet de loi C-2 revêt les documents de travail concernant
les vérifications, les documents relatifs à des méfaits dans l’administration
fédérale et les dossiers de vérifications et d’enquêtes du Vérificateur général
et du Commissaire aux langues officielles s’avère particulièrement rétrograde.
Essentiellement, mes propositions visant à régler les problèmes que j’ai relevés
à l’égard du projet de loi C-2 sont les suivantes :
Supprimer les exceptions prévues aux articles 89, 145, 147, 148, 150, 172, 179
et 183 et des parties des articles 221 et 224. Les autres exceptions de la Loi
sur l’accès à l’information protègent les renseignements sensibles visés par ces
dispositions.
Supprimer l’article 159 (exclusion de la SRC et d’Énergie atomique du Canada.)
Les dispositions prévues dans la Loi sur l’accès à l’information offrent la
protection voulue aux renseignements sensibles détenus par Énergie atomique du
Canada, et les documents au sujet des activités journalistiques et de
programmation de la SRC peuvent être protégés par l’exception soigneusement
formulée que j’ai proposée (voir l’Annexe « A ») et à laquelle le juge Gomery a
souscrit.
Je constate aussi qu’un grand nombre de réformes nécessaires à la Loi sur
l’accès à l’information n’ont pas été prévues dans le projet de loi C-2. Nous
devons rendre obligatoire la création de documents, faire des documents
confidentiels du Cabinet une exception au lieu d’une exclusion, préciser que les
documents détenus dans les cabinets des ministres sont assujettis au droit
d’accès, établir des critères pour l’ajout de nouvelles institutions au champ
d’application de la Loi et prévoir la primauté de l’intérêt public. Le
gouvernement a plutôt décidé que ces éléments, et les autres réformes proposées
dans l’avant-projet de Loi sur la transparence du gouvernement proposée, soient
abordés par le Comité permanent de la Chambre des communes de l’accès à
l’information, de la protection des renseignements personnels et de l’éthique.
Il me tarde de travailler avec celui-ci sur le grand dossier de la réforme de
l’accès à l’information.
Si vous avez des questions, mes collègues et moi sommes à votre disposition pour
y répondre.
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